Une pièce sur l’exil par trois danseurs d’origine cubaine. Le prologue l’évoque très directement avec ces tentes posées sur le plateau qui peu à peu vont s’animer jusqu’à se transformer en costumes de carnaval. L’exil sera encore là par la suite avec les affres de l’éloignement, de la séparation des parents aimés, ainsi que, pour ceux restés au pays, la terreur contre les opposants au régime. Tout cela raconté alors très directement par des phrases projetées en bandeau ou dites au micro.
Cependant Qué bolero joue tout autant, sinon davantage, sur la fantaisie, voire le comique avec des mimiques destinées à susciter le rire. Il y a beaucoup de marches comme souvent dans des pièces qui ne jouent pas sur la sophistication des figures chorégraphiques. Ce n’est pas l’élégance ni la grâce qui sont chargées ici en effet de séduire le spectateur : en témoigne, par exemple, une scène de bagarre entre deux des trois protagonistes… puisqu’il n’y a pas sur ce théâtre de personnage principal, même si le danseur chargé d’interpréter une vedette de music-hall prend un peu plus la lumière.
Ils sont donc trois, trois danseurs de morphologies différentes, ce qui leur confère immédiatement une personnalité propre. La bande son fait appel au répertoire cubain et, pour finir, au Boléro de Ravel dansé sur un mode parodique et qui culmine par une scène de copulation générale (ou qu’il est, en tout cas, difficile d’interpréter autrement…). On note également des moments où la musique laisse la place au bruit des pas ou des tapes sur les cuisses, voire de simples claquements des doigts.
En dépit de son titre Qué bolero est une pièce légère qui mise avant tout sur le spectacle et la banderole déployée au moment des saluts – sur laquelle s’inscrit : « Liberté pour les prisonniers politiques cubains » – paraît quelque peu incongrue. Les trois danseurs chorégraphes se sont visiblement laissés emporter par un besoin bien naturel de se faire plaisir au risque de troubler le message qu’ils souhaitaient porter. Mais puisque, ce faisant, il rencontrent le plaisir des spectateurs, qui s’en plaindrait ?
Chorégraphie et danse : Lazaro Benitez, Luis Carricaburu, Ricardo Sarmiento