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Rue Saint-Denis

Sommaire

   Ils étaient à la veille d’une longue crise de couple qui les conduirait au divorce, et à un divorce très dur, mais le feu de la passion sexuelle brûlait encore entre eux, sans doute avec d’autant plus de force qu’il s’agissait du dernier. Seuls à Paris, les enfants en vacances en camp ou chez leurs grands parents, ils profitaient d’un répit qu’ils appréciaient d’autant plus qu’il était peu fréquent. Aux Champs Élysées, ils allèrent voir un film avec Michelle Pfeiffer, Suzie and the Baker Boys, et pendant le spectacle, elle le dégrafa, extirpa son sexe et après l’avoir caressé un instant, se pencha sur lui et entreprit de le sucer, à quelques sièges des rares spectateurs de l’après-midi. Il jouissait surtout dans sa tête de la situation, de la proximité des autres, de son rôle passif, de l’exposition de son sexe, du mouvement de la tête de sa femme, tout cela le mettait dans une sorte de transe érotique, mais il contrôlait son plaisir et se retint de jouir en elle. Au bout d’un moment alors que la femme s’absorbait dans le noir et s’excitait de la virilité qui gonflait sa bouche, un spectateur vint s’asseoir près de lui. Il eut un choc et son cœur marqua un raté, mais il laissa sa femme continuer la fellation. D’ailleurs, il était trop tard pour se rajuster, l’homme avait observé leur manège, et les regardait encore. Il sentit son excitation monter et aussi son inquiétude devant une situation imprévue qu’il ne contrôlait plus. Sa femme ne s’était aperçue de rien et fermait les yeux pour laisser les sensations érotiques l’envahir.

   Au bout d’un moment il eut un instant de panique quand l’individu baissa la fermeture éclair de son pantalon et sortit un membre érigé, qu’il commença à branler en observant la femme enserrant sa verge. Il regardait fasciné le gland de l’homme, décapuchonné et recapuchonné au gré de la masturbation. Palpitant, il ne put se retenir et tendit la main vers le sexe de son voisin qui lui laissa la place. Il commença à le caresser, pratiquant pour la première fois de sa vie cet attouchement homosexuel. Son cœur battait à tout rompre et il s’aperçut qu’il prenait plaisir au contact de cette chair chaude et élastique. Il s’efforça de s’appliquer dans la prise, pour donner le plus de plaisir à l’inconnu qui se laissait aller dans son fauteuil, dégageant son pantalon pour que la verge soit plus accessible et tendue. Il allait et venait avec dextérité sur le gland, travaillant avec art le prépuce, et utilisant l’émission de liquide séminal pour une caresse plus précise avec son pouce sur le méat et le pourtour sensible de l’extrémité du phallus. L’homme se prit à haleter doucement. Il intensifia sa pression et reprit le mouvement de haut en bas, enserrant le sexe et le recouvrant, découvrant ensuite le plus bas possible avec la fine peau le gland exorbité. Il sentit la chair se gonfler dans sa main et jouit à la pensée qu’il avait lui-même provoqué le plaisir. L’individu se laissa aller dans une éjaculation puissante qui dénotait sa jeunesse. Il perçut la giclée, qui l’atteint sur sa veste et au visage, comme une victoire de son habileté, et il se sentit lui-même partir dans la bouche de sa femme qui pendant tout ce temps n’avait cessé de le pomper. Elle aussi reçut le sperme comme le résultat de sa propre adresse, sans réaliser qu’il avait joui plus par la caresse qu’il venait de donner que par celle qu’il avait reçue. Au même moment où elle avalait le sperme de son mari, l’homme se rajustait, et quand elle se redressa pour venir quêter sur les lèvres de l’époux le baiser qui mettait fin à leur acte érotique, elle eut un choc en voyant cet homme qui avait dû, pensait-elle, les observer en voyeur. Elle croisa son regard amusé et ironique, rougit dans la pénombre et détourna le sien, troublée et excitée par cette situation plus que scabreuse.

   En sortant du cinéma, son mari lui raconta exactement ce qui s’était produit, lui montrant les traces de semence sur sa veste. Elle fut à la fois choquée et surtout de nouveau excitée encore, quand il lui dit le plaisir qu’il avait pris dans cette relation homosexuelle, complètement nouvelle pour lui. Ils se dirigèrent alors vers les Halles, pour traîner un moment rue Saint-Denis, au milieu des prostituées et des sex-shops. Ils passaient de l’un à l’autre, feuilletant les revues et regardant un moment les films vidéo où des filles jeunes et jolies passaient des heures à pomper des sexes masculins, relâchant le membre pour sourire d’un air naturel et innocent au spectateur, avant de réenfourner la verge et continuer leur va-et-vient infatigable. Il avait demandé à sa femme de retirer son slip et se sentait excité, comme elle d’ailleurs, par sa disponibilité au milieu de tous ces mâles en quête de plaisir. Dans une des boutiques, ils entrèrent dans une cabine où des spectateurs en rond et isolés observaient un couple en chair et en os en train de faire l’amour dans diverses positions. Il fallait rajouter 10F dans une fente toutes les minutes pour faire relever un rideau et voir la suite. La cabine exiguë pour deux était équipée d’un distributeur de Kleenex pour essuyer les traces des masturbations successives et solitaires. Ils observaient fascinés, à quelques centimètres d’eux, une fille élancée, aux fesses pleines et à la poitrine menue, se faire prendre dans le vagin, puis dans la bouche par un homme jeune, au sexe à demi-bandé et à l’air las. Il ne put se retenir en voyant cette fille superbe qu’il aurait voulu pénétrer lui-même. Il plaça sa femme devant lui contre la vitre, remontant sa jupe et découvrant sa croupe et la fente entr’ouverte. Il sortit son membre et l’enfila par derrière, tandis qu’ils continuaient tous deux à observer le couple nu et la fille en train de sucer, à genoux, le membre du garçon. Il s’agita en elle, jouit vite, et violemment, tant il était excité par la conjonction de ce spectacle insolite et de se voir lui-même traiter sa femme comme une esclave de son plaisir, sans rapport aucun avec la partenaire de leurs joutes amoureuses habituelles.