Un vrai moment de bonheur que cette pièce pour quatre danseuses et trois danseurs chorégraphiée par Anjelin Preljocaj assisté en la circonstance de Fabrice Hyber pour la « chaosgraphie » (sic) et les costumes. Un mariage incontestablement heureux et l’on s’émerveille de bout en bout à suivre les tableaux se succédant sur un train d’enfer, qui présentent pour commencer des cosmonautes revêtus de combinaisons transparentes et pour finir des animaux proches des porcs-épics, en passant par des elfes et quelques vamps. Inutile, ceci dit, de chercher à coller chaque chorégraphie sur une saison particulière (en quoi tel tableau accompagne-t-il l’hiver, par exemple, plutôt que le printemps ?) à moins de se montrer plus subtil que nous ne le sommes.
La musique, ici, est au service de la danse. En l’occurrence la musique entraînante de Vivaldi apparaît particulièrement appropriée pour développer une chorégraphie où la fantaisie le dispute à la virtuosité. Il y a plus de place ici pour le rire (même s’il s’extériorise peu, comme si un spectacle de ballet, quel qu’il soit, s’accompagnait obligatoirement d’une certaine solennité dans l’esprit du public) que pour l’émotion, et c’est très bien ainsi.
Les talents conjoints du chorégraphe et du « chaosgraphe » ne serviraient de rien s’il n’y avait également le talent des danseurs. Si cette pièce sollicite leurs talents des interprètes, elle repose tout autant sur leurs qualités de danseurs. A voir leur prestation dans les Quatre Saisons, les danseurs du ballet junior de Preljocaj n’ont pas beaucoup à apprendre de leurs aînés. Et ils ont cet irremplaçable atout : la fraîcheur de la jeunesse.
Avec Maxime Alvarez, Pierre-Antoine Bardot, Lucile Boulay, Alno Pälvike, Lana Renfrum, Benedict Sabularse, Emma Spinosi.
Au Pavillon noir, Aix-en-Provence, du 10 au 12 octobre 2019.