Scènes

« Pasionaria » de Marcos Morau : décapant mais…

Marcos Morau et le collectif La Veronal (Espagne) proposent des chorégraphies qui tranchent sur la production contemporaine et Pasionaria ne fait pas, à cet égard, exception. Dans un superbe décor « de théâtre » (signé Max Glaenzel) avec un escalier monumental, des trappes dans les marches, deux portes sur les côtés qui s’ouvrent ou ne s’ouvrent pas, un téléphone qui fonctionne ou pas, etc. les cinq danseuses et trois danseurs de Pasionaria font assaut de virtuosité… d’une manière hélas trop répétitive si bien que la magie du début tend à se diluer au fil de la représentation.

Ils représentent, nous précise le mot d’introduction, des êtres du futur « parfaitement conçus pour nous imiter…, des gadgets technologiques dépourvus de toute passion », ce qui correspond bien à la chorégraphie : des mouvements saccadés, des personnages en déséquilibre qui ne cessent de chuter et se rattrapent comme ils peuvent, comme des pantins désarticulés. On ne peut qu’admirer la précision et, disons-le, la beauté de ce ballet de robots maladroits interprété par des danseurs contorsionnistes.

Les tableaux s’enchaînent qui racontent des histoires différentes. Par exemple, puisque La Véronal revendique des influences du côté du cinéma, la collision entre la terre et une autre planète, comme dans Melancholia de Lars von Trier (une partie du fond de scène est occupée par une large fenêtre ouvrant sur des images du ciel nocturne et à un moment, donc, de la planète qui s’approche de plus en plus près de la terre jusqu’à la percuter).

Le musique alterne des morceaux classiques et des bruits électroniques quelque peu assourdissants.

Parmi les tableaux les plus frappants, on peut citer le duo des deux vigiles, au début, un trio compliqué de deux danseurs et une danseuse, une chorégraphie « assise » de toute la troupe sur le banc au pied de l’escalier. Le jeu avec les accessoires est bien pensé et ajoute une fantaisie bienvenue. Reste ce que nous notions en commençant : une chorégraphie qui surprend et séduit au début mais dont le charme finit par s’épuiser.

Avec Alba Barral, Angela Boix, Richard Mascherin, Nuria Navarra, Lorena Nogal, Shay Partush, Marina Rodriguez, Sau-Ching Wong.

Pavillon noir, Aix-en-Provence, 15-16 octobre 2019