Tel est le titre de l’article du Midi-Libre paru après le concert acoustique donné par Julien Clerc le vendredi 30 juin dans les arènes de Bouillargues.
C’est aussi le nom que l’artiste a donné à sa tournée, accompagné de 2 musiciens polyvalents, capables de jouer de plusieurs instruments.
« Cette soirée fut une très belle communion entre un très grand artiste et un auditoire qui en redemandait. »
Bien que le concert ne débute qu’à 21 h 30, les arènes étaient déjà pleines avant 21 h.
Je fus surpris en y pénétrant de la sérénité qui émanait du public dans l’attente du plaisir qu’il attendait du chanteur.
Deux autres faits peuvent aussi expliquer cet état de réceptivité exceptionnel :
– l’orage qui s’était déclenché dans la nuit précédente, suivi de pluies qui n’ont cessé que vers 14 h, amenant les organisateurs à se poser la question de l’annulation. Ils firent confiance aux prévisions météo, qui s’avérèrent fiables et réussirent en un temps record à sécher la piste sablonneuse et la scène.
16 heures, la pluie vient de cesser, le ciel demeure menaçant, les services municipaux s’activent pour sécher la scène et la piste et installer les chaises.
– le contexte national insurrectionnel, qui aurait pu amener la suppression du concert par la préfecture (cf. celui de Mylène Farmer annulé au Stade de France). Après le concert, on entendait les détonations des mortiers d’artifice déclenchés par les émeutiers sur Nîmes.
Et malgré ces deux menaces majeures, le concert eut lieu, pour le plus grand bonheur du millier de spectateurs présents, ravis d’avoir évité le pire et vaincu l’adversité.
C’est avec un brio certain que l’équipe technique du chanteur installera le matériel spécifique entre 16 et 18 h, faisant preuve d’un grand professionnalisme.
Les arènes bien préparées, Julien Clerc peut entrer en scène.
Sur le cliché ci-dessous il est entouré par l’Adjointe à la Culture, Martine Garnier, et par le maire de Bouillargues, Maurice Gaillard
Le Programme
Julien clerc est un vrai pro.
Il va nous le démontrer tout au long d’un tour de chant d’une durée de presque 2 heures, au cours duquel il chantera 28 chansons.
Il faut rappeler qu’il tient de sa mère des qualités de rigueur et de sérieux.
Avec un corps d’athlète, et un âge de 75 ans, il va démontrer des qualités de coureur de fond.
Son programme est bien structuré, et on peut le découper en 3 parties.
1 – Il entre en scène, salue rapidement le public et attaque sa première chanson, « Comment tu vas » de Marie Bastide.
Il va enchaîner avec 8 chansons bien à lui, dont ii a aussi fait la musique, et dont les auteurs sont de grands paroliers, Etienne Roda Gil « Le Patineur, Si on Chantait », Didier Barbelivien « Mademoiselle, Derrière le Rideau », Maxime Leforestier,, » La double Enfance », et Jean-Loup Dabadie « Partir ».
« La Double Enfance » est l’une des seules chansons où il évoque son passé, son enfance :
« Double vie, double silence/Double sens et double jeu/Silencieux le cœur balance/Pourquoi les parents sont-ils deux ? »,
où il passait la semaine chez son père haut fonctionnaire, le weekend chez sa mère guadeloupéenne, dont il hérita le sens du contrôle et la ténacité.
Il va progressivement se décontracter, et émailler son show de souvenirs et d’anecdotes liées aux chansons.
Ensuite il nous présente sa deuxième partie, où il chantera des chansons de grands anciens qu’il a connus à ses débuts et dont il a parfois fait la première partie, Gilbert Bécaud par exemple à l’Olympia.
2 – Son admiration pour Charles Trénet de traduira par une magnifique chanson, « Boum ».
Il rendra hommage à Pierre Barouh (et à Yves Montand), en chantant « A bicyclette » de Francis Lai.
Dans « Comme à Ostende » de Jean Caussimon, il reprendra les accents si particuliers de Léo Ferré. Un enchantement !
Un vibrant hommage sera rendu à Barbara, avec « Dis, quand reviendras-tu ?». Il évoquera cette grande dame, qui n’était pas aussi triste qu’elle le paraissait…
Il va enchaîner avec « For me, Formidable » de Charles Aznavour, et honorera Edith Piaf en reprenant « Mon Manège à Moi… »
Avant de clore ses souvenirs de jeunesse avec « L’Important, c’est la Rose », en souvenir de Gilbert Bécaud qu’il accompagna à l’Olympia en 70, et qui lui a beaucoup apporté.
Cette partie, surprise pour le public, suscita un grand intérêt, surtout qu’il ne s’y attendait pas, et ne connaissait pas ce Julien Clerc mettant à son répertoire de grandes chansons des années 50/70.
Personnellement, je suis resté impressionné par son interprétation de Léo Ferré, qui me rappela le plaisir que j’avais eu à l’écoute de ce dernier au Palais des Congrès, dans les années 70.
3 – Après ce retour réussi dans le passé, il va terminer par les chansons que son public attendait.
Une première béatitude touchera les spectateurs avec « Ma Préférence », « Les Séparés » et « La Californie ».
Il enchaînera avec « Mon Refuge », de Clara Luciani, avant d’attaquer son grand classique « Femmes, je vous aime », où je n’ai pas complètement retrouvé la voix chaude que j’avais dans l’oreille suite à l’écoute de ses disques.
Le public n’eut pas ces considérations, et la gent féminine chantait en même temps que JC, complètement sous son charme.
La température continua à monter, et pourtant il faisait frisquet en cette soirée de fin juin,
avec « Ce n’est Rien » et surtout « Laissez entrer le Soleil », la chanson qui l’a fait connaître dans la comédie musicale « Hair ».
C’en était trop pour ce public bouillant, qui se leva comme un seul homme, quand il attaqua « Lili voulait aller danser », de Luc Plamondon.
Toutes ces dames se ruèrent sur le devant de la piste, et se mirent à danser.
La fin du tour de chant se déroula dans une atmosphère indescriptible, tous ses tubes étant repris en chœur et applaudis chaleureusement par ses fans.
Le public les attendait, et il a vibré devant « Mélissa », de David MC Neil, « Cœur de Rocker », de Plamondon, a adoré « Fais-moi une Place » de Françoise Hardy.
Il termina en apothéose avec une chanson de Roda Gil, « Le Phare des Vagabondes ».
Une voix irréprochable forte et puissante, un show de deux heures sans la moindre pause, une immense prestation, qui laissa le public totalement « Heureux » et « Enchanté » au sens propre…
Dans le Dico Amoureux de la Chanson Française, Bertrand Dicale synthétise très bien le paradoxe de Julien Clerc :
« Et si l’on garde en tête le séducteur chavirant le cœur de 4 générations de françaises, il ne faut pas oublier qu’il est toujours en plusieurs lieux à la fois : le public populaire et les rodagiliens, comme il le disait lui-même dans une interview ; la bluette et la poésie, le romantisme et la distance, l’art du chanteur de charme et les obsessions du compositeur, le dévoilement et le secret… »
Le format acoustique, avec 3 musiciens dont Julien Clerc, permet d’occuper des salles plus petites (1000 places dans les arènes de Bouillargues), en créant une réelle intimité avec le public. Même les spectateurs du dernier rang se sentent proches de l’artiste. L’ambiance étant conviviale, voire familiale.
Il faut noter, que sur le millier d’auditeurs, 627 étaient des Bouillarguais, venus à pied au spectacle : un vrai luxe, d’autant plus que la municipalité leur avait concocté un tarif réduit à 35 €, contre 60 à la Fnac.
Ce nombre représente 10% de la population de cette petite ville, située entre Nîmes et Arles. Une réelle performance !
Julien Clerc bénéficie d’une clientèle féminine d’une grande fidélité.
En sortant des arènes à 17 h 30, je tombais sur un groupe de 4 dames d’âge mûr, qui attendait devant les arènes. Elles avaient leurs billets, et rassurées par mes paroles, les assurant que tout était en ordre pour la soirée, elles me rassurèrent à leur tour, en m’informant qu’elles venaient d’assister aux 2 concerts de la veille à Carpentras et de l’avant-veille à Aix en Provence, et que le chanteur était en grande forme : « vous comprenez, il s’est reposé un mois, et a rechargé ses accus ».
Ces dames venaient de Marseille, et étaient fières de leur statut de « groupies ».
Pour les organisateurs, la municipalité de Bouillargues, ce fut un grand succès.
Revers de la médaille, les citoyens bouillarguais, qui ont apprécié ce concert, posent déjà la question : qui ferez-vous venir l’année prochaine ?
Julien Clerc a placé la barre très haut.
Bouillargues le 07 juillet 2023
Photos Roger Séguéla