Fleurissement rare
Il n’y a pas de lieu, pas de temps sans amour,
la vie coule dans tout désert,
il ne fleurit qu’une seule fois dans la vie
comme Echméa, Agava ou le lys bleu des montagnes
Nilgiri, les enveloppant d’une brume bleuâtre,
on peut ne jamais le trouver, on attend une vie
son miracle, le goût de la floraison, certaines fleurs
ne s’ouvrent qu’une fois tous les cents ans,
quand l’âme qui voyage rencontre sa paire,
les couleurs d’un monde diaphane s’ouvrent
pour t’élever tel le lys blanc des sommets de l’Himalaya,
on peut fleurir une nuit où l’on attend le lever du soleil,
le calice, le parfum, le miracle, dans une île,
au bout du monde, dans la solitude,
on attend toute la vie la fleur miracle,
le fleurissement de chaque désert.
La lumière quand même
Sur le rivage de la mer, troublée par un rayon
de soleil, par le toucher soyeux d’une vague,
sur le sable mouillé par la tempête, parmi des coquillages
étonnants comme la crête d’un arc-en-ciel,
sur la ligne verdâtre d’algues qui sépare
l’eau et la plage, le silence et moi,
l’immensité de la mer et mon regard,
l’attente d’entre les rivages, l’œil du ciel,
un doux crépuscule sur nous, on n’est pas
encore sortis des brouillards de nos tourments,
de la carapace trouble du monde,
la lumière quand même nous éclaire au carrefour.
La maison au parfum d’azur
Sa maison, réelle ou rêvée,
avec le soleil glissant à travers tous les murs,
habillée dans les nuances de l’arc-en-ciel
de l’aube blanche aux flammes du crépuscule,
émaillée de bleuets et de pavots,
au parfum d’azur, sur son vert de mer,
des vagues de mouettes emportent
sous les ailes des vers de tous les coins du monde,
des chaînes de poèmes s’élèvent au ciel
dans la danse rituelle du soleil,
un bleu collier d’étranges perles,
comme on peut en voir seulement en peinture ou en poésie,
une maison bleue, une île dans la mer,
un arrêt pour tous les voyageurs téméraires,
prêts à affronter la tempête pour une rencontre rare
avec l’étrange esseulé de la terre,
orange dans le crépuscule qui se pose silencieux
et serein sur la plaine et sur les crêtes des montagnes,
sur la plage, le vent nuageux ne la traverse pas,
seulement les brises de la mer et l’azur,
une maison dans la plaine, le ciel dedans,
sous la voûte de la vigne, un pain
et un verre de vin pour les pèlerins.
La crête d’or
Je suis entre les eaux ouvertes
par le bâton de Moïse,
chemin sur lequel on n’entend pas les pas,
seul un tourbillon de mots silencieux,
comme les ombres du soir sur les collines,
comme la poussière emportée par le vent,
une vague avec une crête d’or se lève
devant moi, elle m’emporte vers la terre promise,
à son ombre je m’incline.
Le don
On portait sur nos épaules blessées
de trop lourds fardeaux, on traversait
le dos courbé les matins,
sans être touchés par leurs scintillements,
on s’est rencontré en été,
deux voyageurs épuisés,
une brise étrange a enlevé
de nos épaules tous nos chagrins,
des ailes de papillons ont poussé sur nos corps
et notre envol évoquait une lumière.
L’œil de feu
Je baigne mes yeux dans une mer de feu,
le lever du soleil au solstice d’hiver,
l’abîme de flammes du regard
assombrit ma vue,
je vois des ombres colorées,
lettres dans l’œil de lave,
sang troublé par la lune
baignée dans la mer de flammes.