Créations Pratiques Poétiques

Les ténèbres c’est encore de la lumière je crois

Trois extraits d’un recueil en préparation suivis de Comment être poète

Les ténèbres c’est encore de la lumière je crois

J’écris avec des mots que je ne comprends pas encore
La poésie tu l’aimes ou tu la quittes
Ou tu dégages
J’avoue rien ne tient bien longtemps en poésie moderne
Je concède juste ce que j’ai de reptile en moi
D’un cerveau prédateur
Reptilien
Les poètes meurent toujours les premiers en poésie majeure
J’écris guidé par mes chimies intérieures
Psychotique express
Poésie d’avant
Poésie d’après
Qu’importe s’il me reste que cet ersatz de lumière
De littérature aussi
Car tout ce qui ne se dit pas s’écrit ici
Je n’appartiens plus au langage des enfants
Des ersatz d’enfants

Je vois des mots qui n’en sont pas qui n’en sont plus

Oui
Le poète est un lieu de passage
De transit aussi
J’écris alors que la guerre est finie
J’écris alors que les extras putes sont de sortie
Sont de repos
Oui
Je respire le fioul des étoiles dernières
Ecrire c’est encore de la lumière je crois
L’ombre c’est encore de la lumière aussi
La poésie et moi on a rien à se dire
Seul on ne se porte pas plus mal
A partir de là ça doit suffire
Car je déambule dans une chimie mentale complète
Vrai
J’ai trop écrit
Trop écrit sans laisser de place aux poètes profanes
Immatures
Merde à la poésie chimère
Merde à tout ça

Mon dieu faites que je ne foute pas tout ça en l’air

Et je ne dirai plus mes prières d’enfant
Ecrire est au-dessus de mes moyens
Ecrire me fait vieillir trop vite je crois
Il est des ombres que je ne peux palper ni caresser
Je suis exactement moderne
Car je fais l’économie de Dieu dans mes poèmes
Vrai
Et j’ose des mots dans des manœuvres nocturnes
Je laisse derrière moi ce que je ne peux comprendre
J’ai vu les plus beaux esprits les plus talentueux poètes de ma génération
Détruits par un égo surdimensionné
Ma matière sombre s’écrira désormais au carbone quatorze ou ne s’écrira pas
Pour ne pas laisser un jour un seul sans prophétie

Comment être poète

Pour écrire de la poésie, il faut selon moi tuer symboliquement le Père… Et pour moi, le Père, c’est ce crapuleux Rimbaud ! J’ajoute que pour être poète, il faut en finir avec la poésie de papa et maman… C’est ce que j’évoque dans mes textes : aucune compromission ni complaisance avec ce que j’écris, par respect pour moi-même et pour le lecteur, qui a la responsabilité de reprendre la place qui est la sienne dans le poème. Oui, le lecteur fait parti du poème !

Je n’écris pas si je ne me surprends pas. C’est la règle que je m’impose en poésie. Autant dans la forme que dans le fond.

J’écris seulement à partir de ce que je connais le mieux, c’est-à-dire moi-même. Voilà pour le côté mégalomaniaque ! Je me veux infréquentable en poésie moderne, avec la conviction d’écrire pour témoigner. Nique la poésie à sa mémère qui fait rimer amour avec toujours ! J’ai les balloches pour dire que le poète n’est pas quelqu’un de gentil, loin de là…Que représente la poésie dans ma vie ? Est-ce qu’elle me sauve ? Non ! Qu’elle me laisse tranquille, la poésie… Je ne l’utilise que comme outil, et c’est très bien comme ça ! Est-ce que le lecteur lui me sauve ? Voilà la véritable question. Le lecteur est le centre de gravité de l’auteur et de ses créations, selon moi. Que représente le lecteur dans ma vie ? La page blanche pour sûr !

Si j’avais un poète à vous présenter je choisirai Richard Brautigan « Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus ». Cet auteur ne fait pas dans la dentelle. Il témoigne avec une fausse naïveté de lui-même et de son environnement en utilisant une prose candide et réduite à son plus simple appareil… Il est irrattrapable ! Insaisissable ! Dans tes dents !!

Je citerai aussi les poètes de la Beat Generation, Kerouac, Ginsberg, Burroughs, Pélieu… Avec lesquels j’ai évolué, mûri en poésie contemporaine. Merci à Eux.

Image : Rimbaud