Episode 175
Mouettes alors !
(méditations ornithologiques éphémères)
C’était affiché dimanche. Information qui bien sûr ne présente aucun intérêt sinon pour les sportifs télé-addicts qui cherchent partout les résultats des matchs de foot du week-end.
Les mouettes s’en foutaient bien.
Walt Disney ne devait pas aimer les mouettes ; aucune d’entre elles n’est devenue célèbre grâce à ses films , il préférait les chiens, les lions et les éléphants. Bon choix Oncle Walt.
A part Tchekhov qui eut une faiblesse (ô chère vodka) au point de lui consacrer le titre d’une de ses pièces de théâtre, la mouette n’est pas un oiseau littéraire ni cinématographique. Baudelaire lui préféra son concur-rent l’albatros, Jonathan Livingstone fut un goéland, et aucune mouette ne figure au générique du film de Jacques Perrin, le peuple migrateur, qui pourtant compte un grand nombre d’espèces d’oiseaux.
Robert Dhéry fit un film qui s’appela “Vos gueules les mouettes”. On peut le comprendre.
Il faut bien admettre que les mouettes peuvent se révéler être de sales bestioles, égoïstes et sans gêne ; à part elles, les mouettes rieuses n’ont jamais fait rire personne, et elles chient partout où cela n’est pas bienvenu , table en terrasse agrémentée d’une salade niçoise, auto déca-potable, parasol, crâne fraîchement shampouiné , veste neuve…
N’empêche… que seraient les bords de mer sans les mouettes…
Episode 176
La fille d’Aretha
Brume.
Il fut question qu’on attende que ça se lève.
Attendre quoi d’ailleurs… On avait déjà tout. Je vous rassure : rien qui ressemble à un scénario hollywoodien avec Cadillac, piscines peintes en bleu et starlettes blondes. Précision : on avait tout, tout ce qui ne sert à rien. Ici, l’épatant, c’est uniquement sur invitation ou par un hasard heureux. Et c’est généralement là qu’il frappe à la porte et avec tant d’insistance qu’on est obligé de lui ouvrir.
En forçant un peu sur le romanesque, on aurai pu dire qu’elle était sortie de la brume tel un princesse nordique émergeant d’une nuée elfique. Quand même une princesse d’1 mètre 68, moulée dans un Lewis 501
( environ 38 en taille européenne) et un t-shirt sur lequel on pouvait lire : FREEDOM !
Cette fille avait dû aller à des concerts d’Aretha Franklin ou jouer les choristes dans les studios de la Motown… Elle était un peu jeune pour qu’il soit arrivé tout ça ; cela devait venir des films.
– Bonjour , je m’appelle Aretha…
(bon, là le hasard se surpassait)
…. je sais… mon père avait vu au moins cinquante fois le film des Blues Brothers, celui où la vraie Aretha Frankin vire de son restaurant son incorrigible mari de saxophoniste ; chorégraphie des girls et bande-son à fond : FREEDOM… FREEDOM… et c’est moi la suite…
… avec toutes cette brume, je me suis un peu perdu sur la plage… parfois aussi ailleurs… heureusement…
Georges aligna la série de dry-martini habituelle plus un et s’embarqua dans une reprise de FREEDOM à tout casser. On l’a suivi en braillant, Aretha se défendait drôlement bien dans le rôle d’Aretha…On aurait même pu croire que…
(dans une autre époque, Georges avait dû être un pote des Blues Brothers)
Freedom, brothers and sisters….
Episode 177
Belles, belles, belles
Actualité : encore un dimanche. Pas possible quelqu’un devait le faire exprès. Bon, il y avait du mieux , c’était un dimanche soir. Souvent les dimanches soir apportent leur lot de mélancolie, ce qui justifie les dîners de clôture spaghetti-chianti. Là, cela avait l’air d’un joli dimanche soir. Les filles arboraient déjà les tenues de soirée au Phare ; robes longues fluides, noires, lamées, à faire la couverture de Vogue ; minis à mettre le feu aux pages de Grazia, maquillages offensifs.
Jean-Do qui revenait d’un colloque de mathématiques ultimes où il avait retrouvé quelques unes de ses ex-admiratrices, imagina que c’était pour lui, il sourit béatement (léger malentendu). Le Colonel était dans la confidence, il dit : “elles se sont faites très belles parce qu’elles étaient déjà belles”. Les mathématiques ultimes n’y pouvaient rien face à cette logique supérieure.
Est-ce quelqu’un a quelque chose contre ce théorème…