Ara Alexandre Shishmanian : Orphée lunaire, L’Harmattan, 2021 ; Mi-Graines, L’Echappée belle éditions, 2021. Recueils traduits du roumain par Dana Shishmanian, avec la révision de l’auteur.
Orphée lunaire
Ara Alexandre Shishmanian est un poète exigeant : les deux recueils qu’il nous propose aujourd’hui explorent les voies de la philosophie par le biais d’images surréalistes (« les escargots s’endorment dans ma barbe ») dans un curieux mélange de flamboiement et de réflexions.
Issu de l’exil, avec ce qu’il implique de souffrance, de nostalgie et de langage « mon soi m’est royaume – mon royaume, exil-/ mon exil, mort », Ara Alexandre Shishmanian est la recherche de son identité : « je suis hadès- et je suis orphée- et je chante l’enfer », en détournant les mythes fondateurs : « toi-même est le rocher que tu penses pousser », ce qui l’entraîne dans les tréfonds de la mystique, « un révolver métaphysique à la main ».
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Mi-Graines
Le second recueil, dans une belle facture des éditons de l’Échappée belle, fait référence à ces maux de tête qui ne se sont pas si anodins qu’ils en ont l’air (« le crâne me fait mal comme un œuf fécondé », « la tête me fait mal ainsi qu’un message enfoui- / une langue maternelle d’une autre vie »), comme le précise la préface de Dan Cristea. Le poète reprend l’inspiration du premier livre, « Je descends en vérité des marches d’incertitude », avec des formules surprenantes : « messagère des inconnectables » avec une « lyre foudroyée », « tantôt mémoire sans langage – tantôt langage sans mémoire » d’où « nous voyons le temps – nous entendons l’espace ». Le poète est toujours une âme qui se cherche.