Étrange titre que celui de cette pièce. Dans le texte qui l’accompagne le chorégraphe le complète ainsi : « Aussi brûlants que soient leurs baisers, personne n’épouse les méduses ». L’énigme reste entier. Ou faut-il voir dans la méduse une métaphore de la télévision (voir infra) qui, de fait, trop souvent nous méduse ?
Quoi qu’il en soit, cette pièce caractérisée avant tout par la fraîcheur, l’humour convient parfaitement à de jeunes danseurs comme ceux du « Ballet Preljocaj Junior ». Ceux-ci, issus d’une sélection que l’on imagine rigoureuse sont en situation d’apprentissage. Recrutés en CDD pour onze mois, ils complètent leur formation au PNSD (Pôle National Supérieur de Danse) de Cannes-Mougins tout en participant à divers spectacles, pièces du répertoire comme celle-ci ou créations.
Humour ? Il domine toute la pièce depuis la première séquence, celle du déshabillage, jusqu’à la fin où les spectateurs sont censés assister à un show télévisé, avec animateurs et affichage lumineux pour déclencher les applaudissements. Dans la première séquence, les douze danseurs habillées de tenues disparates commencent à se déshabiller les uns après les autres mais en reproduisant tous ensemble les mêmes gestes stéréotypés, si bien que ceux qui sont déjà en sous-vêtements (y compris le soutien-gorge pour les garçons) font ces geste en quelque sorte « à vide ».
On est surpris quand surgissent les deux animateurs micros en main – garçon en costume et fille perruquée, robe rouge et hauts talons – qui tentent de faire parler des artistes n’ayant rien de spécial à dire, comme de juste. On aime lorsque, l’entretien dégénérant, l’animateur se met à danser avec le « chorégraphe » qu’il vient d’interroger, tandis que l’animatrice tente vainement de le rappeler à ses devoirs.
Les séquences s’enchaînent sans logique apparente, comme dans les shows. Il y a par exemple la séquence de danse tropicale, pas la plus captivante, heureusement interrompue par une fille apparemment éméchée qui met tout le monde dehors, perd un de ses souliers à talon ce qui ne l’empêche pas de continuer à gesticuler puis de danser dans ce précaire équilibre. La suite montrera que son personnage est celui d’une chanteuse : elle entonnera une chanson en play-back dûment encadrée par deux danseurs. Autre morceau amusant, celui où deux filles appellent, vainement d’abord, chacune leur Hubert, avant de jouer avec eux tout en se jouant d’eux. En guise d’intermède, deux garçons, toujours les mêmes, qui utilisent un escabeau comme accessoire.
Aucune méduse dans ce spectacle et rien qui pique, mais du piquant, oui. Bref, un très agréable divertissement propre à bien mettre en valeur les qualités des danseurs.
Au Pavillon Noir, Aix-en-Provence, les 2 et 3 décembre 2022