Résumé des livraisons précédentes du 10 novembre 2011 et du 31 janvier 2012 :
Les démarches de première urgence ont permis de gagner un temps précieux en écartant provisoirement le spectre d’un dépôt de bilan à Marseille où se trouvait la base à terre de La Calypso. A l’origine une simple association déclarée sans but lucratif, dénommée en 1953 Office Français de la Recherche sous-marine, mais qui avait été reconnue d’utilité publique sous le nom Centre d’Etudes Marines Avancées (CEMA) le 13 février 1969, au terme d’une bataille courtelinesque menée au Conseil d’Etat par le Contrôleur Général Jean Emery, lequel dut faire appel au ban et à l’arrière-ban de son plantureux carnet d’adresses pour arriver à ses fins. Le retentissement d’une déconfiture intervenant dans les deux ans d’une telle reconnaissance aurait porté atteinte au nom, c’est-à-dire à l’actif le plus précieux grâce auquel Cousteau, parti sans capital, avait pu trouver les moyens de développer ses activités depuis sa prise de congé de la Marine Nationale en 1949. L’incendie était fixé mais le feu couvait encore.
Question suscitée par ces deux premières livraisons :
A l’époque où vous prenez en main le côté financier (pour mémoire, 1er janvier 1972), comment se dessine l’avenir du « projet Cousteau » ?
Rappel historique
Depuis la mise au point du scaphandre autonome en 1943, et grâce à La Calypso depuis 1950, Cousteau avait préempté tous les domaines de la pénétration sous-marine en équilibre de pression avec le milieu ambiant, sans réels moyens financiers propres mais en maître du faire-savoir. Libérés des câbles et des semelles de plomb des scaphandriers à casque, les « hommes-poissons » évoluaient dans ce nouvel espace à trois dimensions « tels des anges dans le ciel », comme Cousteau le raconte dans le Monde du Silence, un succès de librairie mondial coécrit avec James Dugan* en 1953, et surtout comme ont pu le constater, bouche bée, les millions de spectateurs du film éponyme, dont la palme d’or au Festival de Cannes en 1956 reste à ce jour la seule attribuée à un documentaire. Notoriété planétaire, aisance financière acquise, statut de résident fiscal en Principauté de Monaco, prestigieuse villa de fonction de Directeur du Musée Océanographique sur le Rocher, Cousteau aurait pu se retirer fortune faite, en un mot « faire charlemagne », six ans seulement après le premier appareillage de La Calypso, mais il n’était pas du genre à se reposer sur ses lauriers, fussent-ils massivement dorés !
Une question le hantait : Comment mieux connaître ce monde sous-marin à peine entrevu lors de plongées trop vite interrompues par l’obligation de remonter à la surface au terme de fastidieux paliers de décompression, paliers d’autant plus longs qu’on est descendu plus profond et resté plus longtemps sous l’eau ? Comment augmenter la durée des séjours, comment « habiter » la mer ?
Inspiré par les idées, émises dés 1957 par George Bond, un médecin de la marine américaine peu prophète en son pays, Cousteau mouillait au large de Marseille une première « maison sous la mer » du 14 au 21 septembre 1962, où deux hommes qu’on n’appelait pas encore « océanautes » ont vécu sept jours à 10m de profondeur dans une sorte de « tonneau » avec des sorties de travail à -25 mètres, une expérience partiellement financée par le Bureau de Recherche des Pétroles que l’accès aux gisements sous-marins d’hydrocarbures commençait à intéresser.
L’opération rencontra un tel écho médiatique que Cousteau proposa dans la foulée à Loël Guinness, l’heureux producteur du Monde du Silence de « remettre ça » avec la production d’un nouveau grand métrage, le Monde Sans Soleil, filmant la vie dans et autour d’un « village » sous-marin en Mer Rouge, comportant un habitat pour 6 hommes pendant un mois à -10 m, un garage pour soucoupe plongeante, en soutien de deux hommes vivant à -25m, travaillant à -50m. Guinness se fit tirer l’oreille, les pétroliers firent preuve de pingrerie. Heureusement le fidèle Jacques Mauger, dûment aiguillonné par Cousteau qui tenait à conserver l’avance acquise sur les américains, parvint à convaincre Columbia Pictures d’entrer dans la danse. Tournage du 14 juin au 14 juillet 1963, promotion et diffusion à l’américaine, mais le film n’obtint qu’un succès d’estime, les recettes suffisant juste à rembourser la mise.
Les acquis scientifiques en revanche ne passèrent pas inaperçus. Le 3 février 1964, André Giraud*, alors Directeur Général Adjoint de l’Institut Français du Pétrole, écrivait à Cousteau au retour d’ une visite au Musée Océanographique de Monaco : « Vous connaissez la mer et cherchez à maîtriser les techniques permettant de l’explorer ; nous avons les techniques mais ne connaissons pas la mer ; nous sommes faits pour nous entendre ». Fort d’un tel appui, et doté d’une avance de la National Geographic Society sur les droits iconographiques, Cousteau passa sans tarder à l’étape suivante en rade de Villefranche : six hommes, dont son fils Philippe en charge des prises de vues , séjournèrent à 100m de profondeur du 17 octobre au 17 novembre 1965, équipant un « arbre de Noël **» vingt mètres au dessous de leur habitat, tout en se prêtant à de nombreux examens physiologiques. On se contenta cette fois-ci de tourner un film d’une heure pour la télévision américaine sous la direction du producteur réalisateur David Wolper* détaché par la National Geographic Society.
A la clef une perte de trois millions de francs, mais Il fut ainsi démontré que l’homme supportait très bien le travail en profondeur plusieurs semaines de suite, un seul palier de décompression en fin de séjour permettant de rejoindre la surface. On pouvait désormais parler du « rendement d’une plongée » ouvrant ainsi un espace nouveau au calcul économique. Depuis quelques temps déjà sonnaient dans les médias de nombreux cors de chasse appelant à courre de supposées fabuleuses richesses océaniques : Taïaut, les pêches miraculeuses de l’aquaculture, Taïaut l’abondance de nodules polymétalliques dans les grands fonds, Taïaut l’inépuisable potentiel énergétique des vagues, courants et marées et Taïautissimo l’accès aux réserves pétrolières sous-marines…
L’Etat français se mobilisa pour la ruée. A l’instigation d’un groupe d’officiers de marine naviguant dans les antichambres ministérielles le gouvernement français s’était résolu à structurer la recherche océanographique, jusque-là disséminée entre quantité de laboratoires, le plus souvent liés au monde universitaire, et fonctionnant indépendamment les uns des autres. Le 3 janvier 1967 était créé le Centre National d’Exploitation des Océans (CNEXO), un établissement public à caractère industriel et commercial directement rattaché au Premier Ministre, alors Georges Pompidou.
Cousteau, auréolé des quinze ans de campagnes à la mer où la Calypso avait accueilli à son bord la fine fleur de la recherche océanographique internationale, aurait été à l’évidence le favori des parieurs pour diriger le nouvel organisme. Une telle perspective ne lui aurait d’ailleurs pas déplu car cette volonté de regroupement lui semblait un gage d’efficacité mais il était sans illusion. Ponctuellement informé par le Contrôleur Général Emery, Cousteau savait que le poste était destiné à un protégé d’Alain Peyrefitte, Yves La Prairie, à qui le Ministre d’Etat chargé de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales avait demandé quelques mois plus tôt un rapport sur l’état de l’océanographie française et la coordination à mettre en place à l’échelle nationale.
Dans le même temps se présentait pour Cousteau la chance d’un très important contrat de 12 films d’une heure, autour du monde, pour l’American Broadcasting Corporation, une retombée directe de l’énorme succès obtenu aux Etats-Unis par The World of Jacques-Yves Cousteau, le film tourné par Philippe Cousteau en rade de Villefranche pour le compte de la National Geographic CBS-TV.
Sitôt nommé Directeur Général du CNEXO par décret du 1er avril 1967 Yves La Prairie n’eut pas de mots trop aimables pour Cousteau qu’il invita à être son « fer de lance ». Très large place fut faite aux réalisations des équipes Cousteau sur le stand de l’océanographie du pavillon français à l’exposition internationale de Montréal en 1967. Un siège au Comité Scientifique et Technique fut offert au Commandant, la collaboration entre les deux hommes avait démarré sous de bons auspices.
D’entrée Cousteau joua le jeu se montrant assidu aux réunions du Comité Scientifique et Technique mais il se rendit vite compte que cette prestigieuse instance n’avait aucun pouvoir réel sur l’attribution des crédits. Ne se sentant aucun goût pour la figuration Cousteau prit ses distances et concentra ses efforts sur un sous-marin révolutionnaire dont il avait soumis le concept à l’Institut Français du Pétrole. Dénommé Argyronète, du nom d’une petite araignée qui vit dans l’eau grâce à une sorte de cloche qu’elle tisse et remplit d’air, l’engin était une maison sous la mer autonome comportant un poste de pilotage à pression atmosphérique et un habitacle à pression réglable pour 4 plongeurs ; l’ensemble pouvait atteindre 600m de profondeur, deux fois la capacité des sous-marins nucléaires de l’époque, et disposait d’un rayon d’action de 400 miles et d’une autonomie de 14 jours. Totalement indépendant de l’état de la mer en surface il était utilisable en toutes circonstances.
Une telle réalisation aurait couronné dix ans d’efforts en vue de faciliter l’intervention et le séjour durable de l’homme sous la mer. Telle était aussi la conviction d’André Giraud et de Pierre Willm* mais beaucoup dans les compagnies de pétrole renâclaient à l’idée de devoir s’immerger et préféraient une option modulaire composée d’un caisson pressurisable à demeure sur la plateforme des tours de forage, couplé à des tourelles opérant comme des ascenseurs entre le caisson de surface et le chantier en profondeur. Pour Cousteau un tel dispositif qui restait soumis aux aléas météo manquait d’élégance. Il était pourtant proposé par un de ses tout premiers collaborateurs Henry-Germain Delauze, qui avait rejoint Cousteau dés sa sortie des Arts et Métiers en 1952 mais qui, prétendument lassé de ce qu’il trouvait être une ambiance courtisane autour du Commandant, avait décidé de chausser ses propres palmes dés 1961 en créant la COMEX (Compagnie Maritime d’Expertise) au capital de 50,000F. Aux critiques « esthétiques « de Cousteau , le prosaïque Henry Delauze, répondait par des analyses de coûts comparés. Personne à l’époque n’avait réussi à départager le marin « humide » de l’ingénieur « sec ». L’avenir devait démontrer qu’en n’adhérant pas au concept des maisons sous la mer Henry-Germain Delauze avait pressenti, avant et mieux que Cousteau, les contraintes industrielles des plongées à saturation.
Craignant de ne pas être suivi par l’industrie qu’il avait vocation de servir, l’Institut Français du Pétrole hésitait à entreprendre seul la construction de l’Argyronète . Les partisans du projet avancèrent alors que le nouvel engin pourrait aussi rendre de grands services dans les domaines océanographiques et militaires. La Défense Nationale resta de marbre, mais le CNEXO ne rata pas l’occasion de s’introduire dans le bastion du pétrole sous-marin dont il avait été jusque-là exclu. Le 21 novembre 1968 le CNEXO s’associait pour moitié au montage financier et au programme d’exploitation de l’Argyronète. Si les bouchons de champagne ont sauté ce jour-là du côté de Cousteau ce fut à tort car un cheval de Troie venait d’entrer dans la place.
Dès que Cousteau réalisa qu’en dépit des bonnes paroles officielles l’intention du CNEXO était de le pousser petit à petit sur une voie de garage il protesta avec pour premier résultat le non-renouvellement au bout de trois ans de son mandat au Comité Scientifique. Comme par hasard les négociations en cours s’enlisèrent. Concernant L’Argyronète, un premier soupçon d’inquiétude avait motivé une intervention en 1970 du maire de Marseille, Gaston Defferre, auprès du Premier Ministre Jacques Chaban-Delmas ; des problèmes d’emboutissage de l’acier très spécial, classé Défense Nationale, prévu pour la coque, la TVA devenue applicable à tous les bateaux de mer, sous-marins compris, du fait des Accords de Rome , d’autres aléas avaient entraîné le doublement du devis donnant un nouvel argument aux adversaires du projet… Le 23 septembre 1971 François-Xavier Ortoli, ministre du développement industriel et scientifique, endossa la décision de « suspendre » la réalisation de l’Argyronète, décision confirmée le 1er octobre par l’Institut Français du Pétrole. Dans l’Express du 4 octobre 1971 une journaliste au parfum, Jacqueline Giraud, annonça la « mort d’un projet hybride nourri de Jules Verne » dans un article finement sarcastique sous-titré « 12 millions sous les mers ».
Fin du rappel historique, retour à ma prise de fonctions début 1972
Il était alors question de créer un Ministère de le Mer, projet ne faisant pas l’unanimité mais fauteuil guigné par Yves La Prairie toujours soutenu par l’influent Alain Peyrefitte. « En voilà une bonne idée pour me simplifier la vie ! aurait ironisé le Général de Gaulle, je n’aurai plus ainsi que trois ministres, Terre, Mer, Air ». A priori il n’y avait que bien peu de chances qu’un « maroquin de la mer » soit jamais proposé à Cousteau dont il était de notoriété publique que les campagnes anti rejets nucléaires en mer irritaient le Chef de l’Etat, notamment depuis la visite de ce dernier au Musée Océanographique de Monaco en novembre 1960 au cours de laquelle il avait demandé à Cousteau « d’être plus gentil avec ses atomistes » pour s’entendre répondre « Certainement, Monsieur le Président, dés que ceux-ci ne considéreront plus la mer comme une décharge publique « . Néanmoins peu de chances ne signifiait pas zéro chance car le différentiel de notoriété restait considérable en dépit des sarcasmes infligés à Cousteau depuis la suspension de l’Argyronète. Par exemple le Canard Enchaîné du 23 février 1972 avait rapporté dans un article non signé que « ces messieurs du Ministère de l’Industrie se répandent dans Paris en ricanant que les océanographes américains disent de Cousteau qu’il est à l’océanographie ce que les Folies-Bergères sont à la chorégraphie… »
Trop fin manœuvrier pour sous estimer un concurrent en difficulté et ne voulant prendre aucun risque, Yves La Prairie savait qu’il ne pourrait l’emporter sur le seul plan de la polémique. Il continuait donc à chercher le moyen d’éliminer Cousteau, sans paraître lui-même sur le devant la scène. Le retrait partiel des pétroliers du financement de l’ Argyronète créait un contexte favorable qu’il suffisait d’exploiter. On commença par gonfler le mythe de la mer pactole. La France venait de ratifier les premières conventions issues de la Conférence de Genève de 1958 définissant les droits des Etats à tirer parti des ressources du plateau continental. L’enjeu était trop important pour que l’Etat s’en désintéresse… L’intérêt national commandait de passer la main à des gestionnaires, de vrais industriels. De simples structures sans but lucratif ne pouvait relever le défi… Leur manque de surface financière était avancé comme prétexte pour ne pas signer de nouveaux contrats avec les associations Cousteau, ne pas donner suite à la famille des soucoupes plongeantes, confier à d’autres plus musclés la construction d’une nouvelle bouée laboratoire… Un lent processus d’étouffement se mettait sournoisement en place qui alla jusqu’à la déstabilisation du respecté Professeur Jacques Chouteau qui clamait haut et fort que « son cerveau n’était pas à vendre » et démissionna le mercredi 8 mars 1972, écoeuré de ces visées commerciales, lui qui, au sein de l’équipe Cousteau, avait dirigé de manière tout à fait désintéressée les recherches en physiologie des hautes pressions depuis 18 ans ! Cette défection surprise pouvait être le coup de grâce…
Le lendemain 9 mars Cousteau envoyait de New-York le message suivant à tous les membres du personnel :
« Depuis notre regroupement dans nos nouvelles installations vous avez été soumis à une intense campagne de démoralisation dont nous connaissons tous bien la double origine***et qui atteint aujourd’hui les niveaux de la diffamation et du chantage.
La vérité est très sérieuse et très simple. Depuis vingt ans mes activités cinématographiques et littéraires nous ont permis, d’une part de financer seuls certaines inventions ,et d’autre part d’accepter des contrats très intéressants mais dont la couverture budgétaire était insuffisante. Nous avons pris ainsi l’habitude, certes généreuse mais peu réaliste, de perdre de l’argent avec le sourire sur presque tous nos contrats et bien entendu sans susciter la moindre reconnaissance de la part des bénéficiaires- l’analyse des chiffres est éloquente- le développement du Cema, l’accroissement de son chiffre d’affaires rendaient déjà cette acrobatie de plus en plus difficile quand la décision de suspendre le projet Argyronète est venue porter un coup imprévu et très grave à notre association…Maintenant j’apprends à distance qu’une difficulté supplémentaire, et, celle là totalement injustifiée, menace notre programme de physiologie.
Soyons clairs et courageux – quoiqu’il arrive dans l’immédiat nos recherches en physiologie ne seront jamais abandonnées. Grâce à des facilités que nous accorde le gouvernement mais qui engagent notre responsabilité, un programme minimum sera assuré pour cette année et nous permettra de préparer un plan de remplacement. La vocation du Cema restera désintéressée mais sera modifiée – nous ferons probablement plus d’études et moins de constructions – nous serons beaucoup plus réalistes dans nos évaluations- notre avenir est à ce prix et j’ai décidé de le payer…/..
…./…Les effectifs à maintenir devront permettre de constituer une équipe complète d’armement en campagne de La Calypso…une équipe pour le Labo Physio et une équipe pour les missions volantes- le départ Calypso pour deux ans est prévu le 18 août – on préparera le carénage et la réfection de la plage avant pour mai et juin et une plate-forme démontable pour hélicoptère Hughes 300.
Sans amertume excessive je vous rappelle que la médisance ou la fuite à la sauvette ont toujours des origines inavouables – méfiez vous donc du chant des sirènes. Je ne peux concevoir la séparation –tout comme le travail en équipe –que dans l’estime réciproque. J’espère que la plupart d’entre vous conserveront – ou retrouveront – la dignité dont vous avez fait preuve depuis si longtemps. Cordialement, Jacques Cousteau
Le vendredi saint 1972, 31mars, 15 heures, débarqué d’un taxi, Cousteau d’une voix sourde annonce le licenciement à plus de la moitié du personnel.
Dans le but de l’informer des raisons qui l’avait poussé à créer à Monaco l’association EUROCEAN, et avec le secret espoir d’obtenir l’infirmation de la décision d’arrêter L’Argyronète, Cousteau avait obtenu un rendez-vous de Georges Pompidou le 15 juin 1971 : « Cousteau, souvenez-vous que même le Président de la République ne peut rien contre ses grands services ». Néanmoins des instructions furent données pour attribuer à Cousteau les moyens de se retourner après la décision de suspension. Le 10 octobre 1971 le Commandant était dans le bureau de Monsieur François-Xavier Ortoli qui lui promettait 4 millions de francs de contrats de « sauvegarde » en 1972, à négocier avec …le CNEXO ! Ce dernier ergota, gagna du temps, ne signa rien les trois premiers mois de l’année en dépit de plusieurs rappels à l’ordre du Professeur Maurice Lévy, responsable du Service des Programmes de Recherche au cabinet de Monsieur Ortoli. Toujours masqué mais ne démordant pas, Yves La Prairie signifia par lettre du 15 mai 1972 que « conformément au vœu exprimé par la Commission Consultative des Marchés du CNEXO il a été décidé de procéder à une enquête sur la situation financière et comptable du CEMA »…. Le lendemain 16 mai un inspecteur des finances de la Commission Centrale des Marchés de l’Etat, Monsieur Marcel Piton, débarqua au CEMA. Prévue pour deux jours sa mission en dura 20, les comptes, français et américains, furent scrutés ligne par ligne. La rumeur d’un empire clandestinement constitué aux Etats-Unis avec l’argent du contribuable français ne résista pas à l’examen. Venu les poings faits, Piton s’en alla complètement retourné. Il appela le directeur du cabinet d’Ortoli, Monsieur Georges Dominjon, pour lui recommander d’aider Cousteau à se reconvertir, à conclure des contrats à l’étranger et même à reprendre l’Argyronète dans l’intérêt de l’océanographie nationale ! Comble d’ironie, lorsque Cousteau, ravi de ces bonnes dispositions, lui demanda s’il ne pouvait rien faire pour instaurer un climat de coopération à long terme avec le CNEXO, Piton répondit, catégorique, « Je m’en garderais bien Commandant, et dans votre intérêt ; vous ne vous en êtes pas rendu compte, mais ces contrats sont ficelés de telle sorte qu’ils vous coûtent de l’argent. Moins vous en signerez, mieux vous vous porterez !
S’organiser sur le mode industriel avait ses partisans parmi les ingénieurs du CEMA qui avaient en mémoire l’ancienneté des relations avec l’Air Liquide remontant à la mise au point du scaphandre autonome en 1942. Dès la fin de la guerre fut créée La Spirotechnique, une filiale vouée à la fabrication et la vente de matériel de plongée individuelle. Un réseau mondial grandit rapidement avec des sous-filiales au Japon, en Italie et surtout aux Etats-Unis, grâce au rachat d’une société californienne concurrente, U.S. DIVERS. Cette dernière opération, menée en sous-main par Cousteau, causa quelques frictions avec l’ Air Liquide dont la hiérarchie avait été mise devant le fait accompli. Une convention du 4 octobre 1957 assurait à La Spirotechnique la propriété des brevets futurs contre versement d’un forfait annuel de 200,000F. En 1962 la société américaine Westinghouse commandait une soucoupe capable d’atteindre les 2000m dénommée Deepstar . Sa construction fut l’occasion d’une querelle homérique entre les gestionnaires de La Spirotechnique qui, responsables de la livraison, s’alarmaient de retards en cascade qu’ils imputaient à un manque de sérieux des ingénieurs du CEMA, tandis que ceux-ci se plaignaient de l’incompréhension des bureaucrates parisiens devant les aléas inhérents à la production de prototypes. On en vint à ne plus se parler que par avocats interposés. Cousteau confia son dossier à une vedette du barreau parisien, le bâtonnier Arrighi, dans l’espoir de contrebattre un adversaire supposé formidable, mais une livraison à Westinghouse en 1965 permit aux avocats de remiser leurs robes in extremis. Deepstar fonctionna sans interruption de 1966 à 1970, et fut le seul sous-marin civil d’observation qui se soit avéré rentable financièrement aux USA. Performance technique applaudie à l’époque pas la presse spécialisée, mais qui ne suffit pas à rétablir tout à fait l’image de Cousteau auprès de l’Air Liquide dont le président, Jean Delorme, également à la tête du Conseil d’Administration dont dépendait le Musée de Monaco dirigé par Cousteau depuis le 23 mars 1957, allait partout affirmant « Cousteau, c’est à nous » tout en parlant dans le même souffle de La Spirotechnique comme de « sa danseuse ». Depuis 1957 le forfait annuel n’avait pas été revu à proportion ni de l’inflation ni du développement des activités. Bague de fiançailles à sa signature, l’accord avec la Spirotechnique était devenu avec le temps une sorte de licou.. .
Dans l’espoir de recouvrer une indispensable liberté Cousteau avait créé en 1971 à Monaco, l’association EUROCEAN, regroupant de grands industriels dont Péchiney, la Compagnie Générale d’Electricité, Rhône-Poulenc, Fiat, Philips, et s’était rapproché aux Etats-Unis de la General Electric dans le but de développer le Mark 10, un appareil de plongée en circuit fermé du plus grand intérêt pour les marines militaires. L’Air Liquide qui ne voyait pas ces contacts d’un très bon œil les surveillait jalousement, un peu comme ces enfants qui ne veulent pas toucher à leur soupe mais poussent des hurlements dès qu’un autre fait mine de s’en approcher.. . Le 1er janvier 1972 Cousteau dénonçait le contrat de 1957 sans trop savoir où le porteraient ses pas.
Le 17 septembre 1971 chez General Electric Cousteau avait rencontré des représentants de Mitsui, un énorme cartel japonais intéressé au dossier Mark 10. Très vite la conversation avait dérivé sur la prochaine restitution à leur pays de l’Ile d’Okinawa occupée par les américains depuis la fin de la guerre. Des cérémonies grandioses, dont une exposition internationale sur les océans, étaient prévues pour commémorer l’évènement en 1975. Des routes, un port, un aérodrome étaient planifiés. Budget global 150 millions de dollars, tous les conglomérats japonais étaient sur la ligne de départ, les alliances internationales permises. Engagés dans ce combat de Titans Mitsui et General Electric devaient faire la différence… L’exposition permanente sur le thème de la mer vivante que son fils Jean-Michel allait bientôt inaugurer sur le Queen Mary à Los Angeles préfigurait une proposition qui pourrait être faite à Mitsui pour l’exposition océanique de 1975…L’étincelle ne fut pas longue à jaillir dans l’esprit du Commandant : ce concours de circonstances était une chance à saisir. Si avec l’appoint du nom de Cousteau le tandem Mitsui-General Electric emportait le marché d’Okinawa, c’était non plus une collaboration franco-américaine mais franco-américano-nippone qui pouvait être imaginée, l’avènement d’un génie océanographique mondial!
Curieusement pour une population si dépendante de la mer, les Japonais étaient très en retard sur les Français en matière de pénétration et d’habitats sous-marins. Les 3 et 4 décembre 1971 Cousteau était à Tokyo, du 6 au 10 décembre l’ingénieur Kokubu détaché par Mitsui assistait à une simulation de plongée à -500m dans les caissons de la base hyperbare à Marseille, du 6 au 10 janvier 1972 j’accompagnais Jean-Michel Cousteau à Tokyo pour présenter une offre d’exposition océanique pour Okinawa 1975, j’en rendais compte dès mon retour à Marseille, le 12 février Cousteau exposait par télégramme à Mitsui l’étendue des collaborations envisageables, et du 15 au 19 février 1972 c’était au tour du Commandant Caillart, nouveau directeur du CEMA, d’aller au Japon . Il en revenait perplexe ayant appris que Monsieur Mutoh, directeur technique de Mitsui allait rencontrer l’ Institut Français du Pétrole et le CNEXO fin mars à Paris…
Depuis 1962 le professeur Monin de l’Institut d’Océanologie de l’Académie des Sciences de Moscou avait manifesté son intérêt pour les soucoupes plongeantes sans qu’aucune affaire ne puisse jamais être conclue pour motifs tantôt financiers, stratégiques ou techniques. C’est donc avec étonnement que le Conseil d’Administration du CEMA du 14 février 1972 apprit que la centrale d’achat soviétique Soudoimport avait envoyé une demande de prix pour la fourniture de deux soucoupes 800m et une 3000m, un marché d’environ 25 millions de francs, mirobolant mais aléatoire. On savait en effet depuis décembre 1971 que le gouvernement canadien avait annulé une commande russe pour un sous-marin Pisces IV de la société Internationale Hydrodynamics, sise à Vancouver. Le lien était facile à faire, c’était quasi certainement sous la pression du COCOM**** que les canadiens avait dû renoncer. Il était donc à craindre que les mêmes règles s’appliqueraient à l’exportation des soucoupes françaises, sauf à obtenir que la vente à la Russie soit faite officiellement par le Gouvernement Français, un pari loin d’être gagné d’avance mais peut-être jouable dans la mesure où la Marine Nationale n’avait jamais montré d’intérêt pour les soucoupes plongeantes…
Les hésitations persistantes de Cousteau à franchir le pas industriel , même sous la pression de difficultés financières, n’avaient pas échappé à Georges Chabert, le Président Directeur Général de COCEAN, une société spécialisée dans les techniques de forage pour les ancrages de terminaux off-shore, ayant à son capital d’importants actionnaires comme Paribas, Les Ateliers et Chantiers de Bretagne, le néerlandais IHC, mais limitée dans son développement par son manque de maîtrise des techniques de la plongée profonde, précisément le point fort du CEMA. Le gouvernement avait annoncé la couleur : l’opération « contrats de sauvegarde » ne serait pas répétée. Il était donc urgent de trouver un adossement industriel . Un rapprochement avec la COMEX, que le CNEXO aurait appelé de ses vœux, n’était pas envisageable pour Cousteau car tout montage dans ce sens aurait signifié une disparition corps et biens à brève échéance du CEMA. Telle n’était pas la situation au regard de COCEAN à qui le savoir-faire du CEMA apporterait un réel plus permettant une négociation d’égal à égal. Les 2.750.000F nécessaires au dédommagement du CEMA furent abondés dans les caisses de COCEAN par le tout juste formé Institut du Développement Industriel discrètement incité par l’autorité de tutelle. Il fallut tout de même argumenter jusqu’au 21 juillet pour qu’un protocole entérine les cessions d’actifs nécessaires et le transfert des personnels du CEMA à COCEAN, bien entendu au déplaisir de la COMEX et du CNEXO, mais avec la pleine approbation de M. Jean Charbonnel , ministre nouvellement en charge du Développement Industriel et Scientifique qui salua un effort très positif « pour mettre sur pied une entreprise française bien armée pour prendre part à la conquête d’un marché international en croissance rapide » et surtout la bénédiction soulagée de la Caisse Centrale des Banques Populaires qui voyait s’estomper le risque de se retrouver coincée en situation de commandite de fait.
L’accord du 21 juillet eut des airs d’hirondelle faisant le printemps. Alors qu’elle venait de signifier la cessation de tous ses concours la banque acceptait tout d’un coup, non seulement de convertir 8.170.000F de découvert en prêt à huit ans, mais encore de consentir immédiatement une nouvelle avance d’un million de francs destinée à permettre le départ de La Calypso pour une croisière en Antarctique dans le but de tourner un grand métrage sur les mammifères marins « Sang chaud dans la mer » . Ces dispositions inouïes furent consignées dans un accord du 24 juillet 1972, deux petites pages en anglais portant les signatures du représentant accrédité de la banque, de Jacques Mauger et du Commandant pour un certain COUSTEAU GROUP, Inc. dont personne en France n’avait encore entendu parler…
Qui et Où était le Deus ex Machina ?
Les risques du passage devant les tribunaux sont tels aux Etats-Unis que la majorité des avocats américains pratiquent le juridique plus volontiers que le judiciaire. En conséquence leur comportement ressemble davantage à celui d’hommes d’affaires qu’à celui d’auxiliaires de justice. Ils sont le plus souvent spécialisés, étoffent leurs carnets d’adresses, préparent d’épais contrats témoignant d’une parfaite connaissance du métier de leurs clients. Tel était le profil de Lee Steiner, de la firme Loeb and Loeb, une autorité dans le domaine du cinéma, de la télévision et des droits d’auteur qui conseillait Cousteau depuis le début des années cinquante.
Bien au courant de la richesse d’une photothèque accumulée en vingt ans de campagnes de La Calypso, Lee Steiner avait parlé de Cousteau à Christopher Shaw, éditeur à la Western Publishing Company, filiale de Times-Mirror. Un rapide inventaire fin 1971 de l’iconographie stockée dans les caves des Requins Associés à Paris suffit à la signature d’une lettre d’intention pour la publication d’une encyclopédie thématique en vingt volumes globalement titrée The Ocean World of Jacques Cousteau. Un million de dollars d’avance dont 400,000 payables immédiatement ! Ces conditions étaient exceptionnelles pour une publication de ce type. L’écho en parvint à un certain George Englund, producteur réalisateur un tantinet play-boy, à qui une ambitieuse banque d’affaires californienne, Mitchum, Jones & Templeton, venait de confier la mission de trouver des projets nouveaux dans le domaine du cinéma. D’emblée la banque flaira le « gros coup ». Elle proposa de mettre Cousteau en bourse par le truchement d’une vraie structure commerciale orientée vers le cinéma, la télévision, les publications, les produits dérivés. Après que Cousteau, en partance pour la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement à Stockholm, eut donné son feu vert de principe, le staff de la banque mit les bouchées doubles avec notre concours enthousiaste des deux côtés de l’Atlantique. Le 11 juin 1972 au terme d’une somptueuse réception donnée à Los Angeles par le président de la banque, Cousteau, serrant longuement la main de son hôte, scella la lettre d’intention d’un retentissant « We are in business, Mr Jones » à croire qu’il s’était rallié au jeu capitaliste de gaîté de cœur…En fait c’était surtout la perspective du tournage de Sang chaud dans la Mer en 35mm qui expliquait l’air réjoui du Commandant, à l’étroit dans le format rétréci des lucarnes télévisuelles.
Les deux mois qui suivirent furent consacrés à la révision des livres comptables par Arthur Andersen, l’établissement d’ un « business plan », l’acquisition d’un hélicoptère, l’édification d’une plateforme sur la plage avant de La Calypso, toutes dispositions qui furent soumises à la Caisse Centrale des Banques Populaires le 19 juillet par une délégation composée de Cousteau, Jacques Mauger , sommé d’interrompre ses vacances à Capri, moi-même qui n’eut guère le temps de souffler cette année là, Tony Turner premier vice-président de Mitchum, Jones & Templeton, son avocat Henry Steinman débarqués tous deux le matin même de New-York et que j’étais allé chercher au Ritz…. La constitution d’un COUSTEAU GROUP, Inc. aux USA fusionnant les actifs des Requins Associés, de Living Sea Corporation et de Thalassa fut annoncée et bien accueillie à deux conditions : que l’avenir du CEMA soit définitivement clarifié et que le remboursement du découvert français soit assuré. Les négociations entre CEMA et COCEAN étant très avancées la première condition serait remplie de façon imminente mais le découvert ne pourrait être remboursé que par la vente au public des actions du GROUPE COUSTEAU, Inc au moment de sa mise en bourse. Un cas typique de serpent qui se mord la queue …de nature à doucher les ardeurs américaines. Il fut décidé de se donner un petit supplément de réflexion car tout le monde savait que l’été antarctique n’attendrait pas.
Un compromis fut trouvé six jours plus tard aux termes duquel, en contrepartie de la garantie du Cousteau Group, Inc, la banque acceptait de transformer le découvert en prêt à huit ans dont la moitié prioritairement remboursable en cas de vente d’actions au public au cours de ces huit ans tandis qu’une avance supplémentaire immédiate d’un million de francs destinée à permettre le départ de La Calypso serait, elle, prioritairement remboursable sur les recettes de Sang Chaud dans la Mer au delà de cinq millions de francs. Tel était le contenu de l’accord du 24 juillet mentionné plus haut..
La voie était ouverte pour annoncer la création du COUSTEAU GROUP, Inc, une société commerciale enregistrée dans l’Etat du Delaware, constituée entre le Commandant Cousteau pour 90% et la Banque Mitchum, Jones & Templeton pour 10% dans le but de devenir une « major entertainment company » à vocation familiale et éducative. 20% du capital seraient offerts pour 1,500,000$ et 66% des bénéfices de Sang Chaud dans la Mer pour 1,700,000$. Il était estimé mais non précisé dans la brochure que 20% du COUSTEAU GROUP, Inc pourraient être offerts en bourse pour 3 à 4 millions de dollars d’ici trois à quatre ans permettant à l’investisseur initial de réaliser une jolie « culbute »; Pour l’heure la recherche du financement devait se limiter à un ou plusieurs investisseurs avertis qui comprendraient le « Cousteau concept » . Mitchum, Jones & Templeton faisait son affaire de la recherche du ou des oiseaux rares. Le premier conseil du COUSTEAU GROUP, Inc se réunit le 31 août dans les bureaux de Lee Steiner, 230 Park Avenue. Je rendis compte à mes coadministrateurs de l’état des finances et de l’avancement des travaux. Il fut décidé de confier au chasseur de têtes Korn Ferry la recherche d’un directeur général. Le dispositif en place semblait sur des rails.
L’avenir du projet Cousteau début octobre 1972 se dessinait donc de la manière suivante : aux USA on avait mis « tout dessus » sur le COUSTEAU GROUP Inc porté par Mitchum, Jones & Templeton, et on poursuivait les négociations avec General Electric ; en France on s’arc-boutait avec nos amis de COCEAN pour rester dans le coup de la plongée à saturation et de l’engineering sous-marin, guetter la moindre chance de relancer l’Argyronète, surtout ne pas donner l’impression à Mitsui que nous n’étions plus intéressés, faire patienter les créanciers, maintenir une base arrière opérationnelle pour la Calypso à Monaco…Une seule porte avait été claquée pour de bon, celle de la vente des soucoupes aux russes, dont l’Ingénieur Général de l’Estoile de la Délégation Ministérielle pour l’Armement avait informé le directeur du CEMA par lettre du 4 août 1972 qu’elle avait fait l’objet d’un avis défavorable du Ministre, « compte tenu de l’intérêt qui s’attache, au plan de la Défense Nationale, au matériel de ce type… »
Le 29 septembre 1972, alors que les équipes de COCEAN se disposaient à entrer dans les locaux du CEMA, La Calypso en partance pour l’Antarctique, quittait Monaco dans un envol de ballons en présence du Prince Rainier et de son fils. Le 1er octobre elle était à Gibraltar, provisoirement hors d’atteinte des créanciers qui auraient encore pu tenter de la saisir, son avenir était au large et son équipage impatient de «regarder monter en un ciel ignoré, du fond de l’océan des étoiles nouvelles ».
Henri Jacquier
avec l’involontaire participation de José-Maria de Heredia, Les Conquérants.
Paris, le 25 octobre 2012
*James Dugan (1912-1967) Historien, Editeur et Journaliste. Correspondant de guerre en 1944 quand il rencontra Cousteau. Coauteur du livre le Monde du Silence et auteur des commentaires des films Monde du Silence et Monde sans Soleil.
*André Giraud (1925-1997) Major de Polytechnique en 1944 – Grand manitou de la politique énergétique française pendant 20 ans de 1958 à 1978, Pétrole, Nucléaire, Electricité-Ministre de l’Industrie de 1978 à 1981- Ministre de la Défense de 1986 à 1988.
*David Wolper (1928-2010) Producteur Réalisateur, cinéma et télévision ; National Geographic Society 1965-1975 ; « Hollywood Walk of Fame » pour son œuvre télévisuelle.
*Pierre Willm, né le 29 mars 1926, Ingénieur Général de l’Armement, l’homme le plus profond du monde à bord du bathyscaphe Archimède dans la fosse des Kouriles en 1962 avec Georges Houot.
**Arbre de Noël, surnom en langue pétrolière des têtes de puits équipées pour la production.
***COMEX et CNEXO bien entendu dans l’esprit du Commandant, sauf à préférer l’ordre inverse…
****COCOM (Coordinating Committee for Multilateral Export Controls), le plus souvent une organisation fantôme dans les pays membres, l’OTAN moins l’Islande, plus le Japon. A l’époque les dossiers français pour le COCOM transitaient par le Secrétariat de la Défense Nationale.