Mondes caribéens

À travers… : Manuscrit inédit d’Aimé Césaire, présenté par René Hénane et Dominique Rudelle

 

À travers

(version manuscrit)

À travers… (version manuscrit)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À travers… : transcription diplomatique (Dominique Rudelle)

À travers… – transcription diplomatique (Dominique Rudelle)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À travers…

 

 

Une théorie haie de jeunes filles  exaltant  leur en

arborescence leur tranquille magnificence

m’ouvrit le chemin en inclinant avec grâce

leurs vertes ombrelles

Fougères, Fougères

Tohu-bohu aussi de terres plaies et bosses

J’ai vu un arc-en-ciel plutôt que de se rendre

se réfugier dans la gueule de basalte d’une grotte

impassible

j’ai vu la catastrophe serpent et taureau ramper

bondir et s’arrêter pile à l’injonction d’un frêle

arbrisseau à l’épiage[1]

j’ai vu la recherche d’un rêve oublié perturber

bcp[2] le temps

dénouer le labyrinthe

j’ai vu rostre[3] et bec à l’appui

un vol de buse rapace disputer mes nuits

lambeau par lambeau

à la déchéance des sables

puis vint pour la montagne

le temps de s’installer à l’horizon

lion décapité harnaché de toutes  mes nos blessures

 

À travers…, le tapuscrit

À travers…, le tapuscrit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L

e poème À travers… apparaît pour la première fois dans le recueil inédit Comme un malentendu de salut,  publié dans Aimé Césaire – La Poésie, Le Seuil, 1994, p.513.

Ce poème  nous est parvenu sous deux formes, un manuscrit et un tapuscrit[1].

Le manuscrit autographe nous permet, à l’examen, de suivre l’évolution subie par l’écriture de ce poème, manuscrit sur papier à en-tête récent de l’Assemblée nationale. Le poème n’est pas daté, comme de coutume, dans l’œuvre de notre poète. Cependant un signe précieux nous met sur la voie de la période approximative de la naissance de ce texte. : il s’agit des initiales soulignées du (ou de la) mystérieux(se) destinataire : F.Th.

À première vue, la première lettre semble un P. En fait, il s’agit de la lettre majuscule F que nous retrouvons à l’identique, au cinquième vers, dans le mot répété Fougères. Fougères. Le décryptage  montre le F clairement associé aux deux lettres Th., parfaitement lisibles. Ceci nous met immédiatement sur la voie ; il s’agit de la grande amie du poète, la bien connue Françoise Thésée.

Cette mention dédicataire disparaît du tapuscrit et des éditions ultérieurs.

 

Brève biographie de Françoise Thésée : Née en Île de France en 1919, Françoise Thésée obtient une licence d’histoire à la Sorbonne et le diplôme d’études supérieures en 1945. En 1947, elle épouse un Martiniquais, le docteur Auguste Thésée, compagnon de route d’Aimé Césaire. De fréquentes réunions amicales se déroulent chez Auguste et Françoise Thésée, à Châtillon (banlieue sud de Paris) en présence d’Aimé Césaire, Wifredo et son épouse Lou Lam.

« Vers les années cinquante et pendant presque  vingt ans, Wifredo et moi participions régulièrement aux déjeuners du dimanche, à Châtillon, chez le médecin généraliste martiniquais Thésée et sa femme Françoise, tous deux très proches amis de Françoise. Environ, une fois par mois, ces déjeuners avaient lieu dans leur maison, rue Fontenay, et quand ils durent déménager dans un grand immeuble, plus loin, toujours à Fontenay, ils continuèrent cette tradition chaleureuse dans leur nouvel appartement… Après la mort de Suzy [Suzanne Césaire], Thésée et Françoise allaient souvent Chercher Césaire rue Albert Bayet, dans le 13e arrondissement. Il habitait un appartement très spartiate… peu de meubles, une table de travail sur laquelle on mangeait et bien sûr, des livres… Thésée était l’ami de longue date de Césaire, en même temps son médecin personnel… Avant les déjeuners, en attendant les autres, il examinait soit Césaire, soit Wifredo, dans son cabinet de travail… Il leur faisait des ordonnances médicales et leur donnait de nouveaux « remèdes miracles » qu’il recevait en masse, comme tous les docteurs. Césaire et Wifredo sortaient émerveillés du cabinet de Thésée avec les mains pleines de cadeaux. Wifredo qui se plaignait toujours de son « fegato italiano » (foie italien), servait avec enchantement de cobaye pour les échantillons… Françoise nous préparait des punchs avec du vrai rhum de la Martinique, du sirop fait maison… elle préparait aussi des frijoles negros (fèves noires)… »[2]

Poursuivant ses recherches en histoire, elle soutient en 1970, une thèse de 3ème cycle sous le titre : Négociants bordelais et colons de Saint Domingue. Liaisons d’habitations. La maison Henry Romberg. Bapst et Cie 1783-1793. Elle participe au Congrès international sur la traite des Noirs, à Nantes, en 1985.

Lors de la sortie de son livre Le jardin botanique de Saint-Pierre, René Ménil lui consacra une belle analyse de présentation dans la revue martiniquaise Justice, n°10 du 7 mars 1991 dont nous donnons un large extrait :

« C’est le dernier ouvrage de Françoise THÉSÉE, qui vient s’ajouter à une série déjà importante de recherches historiques.. En 1972 paraît, avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique, son premier ouvrage : une étude sur Haïti d’avant l’indépendance entre 1783 et 1793. Cette étude a pour titre : « Négociants bordelais et colons de Saint-Domingue  (la Maison Henry Romberg, Bapst et Cie) ». Ouvrage qui mérite d’être relu aujourd’hui à cause du nouveau tournant démocratique actuel à Haïti…

Dès le départ, Françoise THÉSÉE,… Compagne de notre compatriote le Docteur Auguste Thésée, originaire d’une famille française – une famille paysanne, progressiste et laïque, se situe dans le grand courant démocratique et révolutionnaire français, il n’est pas étonnant que les problèmes coloniaux soient vite devenus pour elle un souci permanent…

Un livre tel que « LE JARDIN BOTANIQUE DE ST PIERRE » ou LES IBOS DE L’AMÉLIE » fait apparaître, dans l’évidence historique, une péripétie de notre vie collective que nous ne connaissions pas et dont s’enrichit notre identité. La recherche du patrimoine, qui est à l’ordre du jour, se trouve confortée par les études historiques de Françoise THÉSÉE : nous sommes les petits-fils pas si lointains de ces Ibos que les hasards de la traite négrière conduisent en 1822 sur nos rivages. Nos ancêtres ont construit à Saint-Pierre un jardin célèbre par le monde dont nous gardons les pierres. Des pierres autrement précieuses que nous le croyions… »[3]

 

Voici la dédicace d’Aimé Césaire, en tête de Moi, laminaire… offert à Françoise Thésée :

« Pour Thésée et Françoise, nous qui au fil des jours,  partageons fraternellement, moi, laminaire…, les joies les peines…, la vie tout simplement…

En profonde affection, Aimé Césaire »

Elle a publié aux Éditions caribéennes : Les Ibos de l’Amélie. Destinée d’une cargaison de traite clandestine à la Martinique. 1822-1838 (1988) – Auguste Plée. Un voyageur naturaliste. Ses travaux et ses tribulations, en Amérique, aux Antilles et en Colombie. 1820-1825 (1989) – Le jardin botanique de Saint- Pierre Martinique (1803-1902), 1990 – Le général Donzelot à la Martinique. Vers la fin de l’Ancien régime colonial (1818-1826), Karthala, 1997.

 

Le poème À travers…  fut probablement composé en 1990. L’adverbe-titre reste énigmatique et difficilement interprétable au regard du contenu textuel.

Le poème est écrit, non daté, sur une feuille à en-tête de l’Assemblée nationale. L’écriture se déroule hâtive, fébrile, d’une graphie impétueuse. Les mots s’achèvent sur des lettres escamotées, déstructurées. Nous relevons plusieurs mots barrés.

– 1er vers : théorie est remplacé par haie.

   leur : mot barré.

– 14ème vers : bcp (beaucoup en abrégé) est barré.

– dernier vers : mes  devient nos.

Plusieurs mots sont soulignés :

– le titre À travers– les initiales F.Th. , basalte, l’épiage, rostre.

La transcription diplomatique permet de rendre sa lisibilité au texte en respectant ses directions, sa dynamique et ses élans graphiques.

Le tapuscrit comprend trois mots clairement manuscrits, corrections de la main d’Aimé Césaire : de basalte, épiage, dénouer. L’écriture du poète est calme, reposée, détendue, parfaitement lisible. Le mot dénouer est repris dans la amrge.

Les variantes : Le poème semble écrit d’un seul jet avec peu de variantes et mineures : outre celles déjà mentionnées, suppression de majuscules dans l’édition Seuil 1994 : fougères, tohu-bohu.

Comment expliquer la correction supprimant théorie[4] remplacé par haie ?

Les deux mots supprimés, théorie et  leurs sont marqués par la sonorité rugueuse des consonnes [r], dysphoniques et sourdes, peu compatibles avec le climat de douce et sereine harmonie présenté par ces  jeunes filles à la tranquille magnificence… inclinant avec grâce…

De plus, le mot théorie désigne une procession en mouvement. Le mot haie, plus doux, est statique, plus cohérent avec le contexte, se référant à un alignement, une « haie d’honneur » qui ouvre la voie sur laquelle chemine le poète. L’image de la haie immobile devient crédible lorsque l’on sait que ces jeunes filles… inclinant avec grâce leurs vertes ombrelles… sont les fougères (voir photo, ci-dessous).

… exaltant leur arborescence en… devient … exaltant en arborescence. La suppression du possessif,  s’il allège la prosodie, crée un malencontreux hiatus avec la répétition de deux voyelles sourdes [en] : … exaltant en arborescence… Afin d’éviter cette dysphonie, il devient nécessaire de marquer le temps fort, attaquer la dernière voyelle exaltant  et assourdir la monosyllabe en. Ainsi le hiatus malsonnant devient source de musicalité rythmique. Tel est, peut-être, le dessein du poète.

 

Poème en vers-libres s’enchaînant les uns aux autres, d’un seul souffle, sans ponctuation ; il s’agit d’une narration rythmée par l’anaphore j’ai vu, se tournant vers le passé.

La première vision sur laquelle s’ouvre le poème … une haie de jeunes filles… m’ouvrit le chemin…  – délicat tableau champêtre digne de Bouchet ou Fragonard, bercé par la musique des alexandrins avec la symétrie rythmique de l’arborescence et de la magnificence :

… en arborescence leur tranquille magnificence

m’ouvrit le chemin en inclinant avec grâce…

 

L’emploi du passé simple définit une action active, globale, dans le passé ; le moment de l’action est séparé du moment de l’énonciation, le passé est révolu.

Les autres vers s’ouvrent sur le passé composé exprimant une action dans un passé encore présent dans son accomplissement

J’ai vu, un arc-en-ciel… j’ai vu la catastrophe…

Ouvert sur le passé simple, le poème s’achève sur le même temps :

puis vint pour la montagne le temps… Là encore, l’action se déroule dans le passé révolu. L’action est achevée.

Ainsi, la scène décrite dans ce poème, À travers… s’ouvre et se referme sur le temps de la rêverie onirique, à travers un rêve…

 

Selon notre hypothèse, Aimé Césaire feuillette le livre récemment publié que Françoise Thésée vient de lui offrir, Le jardin botanique de Saint- Pierre Martinique (1803-1902), 1990. Cet ouvrage de 102 pages est une description minutieuse du superbe jardin botanique de Saint-Pierre de la Martinique, créé en 1803 par le préfet colonial Bertin et l’amiral Villaret-Joyeuse, Commandant en chef de la Martinique. La réputation de ce magnifique jardin des plantes, d’une prodigieuse richesse végétale, s’étendit à toute la zone caraïbe, la France et l’Europe. Il reçut notamment la visite, en 1861, du prince Alfred d’Angleterre qui faisait son service militaire dans la Marine.

Ce jardin fut totalement détruit par le cataclysme de l’éruption de la Montagne Pelée, le 8 mai 1902.

La monographie de François Thésée énumère et décrit l’abondance des plantes avec la précision foisonnante d’un botaniste. Nous retrouvons dans ce livre toutes les plantes évoquées par Aimé Césaire dans son œuvre.

Connaissant l’intérêt porté par le poète à la botanique, il est aisé de comprendre que son émotion s’exprime en un poème dédié à Françoise Thésée.

En effet, nous constatons la présence de termes et métaphores végétales :

haie de jeunes filles…, arborescences, fougères, vertes ombrelles, arbrisseau à l’épiage…

Une haie de jeunes filles exaltant/ en arborescence leur tranquille magnificence… Le poète personnifie le végétal. Il s’agit des fougères de Martinique, magnifiques dans leur déploiement aérien et le gracieux balancement de leurs arborescences sous l’effet du vent ; les fougères se transmuent en gracieuses jeunes filles –

De telles personnifications végétales se retrouvent dans d’autres poèmes :

… han le coupeur de canne saisit la dame à grands cheveux

… les cheveux décoiffés de la dame aux grands cheveux…

(De forlonge, Corps perdu) 

… les reines qui sortent en grande dentelle de leurs prisons votives (sans instance ce sang, Moi laminaire…)

 

La poésie césairienne féminise la canne à sucre, en images valorisantes, reine, dame…; la grande dentelle qui habille les reines  est constituée, à maturité, par les plumets blancs qui s’épanouissent et vibrent au souffle du vent.

De plus, l’image de plantes  … s’inclinant avec grâce… au milieu d’un tohu-bohu végétal, apparaît nettement dans une photo figurant dans la monographie.

De la même façon, … j’ai vu un arc-en-ciel… se réfugier dans la gueule de basalte d’une grotte impassible… se réfère à la cascade qui ruisselait au cœur de ce jardin des plantes, la brumisation de l’eau donnant naissance à un arc-en-ciel, comme cela est fréquent au voisinage des chutes d’eau. Le mot arc-en-ciel figure dans la monographie de Françoise Thésée :

« … la réfraction du soleil sur la nappe d’eau produit un effet magique. L’arc-en-ciel jaillit de son prisme et teint de mille couleurs sa surface et le vert feuillage qui l’entoure… » (p.70)

 

…la gueule de basalte de la grotte impassible… semblerait être la cavité basaltique recueillant l’eau de la chute, comme cela apparaît également dans les photos (page 28, notamment)

leurs vertes ombrelles[5]… il s’agit encore des fougères se développant en un large parasol vert – image typiquement occidentale, parmi toutes celles qui font l’objet des véhéments  reproches que Raphaël Confiant adresse à Aimé Césaire

j’ai vu la catastrophe serpent… ne s’agit-il pas du Trou-serpent, au voisinage de la cascade, paysage que Françoise Thésée cite[6] ainsi ? :

« … à mesure que vous avancez, un bruit d’abord faible et indistinct, puis grossissant de plus en plus, frappe vos oreilles : encore quelques pas et vous vous trouvez en face d’une chute d’eau… se précipitant d’une hauteur de trente mètres dans un vaste bassin, d’où elle s’échappe pour se jeter à vos pieds dans une profonde ravine, encaissée entre des rochers énormes et dominée par des arbres géants aussi vieux que la terre qui les porte : c’est la cascade…

En quittant la cascade, aventurez-vous dans un sentier presque entièrement envahi par les herbes : au bout de quelques pas, votre attente sera surpassée par l’aspect du Trou-Serpent. La parole est impuissante à analyser les sentiments dont on est saisi à la vue de ce paysage : c’est un mélange d’admiration, de frayeur, d’isolement… l’eau se jetant d’une hauteur de vingt pieds, n’étant pas contenue, déborde… bondit, tourbillonne de rocher en rocher… et enfin finit par se perdre sous les mangles et les arbres qui forment le fond du tableau… » (p.45)

 

Pourquoi l’expression catastrophe serpent ? L’image du trou où se précipite la cascade évoque la notion de chute, de descente (du grec kata), que l’on retrouve dans catabase, mouvement descendant et catabatique désignant la descente (en météorologie, vent catabatique, vent descendant) – catastrophe serpent serait l’image de la chute d’eau dans le trou-serpent

Le poète semble fasciné par cette opulence de la nature et son poème revêt l’aspect d’un rêve (le mot figure d’ailleurs au vers 13) dont la donnée immédiate est un flux d’images qui s’écoule hors de la flèche du temps :… j’ai vu la recherche d’un rêve oublié perturber le temps…

L’espace où se déploient ces images est un espace flou où se déroulent des scènes qu’apparemment, ne relie aucun lien logique : des fougères, une terre bouleversée, un arc-en-ciel qui s’engouffre dans la gueule d’un volcan, une figure mythologique, le serpent taureau, dont l’élan se brise devant un arbrisseau, un oiseau rapace qui déchire la nuit du rêveur, une montagne décapitée… En fait, la nature est là, dans toute sa munificence, dans toute sa magnificence.

Noter le primat sensoriel de la vision, typique de l’imagerie onirique :

j’ai vu… formule obstinément répétée – même la morsure et la déchirure cutanées infligées par l’oiseau rapace ne sont pas logiquement perçues sur le mode tactile douloureux mais plutôt sur le mode aberrant visuel. La bouffée onirique métamorphose la sensation qui change de clavier sur le registre des émotions – d’où la prédominance de la métaphore visuelle dans le champ de la rêverie onirique.

Notons que ces images oniriques évoquent les trois règnes de la nature : le règne végétal avec les fougères, l’arbrisseau, le règne animal avec le serpent, le taureau, l’oiseau rapace (la buse), le lion, et le règne minéral ave la terre, le basalte, la grotte, le sable, la montagne.

La rêverie onirique se déploie dans plusieurs poèmes césairiens : citons, entre autres, Histoire de vivre (Un récit), Démons, certains passages de Batouque, Le coup de couteau du soleil dans le dos des villes surprises.[7]

un rêve oublié perturbé le temps… remarque exacte – durant le rêve le temps n’est plus vécu avec raison, la flèche du temps est désorientée et l’écoulement temporel n’est plus logiquement orienté du passé vers le présent puis vers le futur.

puis vint pour la montagne / le temps de s’installer à l’horizon / lion décapité harnaché de toutes nos blessures : Apparition de la montagne sous l’image allégorique d’un lion décapité. Il s’agit du vieux Lion, le volcan la Montagne Pelée : … je salue le vieux lion et son courroux de pierres (solvitur… Moi, laminaire…), vieux lion dont la fureur détruisit le beau jardin de Saint-Pierre, vieux lion, aussi symbole-porteur de toutes les blessures et souffrances dont l’Histoire à accablé la Martinique.

… lion décapité harnaché de toutes nos blessures

Ville,  port de Saint-Pierre et la Montagne Pelée, le sommet dans les nuages

(Martinique 1861) – Photo extraite de : Françoise Thésée, Le jardin botanique de

Saint-Pierre  (Martinique (1803-1902), Éditions caribéennes, 1990, p.50.

 

Fougères :                                                 Cascade, en Martinique.

… inclinant avec grâce          … arc-en-ciel… se réfugier dans

 leurs vertes                                 la gueule de basalte… 

 ombrelles…                                 

 


[1] épiage : Botanique – Développement de l’épi dans le chaume et sa sortie du tuyau pour les céréales, blé, orge, maïs.

[2] bcp,  abréviation de beaucoup, barré.

[3] rostre : terme d’histoire naturelle, bouche  prolongée en forme de bec – en botanique se dit des extrémités des capuchons des corolles florales (Littré)

[4] Notre gratitude s’exprime pour la famille Césaire qui, en ouvrant les archives du poète, nous a permis d’avoir connaissance et mis à notre disposition ces précieux documents.

[5] Lou Laurin Lam, « Une amitié caraïbe », Aimé Césaire, Europe, n°832-833, août-septembre 1998, pp.27-28.

[6] René Ménil, Pour l’émancipation et l’identité du peuple martiniquais, L’Harmattan, 2008, pp.154-155.

[7] théorie : désigne une procession, un cortège.

[8] vertes ombrelles… Raphaël Confiant, Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle, Stock, 1993, pp.44-45.

[9] L’Illustration du 30 janvier 1858.

[10] Analyse de l’onirisme césairien in : René Hénane, les jardins d’Aimé Césaire, L’Harmattan, 2003, pp.180-222.