Mondes africains

Le français sur le métier à tisser tropical: lecture socio-écolinguistique du récit contemporain au Cameroun

Introduction

A la faveur d’une pratique légitimant la surimposition de la rue linguistique, romanciers et nouvellistes contemporains semblent de plus en plus filer le français sur une sorte de métier à tisser tropical au Cameroun.  Diverses perles langagières procédant d’un « hétérolinguisme créatif » (Moura 1999 : 79) fleurissent çà et là dans les univers construits pour devenir, d’un point de vue socio- et écolinguistique ou culturel, un éclairage précieux sur les différentes œuvres considérées, à savoir de Patrice Alain Nganang: Temps de chien (TC ou Temps…), La Joie de vivre (JV ou La Joie…) ; de Gabriel Kuitche Fonkou: Moi taximan (MT ou Moi…), Les Vins aigres (VA ou Les Vins…) ; de Nathalie Etoke: Je vois du soleil dans tes yeux (JVS ou Je vois…) et de Marcel Njanke Kemadjou: Dieu n’a pas besoin de ce mensonge (DBM ou Dieu…). De ce point de vue, nous entendons décrypter les jeux et les enjeux de l’expression populaire qui marque les textes supra et les constitue en laboratoire d’expérimentation d’une « surconscience linguistique » (Gauvin 2010 : 7) de la part des écrivains « passeurs de langue » (Moura 1999 : 78). Alors, par quels côtés les récits analysés articulent-ils une parole propre à la rue? Pourquoi Nganang, Kuitche aussi bien qu’Etoke ou Kemadjou optent-ils de livrer au lecteur un enregistrement quasi brut du trottoir et du tréfonds du village ?  Répondre à ces questions, c’est aussi souligner combien les faits de langue étudiés sont emblématiques d’un « français négrifié » chez des auteurs décidés à « rompre le cordon ombilical avec la langue matricielle » au moyen d’une écriture « décentrée, figure de la fugue [et] métaphore de l’instabilité » tout à la fois (Blachère 1993 : 187 et 241).Voilà qui a partie liée avec l’hypothèse « écolinguistique » de Calvet (1999 : 60).

I- Pour une perspective socio-écolinguistique et culturelle

Les textes de Kuitche, Nganang, Etoke et Kemadjou sont travaillés par leur environnement socio-écolinguistique. Les termes leur servant de « noyaux énergétiques » (Huet-Brichard, citée par Bédia 2009 : 59) le démontrent à suffisance par leur marquage géolinguistique.

1-      Haro sur « la gromologie » !

« Tu es même quelle espèce d’Africain ? Tu ne peux donc pas suivre une conversation au village ? Mon père m’invitait souvent à me mettre autant à l’école du village qu’à celle du Blanc. Je te transmets son invitation » (MT, 14). Voilà en quels termes un collègue interpelle Jo le taximan, héros de Moi…. L’apostrophe tient de ce que Jo ne comprend rien à l’expression idiomatique de sa propre langue maternelle dans une société où la tendance est à l’indigénisation des pratiques linguistiques. Pareil déphasage langagier caractérise également un protagoniste d’Etoke à qui il est demandé: « Tu ne peux pas parler comme tout le monde ? » L’homme qui épiloguait sur la « pondérance [sic] et la prestance » d’une fille se voit en fait reprocher la « gromologie », c’est-à-dire sa tendance tapageuse à «  percer les tympans avec [son] français et [ses] gros mots » (JVS, 68). De même, le vocabulaire abscons d’un livre convainc Christophe, le poète de Kemadjou,  de ce qu’il s’agit « de gros mots [et] de vraies gromologies qui sonnent dans [son] esprit comme des termes d’une langue inconnue » (DBM, 126). En contexte, le néologisme de « gromologie » apparaît comme un discours qui, par sa grandiloquence, sonne faux. Kuitche, Etoke et Kemadjou déclarent ainsi leur parti pris de censurer une langue en fossilisation;  ce que Nganang  pratique plus qu’il ne  théorise.

Justement, il y a un principe « d’appropriation sociologique et socioculturelle de la langue [qui] n’est pas un instrument coupé de son contexte » (Tabi, cité par Noumssi 2009 : 94). Aussi vrai que les auteurs camerounais affichent de plus en plus leur « volonté d’utiliser les formes linguistiques les plus courantes  et les plus disponibles au sein de la communauté » (Biloa 2007 : p.275), on peut, en référence à Calvet (1999 : 39), parier sur le caractère complexe de la texture de leurs œuvres prenant racine dans le contexte de « pluralité langagière » (Moura 1999 : 73-74) qui les stimule.

2-Vive la truculente grammaire des milieux populaires

Au niveau symbolique, la liquidation de la préciosité du langage bourgeois se traduit, chez Etoke par exemple, par la rupture des origines tout aussi bourgeoises : son héros Ruben quitte le château familial au quartier résidentiel de « Santa Barbara » (JVS, 81) – du nom de la féerique cité américaine de l’État de Californie –  pour s’installer au milieu des déshérités dans le bidonville de « S’en-fout-la-mort » (JVS, 109). Ntonfo (2003 : 14) signale les échos du « sous-quartier élevé à la dignité littéraire » qui sourdent de Temps…, tout comme de  La Joie… de Nganang.  La voie d’accès à « l’école du village » de Kuitche est la rue où l’auteur situe Moi…; ce qui donne l’occasion inespérée à son héros taximan de rencontrer Monsieur-Tout-le Monde et d’échanger avec lui. Kemadjou glane les histoires  pimentées  et  épicées en toile de fond de Dieu… au hasard des incidents dans les milieux populaires.

C’est bien là qu’il faut aller chercher  les recalés de la « civilisation » dont les écrivains scrutent le truculent discours aux accents de défense et d’illustration d’une « conscience linguistique subséquente à une conscience culturelle » (Moura 1999 : 42) en démonstration de vitalité. La rue, mais aussi bien le bidonville que le sous-quartier se présentent ici comme de vivantes SIL (sections d’initiation au langage) dont l’offre d’enseignement se ramène à  une norme langagière  bigarrée, au gré des lexèmes semés à tout vent.

3- Entre « nkongossa » et  « racontages »

Etoke fait allusion aux « nkongossa, ces fameux ragots dont raffolent tous les bons à rien » (JVS, 139). Nganang y décèle des « commérages » (JV, 402 et TC, 365)  et les met dans la bouche des personnages qui les manipulent à l’envi. Kemadjou les honore et les désigne du nom de « racontages » (racontars ?), adoptant ainsi de la rue camerounaise un néologisme fécond qu’il adapte comme genre littéraire. En fait, précise son narrateur, « un racontage tire sa source de la réalité et peut être brodé de mensonges et d’artifices » (DBM, 3).

Voilà autant de preuves que les prosateurs camerounais donnent comme perspective d’ensemble à leur projet scriptural des notions linguistiques du commerce quotidien. L’attention se trouve polarisée sur les déclassés et ce qui fait d’eux une identité remarquable : leur grammaire sur fond d’inventivité déclarée ou suggérée. On voit alors se profiler la théorie de l’ « écologie des langues dont l’idée de base », à en croire Calvet (1999 : 35),

est que les pratiques qui constituent les langues, d’une part, et leur environnement d’autre part, forment un système écolinguistique dans lequel les langues se multiplient, se croisent, varient, s’influencent, sont en concurrence ou en convergence. Ce système, [insiste-t-il], est en interrelation avec le milieu.

Du reste, on peut le vérifier au décryptage des frasques du trottoir linguistique.

II- Des frasques du trottoir linguistique

La grammaire de la rue qui tient la vedette participe de l’option de complexifier et de bousculer le français. De nombreux faits de langue y concourent.

1-      Systématisation de l’alternance codique

Un va-et-vient  savamment orchestré entre le français et d’autres codes opère en permanence dans les récits camerounais. Pareille mise en concurrence des supports linguistiques participe du phénomène de l’ « alternance codique » au sens où cette expression désigne, sous la plume de Gumperz (1982 : 57), « la juxtaposition, à l’intérieur d’un même échange verbal, de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents ».

a- Croisement français / autres langues étrangères

L’anglais est la langue étrangère (non camerounaise) qui s’immisce le plus à celle de Molière dans les textes analysés. Il procède sans doute du double héritage colonial anglo-français qui a fait que le Cameroun l’adopte comme langue officielle, parallèlement au français. Pour sa propre gouverne, Jo a retenu la leçon du « très anglais « Time is money » inoculé en nous [Camerounais] à travers la colonisation britannique » (MT, 49). Le bilinguisme officiel (français/anglais) du Cameroun se donne des mascottes à fière allure avec les personnages d’Etoke qui passent si aisément d’un code à l’autre. En témoigne la conduite à tenir que la prostituée Valérie prescrit à son amie Wéli : « Trouve-toi un WHITE, more WHITE than WHITE, the WHITEST » (JVS, 12). Ici, comme dans d’autres fragments, on assiste au collage linguistique grâce auquel la langue de Voltaire croise celle de la Reine dans un tissage bilingue.

La culture d’Etoke se met souvent en valeur par divers latinismes dont la citation « labor improdus omnia vincit » (un travail opiniâtre vient à bout de tout ; JVS, 160). La société à laquelle aspire la Camerounaise repose sur l’amour dans son étymologie latine : «  éros, philia et  agapè » (JVS, 193). Ailleurs, c’est dans la langue de Cervantès que ses créatures expriment leur détermination : « Aluta Continua » (la lutte continue ; JVS, 61). Par le jeu de l’intertextualité, Etoke déclame l’hymne sud-africain en zoulou : « Nkosi,sikelel’iAfrika » (Que Dieu bénisse l’Afrique ; JVS, 191).

Recourir à tant de codes verbaux exogènes – français, anglais, latin, espagnol et zoulou –atteste  d’une attitude internationaliste de  la part d’Etoke qui se réclame  d’ailleurs des « enfants de la postcolonie » (JVS, 94). Ce concept du Djiboutien Waberi  (1998 : 8) s’applique à une « génération d’écrivains francophones d’Afrique noire » acquis à un art déterritorialisé, entre les mondes et les cultures. Les créatures polyglottes d’Etoke  sont effectivement des métisses ayant souvent « grandi entre l’Afrique, l’Europe et les Etats-Unis » (JVS, 78).

b- Croisement français / langues camerounaises

La présence des langues camerounaises est manifeste à un discours truffé des mots, expressions et phrases qui leur sont empruntés. Voilà recomposé le substrat des œuvres dont le background sociologique s’affiche fièrement : le Cameroun. Ainsi, le terme « maguidas » (M T, 59) par lequel Jo désigne ses compatriotes du grand nord  s’extrait des langues de cette zone sahélienne. « Tchédé » équivalant à argent sous la plume d’Etoke s’emprunte au fulfulde, une langue de la même région (JVS, 13). L’écrivaine transpose ce mot dans les parlers bamiléké (Ouest-Cameroun) où il se traduit par « nkap ». Du mediùmba, une langue de la sphère bamiléké, on retiendra les noms dont l’artiste Christophe baptise ses fleurs: « mbangteu (parapluie), loune-lag-nyam (quémandeur de soleil), fiagnchu (accueillant), Nte’mbu (main en prière), ntu’u (canari) », (DBM, 19). Le lexique mediùmba s’enrichit dans Temps… où Nganang propose la formule de salutation « menmmà, you tcho fia ? » (frère, as-tu la paix ? ; p. 52), formule  rendue par « bonjour » dans La Joie… (p.145) où évoluent « Magni et Tagni » (titres décernés aux parents des jumeaux, la mère et le père respectivement; p. 168).

L’insertion des éléments du ngèmba-mùngùm au français est exclusive à Kuitche qui l’a comme langue maternelle. Citons, dans Moi…, « le mekwum » (membre masqué d’une société secrète), les paroles d’approbation et d’exhortation telles que « nge pin, a pon, a bha’a,  handi » ou bien encore « ndi », titre d’obséquiosité réservé aux notabilités (pp. 14, 93 et157). Ces données sémio-linguistiques reviennent dans Les Vins…, escortées par les exclamations ponctuant certaines répliques des personnages dans des situations insolites: « kessa nekang ! » ou « ketcho neti ! » (p.157).

Les apports de l’éwondo au français se mesurent à une expression comme « le tobo a ssi » (philtre des femmes libres) que reprennent Kuitche (MT, 105), Kemadjou (DBM, 37) et Nganang (TC, 151). D’autres emprunts à cette langue du Centre et du Sud se disséminent dans Temps… où on a « ma din wa » (je t’aime), « bia boya alors ? » (on va faire comment alors ?), etc. (pp. 22 et 163). Au crédit de l’éwondo, Kuitche verse encore du « kong » (sorcellerie des gens du Centre et du Sud) ou du  «ngwati » (sorcellerie des gens de l’Est ; VA, 107) quand Etoke y ajoute du  « kwem » (plat de feuilles de manioc ; JVS, 176).

Après quoi, elle s’entretient en douala avec le Chinois du « makossa » (rythme musical sawa), un certain Liu Kamer qui, entouré des danseuses en « kaba » (vêtement ample de femme, JVS, 52), interprète la chanson Muyengue de Grâce Decca. Plus proche du douala, se trouve le bassa auquel on doit le « messong » (sorcellerie) dans  La Joie… (p.92), roman dont le lexème vedette est « kunde » (indépendance, p.55).

Toutefois, les langues maternelles ne sont pas seules à empiéter sur le français. Dans Moi…, il faut un interprète du « pidgin » (p.57) à un homme d’affaires qui ne maîtrise que ce code transcommunautaire. Qu’on en juge: « Takam give him. And tell him say a want see them big massa ». (Prends, donne-lui. Et dis-lui que je veux rencontrer leur directeur général). Lors d’une rafle, trois répliques en pidgin sont aussi rapportées dans Dieu… (p.80).

« Stigmatisé comme une langue de voyou » par Quefellec que reprend Bédia (2009 : 55),  le camfranglais demeure malgré tout la langue dont les apports sont des plus nombreux à la prose narrative, y signalant ainsi une forte emprise de la rue. Nganang en use aussi bien dans Temps… que dans La Joie… « bo-o » (gars !) et « nangaboko » (sans domicile fixe) l’ont comme lingua franca. Le lexique du camfranglais fourmille dans Dieu…. où Kemadjou s’approprie le très populaire dicton « erreur fo mboutoukou na damé fo ndoss » (La bêtise de l’idiot profite au rusé ; p. 8).  La meilleure illustration de ce parler de rue en milieu jeune est d’Etoke qui reproduit la célèbre chanson Si tu vois ma go du rappeur Koppo: « Si tu vois ma go dis-lui que je go (si tu vois ma petite amie, dis-lui que je pars; JVS, 106).

Soulignons qu’avec les emprunts aux langues locales,  certains termes traversent d’un auteur à l’autre, que lesdits auteurs  soient locuteurs ou non de la langue concernée. Ainsi en va-t-il de « ndolè » (sauce aux légumes amers préalablement épurés de leur amertume par lavage à chaud), « kaba », « nkongossa », « mapane» (chemin de traverse), « benskin » (moto qui sert de taxi), « foléré » (jus d’oseille local), « kwem » et autres « tchoko » (corruption), « famla » (sorcellerie bamiléké), « maguida » ou « tchédé ». D’ailleurs, aucun des quatre écrivains considérés n’est locuteur originel du bassa, de l’éwondo ou des langues du Nord-Cameroun dont les structures saturent pourtant les textes. Les emprunts faits à ces langues par des auteurs non locuteurs se puisent du corpus des mots transrégionaux ; ils sont des sortes de ponts jetés çà et là pour franchir les frontières de l’étroite identité régionale et s’inscrire au vaste patrimoine de l’ensemble national.  Temkeng (2007 : 115) a donc raison : en s’investissant dans la sphère littéraire, tous ces emprunts, pense-t-il, « donnent aux textes étudiés une atmosphère particulière révélatrice d’une  hétérogénéité sociologique qui débouche irrémédiablement sur  l’adoption des compromis sociolinguistiques ». Quand malgré tout l’écrivain demeure insatisfait, il peut se faire transporter sur les ailes de « l’oiseau de la fantaisie » (JV, 399) que lui affrète Nganang, à destination du pays des mots nouveaux où il  a la liberté de se les cultiver et de se les cueillir à profusion avec la floraison des néologismes.

2-      Floraison des néologismes

Les auteurs camerounais usent de la licence pour « fabriquer de nouvelles unités ou pour employer un signifiant existant déjà dans la langue considérée, en lui conférant un contenu qu’il n’avait pas jusqu’alors » (Dubois et al. 1994 : 322). Le premier procédé se réfère à la néologie de forme et le second à la néologie de sens.

La néologie de forme est  la marque de fabrique de Nganang qui se joue habilement de  la composition, de la dérivation et du sens pour obtenir des mots, des expressions ou des phrases tels que « canitude » (condition de l’espèce canine), « je thèse, j’antithèse, je prothèse leur quotidien » (j’analyse leur quotidien sous toutes les coutures), « retué, reretué, rereretué » ( tué quatre fois), « déslipper le garde-manger » (enlever le slip du bassin où se trouve le sexe de la femme), «  je humais je rehumais je rerehumais et je rererehumais le goudron » (je humais quatre fois le goudron) (TC, 26, 60, 367). La joie… s’illustre avec des trouvailles du genre « victime d’un attachage » (victime d’un envoûtement), « attachage du bangala » (exigence du planning familial), « unident » (qui a une dent unique), « nauséabonder » (exhaler des odeurs nauséabondes), « silencier » (faire taire), « huiler, rehuiler et rerehuiler le moteur » pour dire mettre de l’huile trois fois dans le moteur (pp. 16, 24, 43, 60, 87, 153).

Dans l’univers des autres écrivains, apparaît une expression comme « mange-mille » appliquée aux policiers qui arnaquent les chauffeurs de taxi en leur extorquant la somme de mille francs lors des contrôles routiers (MT, 12). On y relève aussi « clando » (taxi clandestin), « attaquant » (chauffeur d’appoint), « tchouquer » (démarrer une voiture ou tout autre engin en dévalant une pente et en mettant la vitesse au plus fort de la course), etc. (MT, 12, 63, 73).  Dieu…, retient l’attention avec « pédophiler » (copuler avec une enfant), « long-long rang » (très long rang), « poilicier » (policier au système pileux abondant), « tournedos » (restaurant de fortune en plein air où les clients ont le dos contre la rue ; pp. 34, 46, 97, 106, 107, 111). De son côté, Etoke invente la nomenclature des offres de prostitution en termes de « CDD (coup à durée déterminée) » et de « CDI (coup à durée indéterminée) » avant d’afficher le code vestimentaire susceptible de booster les revenus du sexe : « SRNV (Sexy, Raffinée et Non Vulgaire) ». Ce à quoi, elle ajoute « cyberlove » (cyber-prostitution), « webeuse » (cyber-prostituée), « sexitude » (condition de travailleuse du sexe) et autres « fais-quoi fais-quoi » (quoi qu’il arrive) ou  « on monte, on descend » (quoi qu’on fasse ; JVS, 18, 29, 145, 155, 156). Le tableau se veut plutôt léger avec le « saut en profondeur », c’est-à-dire la pénétration sexuelle que propose Kuitche (VA, 128).

Les néologismes ici inventoriés, eux aussi, passent d’un auteur à l’autre pour la plupart : ils sont repris au trottoir où ils tombent dans le domaine de la copropriété. Se démarquant du farci que l’on observe avec le collage de l’alternance codique, les nouveaux termes générés cristallisent une réelle créativité : ils se comprennent en contexte avec l’exploitation de la fonction métalinguistique du langage. La participation à la culture camerounaise demeure néanmoins un atout pour accéder à leur sens : la connivence avec l’archi-lecteur dispense quelquefois les auteurs de la fonction métalinguistique ou des notes explicatives.

3-      Sur le sibyllin patron national

La deutérocanonique grammaire des écrivains camerounais se reconnaît davantage  aux structures procédant des langues du terroir et ce, « par un processus de redistribution sémique ou de calques morphosyntaxiques » (Noumssi et Wamba 2002 : 32).  Volontiers, la syntaxe se bâtit sur le sibyllin patron national dont voici quelques échantillons : « Tumi m’a lancé avec les cailloux » (J’ai reçu des cailloux de Tumi) ou « qu’on lève le coude » pour dire qu’on prenne un verre (DBM, 126 et 129). Ailleurs, le même type de discours est assuré par  « on les avait sifflés » (on les avait interpellés) ou « casser la caisse » qui renvoie au fait de redistribuer l’épargne et les intérêts générés (MT, 89 et 91). Bien plus, Kuitche évoque la pratique du lévirat dans la sphère culturelle bamiléké où l’expression « laver une veuve » veut dire la prendre comme épouse (VA, 61). Il en résulte des copies de structures linguistiques, d’une plus grande densité chez Nganang dont on suspecte les personnages  de « vendre un match » (JV, 13), c’est-à-dire d’assurer la victoire à l’adversaire contre des dessous de table. Dans Temps…, on a  « je tapais mon corps pour rien », pour signifier la peine perdue du locuteur.

D’apparentes agrammaticalités syntaxiques et sémantiques déferlent au gré d’une écriture dont les courbes fusent et désaxent. On s’en rend compte à la reproduction de la figure de défi commune aux langues du grassfield camerounais : « Des chiens errants mesuraient leurs forces sur moi » (se mesuraient à moi ; TC, 223). La multiplication de tels calques donne au récit camerounais de se constituer en caisse de résonance pour la rue, comme en une remontée au stade premier de l’oralité.

4-Remontée   au stade premier de l’oralité

Les éléments sémio-linguistiques ci-dessus analysés participent d’une  poétique de la parole proférée. Celle-ci tient singulièrement des formes spectaculaires du bouche à oreille  avec les tics, les interjections et les  onomatopées. Le retour de ces lexèmes dans tous les textes et dans des circonstances analogues atteste des attitudes culturellement codifiées, lesquelles installent en pleine liturgie de la parole par l’inflation des mots-réflexes. Les plus caractéristiques s’étendent au phonème vocalique long «o-o » marquant l’insistance par son étirement dans « ici-o », « sooooont bêt-ooooo ! » ou « malchance-o ! ». D’un récit à l’autre, on note l’étonnement du locuteur qui s’écrie : « ah ! vvvrrrraaaaiiiiiiiment » ou « ye maley ! » ; son empressement  se restitue par « là ! là ! là ! » (sur le champ) et son exaspération par « aaaaahhhh ! », en concurrence avec l’insultant « mouf ! ». Quand il n’en peut plus, il laisse éclater sa détresse que dénotent,  « tuhtuhtuhtuhtuh » ou « woh wohoho ». La satisfaction d’être vengé est rendue par « aschouka ! » (c’est bien fait) quand « ye yee, woueuch ! » et « ouh ouhouhou ! » traduisent la désapprobation  en tant que huées. « Kriiing ! » et « priiip ! » miment respectivement la sonnerie du téléphone et  le retentissement du coup de sifflet. Opposer à la question « qui ? » le si populaire   « quiquiriqui ! » comme le font parfois certains personnages, c’est signifier catégoriquement à son interlocuteur qu’on n’entend nullement décliner l’identité qu’il veut avoir.

Ces interjections et onomatopées s’imposent,  par leur haute fréquence, comme le meilleur moyen de consacrer l’ordre  de l’oralité. L’interjection est le mode de régulation du dialogue. L’onomatopée indique le déni de conceptualisation au profit d’une mimésis phonique. Avec l’une et l’autre, on écoute des clichés sonores, l’homme de la rue collant dès son premier mouvement à la nature ou jouant sur le timbre de la voix dans son expression instantanée. C’est le triomphe d’une parole jaillissant de la rebelle source informelle des rues  et amplifiant la portée d’un mode d’écriture qu’il convient de saisir.

III- Stylisation de la rue linguistique : portée d’un mode d’écriture

Pourquoi les romanciers et nouvellistes optent-ils de renvoyer au lecteur la lumière crue et même cruelle de la syntaxe au premier jet depuis les confins des sous-quartiers?

1- Interpréter l’insécurité sociale par temps de chien au moyen de l’insécurité linguistique

Comment traduire «la fièvre de changement qui soudain s’était saisie de Madagascar, qui avait emballé Yaoundé, qui avait entraîné tout le Cameroun dans son élan, qui, paraît-il, secouait toute l’Afrique » (TC, 364) ? Communiant avec son peuple, l’écrivain incube naturellement sa saine colère qui ravage à l’éclosion. Écoutons plutôt Nganang rapporter la ferveur communicative des uns et des autres dans cette atmosphère sociale insurrectionnelle aux allures d’exorcisme ou de délivrance collective :

Une phrase identique explosait devant les portes : ‘ Carton rouge à Paul Biya !’ Une phrase mille fois, dix mille fois un million de fois, oui, douze millions de fois répétée. Une Phrase récalcitrante devant l’assaut rampant de la mort, une phrase-marteau des rues bruyantes : ‘BIYA MUST GO !’ Une phrase aboyable seulement, en définitive. […] Chacun ici était à l’écoute de sa dissémination incontrôlable. Que dis-je être à l’écoute ? Chacun contribuait à sa propagation subversive. C’était le kongossa, c’était radio-trottoir (TC, 364-365).

Le déploiement de la rue linguistique participe ainsi d’une stratégie de communication consistant à amplifier la clameur d’un peuple qui hurle son ras-le-bol. Le chiffre « douze millions de fois » que mentionne Nganang est symbolique du nombre de Camerounais au début des années 1990,  celles de lutte pour les libertés en toile de fond de Temps….Évidemment, on ne peut entendre qu’un chaos langagier quand douze millions de personnes, à la fois, font monter leur misère.

Pareille élocution en altération épouse l’arythmie  d’un malaise profond. Hébété, le peuple semble en perdre l’usage licite de la parole ; celle-ci se désarticule dans une syntaxe dont le diagramme se restitue en excentricités du mode d’expression favori des misérables: le cri, le cri de détresse que l’on entend au strident et vrillant «  woudidididididididididididididididi ! » (JV, 17) du Bamiléké. Ce strident et vrillant cri de détresse, Nganang le pousse au plus fort de l’insécurité sociale générant l’insécurité linguistique par temps de chien. Voilà qui en rajoute à un imaginaire linguistique débridé.

2-      Illustrer un imaginaire linguistique débridé

Certes les divers éléments linguistiques incorporés au français articulent l’interaction entre les codes verbaux en présence, mais ils témoignent davantage de l’inconfort des auteurs qui ressentent la norme classique comme un carcan. Du coup, l’offre linguistique française inexistante ou peu expressive est substituée par des pièces de rechange d’autres langues. De cette mise à contribution des possibilités de divers codes, il résulte une « interlangue faite de connaissances intermédiaires », à en croire Temkeng (2007 : 118) qui se réfère à Bernard Py. Par souci d’efficacité dans la communication, il arrive même que  le français soit  évincé par une langue locale. Une femme-médecin ne consulte-t-elle pas ses patients en leur parlant « la langue du pays », le ngèmba-mùngùm (VA, 97) ?Elle peut ainsi tisser avec eux une relation de proximité par la communauté de code, imprimer à son discours l’estampille sociolinguistique et identitaire garantissant la rassurante présence camerounaise. Voilà qui administre la preuve – s’il en était encore besoin – qu’ «à chaque instant, la langue est soumise à des stimuli extérieurs auxquels elle s’adapte » (Calvet 1999 : 35).

La néo Babel camerounaise appréhendée au départ comme un  handicap du point de vue communicationnel se mue donc en un clavier aux touches infinies, au grand bonheur du locuteur qui peut y surfer à sa guise. « Pareille ‘diglossie’, affirme Bédia (2009 : 58), répond […] au désir de conserver à la pensée son expression la plus spontanée et la plus adéquate ». En fait, le Cameroun n’échappe pas à l’espace francophone où, observe Gauvin (2010 : 8), la vision postcolonialiste donne à l’écrivain de problématiser son rapport au français et d’inaugurer l’ère d’ « une pratique [linguistique] du soupçon ».

3- « Une pratique [linguistique] du soupçon »

En investissant les déclassés comme héros de l’histoire, les écrivains les « mettent en haut »selon l’équivalent camerounais de l’expression mettre à l’honneur ; ils les élèvent et tout ce qui va avec eux, leur grammaire notamment. Il y a donc une reconsidération des sphères sociale et linguistique : le centre d’intérêt  s’est déplacé, l’œil de la caméra  embrassant désormais la périphérie avec son discours indocile. On est de plain-pied dans « ces littératures de l’intranquillité quant à la langue » dont parle Moura (1999 : 43), littératures francophones de la postcolonie qui« supposent une relation plus consciente, plus soupçonneuse aussi, à l’égard de l’usage littéraire ».  Inapte par bien des côtés à exprimer les subtilités de l’identité culturelle camerounaise, la marque déposée du bon usage se voit surclasser par la truculence de la rue nationale qui épouse si élégamment les contours de cette  personnalité. Pabé Mongo (2005 : 124) propose alors de générer le « francophonien », « cette langue littéraire que les écrivains vont extraire du croisement du français d’origine avec les limons locaux ».

Il faut bien cesser de voir dans l’appropriation du français en Afrique un simple zeste de couleur locale aux fins de saupoudrage comme s’y complaît si paresseusement le regard folklorisant de la critique exotique. Cette dernière a tôt fait de s’enivrer à la forte odeur d’épices tropicales qui s’en dégage et de brouiller la nécessité du débat devant s’instaurer sur le statut du français en Afrique: aujourd’hui plus qu’hier, la langue de Voltaire ne saurait continuer d’enfiler ses attributs royaux sur ce continent comme sur une tabula rasa linguistique. La conscience et même la surconscience linguistique des écrivains camerounais les amènent à privilégier « l’expérience […] d’éclatement du discours » (Moura  1999 : 43). Les trésors du maquis linguistique camerounais investis dans les textes participent du choix de censurer « les secrets de la [syntaxe à la] Vaugelas » (VA, 114) dont se prévaut Maurice Xavier Gonflan alias MX, un personnage fantasque  des Vins aigres. Par conséquent, la matière d’œuvre se prend en charge sous le mode du  « langagement », c’est-à-dire de « l’engagement dans la langue » dont parle Gauvin (2010 : 8), « langagement » qui peut pousser jusqu’à la violence tragique du mythe  avec la manducation symbolique de l’ogresse glottophage langue française.

4-      « Bouffer » l’ogresse glottophage  langue française ! Pourquoi pas ?

Perçue comme dévorante par les écrivains camerounais, la langue française est dorénavant tenue en respect dans la position ironique de « bouffeuse  bouffée » parce que fécondée contre nature par subversion ou par défiguration hypertrophiées, deux figures du viol. Kuitche et Nganang autant qu’Etoke et Kemadjou  n’ont de cesse, à son égard, de « multiplier dans le chaos des malédictions en medùmba » (TC, 210) et en d’autres langues locales. L’insulte « schouain » (JV, 48), altération de l’allemand « Schwein » (cochon) lui est aussitôt décochée dans le dos. Voilà qui sonne le tocsin pour l’encercler et l’envahir dans un inextricable « écosystème linguistique » où sa « niche écologique (c’est-à-dire ses relations avec les autres langues, sa place et ses rapports avec le milieu) », pour emprunter à l’éco-terminologie de Calvet (1999 : 35), semble plutôt marquée du sceau  de la désacralisation. Dans la partie qui se joue,  les codes verbaux autochtones que le français rencontre sur le terrain le saccagent proprement sur la base de la dure loi naturaliste de l’influence du milieu, « au large d’un Centre dépouillé de son imperium » selon une heureuse métaphore de Blachère (1993 : 247). Dans leur corps-à-corps avec le français, les auteurs de la postcolonie camerounaise le livrent au chaos de la rue, se contentant de  procéder  à des enregistrements quasi bruts à l’instar des journalistes promenant leurs micros pour des vox pop. C’est l’éloge du melting-pot linguistique avec la surenchère des effets locaux de langue en carnaval dans les textes. Comment l’expliquer ?

Du temps des revendications démocratiques dans la décennie 1990, on s’en souvient, le mot d’ordre au Cameroun fut au boycott des produits français, les Camerounais voyant en l’Hexagone le bras séculier d’un régime dictatorial responsable de leurs misères. Transposant cette consigne à la sphère des biens symboliques, les écrivains entrent en désobéissance linguistique au profit d’une consommation/promotion de l’élocution nationale en mission culturelle. Qu’on songe aux multiples notes de bas de pages qui émaillent les textes  (cent vingt-huit dans la première édition de Temps…, celle de 2001). Commentant cet aspect qui traduit le côté  géolinguistique du texte, Pabé Mongo (2005 : 159) dit à juste titre que « Nganang a délibérément choisi de rester linguistiquement tout-venantiste [et qu’] il abdique sa fonction de traiteur de langue pour se nourrir exclusivement du crachin du peuple ». Il y a là une ignorance pure et simple des injonctions culturellement génocidaires d’une virtuelle Centrale Française de Codification ; la démarche qui s’apparente à celle du mythe se charge en même temps de symbole parce que correspondant à l’entreprise œdipienne  de décapitation de la Loi, figure  du Père castrateur.

Conclusion

Si l’on se réfère à l’ « écologie des  langues » avec Calvet (1999 : 142), la rue linguistique si en verve dans la prose narrative se donne à lire comme la métaphore la plus expressive d’un français en phase d’ « acclimatation » après son « acclimatement » au Cameroun. Sous la pression des stimuli extérieurs qu’il a su réguler, la langue de Molière est bien parvenue à s’adapter à son environnent dans ce pays. Là où Noumssi et Wamba (2002 : 28) voient un simple « enrichissement du français » comme ils le font à propos de la langue de Kourouma, Pabé Mongo (2005 : 124) signale les prémices d’une langue de consensus, une nouvelle grammaire inter francophone à négocier et à porter sur les fonts baptismaux sous le nom de « francophonien ». Qu’il s’agisse de l’alternance codique qui  jette un bel éclairage sur les emprunts aux autres langues, qu’il s’agisse des néologismes fécondant une créativité inouïe, qu’il s’agisse de la syntaxe du terroir et d’autres modes opératoires, toutes ces entrées sémio-linguistiques constituent quelques unes des figures que le trottoir linguistique revêt avec bonheur. La prose narrative se moule bien dans tous ces aspects  et en porte les zébrures polychromes d’un patchwork. Pouvait-il en être  autrement ? La mosaïque des langues camerounaises n’est-elle pas en palabre, mais davantage en conflit avec le français dont les statuts de langue de civilisation dans la nuit coloniale et, plus tard, de langue officielle, d’enseignement et d’administration  au lendemain de l’indépendance ont servi de levain à sa nature glottophage ? En sorte que filer les mots français sur le métier à tisser des langues autochtones procède, pour  les écrivains camerounais, de l’urgence d’entrer en désobéissance linguistique pour survivre culturellement. Quoi qu’il en soit,  le français de France qui a voyagé au Cameroun ne pouvait plus retourner pur sang dans le sein de Marianne malgré les appréhensions du Français dit de souche. Le français du Cameroun lui apporte, à la table de l’échange, le viatique de la sibylline syntaxe camerounaise s’enrobant des enjeux de la rue linguistique, rue érigée en mythe littéraire  au cœur battant de ce pays si lointain qui se niche au creux du Golfe de Guinée.

Blaise TSOUALLA (Université de Buea, Cameroun)

A-    Corpus

ETOKE Nathalie, 2008. Je vois du soleil dans tes yeux : Presses de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, Yaoundé.

KEMADJOU NJANKE Marcel, 2009. Dieu n’a pas besoin de ce mensonge : Editions Ifrikiya,  Yaoundé.

KUITCHE FONKOU Gabriel, 2001. Moi taximan : L’Harmattan, Paris.

KUITCHE FONKOU Gabriel, 2008. Les Vins aigres : Clé, Yaoundé.

NGANANG Alain Patrice, 2007. Temps de chien : Groupe Privat/Le Rocher, Paris.

NGANANG Alain Patrice, 2003. La Joie de vivre : Le Serpent à Plumes, Paris.

B- Autres références

BÉDIA  Jean-Fernand, 2009. « Le « Français de rue » et l’écriture de la guerre : portée et signification »,  Présence francophone, n°73, pp. 55-65.

BILOA Edmond, 2007. La Langue des romanciers africains : L’Harmattan, Paris.

BLACHERE Jean-Claude, 1993.  Négritures. Les écrivains d’Afrique noire et la langue française : L’Harmattan, Paris.

BRUNEL Pierre et al., 1988.  Dictionnaire des mythes littéraires : Paris, Editions du Rocher.

CALVET Louis-Jean, 1999. Pour une écologie des langues du monde : Plon, Paris.

DUBOIS et al., 1994. Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage : Larousse, Paris.

GAUVIN Lise, 2010. « Entre rupture et affirmation : les manifestes francophones » : Études littéraires africaines, n°29, pp. 7-14.

GUMPERZ J. J., 1989. Sociolinguistique interactionnelle : une approche interprétative : L’Harmattan, Paris.

MONGO Pabé, 2005. La NOLICA (La Nouvelle littérature camerounaise) – Du maquis à la cité : Presses  Universitaires de Yaoundé, Yaoundé.

MOURA Jean-Marc, 1999 : Littératures francophones et théorie postcoloniale : PUF, Paris.

NOUMSSI Gérard Marie, 2009.  La Créativité langagière dans la prose romanesque d’Ahmadou Kourouma : L’Harmattan, Paris.

NOUMSSI Gérard Marie et Wamba Rodolphine, 2002. «  Créativité esthétique et enrichissement du français dans la prose romanesque d’Ahmadou Kourouma », Présence Francophone, n°59, pp. 28-51.

NTONFO André, 2003.  « Le Sous-quartier élevé à la dignité littéraire », Patrimoine, Mensuel de la culture et des sciences sociales, n°0038, pp. 14-15.

TEMKENG Albert Etienne, 2007. « Sémiologie du chaos et folie dans le roman camerounais : Temps de chien de Patrice Nganang et Moi taximan de Gabriel Kuitche Fonkou »,  Ethiopiques : n°78, 1e semestre pp.109-128.

WABERI Abdourhaman, 1998. « Les enfants de la postcolonie. Esquisse d’une nouvelle génération d’écrivains francophones d’Afrique noire », Notre Librairie : n°135, sept. – déc.