La trilogie d’Antoine Takafo :
le Cameroun du renouveau passé au peigne fin
Le parti du Renouveau accouche ces dernières années d’une nouvelle catégorie de militants vraisemblablement engagée à faire la politique autrement que par le sophisme, le fanatisme et le narcissisme. S’agit-il du chant de signe d’un régime en fin de règne ? Difficile à dire. Toujours est-il que, en se présentant comme des industriels d’idées, en n’hésitant pas à tirer sur leur propre camp quand ça va mal, cette nouvelle classe de politiciens dont Charles Atéba Eyéné était sans doute la figure emblématique tranche avec les bonnes vieilles pratiques de leurs aînés qui avaient fini par nous habituer à l’idée que politique et honnêteté ne riment point. Il me semble qu’Antoine Takafo est à inscrire dans cette nouvelle génération qui augure des lendemains meilleurs pour la scène politique camerounaise. A l’heure où les débats sur une énième modification constitutionnelle, une élection anticipée et les appels à candidatures de l’homme Lion tentent d’occulter les problèmes criards d’absence d’eau et d’électricité ainsi que tous les autres maux du Cameroun devant lesquels le renouveau, après 34 ans de règne, à fini par courber l’échine, il semble intéressant de revisiter les ouvrages de ce militant exceptionnel du RDPC qui, contrairement au chasseurs de prime, n’hésitent pas à faire le réquisitoire de son propre parti. Les contradictions de la presse camerounaise: pour un devoir de discernement, Le faux départ d’Ahmadou Ahidjo ou le bilan mitigé du Renouveau, Répertoire illustré des membres du gouvernement de 1957 à 2015, voilà trois ouvrages par lesquels Antoine Takafo imprime sa marque dans l’espace intellectuel camerounais et participe au débat de la construction nationale.
Nous essayons ici, dans la mesure du possible, de faire l’économie de sa pensée.
LES CONTRADICTIONS DE LA PRESSE CAMEROUNAISE : POUR UN DEVOIR DE DISCERNEMENT
Le Cameroun a encore en mémoire les mouvements sociaux de 90 qui ont ébranlé son existence en accompagnant ses premiers pas dans le processus de démocratisation avec son cortège de libertés. Rendu en 2016, beaucoup de choses peuvent encore être dites sur ces libertés au Cameroun, en bien comme en mal. Le premier ouvrage d’Antoine Takafo dont le titre est : Les contradictions de la presse camerounaise : pour un devoir de discernement, fait le choix de s’attarder sur la liberté d’expression dans le domaine de la presse dont il dénonce l’incohérence et la posture très souvent partisane dans le traitement de certaines informations, presque aux antipodes de la déontologie de ce métier qui recommande l’objectivité ou tout au moins l’honnêteté.
La presse camerounaise garde-t-elle toujours la mesure ou l’objectivité nécessaire dans le traitement des sujets sociaux et politiques qui engagent la vie de notre nation ? Telle est la question centrale que pose cet ouvrage de 190 pages structuré en 03 chapitres, question à laquelle l’auteur répond sans ambages par la négative, et ce à grand renfort d’arguments. En relevant le contraste entre d’une part l’attitude déconcertante et quasi complice de la presse face aux discours néocolonialistes de l’Occident au Cameroun, et d’autre part la dénonciation de ce même discours par la même presse lorsqu’il s’agit d’autres contrées, en convoquant les multiples antinomies ou incohérences relevées dans la presse camerounaise au sujet des causes de la mort de Pius Njawé et de celle de BiBi Ngota, au sujet des revendications d’une meilleur condition de vie du journaliste camerounais, l’auteur fait dans le premier chapitre de cet ouvrage le constat d’une « presse prise en fragrant délit de contradiction ». Un constat qui le pousse dans le second chapitre à se prononcer sur « l’urgente nécessité de faire preuve de bon sens et de méthode » dans le traitement de l’information, celle notamment qui met en péril la souveraineté du Cameroun. Ici, l’auteur tient à rappeler que derrière les allures philanthropiques ou altruistes que l’Occident affiche en Afrique avec ses leçons de démocratie et de droits de l’homme se cache la seule et unique volonté de continuer à s’engraisser au détriment des Africains. Selon les démonstrations de Takafo, l’Occident ne s’occupe en Afrique que de son propre sort et n’a d’ailleurs pas intérêt à ce que l’Afrique se porte bien. Il pense par conséquent qu’il est tout à fait naïf de croire que le salut de notre pays viendra de lui ; de penser que c’est l’instance la mieux indiquée pour régler nos problèmes internes. Cela étant, il interpelle la presse camerounaise à s’abstenir de relayer sans condamner ces discours Occidentaux qui menacent la souveraineté de notre pays car le faisant elle se met au service d’une entreprise néo-colonialiste et militent contre ses propres intérêts, ceux du Cameroun en général.
D’ailleurs, conclut-il ce chapitre, si quelques zones d’ombres pouvaient encore planer sur les intentions perfides de l’Occident en Afrique, les bougies de Roger Bourgi auront fini de faire la lumière sur la réalité. Pour clore son étude, l’auteur dans le 3e chapitre fait le diagnostic de cette dérive de la presse camerounaise. En effet, au regard de la gravité des faits reprochés aux journalistes dans les deux premiers chapitres, on est confronté à la question de savoir pourquoi la presse Camerounaise en est arrivée à jouer ainsi contre son propre camp. Interrogation à laquelle l’auteur répond en faisant dans un premier temps le rappel des circonstances de l’avènement du multipartisme qui, selon lui, avait largement contribué à vivifier la presse tant du point de vue de la richesse de l’information que du point de vue des recettes. L’auteur établi en suite une passerelle entre la dérive professionnelle de la presse constatée plus haut et la situation politique actuelle du Cameroun caractérisée par une opposition moribonde. Il estime que, n’ayant pas su jouer son rôle de contre-pouvoir, s’étant laissé phagocyter par le parti au pouvoir, l’opposition camerounaise à progressivement perdu toute crédibilité, laissant de ce fait un vide politique handicapant pour les recettes de la presse, lequel vide politique la presse elle-même a progressivement cherché à combler non seulement pour rétablir l’équilibre politique nécessaire au développement du Cameroun, mais aussi pour trouver du grain à moudre nécessaire à la vente de ses tirages. C’est pour cela que dans ses prises de position elle s’est souvent confondue aux parties de l’opposition au point de se réjouir comme par réflexe de tout ce qui écorche l’image du pouvoir en place, quand bien même c’est toute l’image du Cameroun qui est en jeux. Mais au-delà de la démission des partis de l’opposition et du souci des recettes, l’auteur évoque en filigrane d’autres causes de la dérive de la presse camerounais telles que sa précarité qui transforme les journalistes en instruments de règlement de comptes politiques, ainsi que le désir absolu de certains journalistes de sortir de l’anonymat à tous les prix.
S’il est vrai que la lecture de cet opuscule est recommandée aux lecteurs de toute obédience du fait de la pertinence de son analyse et de son caractère documentaire comme l’affirme son préfacier, Armand Leka Essomba, il est également vrai que sa lecture est recommandable du fait de ce qui peut être perçu comme ses insuffisances ainsi que les débats qu’il suscite : peut-on reprocher un ambassadeur de donner son opinion sur la situation politique d’un pays auprès duquel il est accrédité ? En quoi pêche un journal qui relaye en suite cette information sans y émettre de réserve ? La position d’un journaliste est-elle nécessairement celle de l’organe qui l’emploie ? L’objectivité dont on parle en journalisme n’est-elle pas finalement qu’un leurre ? Journalisme et politique sont-ils incompatibles ? Le corpus de cet ouvrage est-il suffisamment représentatif de la presse camerounaise ? Autrement dit, n’est-il pas abusif ici d’utiliser l’expression « presse camerounaise » en parlant de 07 organes de presse seulement? Pourquoi un peuple qui est pris en otage par un système ne solliciterait-il pas un soutien extérieur si c’est le prix de sa libération ? Ce réflexe qui consiste cependant à rechercher quasi automatiquement le soutient de l’Occident comme un enfant qui va se plaindre auprès de son père n’est-il pas à classée dans les tiroirs d’une époque bien révolue? L’opposition camerounaise a-t-elle réellement le moyen de s’exprimer pour qu’on constate son échec ? Voilà énumérées sans prétention d’exhaustivité les multiples interrogations que cet ouvrage a le mérite de charrier.
LE FAUX DÉPART D’AHMADOU AHIDJO OU LES RAISONS DU BILAN MITIGÉ DU RENOUVEAU
Après le diagnostic d’une presse camerounaise en crise suivie de quelques prescriptions médicales, A. Takafo, dans son deuxième ouvrage intitulé le Faux départ d’Ahmadou Ahidjo ou les raisons du bilan mitigé du Renouveau, transcende le cadre de la presse pour scruter tout l’espace sociopolitique du Cameroun dans la perspective d’un bilan du Renouveau. Mais le lien entre les deux ouvrages est très vite perceptible dans la mesure où une presse qui se porte mal laisse forcement songeur sur son environnement sociopolitique. Ici, Antoine Takafo commence par faire l’état des lieux du Cameroun sous le Renouveau. Il se dégage ainsi qu’en dépit de quelques progrès enregistrés, notamment en matière des libertés, le bilan du Renouveau est globalement très peu reluisant.
Dans le second chapitre, l’auteur remonte aux origines de ce régime qui gouverne le Cameroun depuis 31ans pour faire resurgir les valeurs qui avaient présidées à son accession au pouvoir en 1982. C’est ainsi qu’ il parcoure tour à tour le discours de prestation de serment du président Paul Biya le 06 novembre 1982, son discours de fin d’année à la nation du 31 décembre1982, ses discours d’ouverture et de fermeture du 4e congrès de l’UNC ainsi que les 30 objectifs de son livre programme intitulé Pour le libéralisme communautaire. Au terme de ce voyage dans le passé, il dégage un contraste cinglant entre les bonnes intentions du Renouveau à son accession au pouvoir en 1982 et la triste réalité du Cameroun actuel.
Ce contraste l’appelle naturellement dans un 3e chapitre à questionner les raisons d’un tel échec. D’où la question centrale de l’ouvrage qui est de savoir pourquoi le Cameroun actuel croupit-il sous le poids de tant de crises morales alors même que le régime qui le gouverne avait fait de la rigueur et de la moralisation son cheval de batail dès son accession au pouvoir il y a 31 ans. En d’autres termes, pourquoi les fruits du Renouveau n’ont-ils pas tenu la promesse des fleurs ? Pourquoi la kleptomanie et la corruption sont-elles devenues une culture au Cameroun alors même que le Renouveau se proclamait chantre de la morale et de la transparence dans la gestion des affaires publiques ? Comme principal élément de réponse à cette question, l’auteur convoque ce qu’il appelle « le faux départ d’Ahmadou Ahidjo», l’ancien président de la république du Cameroun. Selon son analyse, le passage du trône par Ahmadou Ahidjo à l’actuel président était fondé sur des calculs politiques malsains qui ne voyaient en Paul Biya qu’une simple marionnette. Celui-ci était censé, Pendant deux ans tout au plus, servir de faire-valoir ou de cache-sexe aux ambitions de monopolisation du pouvoir nourries par une élite du Nord managée par Ahmadou Ahidjo. Il en veut pour preuve les manigances de l’ancien président telles que l’instauration de la primauté du Parti sur l’Etat et les multiples incidents politiques qu’il occasionna et qui entravèrent les relations entre lui et son successeur au lendemain même de la passation de service. Ceci dit, une crise politique s’est très vite installée entre Paul Biya et son prédécesseur qui, visiblement, comme on le dit de façon prosaïque, avait vendu la chèvre mais ne voulait pas lâcher la corde. Une crise qui parviendra à son paroxysme avec la tentative de coup d’État du 6 avril 1984. Ce contexte de rivalité avec l’ancien président met Paul Biya dans un inconfort total car, alors, son pouvoir est fragilisé, d’autant plus fragilisé que toute la classe politique de cette époque se sent redevable à l’ancien président et ne considère que très peu le nouveau que personne, du reste, ne prédestinait à ce poste. Se sentant donc menacé, Paul Biya s’investit alors non plus à donner corps à son programme politique, mais à consolider son pouvoir. On comprend dès lors qu’il ait dû ranger dans les tiroirs sa politique de rigueur et moralisation dont l’application n’aurait de toutes les façons contribué qu’à lui attirer les foudres de la classe dirigeante de cette époque déjà installée dans des pratiques contraires depuis Ahidjo. Le temps de se bâtir une cour solide avec des fidèles indéfectibles comme son prédécesseur, les pratiques de corruption et de détournement, généralement menées en parti au profit de son parti politique, se sont consolidées, devenant endémiques. A cela viendront s’ajouter d’autres crises telles que la crise économique de 1987 et celle de 1991 qui aboutira au multipartisme. Toutes ces crises successives ne contribueront qu’à installer un climat défavorable à l’action du président Paul Biya. Poursuivant son analyse, l’auteur explique que, alors que Paul Biya avait finalement réussi à vaincre l’adversité de son prédécesseur, ses collaborateurs, même les plus fidèles, étaient déjà dans « l’après Biya », c’est-à-dire dans une logique d’alternance qui, une fois de plus, rendait son action politique incertaine. En effet, considérant que le moment était venu pour eux de sortir de l’ombre et de prendre la tête du pouvoir, beaucoup de pontes du Renouveau se sont organisés en clans, en groupes d’intérêts communs à l’intérieur même du gouvernement. Et plutôt que de travailler en synergie autour de la politique du prince, ils s’entrechoquaient et se neutralisaient dans la course au palais présidentiel, sabotant presque consciemment au passage l’action du président dans l’optique d’abréger les jours du Renouveau à la tête de l’Etat. C’est dire qu’au sortir de sa rivalité avec son prédécesseur, Paul Biya a dû faire face à une autre adversité qui, une fois de plus, entravait son action politique. C’est cette seconde adversité qui expliquerait le démantèlement de ce qu’on a appelé “le G11“; non pas que les membres de cette organisation ne soient coupables de rien, mais que derrière les motifs certains de détournement se cache une volonté d’épuration politique.
Pour révéler son ampleur, l’auteur retrace la genèse du conflit entre le président actuel et son prédécesseur au chapitre 4 avant d’embrayer, au chapitre 5, sur la recette de l’endurance politique de Paul Biya. C’est alors que le lecteur découvre que le président actuel du Cameroun est, selon les termes même de l’auteur, « un esthète politique », autrement dit, un véritable caméléon politique qui sait à chaque fois prendre la couleur que lui impose la circonstance et sa survie politique : la scission du grand Nord, le renforcement de l’axe Nord-Sud, la prorogation de sa politique de rigueur et moralisation, l’utilisation optimale du pouvoir de nomination et l’imprévisibilité sont quelques-uns des éléments de cette recette qui lui aura permis, selon l’auteur, de garder le contrôle de son bateau pendant 31 ans en dépit des tempêtes multiples.
L’auteur termine son essai par une présentation du Renouveau à l’épreuve de ses engagements et de l’alternance, aboutissant à la conclusion selon laquelle Paul Biya a apporté au Cameroun la démocratie qu’elle lui avait promise dès son arrivée au pouvoir, mais que la prospérité également promise restera une utopie avec ce régime parce que ses principaux acteurs sont plus que jamais engagés sur un autre front, celui de l’alternance.
Au final, on retient que si le départ ou la démission d’Ahmadou Ahidjo avait été sincère, l’action politique du Président actuel aurait eu le temps et les moyens de prospérer et le destin actuel du Cameroun serait meilleur.
Très intéressant aussi de par son style digeste, la cohérence de son propos et sa grande portée historique, ce deuxième livre de Takafo Antoine laisse quand même interrogateur sur deux points: premièrement, comment justifier le mauvais bilan d’un homme politique par les adversités qu’il a connu alors même que politique et adversité sont indissociables? Deuxièmement, peut-on véritablement parler de démocratie dans un contexte où depuis 31 ans il n’y a pas eu d’alternance à la tête de l’État, dans un contexte où chaque responsable d’un service publique et ceux qui y aspirent se sentent contraints de chanter les louanges de celui qui nomme pour préserver ou gagner cette position et espérer une éventuelle promotion? Peut-on parler de démocratie dans un pays où aucune manifestation publique contre le régime en place n’est autorisée ?
On le voit, ce deuxième ouvrage nous renseigne que les dérives de la presse camerounaise décriées dans le premier ouvrage ne sont que le reflet d’un environnement sociopolitique lui-même en crise. D’ailleurs, n’est-il pas courant d’entendre dire que toute société n’a que la presse qu’elle mérite ? Aussi échappatoire qu’une telle justification des dérives de la presse camerounaise puisse paraître, elle ne manque pas de pertinence non plus dans un contexte sociopolitique qui sombre dans la déconfiture. Comment dissocier les dérives de la presse de l’état de prévarication, du dévergondage, de la déshumanisation et de l’amateurisme ambiants au Cameroun ? Comment s’empêcher de faire le lien entre les incongruités de la presse et un contexte sociopolitique en crise de valeurs où la jeunesse végète par manque de repères ? Les théories des sciences sociales démontrent à suffisance que l’homme n’échappe guère à l’emprise de son environnement social. Or la presse, comme tout secteur d’activité, est essentiellement faite par des hommes. Ceci étant, la cure du discernement et l’urgente nécessité de retrouver le bon sens que l’auteur prescrit à la presse camerounaise est valable pour tous les secteurs d’activité et pour toutes les tranches d’âge au Cameroun.
Et parlant justement de tranche d’âge, Antoine Takafo pense que pour que la jeunesse camerounaise retrouve le bon sens et les repères dont l’absence entrave son épanouissement et le développement du Cameroun tout entier, il faut penser à ressusciter et à entretenir notre mémoire historique que les égoïsmes politiques et le suivisme d’une élite politique formatée à l’école coloniale se sont toujours bien arrangés pour mettre sous le boisseau. C’est dans cette perspective que s’inscrit son troisième ouvrage qui répertorie les différents gouvernements qui se sont succédé au Cameroun depuis André Marie-Mbida jusqu’à nos jours.
RÉPERTOIRE ILLUSTRE DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT ET ASSIMILÉS DE LA RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN DE 1957 À 2015
En présentant chaque ministre qui a contribué à la construction du Cameroun, ce répertoire narre à sa façon l’histoire politique de notre pays. C’est donc la mémoire politique du Cameroun qui est ici ressuscitée. L’auteur se prive de tout commentaire pour laisser le lecteur se faire son opinion. Et pour le lecteur que je suis, la pléthore de gouvernements que le Renouveau a constitué depuis son accession au pouvoir, 35 au total, soit en moyenne un peu plus d’un gouvernement par an, narre à sa manière la difficulté et l’obsession du président actuel à trouver de vrais collaborateurs. Ce constat vient en témoignage à l’instabilité de l’environnement politique énoncée plus haut, dans le second ouvrage. En outre, la configuration ethnologique de ces gouvernement successif témoigne bien de la dextérité politique du président Paul Biya également mentionnée dans le second ouvrage : on remarque en effet qu’un souci d’équilibre régional a toujours prévalue dans le choix des collaborateurs du président Paul Biya, avec cependant une part belle aux régions du Sud et du centre. Ce qui vient également corroborer la lecture des faits politiques énoncée dans le deuxième ouvrage, à savoir que la préservation de l’équilibre de son pouvoir est depuis fort longtemps devenue la priorité de l’action politique du président Paul Biya. Peut-on lui en faire le reproche ? Certainement pas, si le Cameroun ne marchait pas à reculons, car en politique il est tout à fait de bonne guerre de préserver son pouvoir. Encore faut-il le faire dans le respect des règles de l’art politique, une chose que le régime actuel se plaît à ignorer.
Rodrigue Marcel Ateufack Dongmo