À la croisée des mondes Mondes africains Mondes caribéens

Fédéralisme et décolonisation en Afrique noire et aux Antilles.

Au cours des années ayant précédé ou suivi la seconde guerre mondiale la question fédérale s’est posée aussi bien en Afrique noire que dans les territoires français ou britanniques des Antilles et d’Amérique.

Afrique noire

C’est à partir des années 1930, qu’un certain nombre d’intellectuels noirs se pose le problème de la balkanisation de l’Afrique qui, au sortir de la seconde guerre mondiale, aspire de plus en plus fortement à retrouver son indépendance ; nombre d’entre eux se posent alors la question de l’unité africaine, comme condition de l’indépendance et du devenir de l’Afrique. Pourtant, seuls les futurs chefs d’Etat Kwame N’Krumah[1] ou Julius K. Nyerere[2] et l’universitaire Cheikh Anta Diop[3], posent réellement la question d’un Etat africain fédéral. Il convient également de noter ici les divergences et les incompréhensions, entre les anglophones, panafricanistes (afro-américains, antillais ou africains comme N’Krumah) et les francophones (comme Senghor ou Aimé Césaire) qui développent le mouvement de la négritude affirmant les valeurs propres à l’homme noir.

D’après notre ami, fédéraliste et Citoyen du monde sénégalais, Fall Cheikh Bamba, trop tôt décédé[4], c’est dans une grande confusion idéologique que les leaders africains mènent la lutte anticoloniale. Ils souhaitent fréquemment l’unité en même temps, ou avant, l’indépendance, mais aucun ne se pose la question de la nécessité d’un mouvement fédéraliste continental, spécifiquement africain et autonome des classes politiques européennes, comme vecteur indispensable de l’unité africaine. Les tentatives ébauchées au V° Congrès panafricain à Manchester en novembre 1945, la dernière manifestation du Pan African Federation en 1944, ne parviennent pas à créer une solide organisation.[5] De même le voyage de N’Krumah à Paris en 1947 pour rencontrer Senghor et des intellectuels noirs francophones ne débouche-t’il sur rien. Plus tardive, la tentative de Senghor de créer le Parti fédéraliste africain, concernant le Sénégal et certains de ses voisins, s’achève elle aussi par un échec. En l’absence d’un programme africain unique et coordonné, les revendications sont posées dans la désunion et restent confinées dans les limites territoriales (souvent, les Etats africains actuels) imposées par le colonialisme lors des découpages arbitraires du Congrès de Berlin à la fin du 19° siècle. Cette victoire posthume du colonialisme va être catastrophique pour l’Afrique. D’autre part, dans un contexte d’exaltation nationaliste, les projets de fédérations eurafricaines entre certaines anciennes puissances coloniales et leurs colonies sont souvent considérés comme d’ultimes tentatives des Etats européens de maintenir leur domination. L’échec de la fédération projetée par Senghor en 1958 (Sénégal, Soudan, Haute Volta et Dahomey), puis celui  de sa tentative plus limitée de Fédération du Mali, ou l’absence de suite aux efforts de N’krumah après la convocation dela Conférence panafricaine d’Accra en 1958 : tout est, selon Bamba, encore imputable au vide organisationnel qui a prévalu pendant toute la période précédant les indépendances africaines. Seule l’union du Tanganika et de Zanzibar, l’actuelle Tanzanie, a un temps réussi grâce à l’action de Nyerere.

Senghor, lui, n’a pas limité son fédéralisme à l’Afrique. Il a étroitement collaboré, avant l’indépendance, avec les fédéralistes européens, en particulier en tant que Vice-président de l’Intergroupe fédéraliste au Parlement français au moment des débats pour la Communauté européenne de défense (CED, 1954), puis au Conseil de l’Europe. Il était également en contact avec les fédéralistes mondiaux et est demeuré jusqu’à sa mort Vice-président du World Mouvement for World Federalist Governement[6] auquel il était lié par son conseiller à la Présidence du Sénégal, Jean Rous[7], ancien Secrétaire général du Congrès des peuples contre l’impérialisme fondé, avec l’aval de Gandhi, par lui et le britannique Ronald G. MacKay, l’un des fondateurs de la Federal Union britannique à la fin des années 1930.[8]

En 1963, à Addis-Abeba, malgré les efforts désespérés de N’Krumah, les chefs d’Etats africains adoptent la Chartede l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qui va définir pour des décennies les principes politiques et les règles juridiques de l’« unité » africaine. Elle proclame comme base de la nouvelle Afrique les principes du « respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Etat » et de « l’intangibilité des frontières africaines héritées du colonialisme ». La constitution de l’OUA  scelle ainsi une étape importante dans l’histoire de l’Afrique en signifiant l’affirmation des nouvelles entités étatiques africaines bâties suivant le modèle européen de l’Etat-nation et de la souveraineté nationale absolue. Comme l’a écrit Bamba, l’OUA a ainsi ouvert « une période toute nouvelle dans le combat des fédéralistes africains. Le ‘nationalisme étatique’ qui sévit en Afrique depuis lors remet régulièrement à l’ordre du jour avec une particulière acuité la question du fédéralisme ».[9]

Les Antilles et les îles du Golfe du Mexique

Les colonies espagnoles ont acquis leur indépendance  longtemps avant le 20ème siècle et nous ne les abordons pas, même si elles ont été le cadre de nombreux appels à l’unité continentale. Par contre une réflexion de Victor Schœlcher, à l’occasion de son combat contre l’esclavage au 19° siècle aux Antilles françaises, mérite d’être rappelée : « En examinant la position des Antilles au milieu de l’Océan, en regardant sur la carte où on les voit presque se toucher, on est pris de la pensée qu’elles pourraient bien, un jour, constituer ensemble un corps social à part dans le monde moderne… Elles seraient unies confédérativement par un intérêt commun… Cela ne se fera peut-être pas dans un, dans deux, dans trois siècles, mais cela se fera parce que cela est naturel ».[10]

Un siècle plus tard, les débats sur la constitution de la IV° République et sur la transformation de l’Empire en un « Commonwealth à la française », se focalisent autour de l’idée de départementalisation et du niveau d’autonomie acceptable. Césaire, élu député communiste en 1951 à la Martinique, en est l’un des acteurs. En 1956, suite aux évènements de Budapest, il quitte le Parti communiste, s’inscrit au groupe parlementaire du Rassemblement africain et des fédéralistes et fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM).[11] Dans son rapport à son Congrès constitutif il revient sur la départementalisation de 1945 qui n’a pas apporté les résultats espérés.[12] Seules deux thèses s’opposent : la départementalisation (assimilation) et l’autonomie. Après avoir examiné leurs « contrariétés », il constate « qu’une autonomie omnilatérale, …, serait, dans l’état actuel des choses, une autonomie de la misère », mais aussi que dix années de pratique assimilationniste ont montré ses limites. « Pour notre pays sous-développé, l’industrialisation est une question de vie ou de mort. Or, réfléchissons : que faut-il pour industrialiser ? D’abord, une bonne barrière douanière… Mais l’établissement d’une barrière douanière pour la défense des industries locales est incompatible avec le statut départemental…  Prenons un autre exemple, celui du Marché commun. On sait l’importance capitale que revêt cette institution pour l’économie de ce pays. Or la France n’a pas jugé bon, avant d’y engager la Martinique, de consulter notre Conseil général. Et si, formellement et juridiquement, le Gouvernement est dans son droit, étant donné qu’on ne consulte pas un département avant de faire un traité international, il n’en reste pas moins que dans la réalité, et étant donné le caractère très particulier de notre économie, le Gouvernement a tort. C’est-à-dire que, là encore, le statut de département est pour nous un handicap ». Il assène : « en somme, il est vrai de dire que la départementalisation a éloigné le pouvoir du pays, a éloigné l’administration de l’administré, et a accru la centralisation. Or, quand trop de choses sont décidées à Paris, cela revient à dire le plus souvent que trop de choses sont imposées par Paris. C’est-à-dire que le système comporte un risque de tyrannie ». Il cite Le principe fédératif de Proudhon et considère que « l’assimilation a confirmé et aggrave un processus de dépersonnalisation ». Il ne  veut pas qu’on le croie « converti au proudhonisme intégral », mais affirme que seule l’idée fédérale permettrait une vraie synthèse entre assimilation et autonomie. « Je dis que l’idée fédérale est non pas un compromis bâtard, entre assimilation et autonomie, mais ce troisième terme qui, dans la dialectique,  permet de surmonter l’antinomie de la thèse et de l’antithèse et je dis encore que l’idée fédérale… permet seule de résoudre correctement le problème antillais ». Il envisage qu’un jour, « Martinique, Guadeloupe et Guyane réunies formeront un Etat dans une République fédérale française », et, pour l’immédiat, se réfère à la Constitution italienne et au rôle des régions, regrettant que ce mot et cette notion ne figurent pas dans la Constitution française. « Dans une République fédérale, entre l’Etat fédérateur et les autres grands ensembles que seraient des Républiques fédérées… il pourrait y avoir place sous le nom de ‘région’ pour des ensembles plus petits et à vocation moins évidente… Je vois que même dans une Constitution unitaire comme celle de l’Italie, la Constitution de 1948, cette notion a acquis droit de cité. La République italienne est ‘una e indivisibile’ affirme le texte. Mais, et c’est là la différence profonde qu’il y a entre cette République ‘une et indivisible’ que constitue la République italienne et cette autre République ‘une et indivisible’ que constitue la France, la République italienne est diversifiée et décentralisée… Seul le système fédéral apporte une solution raisonnable aux difficultés constitutionnelles qui nous assaillent ». Il remarque enfin que la départementalisation a établi une coupure entre le PPM et les hommes de progrès d’Afrique, mais que « l’adhésion à l’idée fédérale nous donnera plus de force en nous installant sur le même terrain de revendication et de combat que nos frères d’Afrique et que les hommes de progrès de France ».

Contrairement à Senghor, Césaire n’a pas de contacts avec les fédéralistes européens ou mondiaux.[13] Encore au PC, il a voté contre le traité de la CECA en 1951, et pour la question préalable qui aboutit à l’échec de la CED. Puis, en 1957, il refuse les traités instituant le Marché commun et l’Euratom, mais, cette fois, car il craint que les Antilles perdent des parts du marché métropolitain tout en subissant un surcroît d’importations européennes. La position de Césaire sur l’Europe évolue considérablement par la suite, et il vote, comme le PPM, pour le Traité constitutionnel européen en 2005.

Le débat fédéraliste aux colonies britanniques est antérieur et plus ambitieux. Dès 1932 la Grande-Bretagneorganise une conférence à La Dominiquesur ce thème. En 1938, un Labour Congress au Guyana rédige un schéma fédéral émanant de la société civile. En 1942 est créée une Commission anglo-américaine pour les Caraïbes, élargie après la guerre aux territoires français et hollandais. Elle est consultative et a des pouvoirs limités, mais s’y ajoute une Conférence des Indes occidentales constituée de délégués non gouvernementaux. A la Barbade, à la Jamaïque ou à Trinidad et Tobago…, nombre d’hommes politiques, d’intellectuels, de leaders syndicaux prennent position. Eric Eustace Williams, Premier ministre travailliste de Trinidad et ancien compagnon de Padmore à Londres, l’envisage dans une perspective mondialiste.[14] A la Conférence de Saint-Thomas aux Iles vierges américaines en 1946, l’un des représentants de la France, le guadeloupéen Rémy Nainsouta, « communiste indépendant », appelle de ses vœux la naissance future d’une « Communauté antillaise » multinationale sans craindre qu’elle puisse aller jusqu’à la fédération ; il sera accusé de séparatisme.[15] En 1947, le deuxième Labour Congress réuni à Kingston, réclame une fédération de toutes les Antilles sans distinction de nationalité. En septembre 1947 à la Conférence de Montego Bay, toujours en Jamaïque, des délégués de sept colonies britanniques réunis à l’initiative de la Grande-Bretagne votent deux résolutions, approuvant les principes d’une fédération parallèlement à une autonomie accrue des divers territoires. Les partisans de la fédération ne sont pas unanimes. Norman Washington Manley et Eric Williams, Premiers ministres de la Jamaïque et de Trinidad et Tobago, refusent une constitution fédérale moins avancée que celles de leurs territoires. Le débat s’étend aux Etats-Unis et au Canada. Richard Benjamin Moore, barbadien arrivé en 1919 milite au parti socialiste puis au Workers Party communiste dont il est exclu au début des années 1940 pour « nationalisme bourgeois ».[16] Des années 20 au début des années 60, Moore défend ses thèses devant de nombreux forums,  Congrès de Bruxelles de 1927 contre l’impérialisme, Congrès pan-africanistes… Il interpelle la Conférence de La Havane de 1940 ou celle de San Francisco de 1945 où voient le jour les Nations unies. Il anime diverses associations comme le West Indian National Emergency Committee, en 1940, ou l’American Committee for West Indian Federation qui adresse un Memorandum au Labour Congress de 1947. Une autre conférence se tient en 1955, à Trinidad, sous la présidence des autorités britanniques. Guérin, alors présent à Port of Spain, témoigne dans son livre de l’enthousiasme populaire pour le projet de fédération qui bénéficie alors du soutien des gouvernements travaillistes locaux et des centrales syndicales tandis que certains milieux économiques s’y opposent.[17] La création de la West Indies Federation est proclamée à Londres par le Royaume uni le 23 février 1956. Norman Manley, Premier ministre de la Jamaïque voit déjà se dessiner une confédération de toutes les Antilles. Césaire, lui reste très dubitatif quant à un tel projet même s’il ne va pas jusqu’à exclure, dans un avenir indéfini et lointain, une communauté antillaise confédérale.[18] La West Indian Federation, fondée en 1958, entre dix territoires insulaires (Barbade, Jamaïque, Trinidad et Tobago, îles Leewards [Antigua, Montserrat, et St. Kits-Nevis-Anguilla], îles Windwards [Dominique, Grenade, Ste. Lucie et St. Vincent]) éclate en 1961, après le retrait de la Jamaïque suite à un référendum perdu par Manley contre son adversaire politique Alexandre Bustamante. Elle paye aussi son caractère hétérogène, les oppositions entre la Barbade et la Jamaïque, ou entre les grands et les petits territoires la composant. La Fédération n’avait pas non plus été en mesure de réunir les territoires britanniques insulaires avec ceux situés sur le continent américain (Guyana et Bélize) malgré les efforts dont témoigne une conférence tenue à Georgetown en 1959, au Guyana, par C. L. R. James, en tant que Secrétaire général du plus important parti politique de la Fédération, le West Indian Federal Labour Party[19], dont étaient aussi membres, Manley ou Williams et de nombreux hommes politiques sincèrement attachés à la cause fédéraliste.

Padmore, et James, natifs de Trinidad émigrés aux Etats-Unis au début des années 20, militants de la cause noire engagés le premier dans l’Internationale communiste et le second auprès de Trotsky, mais malgré tout toujours restés proches[20], vont poursuivre leur action panafricaniste en Afrique auprès de N’krumah que James avait découvert à New York et mis en contact avec Padmore qui avait assuré sa formation politique à Londres. Un autre compagnon de N’krumah, Komla Agbeli Gbedemah, Ministre ghanéen des finances préside à l’époque et durant quatre ans le WMWFG.[21] Pour sa part Senghor, alors proche de Rous, concluait ainsi son message au Congrès de Vienne de 1961 du WMWFG : « Nous vous proposons après votre congrès, de créer à Dakar une section du Mouvement universel pour une fédération mondiale »…[22]

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[1] Cf. chap. 21, « Continental Government for Africa », dans, Africa must unite, éd. International Publishers Co. Inc., New-York, 1970 ; tr. fr., L’Afrique doit s’unir, éd. Payot, Paris ; republié, dans, Guido Montani, Le tiers-monde et l’unité européenne, coll. Textes fédéralistes, éd. Fédérop, Gardonne 24680, 1982, pp. 108-114.

[2] Cf. « La nature et les exigences de l’unité africaine », dans, Africa Forum, n° 1, juillet 1965, éd. American Society for African Culture. Tr. fr., dans, Montani, op. cit., pp. 125-132. Et, «  L’unité africaine et le gouvernement mondial », extrait de l’introduction de Freedom and Unity, op. cit., pp. 15-20. Cf., Montani, op. cit., pp. 136-139.

[3] Cf. « Unité politique et fédéralisme », chap. 3, pp. 30-34, dans, Les fondements économiques et sociaux d’un Etat fédéral d’Afrique noire, éd. Présence africaine, Paris, 1974, pp. 124 ; et « préface » (1954), pp. 13-23,  Nations nègres et culture, tome 1, rééd. 1979, éd. Présence africaine, Paris, pp. 335.

[4] Cf. F. C. B., « Le Fédéralisme africain », dans, Le Fédéraliste, Pavie, Vol. XXIX, n° 2, 1987, pp. 171-190 ; J.-F. Billion, « Disparition de Cheikh Ahmadou Bamba Fall ; promoteur du Mouvement fédéraliste africain », dans Fédéchoses, n° 92, 2° trimestre 1996.

[5] Signalons le rôle joué à Londres par un certain nombre d’Antillais dès les années 30 ; en particulier, George Padmore, communiste aux Etats-Unis puis responsable du Comintern à Moscou de 1929 jusqu’à sa rupture en 1935. Il fonde alors à Londres le groupe International African Service Bureau et sera, avec William Edward Burghardt Du Bois, considéré comme l’un des pères du panafricanisme. Cf., en part., G. P. Panafricanism or Communism – The Comming Struggle for Africa, 1956 ; trad. fr., Panafricanisme ou Communisme – La lutte à venir pour l’Afrique, éd. Présence africaine, Paris, 1956,  en part., « 3° partie », pp. 117-196.

[6] Cf. J.-F. B., « Senghor, fédéraliste, de la négritude à la civilisation de l’universel », dans, Fédéchoses, n° 115, 1° trimestre 2002.

[7] Cf., J.-F. B., Jean-Luc Prevel, « Jean Rous et le fédéralisme », dans, Le Fédéraliste, Pavie, Vol. XXVIII, N° 2-3, 1986, Pavie, pp. 122-133.

[8] Cf., J.-F. B., Mondialisme, fédéralisme européen et démocratie internationale, coll. « Textes fédéralistes »,  éd. Fédérop, Gardonne 24680, et, Institut Altiero Spinelli d’études fédéralistes, Ventotene, 1997, pp. 218, en particulier, chap. 2.

[9] Cf., note 4.

[10] V. Schœlcher, Les colonies françaises, Paris, 1852, cité dans, Daniel Guérin, Les Antilles décolonisées, introduction A. C., éd. Présence africaine, Paris, 1956, pp. 188, p. 179.

[11] Cf. Ernest Montoussamy, Aimé Césaire – Député à l’Assemblée nationale – 1945-1993, éd. L’Harmattan, Paris, 1993, p. 68 ; D. G., op. cit., 2° partie, chap. 4, « Autonomie ou assimilation ».

[12] Cf. A. C., Pour la transformation de la Martinique en ‘région’ dans le cadre d’une Union Française Fédérée, éd. PPM, Fort-de-France, 1958, pp. 15 ; les citations depuis la note n° 11 en sont tirées.

[13] Il semble par contre sensible aux thèses de Cheikh Anta Diop ; Cf. préface de Cheikh Anta Diop à l’édition de 1979 de Nations…, op. cit.

[14] « Si l’on objecte que la fédération envisagée soit impraticable, il peut être répondu que la Caraïbe, comme le reste du monde, se fédérera ou disparaîtra », dans, The Negro in the Caribbean, éd. Panaf Service Ltd., Londres, 1945, pp. 71, p. 64 ; 1° éd. NY, 1941 ; cf. chap. IIX, « The Political Problem », pp. 52-61, et, chap. IX, « The Future of the Caribbean », pp. 61-67 ; E. E. W., Federation. Two Public Lectures, éd. People’s National Movement, Port of Spain, 1956, pp. 60, et, Eric E. Williams Speaks – Essays on Colonialism and Independence, introd. Selwyn R. Cudjoe, éd. Calaloux Publications, Welesley (Mass.), 1993, pp. 436.

[15] « Un grand espoir est né désormais. Incapables de vivre isolément, d’une économie propre, ou de recevoir l’indispensable aliment matériel, intellectuel, social, par le cordon ombilical long et précaire qui les relie à leurs lointaines métropoles… les ‘Isles’ vont entrer, on le souhaite, dans la voie de la coopération et des échanges… Quels sordides intérêts mercantiles oseraient contrarier la réalisation d’un tel progrès… Quels politiques à courte vue préféreront nous priver de semblables chances de libération économique, les seules conformes à la nature des choses ? Oui, mais pourra-t’on s’en tenir là, demanderont quelques esprits timorés ? Cet engrenage ne nous entraînera-t-il pas, à plus ou moins longue échéance, vers la Fédération ? », dans, « La Conférence des Indes occidentales », pp. 167-170, dans, R. Nainsouta, Ecrits créoles (1941-1948), prés. Dominique Chancé, éd. Karthala, coll. Monde caribéen, Paris, 2004, pp. 300 ; cf., D. G., op. cit., p. 188. Nainsouta a aussi eu une position originale lors des débats sur la départementalisation, cf. D. G., op. cit., p. 152 ; « Presque seul, Rémy Nainsouta… s’est refusé à suivre les assimilationnalistes et leur a opposé, sous l’étiquette de ‘communiste indépendant’, l’idée d’une ‘Communauté antillaise’ ».

[16] Cf. Richard B. Moore, Caribbean Militant in Harlem – Collected Writtings 1920-1972, compilé et présenté par W. Burghardt Turner et Joyce Moore Turner, éd. Indiana University Press, Bloomington et Indianapolis, et Pluto Press, Londres, coll. Blacks in the Diaspora, 1988, pp. 324 ; « Introduction », pp. 1-15 ; « II – Radical Politics », pp. 45-68 ; « III – The Pan-Caribbean Movement », pp. 69-91, et, anthologie, « IX – The Pan-Caribbean Movement in Harlem », pp. 262-290.

[17] D. G., Les Antilles…, op. cit., « Vers une confédération antillaise », pp. 167-179.

[18] « S’il est vrai de dire que la prise de conscience nationale dans chacune des Antilles Françaises rend déjà vermoulu l’édifice départemental vieux seulement de dix ans, cette même prise de conscience ne rend-elle pas plus difficile dans l’immédiat un regroupement des Antilles ?… De toutes les erreurs, la pire… serait de croire que l’histoire marche à une fédération des Antilles dont l’amorce dès maintenant serait la ‘Fédération des Antilles britanniques’ qu’il ne conviendrait que d’élargir… Nous ne refusons pas de croire qu’un jour, dans un avenir qu’il est impossible de déterminer, les pays antillais arrivés chacun par les voies qui lui sont propres à la pleine maturité nationale, décideront librement de s’unir pour mieux se maintenir. (Dans ce cas, il ne s’agira pas d’une Fédération antillaise, mais d’une confédération d’Etats antillais, comme Guérin en convient lui-même). »  A. C., « Introduction », à D. G., op. cit., pp. 16-17.

[19] Cf. C. L. R. J., At the…, op. cit., « On Federation (1958-1959) », pp. 85-128).

[20] Cf., C. L. R. J., « George Padmore: Black Marxist Revolutionnary – A Memoir », 1976, pp. 251-263, dans, At the Rendez-vous of Victory – Selected Writtings, éd. Allison & Busby, Londres, 1984, pp. 320.

[21] Réélu à ce poste pour un deuxième mandat au 10ème congrès du WMWFG à Londres en août 1959, il s’oppose par ailleurs à N’Krumah au début des années 60 et doit s’exiler.

[22] « Selon nous le fédéralisme doit être, à la fois, interne et international. Il est essentiellement la recherche de l’unité dans la diversité… Faute d’avoir pu constituer d’emblée en Afrique de véritables Etats fédéraux, nous avons réalisé, avec l’Union africaine et malgache des unions de caractère confédéral. Ce n’est que sur la base de cette première forme d’union que nous pourrons faire un pas de plus dans la voie de l’Etat fédéral. Vous avez à votre ordre du jour le problème de la réforme des Nations unies… J’ai toujours approuvé les réformes constructives proposées par votre mouvement… il serait tout particulièrement nécessaire de la compléter par une Assemblée des peuples… Je n’oublie pas non plus que, depuis 1953, les fédéralistes mondiaux ont apporté leur pierre à l’édifice de ce que l’on appelle aujourd’hui l’action contre le sous-développement… En ce qui nous concerne, nous sommes engagés sur la terre africaine dans l’action pour vaincre le sous-développement… des mesures de socialisation et de planification qui tiennent compte des libertés de l’homme et de l’existence des vivantes communautés sont de nature à permettre l’équilibre et une croissance continuelle du progrès économique et social. Notre évolution est basée sur l’idée coopérative et communautaire. Nous essayons selon les principes fédéralistes de combiner la centralisation et la décentralisation tout en respectant les identités régionales… ». Cf. Monde uni, n° 54, août 1961.