Chroniques Créations

Le Bar de la plage – épisodes 199, 200 et 201

Episode 199

Une sorte de résolution

Du calme… Si je continue comme ça, je vais finir par avoir des ampoules aux deux doigts qui me servent à taper sur ce foutu clavier (résultat très contrariant pour tenir convenablement une raquette de tennis, surtout en revers).

A l’avenir, faire court.

C’est ce que me dit aussi ma tante cartomancienne en Cornouailles : “Alexandre, arrête de parler pour ne rien dire, ou alors fais quelque chose de sérieux, tiens comme cette Sarah Blakwell… elle a écrit un libre épatant sur Montaigne : Comment vivre, 20 tentatives de réponses”.

Elle raconte que Descartes et Pascal le détestait, pas étonnant, l’un avec sa raison, l’autre ses infinis, Voltaire adoraient ses “branlades” comme disait Montaigne en parlant de ces Essais, il devait s’en servir pour faire rire sa Madame du Châtelet (et si Madame du Châtelet riait, c’était déjà presque gagné), rien à propos de Sartre ni de Simone sur le sujet ; on imagine le pire… ce n’est pas Montaigne qui serait monté brailler sur un tonneau devant les usines Renault de Billancourt…

D’accord, ma chère tante, d’accord, c’est promis, le jour même, à l’heure même, à l’instant même où à l’hippodrome près de chez toi, les trois chevaux dont tu as pronostiqué la victoire dans le tiercé passeront le poteau d’arrivée, en tête et dans l’ordre ; j’arrête.

Georges vient d’annoncer : “Ladies and Gentlemen”.

Ouf …

Episode 200

In slow veritas

Jules était monté sur l’estrade et ses grands chevaux, il tentait de nous éclairer sur l’origine des périodes noires qui avaient émaillé l’histoire des hommes à travers les siècles ; il en était presque à la conclusion :

” et les hommes criaient : On n’en a rien à faire – ferme constatation, mais de quoi…C’est sur de tels emballements que commencent les révolutions sans cap, sans boussole et que, forcément, elles se terminent mal. C’est bien beau de casser ses jouets mais on joue avec quoi après…”

Ce genre de péril ne menaçait pas le Bar de la plage.

Vous nous imaginez en train d’inaugurer une révolution… De jour, passe encore, mais de nuit… il n’y a pas de révolution nocturne. Tout le monde est en boîte de nuit, les autres n’importe où, nous au Phare. On ne révolutionne pas sur un slow, on flirte, on n’agite pas des banderoles. Si dans le monde, les DJ passaient plus de slow, il y aurait moins de révolutions et tous les désastres qui s’en suivent.

Le slow est l’ultime expression musicale de la lenteur, et comme le dit Caro en veine de badinerie : ” Qui va lento va sano, chantait déjà le poète latin accompagné à la lyre par sa cousine Monica”

“Et Guy Marchand dans son inoubliable Destinée,” fit remarquer Louise de V qui selon les dires, aurait connu son premier mari un été à Saint Tropez en dansant ce slow.

Enfin Jules revint sur terre.

Caro très remontée contre Jules pour diverses raisons, dit : “Jules, on n’en a rien à faire”

– De quoi ?

– De tes histoires

Aucune guerre n’éclata.

Le Phare ouvrait à I0 heures…

Episode 201

Il y a des jours comme ça

La vie est bizarre

Personne ne peut dire le contraire. Presque personne, quelques-uns pensent qu’elle suit le cours normal des choses. Bon. Elle peut-être aussi surprenante, inattendue, enchanteresse ou calamiteuse…

Et là je m’attends à dire : ” ce matin, un délicat soleil se réfléchit dans l’eau, annonçant mille et une félicités ” non mais… et puis quoi encore… même Alfred, garçon hypersensible, n’aurait pas osé raconter pareilles fioritures à sa copine Georges dont il connaissait le caractère un peu emporté.

En dépit de prévisions météo pessimistes, il faisait un temps serein, la mer de même et les mouettes en profitaient pour piailler à qui mieux mieux. Décidemment, ces bestioles font partie des à-peu-près de la Création.

Et voilà Leslie qui se pointe dans le plus simple appareil d’une beauté que l’on vient d’arracher au sommeil ou sortant du bain…

demain.