Il y a écrire et écrire
Aujourd’hui j’écris du bout des tempes
Comme un plaidoyer morose pour l’avenir ou la fonte des glaciers
Ce futur de nos pairs qui nous anime à peine
J’intervertis les sens dans ma petite retraite d’argent et refuse
J’écris ces champs bourrés d’insectes qui nous frôlent les cuisses qui nous caressent
J’écris les ébats langoureux que connaissent nos filles et nos mères
J’écris la résilience de l’homme avec une certaine sensualité
Connaissance et conscience
J’ouvre
Une nouvelle partie de jeu au monde impromptu
Un semblant de révélation à la saveur trop rare et écœurante de papaye mûre
Comme toi
J’écris pour défier le temps
Mais qu’est-il vraiment que je puisse défier
Ni mon ombre
Ni l’ombre de mon chien
On connaît la chanson
J’écris pour en finir avec la vie qui m’épuise
Avec ses litanies de civilités hebdomadaires
Qui me font rire ou sourire ou franchement chier
J’écris pour me libérer ou pour mieux me lier
Car j’aime ça
Autant que l’alcool
Autant même que les hommes
La peau a ça de bien qu’elle ne parle pas
Même sous la pression
Même sous la torture
La peau ne dit mot et ne saurait sérieusement s’écrire
Elle goûte et elle sent
Elle perle de plaisir
Elle brille ou s’éteint comme un astre noir baigné de lune
J’aime écrire et ça défie
Ça dépasse
Les commentaires
Comment commenter l’obsessionnel en nous les mots seraient caducs
J’aime écrire comme j’aime adouber certains corps offerts
Qui nous décuplent les tissus
J’aime les honorer
Puis les maltraiter
Avec politesse et sophistication
Et parfois pas
(La sophistication est un luxe qui se paie comptant au royaume des sens)
J’aime écrire lorsque le désir point en moi et que je le sens là prêt à éclore entre mes doigts
Ou lorsqu’il se perd
En colliers de solitude
J’aime ce goût du verbe tendu
À l’hypoténuse
Et de toi
Cette chair diaphane
Que je m’évertue à dévêtir.