Comptes-rendus Pratiques Poétiques

Les trobairitz ou l’amour au féminin – Le Moine de Montaudon

Trobairitz

Un ouvrage de la belle collection « Littérature occitane – Troubadours » de Fédérop est consacré aux femmes pratiquant le trobar, un livre et un seul car elles ont bien moins écrit que les hommes, conformément à la tradition bien ancrée jusqu’à nos jours qui veut l’homme séducteur et la femme séduite. Mais les rôles s’inversent parfois et c’est ici la dame de haute lignée, la dòmna, qui déclare sa flamme envers son « chevalier », son ami (amic). Car – contrairement aux mœurs d’aujourd’hui – bien qu’extraconjugal l’amour dit « courtois » s’affiche au grand jour.

Alors que nous possédons des biographies (vidas) relativement détaillées pour certains troubadours, les renseignements concernant les trobairitz sont inexistants ou très limités, ne dépassant jamais quelques lignes. Certaines d’entre elles sont connues seulement par leur nom, d’autres sont restées anonymes. Encore faut-il ajouter que sur les vingt trobairitz recensées dans l’ouvrage et pour lesquelles on possède donc une trace de leur écriture, la moitié seulement sont dites « autonomes », les autres apparaissent dans une pièce à deux voix, un dialogue (tenson) soit avec une autre femme, soit, le plus souvent avec un homme. Par ailleurs, seules quelques rares mélodies ont été conservées, mais c’est également le cas pour les trobadors.

Même si leur corpus est bien plus limité, les trobairitz cultivent un art tout aussi raffiné et diversifié que leurs homologues masculins. Trois d’entre elles ont écrit des pièces sans autre équivalent dans l’ouvrage. Azalaïs d’Altier a laissé un long salut (épitre) de 101 vers, Tantz salutz et tantas amors (Autant de saluts et d’amour), dans lequel elle plaide auprès d’une noble dame (peut-être Clara d’Anduza ?) la cause d’un amant négligé (Uc de Saint-Cirq ?).

Bieiris de Romans est l’auteure d’un chant d’amour lesbien, Na Maria, prètz et fina valors (Dame Marie, prix et fine valeur) ce qui la rend particulièrement unique :

Car en vos ai mon cor e mon talan
E per vos ai tot çò qu’ai d’alegrança.

Car en vous est mon cœur et mon désir / Et c’est de vous que je tire ma joie.

Gormonde de Montpellier (peut-être une dominicaine) a écrit pour sa part un sirventes en faveur de l’Église de Rome et des Français au temps de l’hérésie cathare. Outre sa teneur politique, ce poème a la particularité de répondre à celui d’un troubadour du camp opposé, Guilhem Figueiras, en en respectant la structure particulièrement savante, soit vingt coblas de 7 vers (4 hendécasyllabes et 3 pentasyllabes) enrichis de rimes intérieures, comme on peut l’observer sur cette cobla proclamant la perfection de Rome :

En Roma es complitz totz bes, e qui’ls pana,
Sos sens l’es falhitz, car si meteis engana :
Qu’el n’èrtz sebelitz, don perdrà sa ufana.
Dieus auja mos prècs :
Que celhs qu’an mals bècs,
Joven e senècs, contra la lei romana,
Cajon dels bavecs.

À Rome est parfait, tout bien et qui le nie / Perd tout son bon sens car lui-même il se trompe : / Mais une fois mort, il perdra son orgueil. / Et que dieu m’exauce ! / Que les méchants becs / Jeunes comme vieux qui nient le loi de Rome / tombent en enfer ! (?)

La comtesse de Die (1) est avec Na Castelosa la plus célèbre des trobairitz. Mais contrairement à la seconde dont les cansos disent la peine de celle qui ne se sent pas aimée, la comtesse développe dans les quatre pièces qu’on a conservé d’elle (des coblas de 8 vers unisonans) une philosophie amoureuse singulièrement audacieuse. Ainsi dans la canso Ab joi et ab joven m’apais (Joie et jeunesse me nourrissent), affirme-t-elle le droit d’aimer ouvertement :

E dòmna qu’en bon pretz s’enten
Deu ben pausar s’entendença
En un pro cavalièr valen,
Pòis qu’ilh conois sa valença,
Que l’aus amar a presença ;
Que dòmna, pòis am’ a presen,
Ja pòis li pro ni l’avinen
No’i diràn mas avinença.

Une dame de haut mérite / Devra placer son amour / En un chevalier valeureux / Et si elle sait sa valeur, / Qu’elle l’aime ouvertement, / Et de dame qui ose ainsi, / Les nobles et les courtois / Ne diront que des louanges.

Dans Estat ai en grèu cossirièr (J’ai été en grave souci), elle invite son « chevalier » à pratiquer avec elle la modalité la plus charnelle de l’amour courtois, l’assag (essai).

Ben volria mon cavalièr
Tener un ser en mos bratz nut
[…] Bel amics, avinenz e bos,
Quora’us tenrai en mon poder,
Et que jagués ab vos un ser,
Et que’us dès un bais amoròs ?
Sapchatz, gran talan n’auria
Que’us tengués en luòc des marit,
Ab çò que m’aguessetz plevit
De far tot ço qu’eu volria.

Je voudrais bien tenir un soir / Mon chevalier nu dans mes bras […] Doux ami, charmant et courtois, / Quand vous tiendrai-je en mon pouvoir, / Couchée un soir auprès de vous / Pour vous donner baiser d’amour ? / De vous serrer j’ai grande envie / À la place de mon mari / Pourvu que vous m’eussiez promis / De faire tout à mon désir.

Contrairement au mari, plus préoccupé du souci de sa descendance que des envies de son épouse, le troubadour est au service de sa dame. Celle-ci entend qu’il la charme, le plus souvent par son chant mais elle peut aussi exiger de lui davantage. Dans l’assag, la dame et son amant sont couchés nus dans un lit. L’amant est tenu de procurer un plaisir physique à sa dame sans lui-même se laisser aller jusqu’à l’orgasme ; celui qui rate l’épreuve est répudié : c’est ainsi qu’on présente une pratique – exceptionnelle ou non – censée être acceptée par les époux, certains d’entre eux au moins.

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Cet ouvrage sur les trobairitz se distingue des autres de la collection par le présence, déjà notée, de chansons dialoguées. Dialogues entre deux femmes ou plus souvent entre une femme et un homme. L’identité de la trobairitz est le plus souvent indécise. Même quand un nom lui est attribué, il est difficile, aujourd’hui, de savoir de qui il s’agissait exactement. Il n’est donc pas exclu que telle ou telle tenson ne soit qu’une fiction inventée par un trobador. Certaines mettent en scène un homme mal aimé qui prie une femme d’intercéder pour lui auprès de la femme aimée. Les autres soulèvent des problèmes de casuistique amoureuse et apportent donc des renseignements précieux sur l’amour chez les nobles au XIIIe siècle. Parmi les problèmes soulevés : la dòmna qui s’estime offensée doit-elle pardonner face au repentir sincère de son amant (N’Almucs de Castelnòu et N’iseut de Capton) ; l’amoureux doit-il sacrifier une rencontre avec sa dame pour secourir une personne en grand danger ? (Guilhelma de Rosers et Lanfranc Cigala) ; l’amour crée-t-il l’égalité entre les deux amants ou la dame reste-t-elle supérieure quoi qu’il arrive ? (Maria de Ventadorn et Gui d’Ussel).

Autre question posée par deux trobairitz, N’Alaisina Iselda et Na Carenza : est-il préférable de se marier et de supporter les inconvénients de la maternité ou de rester vierge ?

Mas far infans cuit qu’es gran peniteça,
Que las tetinas pendon aval jos
E lo ventrillo es ruar e’nojós.

Mais enfanter est une pénitence : Car les tétons vous pendent par dessous / Et le bas-ventre est dolent et ridé. Comme on voit, le Moyen Âge n’était pas prude ; poétiser n’empêchait pas d’user de mots crus.

Jusqu’où l’amant doit-il se montrer entreprenant ? Dans la tenson entre la comtesse de Provence et Gui de Cavaillon (datée de la première décennie du XIIIe siècle), c’est l’homme qui prône la modération et le respect, la femme qui incite son amant à la hardiesse.

Ez avètz dam en vòstre vulpilhatge,
Quar no’us ausatz de prjar enardir ;
E faitz a vos ez a mi gran damnatge,
Que ges dômna non ausa descobrir
Tot çò qu’ilh vòl per paor de falhir.

Ce qui vous nuit c’est votre couardise / Vous n’êtes pas hardi pour me prier / Et le dommage est à vous comme à moi / Car nulle dame n’ose dévoiler / Ce qu’elle sent, par crainte de faillir.

À l’inverse, dans la tenson entre Dame Lombarde et Bernard Arnault, c’est l’homme qui reproche à la dame de ne pas lui accorder assez vite ses faveurs, alors que celle-ci lui reproche d’hésiter, malgré ses dires, entres plusieurs dames.

Vòlh que’m digatz
Quals mais vos platz
Ses cuberta celada,
E’l miralh on miratz.

Mais quelle est donc / La mieux aimée ? / Dites sans mots couverts / Dans quoi vous mirez-vous ?

Dans le débat entre un mystérieuse dame H (2) et un certain Rosin tout aussi mystérieux, au point qu’on pense plutôt à une fausse tenson – il est, quoi qu’il en soit, et comme le précédent plus tardif que la tenson entre la comtesse de Provence et Gui de Cavaillon – si l’on retrouve les rôles inversés par rapport à ceux que l’on attribue traditionnellement à la femme et à l’homme, on n’est plus maintenant dans l’évocation d’un amour « courtois » qui ne devrait pas s’aventurer au-delà de quelques baisers ; c’est à nouveau de l’assag qu’il est question. Soit la situation suivante : une femme prend ses deux amants dans son lit, leur faisant promettre de se contenter de la tenir et de l’embrasser (que plus mas tener e baisar). L’un se plie à la règle posée par la dame, l’autre « oubliant son serment se dépêche d’aller au fait ». Rosin défend la conception « courtoise » de l’amour alors que la Dame H prend parti pour l’amant qui est allé au bout de son désir :

Qu’als jazer et ab remirar
L’amors corals recaliva
Tan fòrt que non au ni non ve
Non conois quan fai mal o be.

Car dans un lit avec sa dame / L’amour sincère le réchauffe / Si fort qu’il ne voit ni n’entend / Et ne sait s’il fait mal ou bien.

Dame H ne se contente pas de l’excuser, elle le félicite de « prendre son bien ».

Mas l’arditz on prètz s’aviva
Saup gen sa valor enansar,
Quant pres tot cò que’lh fon plus car,
Mentre’lh fon l’amors aisiva.

Mais le hardi au grand mérite / Sut bien accroître sa valeur / En prenant son bien le plus cher / Quand l’amour lui était propice.

Une dame a-t-elle vraiment écrit cela, même sous le couvert de l’anonymat ? C’est pour le moins douteux. Que ce dialogue soit réel ou fantasmé, il n’est pas moins remarquable de voir surgir l’éloge d’un érotisme aussi poussé dans un texte en occitan du XIIIe siècle.

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Le Moine de Montaudon

On s’étonnera peut-être de voir associé dans cette chronique un moine à des dames, les clercs, a priori, n’ayant rien à voir avec elles. Sauf que nous sommes au Moyen Âge où l’on considérait ces choses-là différemment d’aujourd’hui. Or le troubadour resté comme « le Moine de Montaudan » n’a pas commis que des chansons d’amour ; il a évoqué dans certaines tensons la physiologie féminine dans des termes encore plus crus que la dame H (si « dame » il y a bien) à propos du désir.

Bien qu’on demeure dans l’ignorance de son nom de baptême, on connaît assez bien, par sa vida et par une tenson, le parcours de ce cadet de famille, né dans le Cantal, fait moine à Aurillac, puis prieur de Montaudon (lieu non identifié). Il écrivait, étant moine, des cansos et des sirventès qui lui apportèrent les faveurs des nobles seigneurs et barrons, contribuant ainsi à la prospérité de sa maison : el portavat tot a montaudon, al sieu priorat (il apportait tout à Montadon, à son prieuré). Il obtint de son abbé la permission de quitter la bure et de suivre les préceptes du roi Alphonse II d’Aragon, seigneur du Carladès, dans le Massif Central, où se trouvait vraisemblablement Montaudon. Le règne d’Alphonse d’Aragon dit Alphonse le Chaste ou encore le Troubadour, s’étend de 1164 à 1196. Selon la vida, ce roi commanda à notre moine qu’el manjes carne et domnejes e cantes trobes (qu’il mange de la viande, courtise les dames et chante et compose des vers). À l’apogée de sa carrière, notre monge fut fait « seigneur du Puy Sainte-Marie » (Le Puy en Velay), chargé de « donner l’épervier », c’est-à-dire de récompenser le vainqueur des épreuves en vogue à la cour du Puy qui demandaient de faire preuve autant de sa force, de son adresse que de son talent poétique. Rentré dans les ordres, il acheva sa vie dans un autre prieuré dépendant toujours de l’abbaye d’Aurillac, probablement près de Villefranche-de-Conflent : un priorat en Espaingna, que a nom Vilafranca, qu’es de l’abaia d’Orlac.

Le moine de Montaudon a laissé quatorze pièces. Parmi les onze qui sont reproduites dans l’ouvrage de Fédérop, les quatre premières s’inscrivent dans la tradition du fin’ amor et démontrent une virtuosité qui explique sans doute la faveur dont il jouissait auprès des connaisseurs. Ainsi dans Era pot ma domna saber (Enfin ma dame peut savoir) qui contient des formules poétiques bien choisies, comme celle-ci :

mon cor, l’autrier, que.m laisser en durmen
ab vos remas, domna, et ab vos es
de bon loc moc – mal en meillor s’es mes.

mon cœur, l’autre soir endormi me quittant / alla chez vous, dame, et chez vous demeure ; / d’un bon lieu pris, s’est mis en un meilleur.

Cette canso unisonnans de six couplets commençant par un octosyllabe et suivi par huit décasyllabes, plus une tornade de quatre vers est adressée, comme celle d’où sont extraits les vers suivants – qui débute par Aissi cum cel q’a estat ses segnor (Comme celui qui était sans seigneur) – à Marie de Ventadour, une dame chantée par maints poètes, trobairitz elle-même comme on l’a vu plus haut. Le moine en était-il vraiment amoureux ou jouait-il simplement le fin’amor pour obéir aux conventions du temps ? Il se confirme en tout cas qu’il savait tourner un compliment :

Bella domna, de vostra gran valor
no sai tan dir que vos mais non aiatz
[…] Mas de bon cor vos am tan finamen
[…] totz temps, dona, vos anera siguen
ses cor que ia re no vos en disses

Belle Dame de haute valeur / je ne sais rien dire que vous n’ayez. […] Mais de bon cœur vous aime si parfaitement […] toujours, dame, j’irai vous suivant / sans vouloir vous l’avouer.

Dans le chant Mos sens e ma conoissensa (Mon âme et ma conscience), le moine évoque en des termes on ne peut plus courtois sa rencontre avec une dame à laquelle il a cédé son cheval !

qu’ans li fatz lige homenatge
e.il refier grat e merce
per amor del palafre
don si.m laisset devallar

car je lui rends hommage lige / et grâce et merci je lui dois / pour l’amour du palefroi / d’où sauter elle me permit.

Ayant fait ses preuves dans le fin’amor, le moine put donner libre cours à sa verve satirique, comme dans le sirventes Be m’ennuia, ici traduit par « M’insupporte ». Exemple :

Ennuia me longa tempradura,
e carne quant es mal cuech’e dura,
e prestre qui ment ni.s perjura,
e veilha puta que trop dur.

M’insupporte abstinence qui dure, / et viande mal cuite et dure, / et prêtre qui ment et parjure, / et veille pute qui perdure.

À la suite de Peire d’Alvernhe qui avait dressé une galerie satirique et en vers des troubadours, le monge a drossé de brefs portraits humoristiques de seize de ses compagnons de trobar, parmi lesquels deux, Arnaut Daniel et Peire Vidal, figurent au catalogue de la collection « Troubadours ».

Dans un autre genre encore, deux tensons considèrent la question du maquillage des dames. Dans la première, le poète plaide à sa façon auprès de Dieu la cause des femmes :

s’elshas se genson no vos tir ;
abanz lur o devetz grazir,
si.s podon ses vos bellas far.

qu’elle s’embellissent ne vous gêne pas / remerciez les plutôt pour ça / que sans vous belles elle se fassent.

Cette tenson contient des notations physiologiques – les dames recherchent un fard épais que per pissar no-s pert leumen : qui ne se perde pas en pissant (3) – voire paillarde, une abondante miction s’avérant une entrave à la copulation.

Senher, fuecs las pueoscas cremar,
qu’ieu non lur puesc lur traucs omplir
ans quan cug a riba venir
adoncs me cove a nadar.

Seigneur que le feu les dévore / car je ne peux leur trou emplir / et quand je sens la rive venir / il faut que je nage encore (sic!).

Un deuxième tenson amplifie le propos en mettant aux prises successivement les statues saintes (qui revendiquent leur antériorité en matière de peinture), les femmes, Dieu et ses saints. S’en suit un marchandage au terme duquel les femmes n’auraient le droit de se maquiller que pendant quinze années de leur vie…

Plus sérieux, mais guère, le dialogue entre le moine et Dieu, L’autrier fuy en paradis (Tantôt j’étais au paradis), contrairement à Manens e fraires foron companion (Manant et frère en compagnons), lequel met face à face un « manant » (un paysan, riche en l’occurrence) et un frère (un clerc) désargenté. Un conte qui nous rappelle pour commencer la fable de la cigale et de la fourmi :

So ditz lo manens : Frairi dechazei,
tant avetz joguat, no.us laissetz esplei
mas gabs avetz be ad egual d’un rei,
ja us vers no sia.

Lors dit le manant : Pauvre déclassé / vous avez tant joué, rien ne vous est resté / mais en vanteries vous êtes l’égal d’un roi / quoique aucune n’est vraie.

Mais qui se termine comme un sermon car si le frère est prêt à confesser ses fautes – greu veiretz prohome qu’a temps no folei (il n’est prud’homme qui parfois ne « foleye ») – il ne manque pas de rappeler la malédiction du Christ contre les riches :

So dis lo frairis : Aisso vos plevis,
qu’aver ajostar non es paradis ;
ans comandet Dieus qu’om lo departis
tot per cofrairia.

Lors dit le frère : Ça, je vous garantis / qu’amasser l’avoir n’est pas le paradis / car Dieu commande qu’on se partage / tout par fraternité.

Contrairement à d’autres et à la différence de ses propres cansos, le monge ne cherchait pas un grand raffinement stylistique dans ses tensons. On le voit dans celle-ci où la rime des décasyllabes change à chaque quatrain, seul le pentasyllabe conclusif conservant la même rime en « ia ».

L’Amour au féminin : les Femmes-troubadours et leurs chansons. Édition bilingue occitan-français. Introduction et traduction de Pierre Bec. Fédérop, Le-Pont-du-Rôle, 24860-Gardonne 2013, 192 p., 15 €.

Les Braves Heures du Moine de Montaudan. Édition bilingue occitan-français. Présentation et traduction de Luc de Goustine. Fédérop, Le-Pont-du-Rôle, 24860-Gardonne, 2020, 152 p., 15 €.

Dans la même série :

Michel Herland, « Cansos : Arnaut Daniel, la croisade albigeoise ».
https://mondesfrancophones.com/publications/cansos-arnaut-daniel-la-croisade-albigeoise/

Michel Herland, « Troubadours : Bertran de Born, Bernard de Ventadour, Peire Vidal ». https://mondesfrancophones.com/publications/troubadours-bertran-de-born-bernard-de-ventadour-peire-vidal/

(1) Ci-dessus son buste dans la ville de Die.

(2) Curieux rapprochement à travers les siècles : Au mystère de cette « dame H » du XIIIe siècle semble répondre l’énigme du poème des Illuminations intitulé « H ».

(3) Formule énigmatique. Il est avéré néanmoins que l’urine était appréciée au Moyen Âge pour ses vertus purifiantes et qu’elle a pu servir de produit démaquillant. Cf. dans l’encyclopédie du XIVe siècle Elucidari de la proprietaz de totas res naturals, l’article « Urina ».