Chroniques Comptes-rendus

Alain Souchon et ses Fils – 100 Minutes de Grâce aux Arènes de Bouillargues

Le 5 juillet 2025 Alain Souchon et ses fils, Pierre et Charles (dit Ours), revenaient aux arènes de Bouillargues pour une prestation exceptionnelle, où leur état de grâce emplit de bonheur les 1000 spectateurs présents pour cette belle soirée d’été.

Pour comprendre cette situation extraordinaire, il faut se souvenir des évènements survenus un an plus tôt, où leur concert avait été dû être annulé suite à un déluge survenu 2 heures avant le début du spectacle.

AH L’EAU MAMAN BOBO

Ce titre transformé d’une des plus célèbres chansons d’Alain Souchon s’applique parfaitement à la soirée cauchemardesque du 29 juin 2024 à Bouillargues.

Cauchemardesque pour les organisateurs et les chanteurs.

Cauchemardesque également pour les 1000 spectateurs, qui attendaient de pouvoir entrer dans les arènes pour assister à ce spectacle préparé depuis de longs mois.

De l’eau, il en faut, mais pas trop à la fois, comme lors de cet orage qui s’est déclenché vers 19 h 20, a duré un quart d’heure, et a noyé la scène et le parterre des arènes.

Le risque électrique demeurant évident, nous avions dû nous résoudre, la mort dans l’âme, à annuler le concert.

Mais désolés pour le public, Alain Souchon et ses fils avaient réalisé un mini concert de 3 chansons, à la guitare sèche, à la porte des arènes pour remercier et consoler les spectateurs frustrés, en leur promettant de revenir…

Ce qu’ils firent l’année suivante, honorant leur engagement, et se surpassant pour ce public fidèle qui était revenu, comme s’ils avaient eu une dette à son égard…en faisant preuve d’empathie et de grandeur d’âme.

 

 

L’originalité de cette formule de trio familial tient justement dans la familiarité qui imprègne les échanges entre les deux fils et leur père sur la scène. Un jeu de questions et de suppositions, souvent imprégné d’humour, permet de dévoiler quelques évènements particuliers et fondateurs de leur histoire familiale.

CASABLANCA

Un exemple significatif et attachant, la chanson « Casablanca », qui permet, grâce à un dialogue de préciser les péripéties qui ont présidé à la naissance même d’Alain Souchon.

Évidemment, le titre évoque le célèbre film joué par Humphrey Bogart et Ingrid Bergman en 1942 sous la direction de Michael Curtiz.

Alors qu’il écrit généralement en solitaire, Alain Souchon, pour traiter ce sujet délicat, les amours de ses parents, fait appel à David McNeill *.

La première strophe est construite comme une vraie scène de cinéma, en référence au film.

Il était comme un prince calmé
Mais l’homme avait le cœur à deux cents
Il a garé la Delahaye
Devant le palais du résident
Elle l’attendait dans sa robe longue
Appuyée sur le piano, là
Les gens dansaient sur Macky Song
En attendant la tombola, la tombola

C’est en 1943 que se déroule l’histoire d’amour entre sa mère Madeleine, épouse Kienast, et Pierre Souchon, professeur d’anglais qui officiait comme interprète des généraux américains, dans la ville de Casablanca.

Alain portera à sa naissance le nom du mari de sa mère.

Regard Ouragan sur le Caine
Mais sa vie s’est arrêtée là
Il fumait les américaines, de l’USS Oklahoma
Elle a pris une corne de gazelle
Et s’est servi un pimems à l’eau
Comme il aimait pas le jazz
Elle a demandé qu’on mette un slow, qu’on mette un slow

Né le 27 mai 1944 à Casablanca, Alain Kienast vivra 6 mois au Maroc avant de passer toute son enfance à Paris. Sa mère rejoindra Pierre quand Alain aura 7 ans. Alain perdra son père dans un accident de voiture à l’âge de 14 ans. C’est ce même prénom qu’il donnera à son premier fils né en 1972, le cadet étant prénommé Charles dit Ours, né en 1978.

C’est en 1988, à l’âge de 44 ans, qu’il changera légalement de patronyme, pour celui de Souchon, ainsi que ses deux fils.

Abandonnant sa limousine
Il l’a ramenée en calèche
Dans la nuit froide des muezzins
Rêvaient d’un poste à Marrakech
Les marins dans les ambulances
Chantaient plus fort que leur sirène
Bogart offrait place de France
Du vin d’Alsace à sa Lorren, à sa Lorren

 

UN TOUR DE CHANT DE 23 CHANSONS

Étant l’auteur de plus de 300 chansons, pour la plupart seul ou avec Laurent Voulzy,

il en chantera 23 à Bouillargues.

Ce sera un mélange de succès et de chanson moins connues, que ses fils se seront permis d’exhumer pour les faire réentendre.

Le public écouta religieusement les chansons redécouvertes, et reprit en chœur les « tubes », comme :

 

-La Beauté d’Ava Gardner

-Somerset Maugham

-Sous les Jupes des Filles

-La Vie ne vaut rien

-Rame

-Poulailler Song

-Foule Sentimentale

 

Pour finir en triomphe avec :

-J’ai 10 ans

Et Allo Maman Bobo

 

Il faut noter l’engagement total d’Alain Souchon dans sa prestation.

Malgré son âge (81 ans), il ne triche pas et se donne sur scène comme un gamin de 20 ans,

désireux de satisfaire pleinement un public tout-à-fait acquis à sa cause.

L’ambiance familiale sur la scène vient atténuer la dureté du métier et faciliter le contact avec le public, en créant une connivence et une complicité.

 

C’est un public enchanté qui quittera les arènes sous un ciel d’été provençal, emportant dans son esprit ces 100 minutes de grâce vécues avec Pierre, Charles et Alain Souchon.

 

 

* Se reporter au livre de Valérie Alamo : « Souchon – Une Vie en Chansons »

(Hugo-Doc département de Hugo Publishing)