Expositions

L’exposition Camoin à Aix-en-Provence

afficheDepuis la rénovation du musée Granet, le musée des beaux-arts d’Aix-en-Provence, plusieurs expositions ont été organisées autour de Cézanne : « Cézanne en Provence » en 2006, « Picasso-Cézanne » en 2009, « Le Grand Atelier du Midi » en 2013, « Chefs d’œuvre de la collection Pearlman – Cézanne et la modernité » en 2014. Cette année, le directeur du musée, Bruno Ely a choisi de rendre hommage à un jeune disciple de Cézanne, mais non le moins fervent, Charles Camoin (Marseille 1879 – Paris 1965). Camoin effectue son service militaire dans le Midi lorsqu’il pousse pour la première fois la porte de Cézanne, en 1901. C’est alors la dernière période de la vie du maître, celle de l’atelier des Lauves où il travaillera jusqu’à la fin, en 1906, avec de fréquentes excursions « sur le motif ». En dépit de la différence d’âge et du caractère pas toujours facile de Cézanne, une relation de confiance s’instaure entre les deux peintres, comme en témoignent les lettres de l’aîné qui prend souvent des accents paternels pour inciter Camoin à se détacher des théories et des modes pour à laisser libre cours à ses « sensations ».

Autoportrait en soldat (1901)

Autoportrait en soldat (1901)

On range Camoin parmi les « Fauves ». L’une des raisons en est qu’il faisait partie du groupe de peintres exposés dans la salle VII du Salon d’Automne de 1905 qui furent qualifiés ainsi par un critique. S’il est vrai que quelques-unes  de ses toiles apparaissent caractéristiques d’un certain fauvisme, avec des aplats de couleur, parfois cernés de noir (une définition de toutes façons trop réductrice), sa production apparaît plutôt marquée par l’influence des impressionnistes et de Cézanne, avec des touches de couleurs sur les couleurs déjà posées sur la toile et des contours qui se brouillent quand on s’approche du tableau.

camoin-charles-002Naturaliste jusqu’au bout, Camoin a surtout peint la Méditerranée, ses ports, ses criques, des pins au bord de l’eau, des bateaux de pêche. Il a également peint quelques portraits, le plus souvent de femmes, quelques nus. Le portrait de son ami le peintre Marquet est particulièrement remarquable par sa facture très cézannienne. Lorsque des personnages sont perdus dans un paysage leurs visages sont représentés par une simple tache rose, sans aucun détail.

Saint-Tropez - baie des Caroubiers (1939)

Saint-Tropez – baie des Caroubiers (1939)

Si Camoin a eu une longue et brillante carrière, l’exposition d’Aix –

Portrait de Marquet (1904)

Portrait de Marquet (1904)

pour autant qu’elle soit représentative de l’ensemble de l’œuvre – incite à préférer les œuvres de la jeunesse. À compter des années 30, ses tableaux apparaissent le plus souvent en effet comme des répétitions de ce qu’il avait déjà fait, plutôt mieux, auparavant. On est porté à penser qu’il a peint par la suite ce que les amateurs attendaient de lui, sans chercher à innover, comme un bon artisan plutôt que comme un peintre habité par son art. Cela n’empêche pas quelques belles réussites – toujours à en juger d’après la sélection présentée au musée Granet – mais l’ensemble des tableaux présentés au premier étage du musée déçoit par rapport à ceux du rez-de-chaussée qui est consacré aux débuts du peintre.

Lola sur la terrasse (1920)

Lola sur la terrasse (1920)

De nombreux croquis, aide-mémoires pour de futurs tableaux, ainsi que de rapides caricatures (souvent de camarades de régiment) complètent un ensemble qui ne compte pas moins de 90 peintures et 40 dessins, aquarelles et pastels.

 

Terrasse à Saint-Tropez (1937)

Terrasse à Saint-Tropez (1937)

Camoin dans sa lumière, Musée Granet, Aix-en-Provence, 11 juin-2 octobre 2016.