Chroniques Tribunes

Génération 44 : nous sommes (presque) tous des survivants

En cet an de grâce 2024, nous atteignons tous la fameuse barre des 80 ans.

A notre naissance, l’espérance de vie était légèrement supérieure à 60 ans.

Nous avons donc gagné 20 ans sur cette prévision moyenne, soit un dépassement de 33%.

Et ce n’est pas terminé, on peut continuer à faire des projets.

 

Nous sommes (presque) tous des SURVIVANTS. Pourquoi ?

 

De nombreuses raisons expliquent cette heureuse situation.

1 – les progrès de la médecine, surtout au début du 21ème siècle, qui invente de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies. Nous sommes nombreux à pouvoir en témoigner, car sans ces découvertes nous ne serions plus là aujourd’hui.

2 – une jeunesse très saine, où l’on marchait beaucoup, roulait en bicyclette, mangeait simplement et sainement, avant les ravages de la malbouffe. Il y avait très peu de « gros » à l’école primaire ou au lycée.

On pratiquait le calcul mental, apprenait la grammaire et les conjugaisons, récitait par cœur poèmes et poésies, ce qui musclait notre cerveau !

Et on n’était pas gavé de gadgets électroniques…

On a eu une jeunesse vraiment « écolo », contrairement aux jeunes d’aujourd’hui, qui ne savent même plus aller à l’école à pied, conduits par leurs parents en 4×4 ou en SUV, roulent en trottinettes électriques, sont de gros consommateurs d’énergie, et malheureusement addicts à la malbouffe.

3 – on a échappé au risque d’accidents, malgré de nombreux déplacements en voiture ou en avion. Il y a là un certain facteur chance, qui ne s’explique pas, si ce n’est par référence à la philosophie de l’Absurde chère à Camus.

J’ai parcouru des dizaines de milliers de kilomètres en voiture ne serait-ce qu’à titre professionnel, sans même être flashé par un radar, alors que ma vitesse était supérieure aux normes.

4 – une activité physique et intellectuelle riche après 60 ans.

Quand nous étions jeunes, on était vieux à partir de 50 ans.

Notre génération a su déjouer cette norme en continuant à être active à l’âge de la retraite.

Parmi ceux qui atteignent 80 ans, il y a très peu d’inactifs. Virés comme des malpropres avant 60 ans par les grandes entreprises, ou exclus de l’administration par respect de la sacrosainte limite d’âge de la retraite, nous avons su nous reconvertir et continuer à jouer un rôle dans la société : création d’entreprise, conseil, gestionnaire d’association, fonctions électives au service de la collectivité, création littéraire, picturale, musicale, nouvelles études, voyages, etc.

Nous avons poursuivi des activités sportives en les adaptant à nos possibilités, marche, natation, gymnastique, etc.

Nous avons ainsi continué à faire travailler nos muscles et nos neurones, ce qui est le meilleur moyen de rester jeune.

Et nous continuons à faire des projets !

 

*dessin de Deligne, publié dans le journal La Croix le 28 10 2023

**et voisines (43-45)