Scènes

Avignon 2019 – 8 « La Maison de thé » d’après Lao She (IN)

« L’événement » du IN a fait flop. Ce n’est pourtant pas faute de moyen. 19 comédiens, 3 musiciens électro-rock et surtout le décor en forme de carène d’un Airbus en cours de montage qui vous en met plein les yeux. Et l’on ne peut pas dire que la M.E.S manque d’imagination, à preuve cette séquence qui fait dialoguer trois squelettes géants. C’est la première fois qu’un spectacle chinois est invité dans le IN. Peut-être pour ça qu’on a mis les petits plats dans les grands. Même si, dans un éclair de clairvoyance, la programmatrice du festival, Agnès Troly, a obtenu de Meng Jinghui (M.E.S.) qu’il réduise la durée de cinq à trois heures. Mais c’est encore trop pour les spectateurs qui s’égrèneront vers la sortie sans attendre le clou de la pièce, quand la roue géante, enfin, se mettra à tourner.

Qui trop embrasse mal étreint. Meng Jinghui, né en 1965, est présenté comme un pionnier de l’avant-garde théâtrale chinoise tourné vers l’Occident dont il a monté plusieurs pièces. Si son idée d’entrelarder le texte de Lao She (1899-1966) avec des extraits de Dostoïevski, de Brecht et d’autres pouvait a priori se défendre, elle contribue surtout, a posteriori, à brouiller le propos. Même s’il semble que Lao She ait été éliminé pendant la Révolution culturelle, il fut un auteur célèbre dans son pays et sa pièce est une vaste fresque qui raconte l’histoire de la Chine à trois époques à travers les habitués d’une maison de thé pékinoise. Meng Jinghui l’a transformée en un patchwork de scénettes, souvent très bruyantes, y compris quand la musique n’y est pour rien, dont on perd rapidement le fil. Sans doute les surtitres n’aident-ils pas. Mais on a vu tant de pièces captivantes bien que surtitrées que ce ne peut être une explication suffisante.

Si l’on a eu la vaillance de rester jusqu’au bout, on sort épuisé de ce foutoir baroque, en regrettant que cette première chinoise dans le festival ne se soit pas révélée plus digeste.