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Les Quarteronnes de La Nouvelle-Orléans, par Sidonie de La Houssaye

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Les Quarteronnes de La Nouvelle-Orléans : Présentation de Christian Hommel.
Lisez un extrait des Quarteronnes de la Nouvelle-Orléans, par Sidonie de la Houssaye, Vol. I, Octavia la quarteronne suivi de Violetta la quarteronne. Shreveport : Éditions Tintamarre, 2006.
Lien vers le site du roman aux Éditions Tintamarre.

           

            Sidonie de La Houssaye, née Hélène Perret, a vu le jour le 17 août 1820 à Edgar, sur l’habitation de son père à cinquante kilomètres au nord-ouest de la Nouvelle-Orléans. Au moment de sa mort, le 18 février 1894, elle attendait la publication de la première partie de sa tétralogie Les Quarteronnes de La Nouvelle-Orléans dans le journal louisianais, Le Méchacébé. Gina la quarteronne paraît à partir de février 1895 et Dahlia la quarteronne, à partir du printemps 1897, et ce, jusqu’au 30 juillet 1898.

            Bien que l’« Introduction » d’Octavia la quarteronne annonce au lecteur « l’histoire vraie des quarteronnes de la Nouvelle-Orléans », la narratrice déborde des cadres qu’elle s’est fixés pour aborder l’histoire de ses « sœurs de lait » : les Créoles blanches.

Aux histoires hautes en couleur d’Octavia et Violetta, qui mettent en scène des courtisanes qui n’ont rien à envier à la Violetta de Dumas fils et à la Nana de Zola, succèdent d’autres histoires, toujours très colorées, mais dont les héroïnes tirent cette fois leur couleur non pas de leur peau basanée, mais de leur honneur outré : le roman des Quarteronnes de la Nouvelle-Orléans, c’est aussi celui de femmes blanches jalouses.

Si la narratrice déplore la situation de ces femmes forcées par la nécessité (quand ce n’est pas sous les traits cupides de tante Pasie ou de grand-mère Babette) de se placer ou de se vendre à de riches blancs, louisianais ou de passage, elle admire le savoir-faire de ces dernières à tirer profit des atouts et des possibilités qui s’offrent à elles.

Tout compte fait, si elles ne jouent pas « la carte du mythe », de l’irrésistible Créole de couleur, ne doivent-elles pas accepter une condition socio-économique inférieure et se mettre au service des autres ? La femme de couleur placée jouit à cet égard d’un certain avantage sur la femme blanche, le plaçage, à la différence du mariage, étant un contrat temporaire prenant fin au bout de quelques années. Comme ce contrat découle sur l’octroi d’une maison ou d’un appartement à la concubine, une fois la liaison terminée, la femme de couleur se trouve indépendante dans la trentaine, maîtresse de ses finances et de sa personne. Tout porte à croire que bien des femmes blanches, recluses dans leur intérieur domestique, ne pouvaient qu’envier la relative liberté de la quarteronne placée.

Les histoires se terminent presque toutes par la mort de l’héroïne, qu’elle soit blanche ou de couleur, fautive ou pas, mais ses équipées, qui courent sur des centaines de pages, sont comme autant de rêves d’évasion, et racontent bien d’autres histoires

Comme note Werner Sollors, Octavia et Violetta, femmes fatales et immorales, mènent au désastre les jeunes hommes qui tombent désespérément amoureux d’elles au cours de ces intrigues amoureuses où, sans surprise, les hommes blancs au cœur faible, sont réduits en esclavage, mais elles ne sont pas seules. À ces deux premières parties viennent s’ajouter les deux autres, racontant, entre autres, les histoires de Gina, Gothe et Dahlia, mais aussi celles de Léontine Percy, Héloïse de Kernokey et Léna Godwin.

En prenant le pari d’écrire « l’histoire vraie des quarteronnes de la Nouvelle-Orléans », Sidonie de La Houssaye était loin de se douter des voix qu’elle emprunterait.

Solidement documentées, l’introduction et les notes de Christian Hommel guident le lecteur tout au long de ces récits incroyables très en vogue à la fin du XIXe siècle.