A la mort de son mari, une femme fit appel à un groupe de Talebs récitants pour prier à la mémoire du disparu. Les religieux s’installèrent à même le sol en demi-cercle autour du défunt et, les yeux mi-clos, ils psalmodièrent en chœur, tout en balançant le buste d’avant en arrière.
La veuve endeuillée, face à eux, pleurait la tête baissée. Assise, les jambes repliées et légèrement écartées, elle sanglotait quand soudain, elle saisit machinalement un pan de sa longue robe et le porta à son visage pour éponger ses larmes. Comme elle ne portait ni culotte ni saroual, elle dévoila son intimité.
Le spectacle attira le regard du plus jeune des Talebs qui se mit en tête d’en alerter ses confrères sans éveiller le soupçon de la veuve. Il improvisa sur le même rythme mélodieux:
– Regardez ! Regardez ! Cette chose entourée d’une forêt !
Les autres Talebs qui paraissaient pourtant bien absorbés par leur prière, répliquèrent aussitôt sur le même ton :
– Chut ! Chut ! Fils de pute ! Tu vas tout gâcher ! Elle va la cacher !
Nora Aceval La chamelle p. 29
Al Manar, Editions Alain Gorius, 2011