Le n° 22, nov.-déc. 2012 de la revue semestrielle sur les cultures et littératures nationales d’expression française INTERCULTUREL FRANCOPHONIES, éditée par l’Alliance Française de Lecce (Italie) et dirigée par Andrea Calì (Università del Salento, Lecce) vient de paraître.
Cette livraison, Tracées de Patrick Chamoiseau (238 pp.), a été coordonnée par Samia Kassab-Charfi (université de Tunis).
Présentation
Dans le panorama des littératures francophones, Patrick Chamoiseau occupe la place singulière d’« écrivain antillais », étiquette qu’il convient peut-être ici d’outrepasser, tant elle charrie dans son sillage de clichés et stéréotypes – esclavage, postcolonialisme, oraliture, etc. Car ne serait-il pas en effet réducteur, pour un auteur qui n’a de cesse de revendiquer la détermination de l’appartenance selon le critère subjectif d’une affinité élective, indépendante de toute identité de race ou d’origine, de le restreindre au lieu dont il provient? Sans doute, et pour respecter cette conception d’une invention de soi dans l’affranchissement des contraintes historiques et par l’affiliation librement consentie à une communauté littéraire, faudrait-il intervenir au foyer même de cette invention: au lieu actif et disponible de l’oeuvre, toujours marronne d’une identitécentrée. Aussi est-ce d’abord l’intention d’un regard attentif à la portée interne ou immanente des textes qui a instruit l’esprit de ce numéro d’Interculturel Francophonies: attention à leur vocation somme toute centrifuge, dans une volontaire distanciation par rapport aux traditionnelles inflexions thématiques. Les contributions réunies ici ont toutes déployé une vigilance particulière aux configurations esthétiques des récits lorsque ceux-ci s’enrizhoment, aux marquages recommencés du monde qu’ils suggèrent, aux formulations ontologiques et philosophiques proposées par une oeuvre qui s’attache à dépasser les seules considérations géoculturelles pour approcher l’intime vérité de l’écriture, lorsque celle-ci recompose les tracées du monde créole, passé et en devenir, suivant les contours mouvants de l’archipel singulier.
Sommaire
Présentation
Samia Kassab-Charfi, Tracées de Patrick Chamoiseau
Ouverture
Rafik Ben Salah, Relire Texaco, vingt ans après
I. Dire l’amour en littérature chamoisienne
Véronique Corinus, La fabrique du récit amoureux créole dans Solibo Magnifique de PatriickChamoiseau
Jacqueline Couti, « Le chant du koke » de Patrick Chamoiseau: rapport des sexes, marquage phallique et politique de négociation culturelle
II. Chamoiseau et l’autre humanisme créole
Guillaume Pigeard de Gurbert, Les gribouillis de Chamoiseau
Maeve McCusker, L’ennemi intime: la famille békée dans les romans de Patrick Chamoiseau
Marlène Aumand, La grille, le damier et la toile. Gravitations autour de l’Autre
III. Marronnages du récit et subversions de la parole
Christy Wampole, Patrick Chamoiseau et l’élan essayistique
Lorna Milne, Patrick Chamoiseau, mise en abyme et « diffraction »
Raouf Medelgi, L’éloquence du silence: vers le récit de la genèse
Samia Kassab-Charfi, De l’Emprunt à L’Empreinte: naissance de l’artiste selon Chamoiseau
IV. Animalités et sens du monde
Jean-Louis Cornille, De « Chamoiseau » aux « oiseaux de Cham »: l’auteur retourne
Annabelle Marie, « Donner sa langue au chien ». Traques critiques de la figure du molosse dans L’Esclave vieil homme et le Molosse de P. Chamoiseau
Clôture
Louis Hautefort, Réverbères
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