Mondes européens

LA SATIRE DU SEXE COMME MONNAIE D’ÉCHANGE DANS LA LITTÉRATURE DE CHAIR FRANCOPHONE : LES CAS HOUELLEBECQ (LA POSSIBILITÉ D’UNE ÎLE) ET LAFERRIÈRE (LA CHAIR DU MAÎTRE)

INTRODUCTION

L’éros dans l’art scriptural ne date pas d’aujourd’hui. Né avec la littérature, il l’accompagne ; peu importe l’espace, le temps ou l’époque. À force d’inspirer les auteurs, il est devenu un matériau d’écriture voire un type de littérature : l’érotisme, entendu comme la mise en texte de l’éros ou « la part de la littérature qui insiste sur les plaisirs de la chair ». Remarquons toutefois que, les motivations des auteurs dans la production des textes érotiques divergent et dépendent même du degré de liberté dont jouit la question du sexe dans la société : on parlera d’une écriture provocante, désinhibitrice des tabous sexuels, du plaisir, de la satire sociale, etc. Celle-ci est définie comme une œuvre d’inspiration moralisatrice à travers la peinture des vices et folies humains.

Et dans une société ultralibéraliste comme celle d’aujourd’hui, où la banalisation de la sexualité est un phénomène à n’en point douter, l’écriture du corps s’orienterait vers une critique des pratiques sexuelles si ce n’est l’éloge des fantasmes. Aussi voyons-nous dans La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq et La Chair du maître de Dany Laferrière, une écriture qui, sous le voile de la neutralité, s’indignerait du sexe comme monnaie d’échange.

C’est connu, la valeur marchande du corps est largement répandue dans les premières formes de civilisation, elle a été pratiquée dans les anciennes sociétés et se pratique encore dans les sociétés contemporaines avec, il faut le reconnaître, plus de latitude. Le mode de vie libérale en vogue dans les cultures occidentales à l’orée des années soixante, contribue largement voire en tout point à libérer le commerce du corps d’une conception judéo-chrétienne, laquelle a toujours condamné, jugé la prostitution d’immorale. Les sociétés que Laferrière comme Houellebecq mettent respectivement en mots dans leur roman, connaissent ce type de vie sexuelle dont l’accomplissement est motivé par le gain matériel ou de tout autre ordre. Les personnages se prostituent ou racontent des faveurs sexuelles qui leur sont accordées ou accordées à autrui en échange d’argent, de cadeaux ou d’une autre forme de rétribution. Si chez Laferrière la motivation est plus ou moins économique, c’est tout le contraire chez Houellebecq car l’intense vie sexuelle du personnage principal est un dérivatif, une monnaie d’échange à la solitude environnante qui perfore le tissu des relations sociales.

L’intention qui sous-tend un acte sexuel est décelable à la lumière des réalités sociales que chaque auteur essaie de suggérer. De nombreux phénomènes sociaux sont dits, dépréciés, sous la bannière des rapports sexuels faits en échange d’un avantage qui n’est pas nécessairement et explicitement défini entre les personnes concernées. Chacun y allant souvent suivant un objectif a priori inavouable mais que l’on finit par découvrir dans des données sociologiques agissant fondamentalement sur les consciences.

Ainsi, nous verrons au cours de ce travail que certains détails textuels avec des sous-entendus sexuels sont certes fondés sur un lien d’échange plus ou moins établi, pour ne pas dire occulté, mais sont aussi et surtout rapporteurs des faits astreints aux situations que nos auteurs imputent à un mal être économique, affectif, socio-sécuritaire.

1- Prostitution  et misère économique

Les romans respectifs de nos auteurs font œuvre de véritables miroirs sociaux. Ceci étant, les principaux personnages sont conçus dans le souci de mettre en évidence des réalités désastreuses au vue de mieux les réfuter. La chair du maître est entièrement construite sur des récits autonomes de différents personnages ; des récits à la première personne, qui ressemblent plus à la description d’une société haïtienne dramatique qu’à des confessions. Sans aucun procédé de brouillage référentiel, la jeunesse de cette île est mise en scène dans son abjection et pour cause, un constat environnemental de désolation, d’impuissance et « de misère absolue » (Hurbon 2006) observé en Haïti. Au centre de diverses et courtes anecdotes qui ont pour cadre spatial Port-au-Prince, la capitale haïtienne et ses sous-quartiers, une masse accrue de jeunes (Fanfan, Sergo, Denz, Simone, Minouche, Manuel, Rico, Flora, Judith, Anne-Marie, Niki, Nico, Albin, François, Charlie, Tony, Hansy, etc.) se retrouve en dehors du circuit scolaire et du jeu de l’économie de marché, pour devenir tout simplement des témoins ou acteurs de la prostitution. En quête d’exutoire économique et de satisfaction de leurs besoins, ces jeunes laissent leur zone pour d’autres destinations : les villes, la capitale. Le phénomène est d’emblée mis en avant dans l’une des séquences narratives qui entament le roman ; titré « La Guerre » (CM[1], 17), elle fait état d’un milieu tristement misérable où :

La jeune fille prendra rapidement la mesure de la rue. Ses règles, ses codes secrets, son langage. Et surtout la nouvelle morale [celle de se prostituer pour survivre]. Elle affrontera les hommes à visage découvert. Elle se fera piétiner, un moment, mais elle apprendra vite. Sauve qui peut. Elle apprendra surtout à ne se faire aucune illusion. Il n’y a pas d’avenir. Tout se passe au présent. Á l’instant même. Et tous les coups sont permis. Et donnés. C’est la guerre ! (CM, 18)

Le narrateur de « Face à face » s’entête à comprendre l’attitude de Flora qui :

reste l’exemple parfait qu’une fille de Martissant [un quartier de Haïti qu’il dépeint comme infernal, avec une population rugissante, ses trous d’eau puante, sa misère scandaleuse] peut être belle sans devenir forcement une prostituée. Pourtant, elle vit dans un milieu où l’on utilise le sexe comme monnaie d’échange. Toutes ses amies gagnent leur vie en se prostituant. Flora, non. Pourquoi ? On ne sait pas. Une chance sur mille. (CM, 85-86)

Le tableau « Le Bar de la plage » (CM, 226) donne à voir de jeunes garçons (Gogo, Chico, Mario) qui se jettent à cœur joie et pour des raisons économiques dans les bras de femmes occidentales (Mrs Woodroff, Mrs Hopkins, Mme Bergeron Mrs Wenner) suffisamment âgées, venant pour la plupart de l’Amérique voisine. Devant le comptoir, ils bavardent évidemment sur les chambres dont ils vont faire à tour de rôle la ronde selon les exigences de leurs clientes. Albert le jeune barman de 25 ans trouve qu’ils feraient mieux d’apprendre un métier noble et non déshumanisant à la centrale des arts et métiers [comme] la menuiserie ou la mécanique » (CM, 254), mais les garçons en question rétorquent que la prostitution est « aussi un métier » et qu’« il n’y a pas de sot métier, mais de sottes gens ».

Ce qu’il y a à décrypter à travers cette description c’est à n’en point douter que Haïti, l’un des pays les plus pauvres au monde et dont la jeunesse constitue la tranche majoritaire de la population, est caractérisée par le chômage et la prostitution juvénile (masculine comme féminine). En effet, le manque de travail et, par conséquent, l’absence d’autonomie financière a des conséquences multiples sur les jeunes Haïtiens. Rendus vulnérables, ils se laissent facilement entraîner dans la drogue ou s’adonnent à la prostitution : « plus les moyens économiques sont faibles, plus les jeunes deviennent fragiles », explique Carl-Henri Petit-Frère, conseiller au VDH[2]. Il affirme avoir « eu à travailler avec un jeune homme, sans emploi qui a déclaré être prêt à s’adonner à la prostitution pour subvenir à ses besoins » et fait remarquer que « cette attitude est courante ». La misère haïtienne expose sa jeunesse à toutes sortes de tribulations, et plus particulièrement, aux fléaux actuels de la drogue, de la prostitution, etc. les troubles politiques et surtout la crise de l’emploi poussent une grande partie de jeunes à rester coincée dans l’engrenage de cette spirale monstrueuse qui les bloque dans leur rêve, leur fougue, leurs capacités d’améliorer leurs conditions de vie. C’est une jeunesse en crise dont une large partie peuple les bidonvilles haïtiens, vit dans le chômage et la délinquance, noie ses frustrations dans la drogue et la sexualité commercialisée.

La sexualité pratiquée dans le texte de Houellebecq n’est en aucune façon motivée pas un besoin de trésorerie mais elle est due à un manque affectif criard qui fait du héros un obsédé sexuel. Sous des allusions de tourisme sexuel négligemment peint, La Possibilité d’une île retrace l’itinéraire et la vie d’un personnage, en mal être affectif, nommé Daniel dont le mot d’ordre existentiel est la satisfaction d’un désir ascensionnel au travers des randonnées sexuelles et de multiples relations épisodiques sans fondement lyrico-romanesque. C’est donc à regret que le narrateur parle « de la difficulté du sentiment amoureux…de la perte du lien sacré, [de] l’effritement du lien social» (PI, 31) et d’un monde occidental « du fun et du sexe » (PI, 37). Laferrière lui aussi, dans sa pléthore de nouvelles, met en filigrane la misère affective en cours dans les sociétés du Nord. Aspect qui se lit derrière la mouvance et le jeu de ses personnages dans la société du texte.

2- D’une carence érotico-affective au tourisme sexuel

D’après les représentations des nouvelles « Vers le Sud » (CM, 226), « Les garçons magiques » (CM, 245) et « Le bar de la plage » (CM, 252), les femmes mises en scène (Brenda, Sue, Ellen, Mrs Wenner, Mrs Woodrof, Mme Bergeron, Mrs Hopkins) sont des Européennes, Américaines et Canadiennes débarquant à Haïti, notamment sur ses côtes et plages à la recherche d’aventures romantiques auprès de gigolos locaux (Prince, Chico, Gogo, Rico, Legba et Neptune) qui proposent leurs états de services sexuels. « Vers le Sud » nous fait traverser une galaxie de bourgeoises occidentales, de pauvres Noirs (Haïtiens) comme si un film frivole déroulait devant le lecteur un Port-au-Prince devenu ‘’Port-de-Baise’’.

Les tableaux ainsi mentionnés semblent se pencher sur ce phénomène qu’est le tourisme sexuel[3] au féminin dans les Caraïbes  en narrant des anecdotes où des femmes célibataires ou malheureuses en ménage, d’un âge respectable pour la plupart (la soixantaine révolue) viennent combler à Haïti leurs désirs d’attendrissement et de plaisir sexuel. Selon l’encyclopédie numérique Wikipédia[4],

 

Le tourisme sexuel, phénomène globalement jugé dégradant et immoral, est un fait majoritairement masculin, généralement issu des pays occidentaux vers les pays sous-développés ou en voie de développement – même si la demande sexuelle locale est parfois encore plus importante, selon les études récentes. Mais certaines femmes occidentales prennent également des ‘’vacances’’ dans des pays d’Afrique (…) ou encore dans les îles caribéennes (Haïti, République dominicaine, Cuba, Bahamas, Porto Rico) où de jeunes vivent en leur proposant leurs services.

De ce fait, le roman de Laferrière dénude l’afflux de migrantes du sexe, alimenté par la soif de consommation en vogue dans le Nord, la rencontre assurée de jeunes ados paumés aux corps luisants entièrement disponibles et serviables. Sue et ses concitoyennes dans l’œuvre entretiennent des relations commercialo-sexuelles avec des ados haïtiens qui ont pour la plupart 17 ans amorcés. Ces gamins sont payés pour un service sexuel exclusif. Face à la misère ambiante, quotidienne, un certain « mal politique » (Corten 2001), des contraintes économiques, le personnage de Prince et sa cohorte se réduisent à un ‘’bien’’ marchand. Le corps payant et payé devient une échappatoire économique dans ce contexte de misère, qui conduit droit dans les bras de vieilles occidentales à la recherche de sensations fortes et d’aventures. Dépossédés eux-mêmes de leurs corps, ces gigolos du monde romanesque se transmutent en objet de plaisir et de commerce pour satisfaire les exigences économiques de soi et la vacuité sexo-affective de l’autre. Laferrière ouvre ainsi les rideaux sur un univers haïtien, avant la dernière catastrophe en date, devenu pour des étrangères nanties un haut lieu de plaisir, une terre aphrodisiaque où les frustrations s’évaporent au bénéfice de la plaque tournante d’un orgasme au comble. Elles y affluent en quête de chair fraîche. Ce qui fait dire à Daniel Delas que « sans doute pourrait-on également insister sur la dénonciation du tourisme sexuel qui donne à certaines pages de Laferrière le même ton apocalyptique et dénonciateur qu’à celles de Michel Houellebecq dans son dernier roman à scandale » (2001: 91).

Lequel dernier roman à scandale ici est, selon Daniel Delas, Plateforme (2001). N’empêche cependant qu’il y ait dans La possibilité d’une île une prolongation d’un discours dénonciateur d’une autre forme de tourisme sexuel, cette fois locale à travers l’existence de Daniel dont la vie de star d’un humour dérangeant le mène dans toutes les villes et capitales européennes. Sa vie est en tout point solitaire, sans attache véritable. Comme il le dit lui-même avant la rencontre d’Isabelle, « Après mon premier spectacle il s’est écoulé dix ans, ponctués d’aventures épisodiques et peu satisfaisantes, avant que je ne rencontre Isabelle » (PI, 30). L’aventure avec cette dernière ne fera pas longue date et peu après son départ, il s’adonne à des randonnées sexuelles sur les autoroutes, dans les bars :

Ce n’est qu’après le départ d’Isabelle que je découvris vraiment le monde des hommes, au fil d’errances pathétiques le long des autoroutes à peu près désertes du centre et du sud de l’Espagne (…), dans cet univers personne n’est proche de personne, et même la complicité graveleuse des serveuses fatiguées moulant leur poitrine tombante dans un tee-shirt « Naughty Girl » ne pouvait, je le savais, qu’exceptionnellement déboucher sur une copulation tarifée et toujours trop rapide (…) Je vécus ainsi un peu plus de deux mois, je claquai des milliers d’euros en payant des coupes de champagne français à des roumaines abruties qui n’en refuseraient pas moins, dans dix minutes plus tard, de me sucer sans capote. C’est sur l’Autovia Mediterraneo, précisément à la sortie de Totana Sur, que je décidai de mettre fin à la pénible randonnée. (PI, 105-106)

L’existence de Daniel répond convenablement à ce fléau moderne qu’est le tourisme sexuel, « forme marchande de loisir extrême qui, s’il s’enracine dans l’univers ancien de la prostitution toujours confrontée à la mobilité, tend aujourd’hui à s’étendre sous la pression de la mondialisation libérale et touristique. Les industries du voyage et du sexe partagent beaucoup d’intérêts communs dans la transformation du monde en un gigantesque parc de loisirs, voire en terrain de jeux sexuels » (Michel 2006).

Le départ inattendu de la jeune Esther le plonge dans une misère affective sans précédent et favorise la renaissance de ce goût pour le tourisme sexuel. Dans la même déficience de tendresse, Brenda et ses consœurs de La chair du maître atterrissent à Haïti, resserrées par l’étau d’une passion dévorante de la chair. C’est le mariage presque blanc de Brenda qui instigue sa descente à Haïti, elle n’en peut plus de la souffrance y afférente:

J’ai souffert dans mon corps, dans ma tête, dans mon ventre, dans mon sang, toutes les douleurs imaginables pendant ces deux dernières années. Chaque jour. Chaque nuit. Chaque heure. Pouvez-vous comprendre ça ? Je (…) vi[s] depuis vingt-cinq ans avec un homme qui s’appelle William et qui [m’] a touchée en tout huit fois  (CM, 227).

Sue, vieille femme célibataire, est « complètement folle de Neptune » (CM, 229), elle n’a jamais eu de compagnon à Harlem tout simplement parce que:

Les hommes de [s]a race (…) ne [l]’ont jamais regardée. [Et pour cause], pour les intéresser, il ne faut pas peser plus de cent vingt livres. Et [elle en] pèse le double (…) [il faut donc comprendre pourquoi elle est toujours à Haïti] : c’est [pour le jeune Neptune], le premier homme qui [lui] a fait un compliment à propos de [s]a taille  (CM, 229).

Elle demeure très attachée à Neptune malgré l’évidence que ce gigolo offre en même temps ses prestations à Ellen, enseignante de Vassar[5], célibataire également (à quarante cinq ans) pour qui Neptune « est beau comme un dieu ». « Est-ce qu’on peut m’offrir ça, à Boston ? », se demande-t-elle. Elle répond : « Ne me dites pas oui parce que j’ai fait plus d’une centaine de fois tous les bars de cette putain de ville snob. Laissez-moi vous dire qu’il n’y a rien dans le Nord pour les femmes de plus de quarante ans. Rien, rien, rien, bande de salauds » (CM, 231).

Tel qu’on le perçoit, Brenda, Sue, Ellen et bien d’autres sont des Occidentales qui, au crépuscule de leur vie, retrouvent à Haïti une nouvelle chaleur sexuelle assouvie par une oisive jeunesse haïtienne masculine et dont le corps comme la drogue qu’ils trafiquent est une monnaie d’échange, un moyen de survie dans un contexte sociopolitique désespérément respirable. Ces femmes sont pour la plupart à la poursuite de l’amour et du plaisir sexuel qui en résulte. Elles sont en feu dans le désir, troublées par le désarroi que cause la naissance d’un sentiment plus ou moins sublime mais comme on n’en a jamais connu dans sa propre patrie. Leur engouement pour ces garçons du Sud n’a d’explication que dans le « mépris dans lequel les hommes du Nord tiennent les femmes de leur propre race », affirme Sue (CM, 242).

On s’accorde à admettre que le tourisme sexuel n’est pas uniquement une solution à un besoin physique urgent imputable à l’Homme (toujours pressé comme on sait !), mais peut-être davantage l’effet d’une détérioration des relations hommes-femmes au sein des sociétés du Nord. Sabine Van Wesemael définit « le tourisme sexuel comme remède à l’indigence sexuelle et affective du monde occidentale » (2004 : 7). Enfourchant la même trompette, Kamala Kempadoo (2009), professeur de sociologie à l’université de Toronto explique que : «  le tourisme sexuel féminin dans les Caraïbes continuera de se développer dans les années à venir du moment que le nombre de femmes célibataires et divorcées est en augmentation constante dans les pays industrialisés ».  L’essor du tourisme sexuel cache mal – avec la collaboration des industries du sexe : proxénétisme, réseaux de prostitution qui est la traduction pratique de ce que la pornographie propose, la culture du porno chic et soft – la croissance de la misère, qu’elle soit érotico-affective (dans le Nord) ou économique (dans le Sud).

En effet, l’hypersexualité du Nord entretenue par des films pornographiques et les médias obsédés par la violence sexuelle met à mal les rapports hommes-femmes qui se tissent et  se dénouent suivant l’aptitude, l’âge (jeune) et la performance dans la pratique de toutes sortes d’acrobaties et de cochonneries dans l’acte sexuel. Et c’est la femme qui en paie toujours les frais, elle est traitée selon une performance sexuelle référée au registre des images pornographiques. Femme d’un milieu culturel du fun et du sexe, du porno chic et choc pris comme les fondamentaux de toute liaison relationnelle qui perd dangereusement en romantisme. Son propre plaisir n’est jamais pris en compte. Et elle souffrirait d’une désaffection qui la rend quêteuse de tendresse en terre exotique. L’image  et l’effusion sentimentale de la femme sont de ce point de vue dégradées par les hommes, sur fond de démesure et de manipulation sexuelles généralisées et banalisées. Cette représentation de la sexualité n’est pas sans lien avec ce que Foucault appelle « une culture du sperme » (1976 : 56) où la femme joue le rôle de réceptacle du plaisir de l’homme et, par ce fait même, contribue à garantir le pouvoir masculin et la fin de tout élan de tendresse naturelle, inconditionnelle, sans arrière-pensée macho-pornographique réifiant l’être féminin.

On comprend donc dans quelle mesure Dany Laferrière à juste titre, par le biais de son texte, formule, comme Houellebecq, des diatribes inavouées dans des histoires apparemment neutres, contre la vague des touristes sexuelles occidentales.  Celles-ci, en mal d’affection, viennent se réconforter en période estivale dans les bras naïfs des adolescents haïtiens. Ces derniers, croulant dans la misère économique, fascinés par la beauté de la consommation des biens matériels que ces touristes laissent entrevoir, s’embourbent dans un raisonnement de normalisation de leur être, de leur corps. Le corps est désormais perçu comme une vulgaire marchandise fournissant un pouvoir qui va au-delà du simple pouvoir d’achat : le pouvoir du sexe.

3- Le pouvoir du sexe

Á la question de Ghila Sroka lors d’une entrevue avec Laferrière, « La chair du maître, c’est donc 24 tableaux de la vie quotidienne, et tu insistes pour dire, à la page 17, que le sexe est une monnaie d’échange, une carte de crédit. Est-ce que ce n’est pas un crédit pour la mort, avec le sida comme partenaire aujourd’hui ? », la réponse donnée est la suivante : « dans ce livre, le sexe mène, à tout le moins, à la folie, parce que ce n’est pas une sexualité innocente, on y retrouve pas l’idée du plaisir tout simple de deux corps qui s’aiment. C’est un règlement de comptes, une guerre et, dans les guerres, on retrouve la mort » (1997).

La jeunesse haïtienne dans le roman de Laferrière est à la une dans son coude à coude avec le désir qui la possède comme elle s’en sert à des fins pas toujours vénaux. Consciente que le désir est à même de briser les barrières, et de mettre à sa portée toutes sortes de services, elle s’emploie à créer un véritable climat d’insécurité où le sexe, transmuté en une arme, un pouvoir par excellence donne lieu à des actes délictuels : asservissement, crime politique ou passionnel, chantage et harcèlement. Encore que Haïti dans l’échiquier des pays hautement insécurisés tient une place qui n’est pas des moindres. Laferrière a-t-il voulu faire comprendre que le sexe en a une part non moins primordiale de responsabilité ? Auquel cas le narrateur de la scène ouvroir de La chair du maître aura vu juste en arguant que : «Si le sexe est sain, il n’est pas innocent » (CM, 9)

En tout état de cause, on notera au fil du roman un Charlie qui, comme beaucoup d’autres jeunes fourmillant dans la société du roman similaire à la société haïtienne, a quitté les bancs de l’école et voue son existence au vagabondage sexuel : « Charlie ramassait toutes les filles qui le regardaient avec une certaine insistance (…) ce qui a fait de sa minuscule chambre sur l’avenue Christophe un vrai bordel » (CM, 130). Son charme c’est sa beauté face à laquelle Mlle Abel, la jeune bourgeoise ne tient plus sur ses jambes. Il en profite pour l’asservir en la maintenant dans ce désir envahissant son être afin qu’elle-même refreine ou taise son caractère impétueux, placide et grincheux qui cause du tort aux parents de Charlie, domestiques chez les parents de Abel. Le désir insatisfait devient dans cet ordre le bourreau de l’acrimonie. La souffrance de Mlle Abel est la clé de la tranquillité des parents de Charlie au service. Ce rapport de désir inassouvi, travail et respect maintenus frise le chantage pour lequel Alex, allias « L’ange exterminateur » (CM, 302) est payé de faire. L’affaire lui a été dénichée par Fanfan selon ce dialogue en présence du Chat :

-J’ai un truc pour toi…Un peu difficile…C’est un homme d’affaires. Il est en train de négocier un gros contrat en ce moment avec un type assez coriace, tu vois…

-Je ne vois rien.

-Tu te fous de ma gueule…Bon, l’homme d’affaires aimerait que tu baises la femme du type.

-Comme ça, dit le Chat, il pourrait faire chanter le type coriace…

-[…]

-[…] Le type veut un artificier capable de désamorcer une bombe extrasensible. (CM, pp.308-309)

Le contexte social qui s’en dégage est celui dans lequel le désir, arme fatale permet  de venir à bout d’un rival dans les négociations d’affaires. Il faut l’humilier et l’affaiblir via sa femme, laquelle séduite par un gamin payé, brise sans se soucier de rien le pacte de fidélité. Tous les coups sont permis pour réussir un contrat, quitte à détruire le foyer d’un adversaire et gagner un marché. Par la même occasion qu’offre le pouvoir du sexe, Josephina qui joue dans « La maîtresse du colonel » (CM, 182), commet un crime à la fois politique, passionnel et vengeur. La victime est le colonel Beauvais, homme du président, tortionnaire, très craint dans le pays pour ses meurtres commis sur les non alignés. Comme la milice des tontons macoutes[6] sous les régimes respectifs de François Duvalier (père) et Jean-Claude Duvalier (fils), il abuse de son pouvoir militaire dans des abus sexuels sur la personne de Josephina depuis sa tendre enfance après avoir trucidé le frère de celle-ci. Mais au fil du temps, Josephina a su se rendre douce, « connait bien [le] corps [du colonel] et [s]a langue peut être douce » (CM, 207).  Avec cette douceur qu’elle confère au pouvoir du sexe, elle appartient subrepticement à un groupe de jeunes activistes avec qui le plan mis sur pied permet de trouver « un matin sans vie, le corps du colonel Beauvais dans son bureau » (CM, 219). Cette Josephina du texte, semble suggérer Laferrière, est en quoi que ce soit pareil à ce grand nombre inquiétant de jeunes Haïtiens en marge de la sphère scolaire, du minimum économique, des valeurs qui fignolent l’homme dans son appartenance et sa personnalité sociale, pour devenir tout simplement dans les griffes du désir un objet de manipulation politique et une proie facile pour les criminels. Elle souffre inconsciemment de son corps sur lequel elle porte toute son attention et son être ; ce corps est son pouvoir, le pouvoir de rompre les règles, d’échanger, d’obtenir ce qu’elle désire, de nuire. Il n’y a qu’un souci, le souci de soi ; mieux vivre c’est suivre son corps ou devenir son corps, objet de culte, un capital à préserver coûte que coûte, un repère identitaire proche du culte de l’apparence.

 

4- La Presse féminine marchande et le diktat des apparences: l’obsession mortifère de la perfection érotico-plastique

On est dans un contexte, certes romanesque mais étonnamment référentiel, qui a fait du plaisir notamment charnel un droit libre de toute contrainte morale. Le plaisir est encouragé, revendiqué comme une conquête de l’humanité, un progrès universel à tel enseigne qu’il jouit d’une flopée de magazines dont les pages sont totalement et quotidiennement consacrées au corps comme début et fin de toute vie. Il y a aujourd’hui dans les sociétés du septentrion une hyper valorisation du corps qui, au gré des normes esthétiques de leurs univers de référence (lesquelles tendent à devenir des normes mondialisées), est tenu d’être jeune, étique, sain, ferme, hâlé, équilibré, non dépendant, fonctionnel, performant (la vieillesse ne doit pas se voir)… Le phénomène est aussi relayé par la presse féminine.

En faisant l’inventaire chez Houellebecq, on en viendrait à une dizaine à l’exemple de Lolita ; 20 ans ; GQ ; 21 ; Le Chasseur français ; Le Féminin de référence ; Gente Libre ; etc. : « leur recette, à eux, est très simple : strictement métro sexuel. La remise en forme, les soins de beauté, les tendances. Pas un poil de culture, pas un gramme d’actu ; pas d’humour », observe Daniel (PI, 39). Ce sont tous des magazines féminins, non moins érotiques qui se particularisent tous par leur obsession des sujets liés au corps. Celui-ci est le lieu, l’émanation et la vie des plaisirs humains. Á cet effet, il n’est que naturel de lui vouer soins et articles pour le maintenir à l’éternel état de jeune ; lequel rime avec force, vigueur et désirs. Il faudrait peut-être reconnaître ici l’envahissement de la société européenne par ces magazines du corps qui font du mythe de l’éternelle jeunesse un sujet de prédilection en écrivant régulièrement sur ce point sensible du rajeunissement et de la maigreur. Il faut donner au lecteur, en particulier féminin, l’espoir illusoire dans le fait qu’il est à même de demeurer jeune à tous les âges afin d’être sexuellement valable à l’infini. L’astuce serait de contrôler sa ligne, de se gaver, de s’empourprer le corps de produits cosmétiques qui lui garantissent la vigueur juvénile. Ainsi sera-t-on exonéré de la panne physique de la vieillesse préjudiciable à la course aux délices de la chair. C’est du moins la ligne éditoriale que préconise l’employeur d’Isabelle, tel que nous le rapporte le narrateur de La Possibilité d’une île, lorsqu’il fait de cette dernière la rédactrice en chef de Lolita: « son pari, c’était que le sentiment du ridicule, qui avait été si vif chez les femmes, en particulier chez les femmes françaises, allait peu à peu disparaître au profit de la fascination pure pour une jeunesse sans limites » (PI, 42)

Que l’homme ait peur de vieillir, psychose générale chez le commun des mortels de toute les façons, quoi de plus normal. Mais qu’on en vienne à exploiter, comme sait si bien le faire la société capitaliste et consumériste, cette crainte, il y a anguille sous roche : c’est l’appel du désir comme source de souffrance. La tyrannie dans la quête passionnée de soi-même, encouragée par l’idéologie de développement personnel. Compétition de plus en plus pitoyable au fur et à mesure que le temps passe et abîme. Sous la double pression des magazines érotiques qui mettent en avant le plaisir et la jeunesse, et du narcissisme ambiant né de l’individualisme, les femmes sont entre elles rivales, ennemies. Elles se jaugent, et souffrent quant au prix à payer pour rester jeunes et efflanquées, maigres. Gilles Boёtsch, constatant dans les sociétés occidentales « l’omniprésence de la minceur dans la mode, les clips, le cinéma, la publicité et surtout la presse féminine » écrit :

Dans la construction actuelle de nos principes et de nos éducations corporelles, l’obèse renvoie au gras, au gros et au lourd. Il est construit socialement sur le principe de la mollesse, du laisser-aller, du non contrôle de soi. Il est marginal non seulement d’un point de vue médical par les pathologies qui le frappent, mais aussi par l’écart à la norme qu’il signifie dans une société fondée sur l’apparence et la performance. » (Cité par Testard 2009)

C’est du moins cette névrose d’un corps jeune qui amène Isabelle (PI) à s’extraire de la vie publique parce que vieillissante, sujette à ce culte d’un « idéal de beauté plastique » (PI, 73) en vogue dans la presse féminine et véritable objet d’aspiration pour les femmes. Sue (CM) est, du fait de son surpoids marginalisée dans sa propre ville, Harlem. Haïti est pour cette dernière la terre d’une providence affective et sexuelle. Même si le rapport qui en résulte est du domaine du condamnable. À plus de la quarantaine d’années, n’ayant jamais connu la moindre passion dans son pays, elle fait du tourisme sexuel qui la jette droit dans les bras du jeune Haïtien Neptune qu’elle considère comme son amant et le tout premier même d’ailleurs, peu importe l’acte pédophile qui s’ensuit. Écoutons-la parler pour mieux appréhender ce que Fatema Mernissi baptise le « harem de la taille 38»[7] (2001) :

Je déteste les hommes de ma race. Ils ne m’ont jamais regardée. Pour les intéresser, il ne faut pas peser plus de cent vingt livres. Et moi, je pèse le double. Pourtant, je suis souple. Je travaille dans une usine et aucun homme ne m’arrive à la cheville. Je transporte des pièces sur de longues distances. Mais je peux être très douce avec un homme. Je suis peut-être forte comme un éléphant, mais légère comme un papillon. S’il sait comment me prendre, un homme peut faire de moi son esclave. Mais ces imbéciles ne s’intéressent qu’aux anorexiques. Ils ne savent même pas que je suis mince comme un fil sur ma tonne de graisse. Le premier homme qui m’a fait un compliment à propos de ma taille, c’est Neptune. Pour lui, ce n’est pas un défaut d’avoir une forte taille. C’est même une qualité. (CM, 229)

C’est la définitive chez nos auteurs au ton un temps soit peu satirique. Comme on le voit, les femmes sont enfermées dans le regard des hommes. L’idée de minceur est doublée à la promesse de jouvence éternelle. Elle est également encouragée par les gadgets esthétiques, les images de publisexisme qui font les choux gras de la presse féminine. Elle avantage facilement la métabolisation, l’intériorisation des préjugés discriminant les vieux, les vieilles, les grasses et valorisant les minces. La minceur exploitée se mute ainsi, entre hommes et femmes, en un impératif, en critère absolu d’identité et de beauté dans le jeu social de couplage affectif. Il faut afficher une taille de guêpe, qualité qui permet de commercer sereinement dans l’arène des liens sentimentaux. Ce qui montre au passage que cette démarche est souvent engagée dans l’idée d’accroître son potentiel érotique, séduisant. L’obsession du corps parfait, le plus mince possible que l’Occidental a de l’Occidentale, paraît si profonde, si bien ancrée culturellement, qu’il y a tout à parier que cela place les relations sur le mode du casting.

 

CONCLUSION

Pour terminer, notre analyse a vu dans les sociétés décrites dans les romans étudiés, la transformation du sexe en une véritable monnaie d’échange. On assiste à la marchandisation du corps pour des raisons économiques, aux touristes sexuel(le)s en quête d’affection, à l’instrumentalisation du sexe en objet de pouvoir mettant en place un certain sentiment d’insécurité dans la société haïtienne d’avant la récente catastrophe sismique. Et surtout le culte de l’apparence, de la performance plastique exploitée par la presse féminine, qui valorise la minceur, créant de facto une conscience de séquestration pour des personnes qui ne rentrent pas dans un tel schéma physique.

Aussi clair que cela puisse le laisser croire en fin de compte, les cieux dans lesquels Houellebecq et Laferrière promènent le lecteur averti, sont des mondes où le corps transmué en critère absolu dans la définition des rapports, souffre le martyr. L’idée d’un corps mis en avant dans tout type de tendresse devient problématique.

On découvre entre les lignes de Houellebecq et Laferrière un Occident où l’amour n’est pas au menu des rapports hommes/femmes ; une république haïtienne où la jeunesse, par une écriture tranchée dans le vif, le cru et la chair, est dévoilée dans son corps à corps avec le désir, sorte de boîte de pandore dont l’abord renferme un ensemble de maux divers avec entre autres la capitalisation marchande du corps. Il ne reste plus qu’à espérer que, dans la mobilisation internationale pour la reconstruction de Haïti après le récent désastre sismique, l’on songera à la réinsertion socio-économique de la tranche de ces jeunes haïtiens qui, trainant la savate parce que hors du système scolaire, se refugie dans l’expérimentation et l’exploitation pernicieuse du désir, de leur corps.

Quant à Houellebecq, on ose croire que son roman appel à un retour à de bons sentiments; et que les âmes concernées sauront faire preuve d’une reconsidération de Cupidon dans leur jeu relationnel.


[1] – Les extraits du corpus seront immédiatement suivis des abréviations des textes en question (CM pour La chair du maître et PI pour La possibilité d’une île) ainsi que de la page effectivement cité. Et ce entre parenthèses.

[2] -Volontariat pour le développement d’Haïti. Créé le 16 février 1988, le Volontariat pour le Développement d’Haïti (VDH) est une organisation de développement communautaire centré sur le développement intégral des Adolescents, des Jeunes Adolescents et des Jeunes Adultes haïtiens.
Le VDH est un organisme à but non lucratif, non gouvernemental, non confessionnel et apolitique.
La mission du VDH est de:
-Contribuer au développement intégral des Jeunes Haïtiens
-Contribuer au renforcement de leurs capacités intrinsèques par l’éducation et la formation
-Fournir un appui au développement d’associations de Jeunes Haïtiens pour leur développement et leur organisation de mise en réseau
-Assurer la promotion d’activités socioculturelles et économiques avec, pour et par les Jeunes Haïtiens
-Faire le plaidoyer auprès des pouvoirs publics concernés pour que la problématique des Jeunes Haïtiens soit prise en compte dans les politiques publiques haïtiennes.

[3] – Le tourisme sexuel désigne le fait pour une personne de voyager dans le but d’avoir des relations sexuelles

Avec des autochtones, la plupart du temps contre rémunération financière. Ces relations peuvent être avec des Prostitué(e)s ou des locaux cherchant eux-mêmes des relations sexuelles pour en obtenir un bénéfice  Pécuniaire, étant autrement sans ressources

[4] – Wikipédia, « Tourisme sexuel », http://fr.wikipedia.org/wiki/Tourisme_sexuel

[5] – Un collège de New York (Vassar Collège)

[6] -police parallèle créée par le dictateur Duvalier (père) dans les années 60 à Haïti, le ‘’macoute’’ est identifié au pouvoir arbitraire sans précédent.

[7] -Pour elle, alors que les Orientales subissent un enfermement spatial, les Occidentales, elles, sont enfermées dans une image à laquelle on les somme de correspondre.

RÉFÉRENCES

1-     André Corten, Diabolisation et mal politique. Haïti : misère, religion et politique, Montréal-Paris : Éditions du CIDIHCA-Karthala, 2001.

2-     Daniel Delas, « Dany Laferrière, un écrivain en liberté », in Notre Librairie no146 : 88-99, 2001.

3-   Dany Laferrière, La Chair du maître, Paris : Le Serpent à Plumes, 2000.

4-     Fatema Mernissi, Le Harem et l’Occident, Paris : Albin Michel, 2001.

5-     Franck Michel, Voyage au bout du sexe, Québec : PUL, 2006.

6-     Ghila Sroka, « Entrevue avec Dany Laferrière ». [En ligne]. http://www.lehman.curry.edu/ île/Paroles/laferrière_chair.ht.

7-     Kamala Kempadoo, « La saison du tourisme sexuel au féminin s’ouvre dans les Caraïbes. »  [En ligne]. http://www.haitiwebs.com/forums/travel_travel/42238-la_saison_du_tourisme_sexuel_au_féminin_souvre_dans_les_caraïbes.html.

8-     Laënnc Hurbon, « André Corten, Diabolisation et mal politique. Haïti : misère, religion et politique. Archives de sciences sociales des religions, 134 (2006)-Varia. [En ligne], mis en ligne le 05 septembre 2006. URL :http://assr.revues.org./index3495html.

9-      Michel Foucault, Histoire de la sexualité. I. La volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976.

10-  Michel Houellebecq, La possibilité d’une île, Paris : Fayard, 2005.

11-  Paul Aron et al (s/d), Le dictionnaire du littéraire, Paris : PUF, 2002.

12-  Sabine Van Wesemael, Michel Houellebecq, Amsterdam : RODOPI, 2004.

13- Sami Tchak, « Écrire la sexualité », Notre Librairie, no 151, p. 6.