Tapuscrit intégral de Tombeau du soleil
Ce document entièrement tapuscrit faisait partie de l’envoi effectué par Aimé Césaire à son ami André Breton résidant aux États-Unis (New-York), le 24 août 1945.
Rappelons que cet envoi contenait cinq éléments :
– un cahier avec le titre manuscrit Tombeau du soleil, sur lequel sont contrecollées des feuilles extraites de la revue Tropiques, portant le numéro 10
– un tapuscrit intitulé Tombeau du soleil
– cinq poèmes manuscrits autographes : Annonciation, Tam-tam I, Tam-tam II, Légende et Tendresse.
– un tapuscrit intitulé Colombes et menfenils
– un poème autographe intitulé Simouns.
Le cahier Tombeau du soleil se compose des poèmes suivants :
Les pur-sang (Contrecollages) : Et voici par mon ouïe, tramée de crissements… jusqu’à : … aux caroncules crève, la patte levée, le monde…
Investiture (manuscrit) : vol de cayes de mancenilliers de galets de ruisseau… jusqu’à …Je ne lâcherai pas l’ibis de l’investiture folle de mes mains en flammes
Poème sans titre, n°3 (manuscrit) : Parce que les jardins timbrés inopportuns de ma physionomie… jusqu’à : … aux pentes douces d’hiver et de morue fraîche..
Poème sans titre, n°4 (manuscrit) : Parce que les jardins mon beau pays aux hautes rives de sésame… jusqu’à : … et de marchés grossis par les crues d’automne.
Poème sans titre, n°5 (manuscrit): Ô retour, ô paupières merveilleuses et parmi mille choses siluriennes… jusqu’à : … la voix enrouée des saisons : tendresse
Poème sans titre, n°6 (manuscrit) : Mais qui m’a mené ici ? Quel crime ? … jusqu’à : … inépuisablement la chanson de l’aurore.
Poème sans titre, n°7 (manuscrit): Ô Chimborazo violent… jusqu’à : … au fond du volcan des lentes termitières
Poème sans titre, n°8 (manuscrit) : Et les collines soulevèrent de leurs épaules grêles…, jusqu’à : … Et le ciel s’écroula…
Calcination (contrecollage): … Reine du vent fondu – au cœur des fortes paix -… jusqu’à : … et la farouche occultation des solitudes.
Le Grand Midi, titre rayé (contrecollages) : La fin ! Quelle sottise ! Mes pieds vont le vermineux cheminement… jusqu’à : … L’oreille collée au sol j’entendis passer Demain
Miroir fertile (contrecollages) : C’est bon. Je veux un soleil plus brillant… jusqu’à : … sans crucifiement vers les heures dénouées du soir !
Le Grand Midi : seul le titre est manuscrit (contrecollages) : Seul et nu ! Les messages d’atome frappent à même… jusqu’à : … les bossettes de mon front et la rose de mon pouls catapultent le Grand Midi. Aimé Césaire.- en fin de poème, la signature barrée du poète : AIMÉ CÉSAIRE
Conquête de l’aube : nous mourons notre mort dans des forêts d’eucalyptus…jusqu’à : …plonge loin des toussaints aux froides entournures
À la fin du tapuscrit, la signature et les mentions suivantes rayées :
AIMÉ CÉSAIRE
(Extraits inédits du Grand Midi.
Fort-de-France, Martinique
Le tapuscrit intitulé Tombeau du soleil[1],[2]
Vingt pages dactylographiées sur papier fin, à l’encre bleue délavée – la dactylographie est de mauvaise qualité, la frappe irrégulière rend parfois la lisibilité difficile (vieille machine usée).
– Page 1 : Texte avec dactylographie médiocre sur papier fin qui a mal résisté au temps, écrit à l’encre bleue délavée. Nous distinguons en première page le titre : Aimé Césaire et Tombeau du soleil, souligné et barré d’une rature.
Page 2 : Le titre manuscrit, de la main du poète et souligné : Tombeau du soleil :
Nous relevons des corrections manuelles très lisibles, des ajouts, des ratures, un paragraphe entièrement rayé, dans Calcination alors qu’il figure sans retouches dans la version en contrecollages :
Seul et nu !
Les messages d’atome frappent à même et d’incroyables
baisers gargouillant leurs errances qui se délitent
et des et des agonisements comme des lys
perfides éclatant dans la rosace et l’ensablement et la farouche
occultation des solitudes
Cette strophe qui figurait initialement dans le poème Calcination et rayée, se retrouve, transférée, au début du poème Le Grand Midi.
Tapuscrit 1 : page titre : Aimé CÉSAIRE
TOMBEAU DU SOLEIL
Tapuscrit 2 : en écriture manuscrite Tombeau du soleil
Début du tapuscrit 3 : LES PUR-SANG. [3]
Et voici par mon ouïe tramée de crissements
et de fusées* syncoper de laideurs rêches*
les cent purs[4]-sang hennissants du soleil,
parmi la stagnation.
Ah ! je sens l’enfer des délices
et par les brumes nidoreuses* imitant de floches
chevelures – respirations touffues de vieillards
imberbes – la tiédeur mille fois féroce
de la folie hurlante et de
la mort !
Mais comment, comment ne pas bénir,
telle que ne l’ont point rêvée mes logiques,
dure, à contrefil lézardant leur pouacre* ramas
et leur saburre*, et plus pathétique
que la fleur fructifiante,
la gerce lucide des déraisons ?
Et j’entends l’eau qui monte,
la nouvelle, l’intouchée, l’éternelle,
vers l’air renouvelé
Ai-je dit l’air ?
Une flueur* de cadmium, avec, géantes levures
expalmées de céruse, de blanches mèches
de tourmente.
Essentiel paysage !
Taillés à même la lumière, de fulgurants nopals*,
des aurores poussantes, d’inouïes[5] blanchoiements,
d’enracinées stalactites porteuses de jour,
ô ardentes lactescences ! prés hyalins* !
neigeuses glanes !
Début du tapuscrit 4 : … vers les rivières de néroli…
Vers les rivières de néroli* docile des haies
incorruptibles mûrissent mûrissent de mica lointain
leur longue incandescence.
La paupière des brisants se referment – Prélude –
Audiblement des youcas* tintent
dans une lavande d’arcs-en-ciel tièdes,
des huettes* picorent leurs mordorures.
Qui
Rifle*
et rafle
le vacarme, par delà le cœur brouillé de ce
troisième jour ?
Qui se perd et se déchire et se noie
dans les ondes rougies du Siloé* ?
Rafale.
Les lumières flanchent. Les bruits rhizulent*
Rhizule*
f
u
m
e
silence !
Le ciel bâille d’absence noire !
Et voici passer
vagabondage sans nom
vers les sûres métropoles du couchant
les soleils, les pluies, les galaxies
fondus en un fraternel magma.
Et la terre, oubliée la morgue des orages,
qui dans son roulis ourle des déchirures
perdue, patiente, debout
durcifiant sauvagement l’invisible falun*,
s’éteignit
Et la mer fait à la terre un collier de silence,
la mer humant la paix sacrificielle
Début du tapuscrit 5 : … où s’enchevêtrent nos râles…
Où s’enchevêtrent nos râles, immobile avec
d’étranges perles et de muets mûrissements
d’abisse[6],
la terre fait à la mer un bombement de silence
dans le silence.
Et voici la terre seule,
sans tremblement et sans trémulement*
sans rouissement* de racine
et sans perforation d’insecte
vide,
vide comme au jour d’avant le jour……
-Grâce !
Qu’est-ce qui crie grâce ?
Poings avortés, amassements taciturnes, jeûnes
hurrah pour le départ lyrique
brûlantes métamorphoses
dispenses foudroyantes
feu, ô feu !
Les volcans tirent à bout portant
les villes par terre, dans un grand bris d’idoles,
dans le vent mauvais des prostitutions
et des sodomies.
Les villes par terre et le vent soufflant
parmi l’éclatement fangeux de leur chair
le rugissement excrémentiel !
Ici gît du béton l’obscure gemme aride
ici gît sous cette cendre le dollar de la lune
borborygme*
ô borborygme
de ce monde sous la cendre.
Début du tapuscrit 6 : … La terre ne joue plus avec les blés…
La terre ne joue plus avec les blés.
La terre ne fait plus l’amour avec le soleil
La terre ne réchauffe plus des eaux dans le creux
de sa main.
La terre ne se frotte plus la joue avec des touffes
d’étoiles.
Sous l’œil du néant suppurant une nuit
La terre saquée* doucement, dérive
éternellement.
La grisaille suinte à mes yeux, alourdit mes
jarrets, paresse affreusement le long de mes bras.
Moi à moi !
Fumée
f
u
m
é
e
de la terre
Entendez-vous parmi le vétiver* le cri fort
de la sueur ?
La route
Oh ! la route par les doigts et les paumes
de la Mort, la route
par la soif et l’amitié de la mort
béante comme l’amour !
La route, oh ! ma déroute
parmi les signes
parmi
les pierres….
Dieu, comment ai-je pu oublier Dieu,
moi roi des vastes azurs.
Dieu, je veux dire la liberté et pour ma joie l’éternité ?
Enos* !
mon émanation barbote dans la mare
de sa naissance plurielle avec une
puissante volupté
Début du tapuscrit 7 : … Des philosophies, des morales…
Des philosophies, d’inouies[7] tentatives
d’exaltation et d’épurement, des prières, des hosannas,
des Ninives et des Babylones métaphysiques sur le cinabre*
profilent parmi un grouillement de flammes héraldiquement
vrillantes des renforts basaltiques.
Moi moi homme ! Rien qu’homme !
Ah ! ne plus voir avec les yeux. N’être plus une oreille à entendre !
N’être plus la brouette à évacuer le
décor !
N’être plus une machine à déménager les sensations !
Je veux le seul, le pur trésor,
celui qui fait largesse des autres.
Je veux la vie !
Fût-ce au prix de la mort !
Homme !
Mais ce début me fait moins qu’homme !
Quelle torpeur ! ma tête stupidement
ballotte.
Ma tête rongée est déglutie par mon corps.
Mon œil coule à pic dans la chose
non plus regardée mais regardante.
Et voici l’assourdissement violet
qu’officie ma mémoire terrestre,
mon désir frappe aux états simples,
je rêve d’un bec assourdi d’hibiscus
et de vierges sentences violettes
s’alourdissant aux lézards avaleurs
de soleil[8]
l’heure bat comme un remords
la neige d’un soleil
aux caroncules* crève, la patte levée,
le monde…
2
INVESTITURE
Vol de cayes de mancenilliers* de galets de ruisseau
toute l’eau de KANANGA* chavire de la Grande Ourse à mes yeux
mes yeux de ville assassinée
mes yeux d’exécution sommaire et de dos au mur
mes yeux qui s’insurgent contre l’édit de grâce
mes yeux de Saint-Pierre* bravant les assassins sous la cendre morte
mes yeux sans baptême et sans rescrit*
mes yeux de scorpène frénétique* et de poignard sans roxelane*
Je ne lâcherai pas l’ibis* de l’investiture folle de mes mains
en flammes.
3
Parce que les jardins timbrés inopportuns de ma
physionomie inédite : saint-suaire sauvé de Gorée*
Début du tapuscrit 8 : …de Ouidah. du Bénin…
de Ouidah*, du Bénin, du Dahomey, face très dérisoire
d’escarbilles de mangliers* de pyramides sifflait
à mes risques, à mes périls les baisers matineux*
aux pentes douces d’hiver et de morue fraîche
4
Parce que mon beau pays aux hautes
rives de sésame où fument de noirceurs adolescentes
la flêche[9] de mon sang aux bons sentiments – s’était,
armoire, ouvert en pleine extase de machines hydrau-
liques, de larmes chaudes, de témoins irrécusables
et de marchés grossis par les crues d’automne.
5
O retour, ô paupières merveilleuses et parmi mille choses
siluriennes*, quand les gratte-ciel se couchent sur le
flanc comme de grands paquebots ou des femmes, trier mon
cœur âgé jailli du marais, une fleur une fleur à chaque oreillette :
il n’y aura plus de rois aveugles, mots, morts, désirs
pourris, ivresses perdues aux sables. Une absence de lambeaux
jouant la carte des naissances égales préface la voix enrouée
des saisons : tendresse.
6
Mais qui m’a mené ici ? quel crime ?
Pèlerin… pèlerin…. Lyddite*, cheddite*, pèlerin des dynamites
Je maudis l’impuissance qui m’immobilise
dans le réseau arachnéen des lignes de ma main car dans
les replis d’une cervelle béate se lovent amoureusement
trois dents d’ivoire et des yeux caressants.
Des éclairs. Des feux. Et ce doux rire de la lumière. Ma vie, elle aussi :
Ce train qui s’élance avec la tranquille furie des rivières
Pierreuses par les journées étincelantes.
Fosse aux ours ! fosse aux ours ! à l’heure sans faute de l’acide
carbonique
Un midi ténébreux. La tige éblouissante du silence.
Les surfaces isolantes disparurent.
Fenêtres du marécage fleurissez ah ! fleurissez
sur le coi* de la nuit pour Suzanne Césaire
de papillons sonores
Nous gonflerons nos voiles océanes,
vers l’élan retrouvé des pampas et des pierres
et nous chanterons aux basses eaux inépuisablement
la chanson de l’aurore.
7
O Chimborazo* violent,
prendre aux cheveux la tête du soleil
Début du tapuscrit 9
36 flûtes n’insensibiliseront point les mains d’arbre à pain
de mon désir de ponts de cheveux sur l’abîme
de bras de pluie de miroirs de nuits
de chèvres aux yeux de fleurs remontant les abîmes sans rampe
de sang bien frais de voilures au fond du volcan des lentes
termitières.
8
Et les collines soulevèrent de leurs épaules grêles,
de leurs épaules sans paille, de leurs épaules d’eau jaune,
de terre noire, de nénuphar torrentiel, la poitrine
trois fois horrible du ciel tenace.
Au rond-point des Trois flammes dans le sproum* du désespoir
Des eaux se poignardèrent. L’eau n’était plus l’eau.
Le ciel n’était plus le ciel.
Et le ciel s’écroula….
CALCINATION
Reine du vent fondu
– au cœur des fortes paix –
gravier, brouhaha d’hier
reine du vent fondu mais tenace mémoire
c’est une épaule qui se gonfle
c’est une main qui se desserre
c’est une enfant qui tapote les joues de son sommeil
c’est une eau qui lèche ses babines d’eau
vers les fruits de noyés succulents,
gravier, brouhaha d’hier, reine du vent fondu….
Essaim dur. Guerriers ivres ô mandibules caïnites*
éblouissements rampants, paradisiaques thaumalées*
jets, croisements, brûlements brûlements et dépouillements
ô poulpe
crachats des rayonnements
pollen secrêtement[10] bavant les quatre points cardinaux
moi, moi seul, flottille nolisée*
m’agrippant à moi-même
dans l’effarade et l’effrayante gueulée vermiculaire
Seul et nu
Les messages d’atome frappent à même et d’incroyables
baisers gargouillent leurs errances qui se délitent
et des vagissements et des agonisements comme des lys
perfides éclatant dans la rosace de l’ensablement et la farouche occultation des solitudes.
La fin ! Quelle sottise !
mes pieds vont le vermineux* cheminement
Début du tapuscrit 10 :
Plante !
Mes membres ligneux conduisent d’étranges sèves,
Plante ! Plante !
Le vieil esprit de la terre passe…
Et je dis
et ma parole est paix
et je dis et ma parole est terre
et je dis
et
la Joie
éclate dans le soleil nouveau !
et je dis :
par de savantes herbes le temps glisse
Les branches picoraient une paix surréelle
et la terre respire sous la gaze des brumes.
et la terre s’étira. Il y eut un craquement
à ses épaules nouées. Il y eut dans ses veines
un pétillement de feu.
Son sommeil pelait comme un goyavier d’août
sur de vierges îles assoifées[11] de lumière
et la terre accroupie dans ses cheveux
d’eau vive
Au fond de ses yeux attendit les étoiles…
« Dors, ma cruauté », pensai-je
L’oreille collée au sol, j’entendis
passer Demain
10
MIROIR FERTILE
C’est bon
Je veux un soleil plus brillant et de plus pures étoiles !
Je m’ébroue en une mouvance d’images
de souvenirs néritiques, de possibles
en suspension, de tendances – larves,
d’obscurs devenirs ;
les habitudes font à la vase liquide
de trainantes[12] algues – mauvaisement, des fleurs éclatent.
On enfonce, on enfonce comme dans
Une musique.
Radiolaires*
Nous dérivons à travers votre sacrifice
Refoulements enfouis ! désirs, désirs,
processionnels désirs !
D’un dodelinement de la vague, je saute
ancestral aux branches de ma
Début du tapuscrit 11 :
végétation.
Je m’égare aux complications fructueuses.
je nage aux vaisseaux
je plonge aux écluses
Où, où, où vrombissent les hyènes
fienteuses du désespoir ?
Non. Toujours ici torrentueuses
cascadent les paroles.
Silence
Silence par delà les rampes
sanguinolentes.
par cette grisaille et cette
calcination inouïe
Enfin, lui, ce vent des méplats*, bonheur,
le silence
Mon cerveau meurt dans une illumination
avec de fumantes aigrettes d’or fauve,
un bourrelet tiédi de circonvolutions par
un ricanement de palmes strié
fond
une titillation duvetée nage, nage, nage,
Brindilles, forêt, lac
aérienne une biche.
Oh ! un vide d’incendie. Tortures,
Où où où
vrombissent les hyènes fienteuses du désespoir ?
Renversé sur ma lassitude,
à travers la gaze, des bouffées tièdes
irradient mon inexistence fluide
une saveur meurt à ma lèvre
une flèche file, je ne sais pas.
Frisson. Tout le vécu pétarade avec des
reprises.
Les bruits se donnent la main et s’embrassent
par-dessus moi.
j’attends. Je n’attends plus.
Délire.
Néant de jour
Néant de nuit
une attirance douce
à la chair même des choses
éclabousse.
Jour nocturne
nuit diurne
qu’exsude
la plénitude
Début du tapuscrit 12
Le dernier des derniers soleils tombe.
Ou[13] se couchera-t-il en moi ?
A mesure que se poursuit toute chose,
je me suis, je me suis élargi – comme le monde –
et ma conscience plus large que la mer !
Dernier soleil.
J’éclate. Je suis le feu, je suis la mer. Le
monde se défait. Mais je suis le monde !
La fin, la fin disions-nous.
Quelle sottise ! Une paix proliférante
d’obscures plaisances. Branchies, opacules,*
palmes, syrinx*, pennes*. Il me pousse
invisibles et instants par tout le corps,
secrêtement[14] exigés, des sens,
Et nous voici pris enfin dans le sacre tourbillonnant
Ruissellement primordial
Au recommencement de tout.
La sérénité découpe l’attente en prodigieux
Cactus.
Tout le possible sous la main. Rien d’exclu.
Le monde véritablement pour la première
fois total
Et je pousse, moi, l’Homme
stéatopyge* assis
en mes yeux des reflets de marais, de honte, d’acquiescement
– pas un pli d’air ne bougeant
aux échancrures de ses membres –
sur les épines séculaires,
Je pousse, comme une plante
sans remords et sans gauchissement
vers les heures dénouées du jour
pur et sûr comme une plante
sans crucifiement
vers les heures dénouées du soir !
II
LE GRAND MIDI
Seul et nu !
Les messages d’atome frappent à même et d’incroyables baisers
gargouillant leurs errances qui se délitent et des vagissements
et des agonisements comme des lys perfides éclatant dans la
rosace et l’ensablement de leur farouche occultation
des solitudes
Début du tapuscrit 13 :
Je bourlingue[15] à travers les mystérieux rouissements, les atolls
enroulés, les têtards à face de molosse, les levures réticentes
et les délires de tonnerre bas et la tempête sacrée des chromosomes
gorge tendue, tête levée et l’épouvante première et les délices
secrets incendiant dans son crâne des frénésies d’or, gorge tendue,
tête levée, à travers les patiences, les attentes, les montées,
les girations, les métamorphoses, les coalescences l’écaillement
ictérique* des paysages futurs, gorge lourde, tête levée, tel un nageur
têtu à travers les pluvieuses mitraillades de l’ombre à travers le
trémail* virevoltant du ciel
à travers le ressac
et l’embrun pépiant neuf
à travers le pertuis désemparé des epurs
tête levée
sous le pavois
dans le frisselis des naissances et des aubes !….
Le sang du monde une lèvre salée
vertement à mon oreille aigüe[16]
sanglote
gréé de foudres
ses fenaisons marines
Ô embrassements sans portulan*
Qu’importe ?
Jaillissant palmier
fontaine irrésistible, ombelle*,
ma
hourde
lourde
écrase
la vase
avance
et
monte
Ah cîme[17] ! demain flexible,
virgule d’eau, une hourde* lourde sans chamulque*, à contre-filet
écrase la cîme fine qui s’amenuise.
Écume
Je ne cherche plus : j’ai trouvé !
L’amour s’accroche aux branches
L’amour perce les narines du soleil ; l’amour d’une dent bleue
Happe la blanche mer.
je suis la colonne du matin terrassé
Début du tapuscrit 14 :
je suis la flamme juste de l’écorce brûlée ;
dans le bocage de mes cinq doigts toute la forêt debout rougit,
oui, rougit au dessus des abimes les cent mille pointes
des danses impavides.
Large ah ! plus large ! disperser au carrefour de mes reins
les cavaleries frappées d’amour !
broutantes fongosités* l’abime a soufflé la bulle
vivante des collines
broutantes fongosités
élan assassiné
ne partirez-vous point ?
Suivrais-je déjà les lourds chemins bis des pluies et des coxalgies* ?
Mon amour sans pourquoi fait une roue de serpent tiède
mon amour sans pourquoi fait un tour de soleil blanc
mon amour aux entrailles de temps dans une désolation brusque
de sauge et de glaucome gratte sabot inquiet le bombax* de la
savane sourde
M’avancerais-je caressé déjà de soleil pâle vers les ciels où
mes crimes et les longs effilochements d’herbes de mes enfers
colonisés luiront comme des oreilles trépassées dans la caverne
des Requiems *?
Ô oiseau du soleil aux durs becs renaissants
Fraternel minuit,
seul estuaire où bouillir ma darne* indifférence
J’entends le souffle des aralies*
la creuse lumière des plages
le tisonnement des soleils marins, et les silences
et les soirs chevelus aux ricanements noueux
et sur la clapotante batterie des grenouilles l’âcre persévérance
nocturne !
Qui fêle ma joie ? Qui soupire vers le jour ? Qui conspire
sur la tour ?
Mon sang miaule
des cloches tintent dans mes genoux
Ô l’aptère* marche de l’homme dans le sable hérissée.
Demain ? mais déjà cet aujourd’hui me fuit, s’effondre, muette
divinité que gorge
une lasse noyade à travers la bonace* !
– Lâche, lâche soupir ! et ceinturant la nucelle de son
Gargouillement, la mort, l’autre mort, lambruche* aigre et vivace !
misère.
Ah ! je défaille, ce son ! Il entre par mes talons, râcle mes os,
étoile rose et gris parmi le bouillonnement de mon crâne.
Arrête ! j’avoue, j’avoue tout. Je ne suis pas un Dieu. Cicindelle* !
Cicindelle ! Cicindelle !
Lumière Ah ! pourquoi ce refus ?
Quel ruissellement de sang !
Sur ma face.
Début du tapuscrit 15 :
En épaisse glu le long de mes épaules !
Ma décrépitude à genoux sanglote éperdûment[18]
Ding !
Dong !
D’incroyables sorties se précipitent ! sur des biseaux de voie
lactée
je vise le 9 qui démarre en fusée,
j’accroche la fleur foudroyée en oiseau, j’incendie en mille et une cloches inefficaces
le puissant tocsin de mes neuves salives
Tiédeur.
Souffle vireux*. Morsures, caïeu* sanglant à travers les nécroses*…
Quelque part dans le monde un tam-tam bat ma défaite,
Des tiges de lumière brute sous les machettes et dans le
dérèglement tombent.
Le soleil de la 116e rue* en d’étranges bourbiers où soufflent
les silicoses, éclôt dans mon sang la seérénade des vers.
Arums d’amour
Me bercerez-vous plus docile que l’agami*
mes lèpres et mes ennuis ?
Tam-tams de sang
Papayers de l’ombre
Mumbo-jumbo dur tipoyeur
Kolikombo dur tipoyeur
Kolikombo goutte de nuit au cœur jaune de pens ée
Kolikombo aux larges yeux de cassave claire
Kolikombo milan* de feu tassé dans l’oreille des années,
Kolikombo
Kolikombo
Kolikombo
dans les tourbillonnnants beuglements des cécropies*….
Un panache de monde
tranquillement s’installe et parfile* la pariade* métallique
dans ce boulottement d’incendie. Pluie !
(je ne comprends pas car je n’ai point expédié mes messages
pariétaux*)[19]
pluie pluie pluie
Début du tapuscrit 16 :
éclatant parmi moi ses épaules électriques.
– Enos ! Toute ma vie, trouverais-je aux statiques carrefours
foisonnant aux mains pâles des tremblements et des silences, ta
monarchie nocturne et ta paix violacée ?
Arrière ! je suis debout ; mon pied hihane* vers de moins plats
!pays
Je marcherai plein d’une dernière et plantureuse ivresse mon
or et mes sanglots dans mon poing couché contre mon cœur !
En avant par la gauche où bat en ma chair plus cruelle que
l’érigne* la nénie* suduleuse* – attendre
maléfiquement cornant par mon couchant sonore le
bouillonnement de sang et l’oreille fermée et le cœur mieux
clos qu’une sagaie, jeter l’ancre de mes ongles nets dans la
pouture* du jour
Attendre ? pourquoi attendre ?
le palmier à travers ses doigts s’évade comme un remords et
voici le martèlement et voici le piétinement et voici le souffle
vertigineux de la négation sur ma face de steppe et de toundra !
je pars. je n’arriverai point. C’est égal, mais je pars sur
la route des arrivées avec mon rire prognathe*.
je pars. le trisme* du désespoir ne déforme point ma
bouche. Tant pis pour les corbeaux : très loin jouent les pibrochs*.
je pars, je pars. Mer sans ailleursn ô recreux* sans départ
je vous dis que je pars : dans la clarté aréneuse*, vers mon
hostie vivace, se cambrent des centaures.
Je pars. le vent d’un museau dur fouine dans ma patience.
Ô terre grasse de cimaise* dénuée
terre grasse gorgée d’eau lourde
votre jour est un chien qui jappe après une ombre.
Adieu
Début du tapuscrit 17 :
Quand la terre acagnardée scalpera le soleil
dans la mer violette vous trouverez mon œil fumant comme
un tison.
Fournaise, rude tendresse
salut !
les étoiles pourrissent dans les maris du ciel
mais j’avance plus sûr et plus secret et plus terrible
que l’étoile pourrissante.
Ô vol courbe de mes pas !
posez-vous dans la forêt ardente.
Et déjà les bossettes de mon front et la rose de mon pouls
catapultent le Grand Midi.
AIMÉ CÉSAIRE
12
CONQUÊTE DE L’AUBE
Nous mourons notre mort dans les forêts d’eucalyptus géants
dorlotant des échouages de paquebots saugrenus*
dans le pays où croître
drosera* irrespirable
pâturant aux embouchures des clartés somnambules
ivre
très ivre guirlande arrachant démonstrativement
nos pétales sonores
dans la pluie campanulaire* de sang bleu,
Nous mourons
avec des regards croissant en amours extatiques dans des salles*
vermoulues, sans parole de barrage dans nos poches, comme une
île qui sombre dans l’explosion brumeuse de ses polypes – le soir,
Nous mourons parmi les substances vivantes renflées anecdotiquement
de préméditations arborisées qui seulement se feuillent de voix d’en-
fant, qui seulement rampent au large des paupières dans la marche
percée des sacrés myriapodes des larmes silencieuses,
Nous mourons d’une mort blanche fleurissant de mosquées son poitrail
d’absence splendide où l’araignée de perles salive son ardente
mélancolie – de monère* convulsive
dans l’inénarrable conversion de la Fin.
Merveilleuse mort de rien.
Une écluse alimentée aux sources les plus secrètes de l’arbre du
voyageur s’évase en croupe de gazelle inattentive
Début du tapuscrit 18 :
Merveilleuse mort de rien
Les sourires échappés au lasso des complaisances
écoulent sans prix les bijoux de leur enfance
au plus fort de la foire des sensitives* en tablier d’ange*
dans la saison liminaire de ma voix
sur la pente douce de ma voix
à tue-tête
pour s’endormir.
Le jour ne dédie plus son jour
Le jour simplement pond un œuf de jour dans l’œsophage des
clématites* ignorantes du jour brûleur de sucre
oblique aux droites encolures
merveilleuse mort de rien
Ah ! l’aigrette déposée des orgueils puérils
les tendresses devinées
voici aux portes plus polies que les genoux de la prostitution –
le château des rosées – mon rêve
où j’adore
du dessèchement des cœurs inutiles
(sur le triangle orchidal qui saigne violent comme le silence des
basses terres aux vendredis orphelins de la pierre et du vide)
jaillir
dans une gloire de trompettes libres de l’écorce écarlate
Cœur non crémeux, dérobant à la voix large des précipices
d’incendiaires et capiteux tumultes de cavalcade !
Une femme d’où surgie de moi-même inexplicablement éveillée
s’assied au rebord de moi-même
dans le nuage de ses cils
avec des poses de nuage
son regard creusé de vallées insensibles, son regard connu et
inconnu, son regard de forêt et de lune
dans une horreur d’inattention limpide
voit
tant pis.
Je me promène parmi cet impartial et très inutile regard coupé
de rides d’eau sans affluent et sans but
Tant pis.
Je lave les fraises aux halliers hasardeux de ce regard qui voit.
Une femme, pourquoi une femme ?
au rebord de moi-même
son imprévoyance parcourue me mène sans encombre
au cœur ouvert du côté des explosions
oublieusement
au cœur dessinant un nom doux à décapiter une fleur
Notre sœur très sincère
Début du tapuscrit 19 :
C’est Elle
Cœur très clair
Croisée de mille mers
Moi aux abois
C’est Toi.
Parfait. je m’éveille je m’éveille
mais c’est que je suis furieusement éveillé
Debout ! debout ! Ton sang, tes océans, tes foules !
Tes cheveux ont l’odeur plurielle du frangipanier brûlé les jours
de pluie et l’exquise solitude de tes jambes fait plus tremblante
la plaine querelleuse.
bambous scalpés
lances épiphytes*
je m’avance
et les doutes et les pitiés et les mensonges se déprenant du cam-
pement massif des composts s’élèvent en bûchers tendres
vers tes cils de cristal fleuri
Je m’avance
Je n’ai pas peur de la lave amoncelée au lit de ce cœur qui n’est plus
que mon cœur
Et je sens du plus profond de la houle ultra-violette de mes
naufrages où convergent les canaux de mes faux départs
et mon cœur de verdure
vers tes mains de morne rouge
vers tes mains de bouche vive
vers tes mains de jardin fleuri
et tes doigts de clef polie.
Réveil. Maison hantée
Pluie d’été saccagée des purs cris de la terre
où les broméliacées aux ruses ophidiennes
défient les implorations.
Le massacre ! le seuil, le dernier, l’indispensable
mantes , mayas*, gongyles*, phasmes*, renoncules*
la mort
la mort des infidèles
– celle qui épargne les paramécies –
comme une incursion du brouillard
coule dans les vallées aux charmes mulatresses.[20]
Arrêtez ! vous ne l’aurez pas !
Mais qui parle de me prendre mon enfance !
Réflexe vieux
Mon enfance est à moi –
Allons –
Début du tapuscrit 20 :
Mon enfance sur les barricades diurnes que la nuit même ne
saurait renverser – respire
Mon enfance dans l’œil large aux abandons de lactose – rit
Mon enfance
belle selon les masques et les sagaies et les pygargues* et les
tornades et les lunes frénétiques plonge loin des toussaints
aux froides entournures.
AIMÉ CÉSAIRE
(extraits inédits du Grand Midi.
Fort-de-France,
Martinique)
GLOSSAIRE[21]
acagnardé :dDu vieux français, cagnard ; mot qui dérive de l’italien cagna, sens péjoratif du mot chienne. Acagnardé, habitué à paresser. Au XVIe siècle on appelait cagnards des gueux qui, l’été, logeaient sous les ponts. Acagnarder c’est donc habituer quelqu’un à imiter des cagnards, c’est-à-dire vivre dans l’abandon et l’oisiveté – du verbe provençal acanarda, imiter les canards paresseux, vivant dans la fange – accoutumer quelqu’un à une vie molle et libertine – rendre mou, lâche, indifférent.
aptère : Du grec pteron, aile. Aptère, privé d’ailes.
aralie : Botanique : Arbre ou plante grimpante de la famille des clusiacées (Aralia capitata) aux fleurs et ombelles ressemblant au lierre. En Martinique et en Guadeloupe, l’aralie est encore appelée figuier maudit marron.
Mythologie vaudou : L’aralie appartient au dieu Shangó (voir ce nom) Elle a le pouvoir d’éloigner les tornades et protège de la foudre et des décharges électriques. On fait un feu dans la forêt ou à côté des maisons avec le bois d’aralie pour empêcher la foudre de tomber.
Aréneuse : du latin arena, sable ; sablonneux.
bombax : Arbre fromager (Bombax ceiba) (voir Ceiba) Ses fleurs sèches ont un parfum agréable et des propriétés adoucissantes de la peau.
borborygme : du grec borborugmos, je fais un bruit sourd ; gargouillement produit par les bulles gazeuses dans les liquides du tube digestif.
bourlingue : du verbe bourlinguer, terme de marine, avancer péniblement contre le vent et la mer, en tanguant et en roulant.
broméliacée : Plante monocotylédone, du type de l’ananas. Les plantations d’ananas se développent dans la partie nord de la Martinique … ruses ophidiennes… Ces plantations, comme les plantations de canne à sucre, abritent des serpents trigonocéphales dangereux, d’où les précautions à prendre lors de la cueillette.
caïeu : Botanique : mot normand dérivant de cael, du latin catellus, petit chien, signifiant rejeton. Bulbe accessoire sur le côté du bulbe principal d’une plante. Un bulbe peut former plusieurs caïeux.
caïnite : Membres d’une secte agnostique apparue vers l’an 159 après J.C. siècle qui vénérait Caïn et les Sodomites. Ils possédaient un Évangile qu’ils attribuaient à Judas.
caroncules : du latin caruncula, de caro, petit morceau de chair. Crête charnue érectile, rouge, dépourvue de plumes, sur la tête et le cou du dindon ou du paon.
caye : Mot antillais : rochers affleurant le niveau de la mer ; désigne en français des îles, des récifs à fleur d’eau. Vient de “ Cairi ”, qui signifie île dans la langue des Taïnos des grandes Antilles.
Mot créole qui désigne une maison. « vol de cayes de mancenilliers de galets de ruisseau » Aimé Césaire définit ainsi cette image : « vol de cayes : vol de l’oiseau car les cayes (rochers) ressemblent à de gros oiseaux qui planent dans la mer »
116ème rue : rue de New York habitée par une importante colonie sénégalaise.
chamulque : Du grec, chamulkos, de chamai, à terre, et elao, je traîne. Dans l’Antiquité, sorte de baquet dont on se servait pour transporter des fardeaux très lourds.
chimborazo : Volcan des Andes de l’Équateur.
cicindelle : Zoologie : nom féminin – du latin cicindela, ver luisant ; s’écrit aussi cicindèle. Coléoptère carnassier aux élytres verts et jaune clair, chasseur actif à l’état larvaire et à l’âge adulte. Ce très bel insecte, la cincindèle exerce une véritable fascination sur les esprits avertis.
cinabre : sulfure de mercure, de couleur rouge.
clématite : belle plante aux fleurs ornementales blanches ou rouges et aux fruits couverts d’aigrettes soyeuses et nacrées. C’est une plante toxique, corrosive : elle est âcre et irritante. En effet, les feuilles de clématite écrasées et étalées sur la peau provoquent des vésications et des ulcères. Cette mixture, appelée “ herbe des gueux”, était autrefois utilisée par les mendiants pour créer des plaies cutanées, appelant ainsi la compassion. Mâcher cette plante, provoque des sensations de brûlure intense de l’œsophage et de l’estomac.
coxalgie : Pathologie – Lésion douloureuse de l’articulation coxo-fémorale de la hanche.
drosera : Botanique : du grec droseros, rosée humide. Plante carnivore qui croît dans les nappes d’eau et qui capture les insectes qu’elle digère par l’action de ses sucs enzymatiques.
effarade : État d’une personne effarée, rendue sauvage, effarouchée.
éozoon : Archéobiologie : du grec eos aurore, et zoon, animal. Organisme fossile énigmatique, foraminifère fossile, découvert dans les terrains de Laurentides canadiennes. Énigme scientifique qui divise les savants car considéré comme un animal par les uns et par d’autres, comme un minéral. Ce foraminifère montrerait que la vie existait déjà avant l’ère paléozoïque.
épiphytes : Botanique : du grec epi, sur, et phuton, plante. Plante parasite qui, comme l’algue, le lichen ou l’orchidée, vit sur un support neutre ou une autre plante, sans contact avec le sol.
Autre sens : Entomologie – Insecte coléoptère, du genre malacoderme, au corps mou et flexible.
érigne : Chirurgie : nom féminin. Instrument de chirurgie. Écarteur dont le nom est une forme altérée du mot araigne, à cause de sa forme qui rappelle l’araignée. On s’en servait autrefois pour l’ablation des amygdales
falun : Minéralogie : du grec falos, clair, luisant, brillant. Roche sédimentaire détritique, friable, blanche, grise ou rougeâtre, composée de débris coquilliers, dont certaines coquilles très bien conservées. Utilisée comme engrais.
floche : Du latin fluxus, frêle, lâche, mou, flasque. Désigne aussi une petite houppe.
flueur : Du latin fluor, fluoris, écoulement. Physiologie : Menstrues, règles, chez la femme. Les flueurs désignent aussi les règles blanches ou leucorrhée.
fongosité : Pathologie : du latin fungus, champignon. Bourgeon charnu se développant dans les plaies ulcérées et caverneuses.
fusée : Terme possédant plusieurs sens aisément accessibles dans les dictionnaires courants : écheveau, liasse de fils, feu d’artifice, pièce d’artillerie, etc. Dans Les pur-sang, le mot fusée est employé dans un contexte sonore : ouïe, crissements, hennissements. La définition pertinente relève de la sonorité musicale aiguë. La fusée est un trait diatonique éclatant, fort rapide qui, en montant et en descendant, unit deux notes séparées par un grand intervalle.
glane : poignée d’épis ramassée dans un champ ; action de glaner, ramasser les épis.
glaucome : Pathologie. Affection oculaire caractérisée par une hypertension des milieux intérieurs de l’œil, pouvant conduire à l’atrophie de la rétine et du nerf optique.
gongyle : D’une racine grecque qui signifie rond. Zoologie : espèce de reptiles sauriens. Botanique : corpuscules reproducteurs globuleux dans l’écorce de la plante.
Gorée : Île côtière du Sénégal, fermant la rade de Dakar – L’un des principaux centres d’où partaient les esclaves vers les côtes d’Amérique et caraïbes.
hihane : Mot dérivé de l’onomatopée hi-han, le braiement de l’âne. Signifie marcher comme un âne, animal endurant, résistant et résigné.
hourde : Terme de fortification : charpente au sommet des tours de défense, des places ou des châteaux. Estrade dressée autour d’un camp où se donnaient les tournois. Désigne aussi une charge lourde : hourder ses hôtes de présents, hourder une troupe d’équipements lourds.
huette : Zoologie : du latin ululare ; nom vulgaire de la hulotte, chouette nocturne des forêts, chat-huant.
hyalin : qui a la transparence du verre.
ibis :Zoologie : noter que ibis en latin signifie tu iras. Grand oiseau échassier au plumage rouge qui fouille sans cesse le sol marécageux de la mangrove, vivant en grandes colonies, en Guyane notamment. Oiseau sacré des Égyptiens, consacré à la lune, personnification du dieu Thot, vénéré car il détruisait les sauterelles, l’une des sept plaies de l’Égypte.
ictérique : qui à la couleur d’un ictère, c’est-à-dire jaune comme les pigments de la bile.
Kananga : Botanique : Aimé Césaire définit ainsi l’eau de Kananga : « à vrai dire, il aurait mieux valu écrire Cananga ou Canang. C’est un mot malais qui désigne l’énorme odorant dont les fleurs servent à faire un parfum. Cet arbre qui est très beau, pousse également aux Antilles »
Kolikombo : Dans la mythologie des tribus Banda (Oubangui), génie de petite taille, pervers et facétieux évoqué par René Maran dans Batouala.
lambruche : Botanique : vigne sauvage, dans le midi de la France ; même racine que lambrusco, vin rouge italien, pétillant.
lyddite, cheddite : Lyddite : Explosif à base de sel d’acide picrique. Cheddite : explosif à base de perchlorate.
mangliers : Botanique : Mot espagnol dérivé du caraïbe ; fruit du manglier (Rhizophora mangle), arbre du genre palétuvier qui se développe dans la mangrove, ses rameaux plongeant vers le sol et l’eau et formant un lacis très dense et protecteur où pullulent poissons, crabes et coquillages. Le manglier est le principal composant de la mangrove avec le palétuvier.
matineux : Archaïsme : qui a l’habitude de se lever tôt. Le terme matinal désigne ce qui se lève matin, par hasard et non par habitude. C’est donc à tort que les poètes surtout, emploient le mot matinal pour matineux ; c’est ainsi qu’ils disent le coq matinal, l’hirondelle matinale, etc. (Bescherelle)
Mayas : Peuple indien d’Amérique Centrale.
méplat : qui a plus de largeur que d’épaisseur ; exemple le méplat de la joue.
mitose : Biologie : du grec mitos, filament. Processus de division cellulaire au cours duquel les chromosomes prennent une forme filamenteuse avant de se scinder en deux.
mitte : Nom féminin. Mot ancien qui désigne la vapeur âcre qu’exhalent les fosses d’aisance. Désigne également l’irritation oculaire, le mal d’yeux provoqués par ces vapeurs – Métrologie : ancienne mesure dont on se servait pour mesurer le sel et le blé. Nom d’une ancienne monnaie.
Ce mot écrit correctement dans la version Tropiques du poème Le Grand Midi, subit une erreur de transcription, mite, dans l’édition Gallimard 1946 des Armes miraculeuses, erreur reproduite dans les éditions ultérieures.
monère : Dans l’Antiquité, vaisseau n’ayant qu’une seule rangée de rames. Biologie : Du grec monêrês, simple : organisme monocellulaire du genre amibe, avec un protoplasme dépourvu d’enveloppe et de noyau : la monère primitive.
Mumbo-jumbo : Plusieurs sens dérivés : Divinité de la mythologie du Congo « Faites attention à ce que votre main fera / Autrement Mumbo-Jumbo, le Dieu du Congo, vous envoûtera » Poème de Vacel Lindsay, in Jean-Claude Bajeux, Antilia retrouvée, Éditions caribéennes, 1983, p.242. Chez les peuplades Mandika (Mandingues), le mumbo-jumbo désigne les atours rituels que les hommes revêtent lors des séances de conciliation pour résoudre les conflits domestiques. Autre sens : Nom donné par les colonisateurs britanniques aux idoles jugées grotesques adorées par les tribus africaines – ce mot désigne l’objet d’une vénération superstitieuse. Il dériverait
de l’expression mandingue ma-ma-gyo-mbo désignant les atours rituels que les hommes revêtent lors des séances de conciliation pour résoudre les conflits domestiques. – autre sens : Mumbo-jumbo, mot africain, serait
une corruption du mot de bienvenue, en swahili : Mambo jambo – Terme argotique, en anglais, signifiant mots obscurs, inintelligibles, charabia, baragouin
myéline : Biologie : du grec muelos, moelle. Substance lipidique formant la gaine qui enveloppe les nerfs (gaine de myéline).
nénie :Nom féminin pluriel. En mythologie romaine, déesses des funérailles que l’on commençait à honorer au début de l’agonie et qui présidaient aux chants funèbres en l’honneur des morts. Les nénies étaient chantées d’une voix de lamentation, au son des flûtes, par des femmes louées pour cet office. Plus tard, on entendait par ce nom, un chant dont les nourrices se servaient pour bercer ou endormir les enfants (Bescherelle).
néritique : Géologie : du grec neritês, coquillage de mer. Terme de géologie qui désigne des sédiments marins (galets, graviers, sable) qui s’accumulent sur le plateau continental océanique – Zoologie : La nérite est un coquillage mollusque gastéropode à coquille semi-globuleuse fermée par un opercule.
néroli : Chimie : Essence d’oranger, du nom d’Anne-Marie de la Trémoille, femme de Flavio Orsini, prince de Nerola, qui adopta ce parfum.
nidoreux : De nidor, du latin nidorus : odeur de chair brûlée. Le nidor définit une odeur de pourriture, d’œufs couvés, de matière organique brûlée.
nolisée :De l’italien noleggiare, de nolo affrètement ; du latin naulum, frais de transport. Mot synonyme d’affrété, chartérisé.
nopal : Botanique : Mot espagnol venant de l’aztèque nopalli. Plante cactacée d’Amérique (Euphorbia lactea), encore appelée opuntia ou oponce (de la ville d’Oponte en Locride) ; figuier de barbarie dont les fruits sont comestibles (voir le mot euphorbe) Une espèce de nopal du Mexique nourrit la cochenille et donne une teinture rouge.
nucelle : Botanique : du latin nucella, diminutif de nux, noix. Nucelle, petite noix. Partie de l’ovule des plantes qui enveloppe le sac embryonnaire.
ombelle : botanique – inflorescence avec les pédicules qui prennent tous naissance autour du même plan de la tige et se développent en divergeant.
opacule : Biologie : du latin opacus, sombre, opaque. Mot employé comme adjectif pour qualifier les branchies des poissons qui sont operculées (du latin operculum, couvercle, opercule), c’est-à-dire recouvertes par les fentes branchiales.
Ouidah : Port du Bénin, à l’ouest de Cotonou. Jusqu’en 1961, enclave portugaise jusqu’en 1961.
parfile : Défaire fil à fil afin de récupérer les fils d’or et d’argent.
pariade : Rassemblement des animaux par couples, en prélude à l’accouplement sexuel. Autre sens : la pariade désignait le viol collectif d’une femme par les marins, sur un bateau d’esclaves. Toutes les grossesse qui en résultaient étaient considérées comme une plus-value.
pariétaux, pariétal : qui a rapport à la paroi, exemple l’os pariétal, os de la paroi latérale du crâne.
penne : Zoophytologie : Espèce de zoophyte, polypier libre appelé plume de mer, penne marine ou pennacule.
pibroch : air de cornemuse d’Écosse.
phasme : Insecte au corps allongé, doué de mimétisme et imitant la forme des tiges sur lesquelles il se pose
portulan : Livre qui contient le gisement des ports de mer et des côtes, l’indication des courants et des marées, des heures de pleine mer, des heures de pleine et de nouvelle lune.
pouture : du latin pultis, bouillie de céréale. Mode d’engraissement des bestiaux avec des graines farineuses.
pygargue : Zoologie : du grec pugargos, qui a les fesses blanches. Grand rapace diurne, falco albicaudus, (en Europe, s’appelle l’orfraie) qui se nourrit de poissons et de charogne.
radiolaire : Zoologie : de radiolus, petit rayon – Prorozoaire du plancton doté d’un squelette silicieux à symétrie axiale.
recreux : Cavité, renfoncement
rêche : âpre au goût, rude au toucher.
renoncule : Botanique : du latin ranunculus, petite grenouille. Herbe vivace, aux fleurs jaunes, blanches ou rouges, aux fruits munis d’un bec crochu. Plante vénéneuse ; la renoncule aquatique, encore appelée grenouillette, contient un poison violent, utilisée autrefois à la place de la mouche cantharide, pour ses propriétés rubéfiantes ou vésicantes. Les renoncules avaient la propriété d’exciter le rire spasmodique, le rire sardonique.
Requiems : Outre le sens de prière des Trépassés, ce mot désigne le requin, car, selon l’expression familière des marins, « qui voit un requin voit son Requiem ». « On rencontrait surtout le requin franc ou Requiem (Dutertre) qui abonde à Cayenne… »
rescrit : Archaïsme : Vieux mot français dérivant du latin impérial rescriptum, de scribere, écrire. Réponse de l’empereur aux questions posées par les gouverneurs, les juges, les citoyens, en cas de contentieux. Réponse du Pape sur des questions de théologie pour servir de décision ou de bulle.
rhizulent : Botanique : du grec rhiza, racine. Rhizule, petite racine ; se dit notamment des racines de champignons (le rhizome).
rifle : archaïsme : ancienne forme du verbe rafler qui signifie déchirer en frottant, érafler, écorcher, arracher, raboter (d’où dérive le mot riflard, grosse lime pour dégrossir les métaux).
Autres sens archaïques : se quereller, se battre avec acharnement, piller, ravager, frapper, tuer.
– manger avidement, goulûment – Gale de lèpre ; rifleur : couvert de gale.
rouissement : ou rouissage ; action de rouir, isoler les fibres textiles comme le lin et le chanvre, pour le tissage.
saburre : Pathologie : du latin saburra, gravier. Les saburres sont des enduits blanchâtres composés de cellules desquamées, de filaments mycéliens, de microbes et de particules alimentaires qui s’accumulent au cours des fièvres et des troubles digestifs.
Saint-Pierre : Commune du nord de la Martinique, détruite par l’éruption de la Montagne Pélée, le 8 mai 1902 – Zoologie : Poisson comestible des côtes de France (Zeus faber), encore appelé poule de mer, au corps en forme de disque aplati, qui nage couché sur un côté ; dénommé Saint Pierre, à cause de la tache ronde de ses flancs qui serait la marque du pouce de l’apôtre.
salle : Archaïsme : le mot salle désignait, en français ancien un lieu planté de grands arbres, de verdures, de charmilles ; une salle de chênes, de saules, de marronniers, etc.
saquée : Archaïsme : Vieux mot français, le verbe saquer veut dire tirer violemment, traîner avec effort et soubresaut.
scorpène : Zoologie : nom féminin. Poisson de mer côtier, encore appelé rascasse ou scorpion de mer à cause de ses épines venimeuses. La scorpène est un poisson hideux à l’aspect inquiétant dont le corps est hérissé de barbillons et d’aiguillons, comme la scorpène horible (scorpœna horrida)
sensitive : Botanique : Plante, encore appelée mimeuse pudique (Mimosa pudica) cas les feuilles se replient au moindre contact. La sensitive présente le sommeil végétal. Le soir, elle rapproche ses folioles, les incline, replie ses pétioles, relève feuilles et tigelles. Les narcotiques endorment les sensitives. Zhèbe moin misé.
Siloé : Source intermittente d’eau vive de l’ancienne Palestine qui alimentait les piscines ; rendue célèbre par le miracle de l’aveugle-né à qui Jésus rendit la vue.
silurienne : Géologie : Période archéologique paléozoïque. Nom dérivé des Silures, habitants d’une région de l’Angleterre où ces formations géologiques furent étudiées. Zoologie : Le nom du poisson silure dérive du latin silurus (du grec silouros)
sproum : Terme d’argot familier – désigne le scandale, l’esclandre, le bruit, le tapage, la colère, la révolte.
stéatopyge : Anatomie : du grec steatos, graisse et pugê, fesse. Caractère anatomique des fesses grasses et rebondies, voire hypertrophiées, dans l’espèce humaine
suduleuse : Terme non identifié. Néologisme probable ; mot-valise composé de la racine latine sudor, sueur, sudation et du suffixe – leuse, que l’on retrouve dans les termes médicaux papuleuse, vésiculeuse. Une affection cutanée, le sudamina, est caractérisée par une éruption sudorale avec des formes vésiculeuses et papuleuses, remplies de liquide séreux clair et transparent. Le sudamina se voit dans certaines maladies infectieuses, comme la fièvre typhoïde, avec production excessive de sueur (suette miliaire) : sudor + papuleuse (ou vésiculeuse) = suduleuse.
syrinx : Du latin syrinx, roseau. Ce mot possède plusieurs sens. Mythologie : Nymphe d’Arcadie qui fut transformée en roseau alors qu’elle fuyait les poursuites amoureuses de Pan. Syrinx était aussi le dieu des bergers, à la forme humaine et animale, à la fois, satyre doué d’une débordante activité sexuelle. Zoologie : nom générique d’une espèce de siponcle, zoophyte caractérisé par un corps allongé, cylindrique, nu. Les siponcles constituent un mets très recherché en cuisine chinoise. Ce dernier sens, le syrinx animal marin, est cohérent avec la connotation marine de ce passage du poème.
tablier d’ange : Anthropologie : Les anthropologues africanistes désignent sous le nom de tablier d’ange la particularité anatomique observée chez les femmes hottentotes, caractérisée par un extraordinaire développement des petites lèvres vulvaires qui finissent par ressembler à des pans de tablier.En Europe, le tablier d’ange désigne le sac de toile suspendu sous le ventre des béliers pour les empêcher de saillir les brebis.
thaumalée : Zoologie : du grec thaumaleos, admirable. Oiseau encore appelé chrysolophe, faisan à collerette, élevé pour la beauté de son plumage. Désigne aussi un oiseau-mouche, porteur d’une aigrette dorée.
tipoyeur : Mot africain (Rwanda, Congo) désignant un porteur de tipoye. La tipoye est un hamac fixé à une ou deux tiges de bambou, porté par deux ou quatre hommes. Utilisé à l’époque coloniale pour transporter les notables ; sert actuellement au transport des blessés et des malades.
tisonnement :action de tisonner, c’est-à-dire remuer les tisons et la braise.
trisme : Pathologie : terme médical, encore appelé trismus ; du grec trismos, de trizein, grincer.Contracture des muscles masséters, muscles de la mâchoire, qui provoque un rictus ; symptôme apparaissant dans la méningite ou le tétanos.
trémulement : Tremblement à secousses fines et rapide – se voit dans certaines maladies comme la maladie de Parkinson.
vermiculaire : qui a la forme d’un ver.
vétiver : Botanique : mot d’origine tamoul, vettivern ; graminée de l’Inde, de la Réunion, des Philippines dont la racine odorante est employée en parfumerie.
vireux : du latin virosus, d’odeur fétide, de virus, poison. Se dit de produits végétaux toxiques comme la ciguë et l’opium qui ont une odeur ou une saveur nauséabonde.
youca: s’écrit aussi yucca ; nom masculin, plante liliacée arborescente, originaire d’Amérique centrale, aux feuilles réunies en touffes, aux grandes fleurs violettes ou blanc-crème, au port élégant.
[1] Le glossaire des termes difficiles est en fin de texte.
[2] L’analyse critique et commentée de ces poèmes, in : René Hénane, « Les armes miraculeuses » d’Aimé Césaire – Une lecture critique, L’Harmattan, 2008.
[3] Les mots soulignés par un astérisque * se retrouvent dans le glossaire.
[4] sic
[5] sic
[6] sic
[7] sic
[8] lézards avaleurs de soleil… référence à la religion et à la mythologie orientale indoue des védas où apparaît le “dragon avaleur de soleil” : « Dans les chants du véda de l’Inde antique vers le 15ème siècle avant J.C., le dragon Vrita est avaleur de soleil, il détient l’eau des fleuves et celle du ciel ; le dieu Indra l’a tué libérant le soleil et les eaux sans lesquels toute agriculture est impossible… Ces deux animaux [le dragon occidental et le dragon oriental] ont le plus souvent la gueule grande ouverte, l’une crachant du feu, l’autre attrapant une boule représentant les astres lunaires ou solaire… » cf : http://www.reseau-asie.com – mot-clé : lézard avaleur de soleil)
[9] sic
[10] sic
[11] sic
[12] sic
[13] sic
[14] sic
[15] Dans la version contrecollages de Tombeau du soleil apparaît une strophe différente : … je bourlingue… supprimée dans le tapuscrit :
… je bourlingue
à travers le lait tendre des lumières et des lichens et les
mitoses* et l’épaisse myéline*
et l’éozoon*
et les brouillards et les mittes* de chaleur hurlante.
[16] sic
[17] sic
[18] sic
[19] Il manque, dans le tapuscrit, le vers suivant figurant dans la version Le Grand midi contrecollages :
(… je ne comprends pas car je n’ai point convoqué d’onde)
[20] sic
[21] Extrait de : René Hénane, Glossaire des termes rares dans l’œuvre d’Aimé Césaire, Éditions Jean-Michel Place,2004 – tome 2, en préparation.