Résumé
Cette analyse se propose de démontrer la révolte de KOUROUMA contre la survivance coloniale par la langue française et son projet d’apothéoser sa culture et son identité. Malgré les exigences d’ouverture qu’impose le nouveau monde dans tous les domaines, le romancier ivoirien reste enfermé dans son « malinké » qui est le fondement de sa réflexion avant la transposition en français. Aussi l’auteur d’Allah n’est pas obligé se rend-il volontairement coupable de violation de code du français, mis en minorité, pour valoriser sa langue et sa culture d’origine. Son principal souci n’est pas d’enrichir les deux langues qu’il met finalement en conflit, mais plutôt de prouver que le malinké peut aussi être une langue de grande communication si tant est qu’une langue employée dans un roman s’adresse à tout lecteur, même au locuteur non natif. Ahmadou KOUROUMA est donc considéré à juste titre comme un iconoclaste, puisqu’il conteste au français, « langue de civilisation », sa prédominance sur toutes les autres langues locales. La langue utilisée par ses personnages met en déroute tous les puristes du français. Ils ne s’en servent que comme langue de façade. Ils réfléchissent en malinké, transposent en français, d’où le phénomène de calque. Bien plus, les constructions syntaxiques qui s’écartent régulièrement de la norme semblent obéir aux exigences de la langue malinké, d’où l’intérêt de voir sous l’angle de l’interférence linguistique. Et quand il estime qu’il y a nécessité de se faire comprendre, il procède aux emprunts linguistiques, d’où la nécessité d’apprécier aussi le phénomène d’alternance codique. Ces différents phénomènes linguistiques sont très souvent à l’origine des conflits qu’on rencontre dans tous les milieux plurilingues. Ainsi pour comprendre les motivations d’une telle désinvolture langagière, il semble judicieux de convoquer la sociolinguistique qui permettra d’analyser l’implication d’une langue dans la définition d’une identité et les complexités que peut entrainer une telle technique dans l’écriture. L’écriture de KOUROUMA est une véritable curiosité linguistique que la présente étude va se charger de désépaissir au moyen d’une approche bien spécifique.
Mots clés : alternance codique ; calque ; conflit linguistique, emprunt linguistique ; identité ; interférence linguistique ; malinké ; sociolinguistique.
Charles Sylvain ELOUNDOU MVONDO a achevé la rédaction d’une thèse de doctorat/Ph.D à L’Université de Yaoundé I. Ses travaux de recherche s’intéressent aux questions de l’enfance et d’identité d’où l’intérêt à examiner des phénomènes de repli identitaire et de repères. Par ailleurs il est enseignant de lettres au Lycée bilingue d’Étoug-Ébé (Yaoundé).
Introduction
La coexistence entre les langues de colonisation : principalement le français et l’anglais, et les langues africaines, a très souvent été tumultueuse. Les langues locales voient d’un mauvais œil l’hégémonie des langues étrangères qui constituent un véritable obstacle à leur épanouissement. Sentiment légitime, car il est difficile d’accepter qu’on soit dominé chez soi quelle que soit la puissance de l’étranger. Aussi observe-t-on souvent la poussée des phénomènes qui provoquent la dégradation des fondements identitaires alors même qu’on attendait un phénomène contraire : l’enrichissement. Cette étude est une réflexion de plus qui vient examiner les conflits nourris entre les langues locales et les langues étrangères. Elle se propose de démontrer comment le romancier ivoirien, Ahmadou KOUROUMA, allume l’un des foyers de ces conflits linguistiques sus-évoqués dans son roman Allah n’est pas obligé. Dans un entretien accordé à Michèle ZALESSKY en 1988 au sujet de son style, il déclarait avec une fierté déconcertante : « Je n’ai jamais eu peur de transgresser »[1]. Cet aveu a tout l’air une contestation d’un certain ordre, car délibérément, l’auteur transgresse la norme standard qui régit le français et se met dans une posture d’iconoclaste. En plus de transposer simplement sa réflexion malinké en français, il alterne arrogamment les codes malinké, français et même quelquefois l’anglais pour obtenir une langue hybride qui constitue une curiosité sociolinguistique.
Cette attitude est loin d’être une simple intention d’enrichir la langue française, mais il faut plutôt lire une volonté manifeste d’un auteur qui replie sur son identité, car Ahmadou KOUROUMA est très bien placé pour savoir que la langue est une composante identitaire très importante. Il refuse ainsi de s’acculturer, mais en retour, il tente un tour de force, celui d’imposer sa culture malinké à travers cette façon de s’exprimer qui heurte les puristes. Aussi peut-on comprendre cette aversion de GASSAMA qui traite le romancier ivoirien de « criminel » comme on peut le lire dans la déclaration suivante : « Ahmadou Kourouma torture et trahit la langue française, comme pour demeurer fidèle au langage malinké avec lequel il semble avoir « juré une sainte alliance ». Ce bigame est injuste et criminel : il met le feu à l’un de ses foyers ».[2]
On le voit bien, KOUROUMA est coupable de trahison de son alliance avec le français, mais il reste loyal à son alliance naturelle avec le malinké dont il est locuteur natif. Cette complainte de GASSAMA devient plutôt une admiration que lui arrache ce « surréaliste » d’une autre espèce. Fier de son identité, il mêle sa langue au français et impose « ce cocktail » linguistique à ses lecteurs qui doivent s’efforcer à le comprendre, car il n’est pas question de brader son précieux patrimoine naturel. André GREEN définit ce lien de sang avec sa culture en ces termes : « l’identité est rattachée à la notion (…) de maintien de repères fixes, constants, échappant aux changements pouvant affecter le sujet ou l’objet par le cours du temps… »[3] L’auteur d’Allah n’est pas obligé semble s’approprier cette conception de l’identité de GREEN, car il maintient les repères du malinké dans la structure du français pour éviter tout étouffement de sa langue. Aussi est-il intéressant de se demander comment Ahmadou KOUROUMA réussit à rester Malinké alors même que le nouvel ordre mondial portant sur la mutualisation des cultures et civilisations exige l’intégration générale. Par quels procédés reste-t-il campé sur sa culture et son identité? L’auteur d’Allah n’est pas obligé est-il en train d’imposer le « label » malinké sur la place de la mondialisation ? Toutes ces interrogations constituent, à n’en pas douter, le fondement problématique de cette analyse.
Pour apporter quelques éléments de réponse à ces interrogations, il est opportun de convoquer la sociolinguistique qui, dans sa démarche, prend en compte la linguistique générale et la configuration sociale. On comprend dès lors que le milieu social constitue le fondement de ses facteurs déterminants. Mais la logique voudrait qu’on examine préalablement le contexte social, un contexte où le français cohabite avec le malinké, langue locale. Dans ce cas de figure, Pierre Dumont souhaite une coexistence pacifique :
La coexistence entre le français et les langues africaines, née de l’histoire, ne doit pas se vivre en termes de conflit, ou de “guerre de langues“, mais bien en termes de solidarité et de complémentarité. Le partenariat linguistique français langues nationales se fonde sur l’affirmation de l’égalité des langues-cultures et le refus de toute hiérarchisation dans ce domaine… [4]
Ce noble vœu de Dumont reste une simple déclaration d’intention que KOUROUMA a tôt fait de violer dans son roman Allah n’est pas obligé, car il avait à cœur de sauvegarder son identité. D’ailleurs, dans les pratiques quotidiennes, on voit bien que les langues nationales ne bénéficient pas du même crédit que les langues étrangères qui y sont en usage. De facto, la hiérarchisation qu’on veut pourtant éviter dans la forme s’installe dans le fond.
Cette analyse va s’intéresser aux phénomènes de calque, d’alternance codique et aussi d’interférences linguistiques qui constituent les foyers de conflits par lesquels le romancier ivoirien procède régulièrement dans son roman et les conséquences qui en découlent dans la vie du français.
- Calque ou dédoublement malinké/ français
Le calque est défini comme la transposition d’un mot ou d’une construction d’une langue dans une autre par traduction. Cette définition du phénomène justifie clairement la position de tous ceux qui pensent que KOUROUMA réfléchit en malinké et traduit en français. L’auteur d’Allah n’est pas obligé ne s’en défend pas outre mesure. Bien au contraire, il se radicalise dans sa façon d’écrire qui constitue une insécurité pour le français. Ainsi dès l’ouverture du roman, le narrateur s’identifie comme celui qui parle mal le français et qui n’a aucune intention de s’améliorer : « Non ! Mais suis p’tit nègre parce que je parle mal le français C’é comme ça (…)[sic] »[5] Loin d’être un aveu d’incapacité linguistique, cette déclaration est au contraire une provocation d’un narrateur impertinent qui ne voit aucun mérite à savoir parler cette langue de colonisation qui obstrue son identité alors même qui peut dire ce qu’il pense en sa langue.
Il a néanmoins le souci de se faire lire par les locuteurs non malinkés. C’est pour cette seule raison qu’il recourt au français qu’il met d’ailleurs en insécurité. La morphologie des mots utilisés et la structure des phrases qui en sont construites exposent à la tentation d’analyser l’œuvre de KOUROUMA sous l’angle des registres de langue. Aussi est-il opportun d’apprécier les diverses formes de calque qui constituent les fondements identitaires malinkés.
I.1. La minoration du français
Le contact du malinké et du français dans l’univers kouroumien permet de reconnaître non une forme de diglossie qui, selon P. DUMONT et B. MAURER, repose « sur l’idée d’une répartition harmonieuse des langues dans les sociétés plurilingues »[6], ni même une complémentarité encore moins une convivialité, mais un véritable conflit entre les langues en présence. L’auteur des Soleils des indépendances est dans une posture de valorisation de sa culture. Son projet de mise en valeur de l’identité malinké est ainsi clairement défini. On peut donc comprendre que son narrateur s’identifie pour que nul n’en ignore :
J’emploie les mots malinkés comme (faforo !)…(gnamokodé !)…(walahé !)…Les malinkés, c’est ma race à moi. C’est la sorte de nègres noirs africains indigènes qui sont nombreux au nord de la Côte d’Ivoire, en Guinée et dans d’autres républiques bananières et foutues comme Gambie, Sierra Leone et Sénégal là-bas, etc.[7]
Cette identification donne le ton de ce que Birahima n’a pas l’intention d’accorder quelque traitement de courtoisie au français, victime d’une insécurité dans la pratique. D’ailleurs, il est démontré que cette langue, pourtant officielle en Côte d’Ivoire, se plie à un emploi décontextualisé, ce que V. COGHLAN et J. Y. THÉRAULT définissent comme « une langue qui serait réduite aux formes structurelles partagées par tous les locuteurs de cette langue, peu importe la variété de la langue qu’ils utilisent. »[8] Il s’agit donc à proprement parler d’une langue française qui, sans se plier stricto sensu à la norme prescriptive, souscrit au critère d’acceptabilité et est propre à communiquer. Sa structure est rendue flexible au gré du narrateur malinké qui étouffe la syntaxe par une accumulation de qualificatifs.
Le roman de KOUROUMA ne s’adresse pas aux seuls malinkés dont il a par ailleurs circonscrit l’espace géographique. C’est pour cela qu’on peut noter cet effort de ses personnages qui emploient un français de communication. Mais il reste que le narrateur transpose ses réflexions malinkés en français et à chaque lecteur de le comprendre comme on peut le percevoir dans l’extrait ci-après : « Suis dix ou douze ans et je parle beaucoup. Un enfant poli écoute, ne garde pas la palabre…le genou ne porte jamais le chapeau quand la tête est sur le coup. C’est ça les coutumes au village. »[9] Comme on le voit bien, ces propos traduisent à suffisance l’intention de valoriser la langue et la culture malinkés même si tout cela est couvert de français dont on a du mal à reconnaître la structure. Les proverbes et pensées locaux investissent la structure du français au grand dam des puristes.
Le calque se manifeste aussi par la déconstruction des structures du français standard en dehors de la transposition qui le fragilise déjà. On note une sorte de désinvolture dans la façon de parler des personnages non soucieux de la rigueur des principes du français. Cela relèverait peut-être de la structure du malinké, car n’étant pas locuteur natif, on est assez mal placé pour faire une appréciation objective. On peut cependant constater la différence qui se dégage entre ces deux langues dont la cohabitation s’inscrit parmi les préoccupations : le français et le malinké. L’extrait ci-après en est une illustration parfaite:
On n’est plus villageois, sauvage comme les autres noirs nègres africains indigènes : on entend et comprend les noirs civilisés et les toubabs sauf les Anglais comme les Américains noirs du Libéria. Mais on ignore géographie, grammaire, conjugaisons, divisions et rédaction…[10]
On souligne un emploi facultatif de déterminant qu’on retrouve pourtant par endroit. On se demande alors s’il y a une règle qui fixe le moment de l’emploi de cette catégorie grammaticale. Toute cette confusion caractérise le phénomène de décontextualisation du français et renforce l’idée de minoration du malinké.
D’autres phénomènes sont visibles dans la structure de cette langue qui n’est plus strictement le français. La transposition des idées locales recommande peut-être que les locuteurs omettent certains mots exigibles dans la structure du français normatif. Cette absence s’illustre dans ces autres formes de calque qui émaillent le parler du narrateur d’Allah n’est pas obligé : « c’était un donson ba, c’est comme ça on appelle un maître chasseur qui a déjà tué un fauve noir et un génie malfaisant… » [11]
« Matin cinquième jour, je suis parti de la case avec décision de ne plus manger avec maman»[12]
« C’est pour faire gros bénéfices que les commerçants et les commerçantes ça grouille autour des gbakas en partance pour le Libéria à N’Zérékoré »[13]
Le dénominateur commun de ces différents extraits est une absence de régularité dans la structure phrastique. Les déterminants disparaissent de la syntaxe au moment où on attend le moins et bien plus, d’autres mots souvent indispensables pour la structure complète sont délibérément omis par les locuteurs pour confirmer l’idée de la minoration du français. Le calque apparait aussi sous un autre visage qui s’apparente à une préférence linguistique. Aussi apparaît-il nécessaire d’analyser cet autre aspect de la question.
I.2. La préférence du malinké
Des pratiques linguistiques en œuvre dans l’univers de KOUROUMA se dégagent des représentations linguistiques qui traduisent chez les personnages d’Allah n’est pas obligé une certaine préférence. Or dans un contexte de cohabitation des langues, il est conseillé d’éviter ce genre de conflit qui expose une langue à la minoration tout en propulsant une autre à la domination. C’est à ce jeu que se livre l’auteur d’En attendant le vote des bêtes sauvages, décidé à en découdre avec le français pour lequel il reste manifestement inélégant et discourtois comme il le démontre dans cette confidence à ZALESSKY :
Ce que j’ai compris intuitivement, c’est que, si je faisais parler mon héros en français classique, il ne m’apparaissait correspondre à ce que je voulais : la façon dont il pensait, élaborait et classait ses concepts, tout cela ne venait pas. La succession des mots français, les connotations qu’ils portent me gênaient, m’empêchaient de [le] faire sortir. Il me fallait m’approcher d’une façon d’aborder les idées qui correspondent au rythme de la phrase malinké.[14]
On peut alors souligner cette désinvolture qui caractérise les personnages dans leurs échanges communicationnels avec pour seul souci de se comprendre. La norme du français en est fragilisée et tous ceux qui avaient pensé à un enrichissement de la langue dans ce contact sont désillusionnés. Les personnages s’expriment avec une platitude déconcertante. Cette attitude dénote de la préférence qu’ils ont pour le malinké comme en témoignent les extraits ci-après : « il faut toujours remercier l’arbre à karité sous lequel on a ramassé beaucoup de bons fruits pendant la bonne saison. »[15]
« … arrête les larmes, arrête les sanglots… C’est Allah qui crée chacun de nous avec sa chance, ses yeux, sa taille et ses peines. Il t’a née avec les douleurs de l’ulcère. »[16]
On peut bien relever que l’identité malinké s’exprime ici à travers les proverbes et les pensées de la tribu dont toute traduction serait coupable. Il revient aux locuteurs non natifs du malinké de décrypter ce code qui leur est imposé par des « conservateurs » accrochés à leur identité. Faut-il vraiment le leur reprocher ? La question reste posée quand on sait que même en Côte d’Ivoire, le malinké n’a pas un statut de langue officielle. Son emploi apparaît donc comme envahissant et même embarrassant dans une situation de communication aussi importante comme le roman. Les extraits ci-après traduisent davantage ce nombrilisme outrancier qui marque le repli identitaire chez Ahmadou KOUROUMA :
Si tu n’arrives pas à mouiller les barbes des magistrats, des juges, greffiers et avocats du tribunal d’Abidjan, tu es condamné au plus fort. Quand tu es condamné, si tu n’arrives pas à mouiller les barbes des huissiers et des policiers, on saisit tes concessions et tes maisons[17]
« Allah dans sa bonté ne laisse jamais vide une bouche qu’il a créée. Faforo ! »[18]
« Nous n’avons même pas beaucoup fait pied la route, même pas un kilomètre… »
Le phénomène du calque sous l’angle de la préférence linguistique est flagrant dans ces morceaux choisis. Le narrateur qui a déclaré ne pas savoir parler le français dès l’entame de son récit lançait déjà un appel à la compréhension de ses lecteurs. Mais on ne va pas naïvement prendre cet aveu comme une vérité d’évangile. Il faut plutôt lire les errements d’un narrateur impertinent qui refuse de s’acculturer ad vitam aeternam, mettant ainsi le français dans l’impasse.
Loin de traduire KOUROUMA devant un tribunal correctionnel, on se contente d’apprécier son habileté à calquer ses réflexions malinkés sur des structures de la langue française. Cette cohabitation établit la domination de la langue locale sur le français qui n’est plus que dans un emploi apparent. D’ailleurs, le romancier ivoirien se réjouit de sauvegarder non seulement son identité, mais aussi celle de beaucoup d’Africains qui, estime-il, doivent se reconnaître dans cette façon de s’exprimer. Il confie cette fierté à ZALESSKY en ces termes :
Beaucoup d’Africains, même très éloignés du contexte malinké, se reconnaissent dans mon roman et s’amusent de s’y retrouver chez eux. J’assigne deux finalités à la langue : elle est un moyen de communiquer, de transmettre des messages, elle est aussi un moyen de se retrouver soi-même.[19]
Il n’y a plus de doute, le style de KOUROUMA est un procédé par lequel il protège et valorise son identité malinké et, au-delà, l’identité africaine. Pour atteindre cet objectif, il se sent l’obligation de bousculer les codifications et de tordre le français.
Comme on a bien pu le souligner, Ahmadou KOUROUMA crée volontairement un conflit linguistique entre le malinké auquel il demeure loyal et le français auquel il fait la grande infidélité et ne s’en sert que par simple nécessité. À travers le calque très présent dans le parler de ses personnages, le romancier ivoirien fait valoir son identité et sa culture et fait comprendre qu’il n’existe pas de super-culture en laquelle on peut réfléchir ni de super-langue en laquelle on devrait s’exprimer. Il faut tout aussi noter que le calque n’est pas le seul procédé de repli identitaire dans le roman de KOUROUMA. Il recourt aussi à l’alternance codique qui établit à son tour la difficile cohabitation dont le français fait l’objet dans son univers. Aussi-est-il opportun d’examiner cet autre pôle de conflit pour comprendre les réelles intentions du romancier.
- Alternance codique ou déconstruction du français standard
Du fait de la vitalité du malinké et de la minoration du français dans le roman de KOUROUMA, une forme de maintien de deux codes linguistiques se trouve être l’alternance codique. C’est un phénomène lié à toute situation de bilinguisme (officiel, diglossique ou identitaire). Edmond BILOA souligne que dans ce cas de figure, « les locuteurs ont tendance à mélanger ou à alterner les items lexicaux, les expressions, les phrases et les propositions pendant l’interaction verbale. »[20] Ainsi après le calque qui traduit les procédés de repli identitaire par les personnages d’Ahmadou KOUROUMA, le mélange prémédité de codes vient enfoncer le français dans une insécurité manifeste. Jacky SIMONIN, qui avait déjà parlé d’insécurité linguistique dans le cas du calque, paye la police d’assurance de cette analyse. Il souligne clairement : « L’alternance langagière constitue (…) un signe majeur de l’insécurité linguistique et produit une double instabilité qui porte sur le système linguistique et sur le contexte (micro et macro) d’usage. »[21]
On relève dans cette attitude une volonté de propulser une langue aux dépens d’une autre mise en minorité, car l’alternance codique n’est pas un phénomène innocent. Son emploi est volontaire et conscient puisque le locuteur dispose de « l’habileté à alterner linguistiquement et de manière appropriée selon les changements situationnels »[22] KOUROUMA ne s’en cache pas, il est déterminé à stopper l’envahissement du français malgré son statut politique de langue officielle. Le français est dans un emploi de façade dans son roman. On lui impose une coexistence qui le met à l’étroit. Aussi importe-il d’analyser les diverses formes d’alternance codique qu’on rencontre dans Allah n’est pas obligé.
II.1. Constructions hybrides malinké-français
Signalons tout d’abord que KOUROUMA écrit et parle correctement le français quand il veut bien le faire comme l’illustre l’extrait ci-après : « Un marin voulut épouser la femme quand l’enfant avait cinq ans, mais ne voulut pas de l’enfant. On confia Robert’s à sa tante qui elle aussi se défendait dans les bars. »[23] On peut bien souligner que cet extrait ne souffre d’aucune intrusion étrangère, ni même d’entorse sur les plans syntaxique et sémantique. On pourrait dire qu’il s’agit là de la langue du roman. Cette conclusion hâtive est très vite balayée par KOUROUMA qui apporte la preuve du contraire. Personne ne peut lui contester la compétence de la maîtrise du code du français. Il s’en sert alors à des fins pernicieuses pour déconstruire les structures du français auxquelles il introduit à souhait celles de son malinké auquel il reste loyal. Il n’est même pas exagéré de parler de « chauvinisme ».
Le narrateur principal a donné l’alerte en déclarant qu’il utilise les mots malinkés dans sa narration. Ce n’était pas un aveu d’incapacité, mais plutôt une façon de s’assumer qui confirme, s’il en était encore besoin, la thèse du repli identitaire. Dès le titre, il utilise un mot non français « Allah » qui s’intègre sans grande conséquence dans la structure du français : « Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est « Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici bas. »[24]
Le mot « Allah » n’est certes pas d’origine malinké, mais il n’est pas non plus un emprunt. Son équivalant en français est « Dieu ». L’auteur est de la religion musulmane qui désigne le Très Haut de la façon dont il le fait. Il refuse donc par cet acte de commettre une apostasie vis-à-vis de l’islam et aussi de renoncer à son identité.
Les extraits ci-après illustrent les différentes constructions hybrides qui constituent les procédés de repli identitaire dont KOUROUMA se rend fièrement coupable :
« Suis pas chic et mignon parce que je suis poursuivi par les gnamas* de plusieurs personnes (…) je suis poursuivi par les gnamas, donc tout se gâte chez moi et avec moi. Gnamokodé (bâtardise) ! »[25]
«Avant ça j’étais un bilakoro au village de Togobala »[26]
« Ils ont lancé contre la jambe droite de maman un mauvais sort, un koroté, un djibo trop fort, trop puissant. »[27]
« L’imam a demandé à Balla de dire plusieurs fois « Allah koubarou et bissimilaï », et Balla a dit une seule fois « Allah koubarou et bissimilaï. »[28]
La mort de maman me fait mal, encore très mal. Parce que les déclarations des vieillards cafres étaient des gros mensonges, ils étaient de fiéfés menteurs. Et moi, j’ai été avec elle un mauvais et vilain garçon (…) Donc, je suis maudit, je traîne la malédiction partout où je vais. Gnamokodé (bâtardise) ! [29]
Le village des natives, des indigènes, des Zorzor s’étendait à un kilomètre du camp retranché. Il comprenait des maisons et des cases en torchis. Les habitants étaient des Yacous et les Gyos. Les Yacous et les Gyos, c’étaient les noms des nègres noirs africains indigènes de la région du pays.[30]
« Tout ça parce que les balles ne pénétrèrent pas les chasseurs et que Johny n’a pas su plus tôt que c’étaient les chasseurs qui attaquaient. Walahé ! Walahé ! Bisi milaï ramilaï (au nom d’Allah le clément et le miséricordieux) ! »[31]
Ces quelques extraits, constituant un échantillon représentatif, illustrent à n’en plus douter, le passage incongru du français, dont KOUROUMA maîtrise d’ailleurs la norme, au malinké, dont seuls les locuteurs natifs peuvent mieux apprécier la structure. On obtient alors une sorte de superposition linguistique qui obéit curieusement à la rigueur de la syntaxe et de la sémantique. Cette superposition s’apparente mieux à ce que COGHLAN et THÉRIAULT appellent « bilinguisme additif ». C’est un phénomène linguistique qui se développe lorsque « la langue seconde est apprise sans avoir d’effets néfastes sur le développement de la langue première. »[32]
Il est évident que l’apprentissage du français n’a causé aucun dégât sur la langue première de l’auteur d’Allah n’est pas obligé. Au contraire, c’est le phénomène inverse qui peut s’observer. La pratique des deux langues constitue plutôt une insécurité pour le français, obligé d’accepter une coexistence empoisonnée avec le malinké. Les compromis que l’auteur lui impose viennent tordre sa structure pour trouver la place aux éléments de la langue locale concurrente.
Comme on peut s’en rendre à l’évidence, l’alternance malinké/ français traduit, convient-il de le souligner, la vitalité du malinké et surtout de sa capacité à remplir les mêmes missions que le français. À travers cet usage de sa langue, le romancier ivoirien vient contester au français le statut de seule langue de civilisation qu’on lui a conféré de manière arbitraire. Ainsi il choisit opportunément de faire parler sa culture, son identité à côté d’une langue qui bénéficie de tous les suffrages.
II.2. Alternance français/ anglais
Ni le français ni l’anglais ne sont des langues identitaires de KOUROUMA. Ils sont tous des langues héritées de la colonisation et ont dans la plupart des pays africains le statut de langues officielles employées dans les situations de communication et de grande portée. L’emploi de chacune d’elles ne constitue pas une préoccupation particulière. Mais quand les deux sont alternées, leur emploi devient une curiosité sociolinguistique. La présente étude évoque, sans en approfondir l’analyse, le phénomène pour établir la préméditation de KOUROUMA sur son projet de mettre le français en difficulté.
Le romancier ivoirien use de toutes les stratégies pour vider au français toute sa vitalité. D’ailleurs, il lui conteste une sorte de légitimité naturelle, car c’est une langue étrangère qui ne doit pas obstruer l’identité de ses usagers. Le souci du romancier est de raconter les faits avec la langue locale. C’est alors que le narrateur qui vient de migrer vers le Libéria, alterne français et « pidgin américain », une langue très répandue dans l’espace où il se trouve. L’extrait ci-après vient ajouter à la liste des forfaits de KOUROUMA cet autre emploi incongru de deux codes linguistiques : « Là-bas, les enfants de la rue comme moi devenaient des enfants-soldats qu’on appelle small-sodiers. Les smalls soldiers avaient tout et tout. »[33]
Soulignons fort opportunément que ce cas précis d’alternance anglais/français n’apparaît que quand on veut désigner les enfants-soldats, appelés aussi parfois children-soldiers. Il n’est pas non plus un procédé de repli identitaire auquel le romancier recourt, mais on l’a relevé pour davantage soutenir la thèse que KOUROUMA maîtrise le français. C’est pour cette raison qu’il peut se permettre ces écarts sans pour autant s’attaquer à l’intégrité du message. Les alternances ne peuvent être bien gérées par des locuteurs plurilingues que s’ils ont la maîtrise des deux codes. Au-delà du calque et de l’alternance codique, l’auteur de Monnè, outrages et défis replie sur son identité à travers un autre phénomène lié au contact des langues. Il s’agit des interférences dont il importe d’examiner le cas le plus frappant.
III. Interférences linguistiques.
Dans le contexte général de la cohabitation des langues, le phénomène d’interférences linguistiques apparaît comme l’une des conséquences les plus perceptibles de la mauvaise gestion des langues par les locuteurs. Dans le cas de l’œuvre de KOUROUMA, il ne s’agit pas de la mauvaise gestion qui peut relever de l’inconscient ou du manque de volonté. L’interférence linguistique est préméditée chez cet auteur qui est décidé à valoriser son identité et à porter le malinké au rang des langues de grande communication tout comme le français, l’anglais et bien d’autres…
Le mot interférence est défini par U. WEINREICH comme :
un remaniement des structures qui résulte de l’introduction d’éléments étrangers dans les domaines les plus fortement structurés de la langue, comme l’ensemble du système phonologique, une grande partie de la morphologie et de la syntaxe et certains domaines du vocabulaire…[34]
L’interférence linguistique apparaît donc, dans ce contexte précis, comme l’introduction volontaire et consciente des éléments du malinké dans le français pour obtenir une langue hybride qui est plus proche de la langue de culture de l’auteur : le malinké. Il s’agit donc d’apprécier son influence sur la structure du français curieusement prédominant dans son roman. Le seul cas d’interférence auquel cette étude va s’intéresser est l’interférence lexico-sémantique. Ce type d’interférence réfère aux emprunts liés à toute situation de contact de langues et dont le rôle est d’élargir le champ de signification ou de référenciation de la langue emprunteuse. Pour Jean DUBOIS et Alii, « il y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B et que A ne possédait pas. »[35]
Il s’agit concrètement de la transposition dans le français d’éléments du malinké qui est la langue native de l’auteur d’Allah n’est pas obligé. En violation des exigences inhérentes à l’emprunt linguistique qui vise soit l’enrichissement, soit l’économie, soit encore la satisfaction de besoin de communication, expliquée comme la recherche du mot juste pour combler le vide lexical et culturel, KOUROUMA est dans une logique de conflit ouvert entre son malinké et le français. Ce n’est donc pas dans quelque souci de communication quelconque qu’il intègre consciemment ces interférences. Les extraits ci-après constituent quelques flagrants délits d’interférences lexico-sémantiques :
– « Yacouba était riche comme un Moro-naba. Moro-naba, c’est le chef cossu des Mossis du Burkina Faso. Il envoyait de l’argent au village de Togobala, à ses parents, aux griots et à l’almamy. »[36]
– « J’étais un Mandingo, musulman, un ami des Yacous et des Gyos. Dans le pidgin des Américains noirs, malinké et mandingo c’est la même chose pareille kif-kif.»[37]
« Dès que les chasseurs traditionnels et professionnels ont mis les mains sur la région de Mile-Thirty-Eight, nous et le bonheur avons cessé d’être dans le même village. »[38]
« Un jour, Varrassouba Diabaté a accompagné un grand quelqu’un à Sanniquellie, pays de l’or. »[39]
« Ils ne voulaient pas de Malinkés comme patron orpailleurs. Varrassouba a foutu vite le camp djona-djona (dare-dare). »[40]
« Tout ça parce que les balles ne pénétrèrent pas les chasseurs et que Johny n’a pas su plus tôt que c’étaient les chasseurs qui attaquaient. Walahé ! Walahé ! Bisi milaï ramilaï (au nom d’Allah le clément et le miséricordieux) ! »[41]
Ces quelques extraits pris à titre illustratif démontrent à suffisance le transport de lexique et de sens entre le malinké, même si on n’est pas locuteur natif pour en maîtriser le fonctionnement, et le français dont les exigences lexicales et sémantiques sont codifiées. La transposition sus-évoquée dans la définition dudit phénomène linguistique est une évidence dans le roman de KOUROUMA qui se donne curieusement le devoir d’expliquer la plupart de ces expressions pour permettre à ses lecteurs d’accéder à son message. Aussi convoque-t-il régulièrement l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire. Cette curieuse magnanimité ne l’acquitte pas cependant dans le procès contre les puristes qui lui reprocheraient d’avoir commis des exactions sur la langue française. N’allons pas voir non plus un manque d’hospitalité chez ce romancier qui a à cœur de réparer une injustice : celle de restituer au malinké la place qui lui a été prise au profit des langues étrangères, notamment le français.
Conclusion
Cette étude remet au goût du jour l’épineux problème de contact entre les langues occidentales, reliques de la colonisation, et les langues africaines, fondements des identités locales. Pendant que certains veulent saluer cette coexistence qui serait source d’enrichissement des langues en contact, d’autres y voient le prolongement de la colonisation. KOUROUMA fait partie de cette deuxième catégorie. Il prend alors sur lui de s’attaquer à la langue française à laquelle il fait boire jusqu’à la lie tous les caprices du malinké. L’auteur d’Allah n’est pas obligé recourt grossièrement au calque pour faire valoir son identité. Sa maîtrise de la langue française ne fait aucun doute. Il s’en sert plutôt comme atout pour fragiliser cette langue étrangère qui obstrue toutes les identités locales dans les espaces où elle a un statut de langue officielle.
On peut ainsi noter une transposition littérale de la pensée malinké en français. Ce qu’on peut appeler forfaits vertueux chez KOUROUMA est son audace à faire comprendre que la mondialisation doit aussi prendre en compte des aspects culturels et pour cela, il n’y a ni sous-culture, ni sous-identité qui ne doivent être conviées et respectées au banquet des Nations. Les différents procédés que le romancier ivoirien convoque dans son projet de survalorisation de son identité sont à l’arrivée des foyers de conflits. Aussi a-t-on parlé à juste titre de procédés conflictogènes et ce n’est pas l’alternance codique qu’on retrouve dans le roman qui apportera la preuve du contraire. Arrogamment, les personnages de KOUROUMA passent du français au malinké et vice-versa sans aucun respect des locuteurs non natifs. Même si de temps en temps ils proposent la traduction des expressions locales en français, le mal est déjà fait.
Les interférences, dont seule l’interférence lexico-sémantique a été examinée, viennent compléter le tableau des forfaits contre le français. On y retrouve les emprunts les plus insolites sans aucun dessein d’enrichissement de la langue. Curieusement, le discours des personnages est compris dans cette confusion linguistique que l’auteur d’En attendant le vote des bêtes sauvages orchestre dans le seul souci de valoriser son identité. La langue de KOUROUMA, puisqu’il faut désormais l’appeler ainsi, constitue une curiosité sociolinguistique qui, loin de créer un incident diplomatique, se propose de réhabiliter une culture fragilisée dans sa coexistence avec les cultures étrangères. L’intention du romancier n’est pas de se passer définitivement de la langue française, mais plutôt de présenter le malinké comme langue de civilisation capable d’être employée en situation de grande communication.
Références bibliographiques
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[1][1] -Michèle ZALESSKY, « Entretien avec Ahmadou KOUROUMA : La langue, un habit cousu pour qu’il moule bien », in Diagonales n°7, Paris, Hachette, juillet, 1988, p. 4.
[2] – Makhily GASSAMA, La langue de Kourouma ou le français sous le soleil d’Afrique, Paris, ACCT-Karthala, 1995, p.25.
[3] – André GREEN, « Atomes de parenté et relations œdipiennes », in Claude LEVI6STRAUSS, L’identité, Paris, Quadrige, PUF, (1995) 1997, pp. 46-47.
[4] -Pierre Domont, « États généraux de l’enseignement du français en Afrique subsaharienne francophone », Libreville 17-20 mars 2003, Rapport de synthèse, p.1.
[5] – Ahmadou KOUROUMA, Allah n’est pas obligé, Paris, Le Seuil, 2000, p. 9.
[6] – P. DUMONT, B. MAURER, Sociolinguistique du français en Afrique francophone, Dakar, EDICEF/AUPELF, 1995, p. 81.
[7] – Allah n’est pas obligé, p.10.
[8] — COGHLAN, et J, Y. THÉRIAULT, L’Apprentissage du français en milieu minoritaire. Une revue documentaire, Ottawa, C.I.R.C.E.M., 2002, p.9.
[9] – Allah n’est pas obligé, p.11
[10] – Allah n’est pas obligé, p. 10.
[11] – Idem p. 16.
[12] – Idem, p.28.
[13] – Idem, p.54.
[14] – Entretien de KOUROUMA avec Michèle ZALESKY, op.cit., p. 4.
[15] – Allah n’est pas obligé, p. 17.
[16] – ibidem.
[17] – Idem, p.42.
[18] – Idem, p. 43.
[19] – Entretien de KOUROUMA avec Michèle ZALESKY, op.cit., p. 5.
[20] – Edmond BILOA, « La Syntaxe du français parlé au nord du Cameroun », in La Revue du Réseau des Observatoires du français contemporain en Afrique, n° 15, Nice, Institut de linguistique français- CNRS VMR 6039, 2001, p.13.
[21] – Jacky SIMONIN, « Pour un traitement interactionnel de l’insécurité linguistique », in Bavoux C. (éd.) Français régionaux et insécurité linguistique, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 35.
[22] – VERMA cité par E. BILOA, « La Syntaxe du français parlé au nord du Cameroun », op. cit., p. 13.
[23] – Allah n’est pas obligé, p.72.
[24] – Idem, p. 9.
[25] – Idem, p.12.
*- Le narrateur explique gnamas comme étant « un gros mot nègre noir africain indigène voulant dire l’ombre qui reste après le décès d’un individu.
[26] – Allah n’est pas obligé, p. 12.
[27] – – Idem, p. 24.
[28] – Idem, p.31.
[29] – Allah n’est pas obligé, p. 33.
[30] – Idem, p. 76
[31] – Idem, p. 194.
[32] – COGHLAN, et J, Y. THÉRIAULT, L’Apprentissage du français en milieu minoritaire, op. cit., p. 3.
[33] — Allah n’est pas obligé, p.45.
[34] – U. WEINREICH, Languages in contact, La Haye, Mouton, 1953, p.1.
[35] – Jean DUBOIS et Alii, Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 1973, p. 188.
[36] – Allah n’est pas obligé, p.78.
[37] – Idem., p. 81.
[38] – Idem, p. 203.
[39] – I Allah n’est pas obligé, p. 230.
[40] – Ibidem.
[41] – Idem, p. 194.