Mondes africains

Histoire d’Alger

On a le plaisir d’annoncer le nouveau livre de Fred Romano, Histoire d’Alger, qui sortira en décembre :

Introduction ou le miroir obscur

 

« Parfois nous ne choisissons pas nos thèmes, mais ceux-ci se présentent à nous en chemin.» annonce Daniel Eisenberg[1], dans sa thèse « Cervantès, auteur de Topographie et histoire générale d’Alger, publiée par Diego de Haëdo ». Il m’ôte les mots de la plume. Par conséquent, je me vois forcée d’expliquer les circonstances exceptionnelles qui ont fait que cet ouvrage fort mystérieux, dont j’ai l’honneur de présenter ici une traduction moderne au français, m’a littéralement trouvée. Je ne suis ni historienne ni universitaire, mais en tant qu’écrivain, j’ai toujours éprouvé le besoin de rassembler beaucoup de documentation historique de toute sorte pour construire mes histoires, considérant que la réalité surpasse en authenticité la fiction.

 

En janvier 1997, un jour spécialement désargenté de ma vie, je me trouvais aux Encantes (marché aux Puces) de Barcelona, quand les vendeurs se mirent à crier : “¡Agua, agua, agua[2]!”. L’un d’entre eux plaça entre mes mains un tas de bimbeloterie, tout en exigeant en échange que je lui donne tout l’argent que je possédais, c’est-à-dire pas grand-chose : quarante pésètes (20cts d’euro). La police municipale avait fait son apparition, à l’autre extrémité du marché aux puces, et ils venaient par ici. Nous nous mîmes d’accord rapidement et de cette façon, entre autres merveilles, j’achetais une bague ancienne, si sale qu’elle en était comme éteinte. Un voyage aux Iles Baléares redonna de l’éclat au bijou, qui commença ainsi à m’éblouir. De retour à Barcelone, une expertise révéla qu’il s’agissait d’une pièce du dix-septième siècle, en or, diamants y aigue-marine, réalisée aux Baléares. Une enquête personnelle me permit d’estimer qu’elle aurait appartenu à Don Joan Sureda, ancêtre de l’actuel marquis de Vivot, descendant d’Olivier de Termes, un parfait[3]  cathare et faydit[4] occitan, qui trouva refuge dans la conquête de Mayûrka[5] en compagnie du roi Jaume Iº([6]) et dont l’emblème et l’arme, une rose, se trouve au revers du chaton de la bague. Don Joan son descendant était aussi la figure de proue du monde corsaire majorquin au tournant du dix-septième siècle, sans doute pour cette raison n’existe-t-il aucun portrait de lui.

 

Je découvris ainsi le monde de la piraterie en Méditerranée et me passionnai pour celui-ci, traquant les rares documents jusqu’au plus secret des archives espagnols. Je parvins lors de mes consultations jusqu’à un livre ancien, dans la réserve de la Bibliothèque Nationale de Catalogne, recommandé par les plus expérimentées des bibliothécaires, ouvrage qui me fascina tant dès la première lecture que je me promis de le traduire, sans toutefois supposer que j’avais mis le doigt sur un nexus littéraire d’une étonnante complexité.  En effet, « Topographie et histoire générale d’Alger » n’apparait dans la base de données des archives espagnoles que sous la forme d’un fac-similé[7]effectué en 1927-29 sous la dictature de Primo de Rivera. L’archive original de 1612 conservé à la bibliothèque de Catalogne n’y est pas mentionné, ce qui explique que les universitaires du monde entier n’y ont malheureusement pas eu accès.  Ce déplorable état de fait est sans doute dû au pillage systématique des archives catalanes organisé par Franco à partir de 1936 et la conséquente mise à l’écart des plus valeureuses archives afin d’éviter leur expropriation à Salamanque, où le dictateur avait décidé de les exiler. La « Topographie et histoire générale d’Alger » fit partie d’un legs de son vivant de 3367 livres réalisé en 1915, l’acte fondateur de la Bibliothèque Nationale de Catalogne, par l’un des plus grands collectionneurs de livres anciens en Espagne, le catalan Isidre Bonsoms i Sicart. C’est lui qui a ajouté ce commentaire manuscrit sur la page de garde : « ce volume amène de curieuses nouvelles autour de Miguel de Cervantès, p189 et autres. C’est une œuvre qui m’est très chère et d’une rareté extraordinaire » 

 

Car la « Topographie et histoire générale d’Alger » de 1612 recèle bien des mystères et des merveilles. L’ouvrage commence sur un renseignement stratégique qui définit sa nature guerrière : la latitude de la ville d’Alger, mais il s’agit avant tout de l’un des très rares témoignages du monde occidental classique espagnol sur l’Afrique musulmane du 16ème siècle.  L’auteur nous éblouit par la richesse de l’information qu’il nous offre, par ailleurs ce portrait d’une opulence sans limites alliée à la cruauté quotidienne de l’époque (le monde catholique n’était guère plus tendre quant à ses esclaves musulmans[8]) a marqué durablement les esprits au travers des siècles. L’insupportable, pathogène, pression de l’Inquisition atteignait jusque le commerce. L’austérité rigoriste à laquelle étaient soumis les Espagnols ne leur rendait que plus désirable encore cette ville de tous los possibles, un au-delà de l’autre côté de Gibraltar, à portée de la main…

 

Alger est décrite comme une ville libre, habitée d’ « aventuriers qui vivent la vie qu’ils ont décidé de vivre[9]», mais marquée par la cruauté, typique de ceux qui, rejetés et malmenés par l’Inquisition dans leurs pays d’origine, ont épousé une nouvelle foi et un nouveau mode de vie, plus en accord avec leurs aspirations, notamment la liberté de commerce, de mœurs et de culte. La liste des produits qui s’y échangent (Alger n’était pas seulement un royaume pirate, mais aussi jouait son rôle d’important centre commercial, à la croisée des richesses africaines et des désirs européens) ne peut que faire pâlir d’envie les ports espagnols, soumis à toutes sortes de tabous et de taxes abusives.

 

La majeure partie des habitants d’Alger sont des renégats, d’origine catholique ou d’ascendance juive ou maure, et de toutes les provinces du monde, cependant en majorité espagnols[10]. On y rencontre aussi des génois, vénitiens, corses, savoyards[11], français, anglais, flamands, allemands, russes, mongols, voire mexicains de la récemment découverte Amérique[12], Indiens de l’Inde, etc., ou encore grecs, comme les terribles frères Barbe-Rouge, les puissants pirates qui surent utiliser l’empire ottoman pour créer leur propre royaume en Afrique du nord.

 

L’une des activités de ces pirates consiste à prendre en esclavage le plus de chrétiens possibles (vingt-cinq mille chrétiens prisonniers en 1580), de les soumettre et éventuellement de les convertir, tout en leur ayant fait passer auparavant toutes les humiliations possibles, cruelle revanche sur leur misérable vie antérieure en terre chrétienne. Parfois, les captifs sont des nobles ou des riches et, dans ce cas, une rançon est exigée, ce qui finira par se transformer en un fructueux négoce, avec l’intercession, bien évidemment, de l’Eglise Catholique, empochant au passage de coquets pourcentages. Mais n’oublions pas que cet ouvrage a été écrit par un Espagnol (je traiterai plus loin des mystères entourant son auteur) qui déclare dans le texte à plusieurs reprises son hispanité.

 

Le royaume d’Espagne, à peine sorti de la Reconquête (l’invasion des territoires des rois maures dans la Péninsule Ibérique) devait par conséquent traiter avec une population indigène constituée d’un tiers au moins de musulmans et de juifs ainsi qu’un autre bon tiers de métis. Le pouvoir en place s’était orienté très rapidement, en dépit des premiers accords[13], plus tolérants, vers la privation des droits civils, le rançonnage ou l’expulsion des descendants de non catholiques. Ainsi furent provoqués de grands désordres sociaux, des bouleversements de fortunes ainsi qu’une crise de l’agriculture qui mènera le royaume au bord de la famine, un ensemble de circonstances tragiques qui aura pour conséquence la fuite incessante et massive des non catholiques espagnols, possesseurs du savoir technique hérité de la prodigieuse civilisation arabo-andalouse.

 

Les terres musulmanes de l’Afrique du nord, étaient alors plus hospitalières, même pour les juifs, et leur proximité permettait d’incessants échanges, commerciaux ou guerriers. Ainsi commença ce que certains historiens espagnols nomment aujourd’hui « la dernière des guerres de reconquête », avec la prise d’Oran par Ferdinand d’Espagne en 1509, puis celle de Tunis en 1535 par Charles Quint à laquelle succédera une sorte de “protectorat” espagnol jusqu’à la fin du siècle. En 1573 la Sainte Ligue, menée par Don Juan d’Autriche[14] remporte la bataille de Lépante, durant laquelle le soldat Cervantès perdra l’usage de sa main gauche[15]. La volonté espagnole et catholique de dominer la Méditerranée fait front à la farouche résistance de l’islam, incarnée par la puissance de l’empire ottoman. En 1578, l’empire ottoman reconquiert Tunis aux espagnols. Il s’agit d’une guerre « sale », où tous les coups sont permis, les ottomans attaquant par le biais de leurs vassaux, les pirates d’Alger, et le monde chrétien se divisant vis-à-vis de ceux-ci (François Ier, roi de France, fut l’allié de Soliman le Magnifique, sultan de Turquie, et de Barbe Rouge son vassal contre l’Espagne de Charles Quint).

 

Cependant, l’Espagne, au tournant du 16ème siècle, s’épuisait par ses incessantes conquêtes, se diluait dans cet empire trop grand qui défiait les limites de l’imagination. De surcroît, l’Eglise Catholique espagnole, non contente d’exercer cette pression morale et sociale sur les non catholiques et leurs descendants, maintenait aussi à la force une double pression économique. Elle interdisait aux nobles catholiques le commerce, tout en spoliant les descendants de non catholiques à la moindre occasion (la possession de certains livres cités dans cet ouvrage pouvait mener leur possesseur au bûcher et sa famille à la ruine absolue), ce qui finit par la transformer en la plus riche institution espagnole, et par conséquent la plus riche du monde chrétien. A ce stade, elle choisit de s’investir dans le pouvoir et parvint ainsi à vampiriser le faiblissant empire espagnol, cependant encore riche de l’immensité de ses nouveaux horizons, en lançant ses successives Inquisitions. Le pays en fut gravement diminué, avec le concours plus ou moins contraint[16] de Philippe II puis de Philippe III d’Espagne (le roi qui donne licence de publication à cet ouvrage), ce qui provoqua de plus nombreuses fuites encore, de descendants de musulmans ou de juifs vers l’Afrique du nord, souvent avec l’aide -intéressée- des Marseillais.

 

Le pouvoir de l’Inquisition en Espagne est sans nul doute à l’origine de l’épais mystère qui entoure l’auteur de ce livre, car en effet, cet ouvrage, à plus d’un titre[17], aurait dû être considéré comme une œuvre parfaitement hérétique, et aurait dû terminer sa carrière sur un bûcher plutôt qu’entre vos mains. Mais, tout au contraire, le roi d’Espagne Philippe III interdit dans son édit royal et licence de publication que « l’on dise du mal ou que l’on censure » cet ouvrage « qui a tant fait parler de lui dans nos royaumes de Castille[18] », sous peine d’une très lourde amende en maravédis[19], ce qui représente une disposition absolument exceptionnelle. Il semble par ailleurs invraisemblable que ni Antonio de Herrera, historien de la cour d’Espagne, ni Antonio Cornejo, supérieur de l’ordre bénédictin, n’aient rien trouvé dans cet ouvrage qui « soit contraire aux bonnes mœurs », surtout quand on songe à la description des pratiques sexuelles mentionnées dans ce livre ou encore la description « technique » de la circoncision, et aux rigoureux tabous imposés sur ces sujets par l’Eglise catholique romaine d’Espagne.

 

On peut alors supposer que la personnalité de l’auteur déclaré, Diego de Haëdo, abbé de Frómista[20], ait pu le protéger des foudres inquisitoriales. Néanmoins, selon Daniel Eisenberg, Diego de Haëdo n’a jamais été en Alger (or il est évident, de par l’abondance et la précision des détails, que l’auteur y a séjourné longtemps). Son oncle a en revanche bel et bien existé (l’ouvrage est curieusement dédié à l’homonyme de l’auteur, son oncle) et a été archevêque de Palerme. Mais il ne semble avoir existé qu’un autre Diego de Haëdo, mort en 1909, lequel, curieusement a été « panégyriste » de Cervantès, comme le signale le tombeau familial des De Haëdo[21], au pays basque espagnol, dans le val de Carranza, une terre difficile d’accès en Biscaye[22].

 

Une enquête approfondie m’a dévoilé que Haëdo n’a pas été abbé à Frómista (source : mairie de Frómista, Galice, Espagne), et que l’ordre bénédictin n’avait jamais ordonné d’abbaye dans cette ville (source : monastère de Silos, archive de l’ordre bénédictin, Espagne). Ainsi, nous avons donc un auteur fantôme qui semble défendu jusque par le roi d’Espagne. Par ailleurs, de grossières fautes de latin apparaissent dans l’édition originale comme Milites Pretoriti ([23]) (fautes qui ont été corrigées dans les éditions ultérieures), invalidant ainsi l’hypothèse d’un auteur lettré catholique, qui n’aurait pu commettre de si grotesques fautes en latin[24]. Nous sommes donc face à un auteur qui a pris soin de se dissimuler derrière une fausse identité, comptant sur des appuis royaux, et fort probablement bénédictins (qui maintenaient une sorte de conflit larvé avec d’autres ordres religieux catholiques, comme les dominicains, qui capitalisèrent les Inquisitions).

 

Ce texte ne consiste pas seulement en un regard sévère, mais aussi admiratif, quant à l’administration et à son efficacité, sur la société pirate d’Alger. Il comporte aussi de dures critiques vis-à-vis de la société espagnole et chrétienne et dénonce amèrement des comportements qui ne se donnent qu’en terre chrétienne (le jeu, l’alcoolisme, le manque de discipline des armées catholiques), ou d’autres, qui se donnent dans toutes les cultures (le manque d’humanité) et enfin la corruption, au plus haut niveau, dans le royaume d’Espagne. Soulignons que dans cette œuvre, les allusions au Mestre de Montesa[25], cité page 227 ou au Vice-Roi d’Espagne en Sicile, le Duc de Terranova[26], page 225, correspondent à de divers délits perpétrés par ces hommes. C’est une forme très cervantine d’attirer l’attention sur ces cas sans pour autant les dénoncer ouvertement. N’oublions pas qu’à l’époque, les critiques sociales se devaient d’être particulièrement dissimulées (voir « L’éloge de la folie », d’Erasmus) pour que leur auteur espère échapper au bûcher ou à une lourde condamnation.

 

Soulignons aussi les passages sur les jardins d’Alger, où l’auteur ne peut dissimuler l’amour excessif qu’il leur porte. Nous savons que Cervantès, durant l’une de ses rocambolesques évasions[27], s‘est réfugié dans l’un de ces jardins, durant des semaines et en compagnie d’une vingtaine de chrétiens, plus particulièrement dans le jardin de la femme d’Abd-el-Malik[28], roi de Fez, jardin longuement signalé et amoureusement décrit[29]dans la “Topographie et histoire générale d’Alger”.

 

Par ailleurs certains passages présentent un net intérêt stratégique, en particulier la description des murailles et forces de défenses d’Alger, écrites dans des buts militaires, l’invasion du royaume par les troupes espagnoles. Il est parfaitement évident que l’auteur est un homme de guerre, et non de robe. Il est aussi évident de par la construction de ce texte qu’il s’agit d’un littéraire, et de grand talent, pour la vivacité et « l’authenticité » des scènes décrites (je débattrai plus loin de celle-ci), par sa façon d’orienter notre lecture, comme par exemple quand il mesure la muraille d’Alger à base de “tir de baliste” (l’arme déclarée hérétique des dangereux rebelles protestants de Flandres[30], indiquant ainsi au roi d’Espagne un même niveau de dangerosité en Alger). Seul un homme en Espagne à cette époque réunit toutes ces qualités et de surcroît il est resté cinq longues années prisonnier en Alger, il s’agit du génial Miguel de Cervantès. De surcroît, l’auteur de la Topographie et Histoire Générale d’Alger cite des traditions disons ethnico-catholiques espagnoles (« el obispillo » et « la maya ») et les qualifie de « nôtres ». Or, en Espagne, ces traditions et rites particuliers sont très régionalisés. La région d’origine de ces traditions citées dans la « Topographie… » est Castilla-La Mancha, c’est-à-dire la terre d’origine de Cervantès. De Haedo est supposé venir du Pays Basque et l’autre auteur supposé, de Sousa, est du Portugal. Enfin, les nombreuses allusions à l’anatomie humaine contenues dans la « Topographie… » invalident aussi les théories selon lesquelles l’auteur serait un lettré catholique. A cette époque en Espagne, l’anatomie était une science presque frappée d’anathème, suspectée d’être œuvre de convertis (à cause de la supériorité scientifique des musulmans, encore présente dans les mémoires) voire du diable. Le père de Miguel de Cervantès était chirurgien.

 

Les mystères qui entourent cette détention sont innombrables, à commencer par la propre survie de Cervantès. Comment est-il possible qu’un esclave manchot[31], invalide, ait pu survivre dans la cité des pirates ? Les esclaves chrétiens préférés des pirates étaient soit de robustes gaillards que l’on mettait aux rames, soit des adolescents adoptés comme mignons, soit encore des nourrices aux seins gorgés de lait. Les autres étaient traités comme du bétail. Il est vrai que Cervantès recevait un traitement de faveur, car les pirates avaient trouvé sur lui les lettres de Don Juan d’Autriche le recommandant pour son courage héroïque, lors de la bataille de Lépante. Par conséquent, les pirates demandèrent une rançon exorbitante, de cinq mille doublons (ce qui rend compte de la corruption associée à ce type de lettre en Espagne) absolument hors de portée des recours économiques de la famille de Cervantès, mais son dernier maître, Hassan Pacha le Vénitien, le laissa partir pour seulement cinq cent doublons, alors que l’attendait un précieux destin en tant que cadeau politique pour le Grand Vizir, présidant le diwan[32] des Pachas[33] à Istambul. Les coûteux cadeaux à cet homme se faisaient toujours avec des vues quant à l’obtention d’une charge politique d’importance. Comment est-il possible qu’Hassan Pacha ait abandonné son idée première ? Avait-il une autre conspiration en tête, qui incluait le témoignage irrévocable d’un héroïque chrétien captif, de retour sur ses terres ? Encore un mystère….

 

Quelques auteurs contemporains, tels Georges Camamis ou Emilio Sola, Maria Antonia Garces, affirment que l’auteur de la « Topographie… » pourrait être Antonio de Sosa, un érudit et homme de robe, ami et compagnon d’infortune de Cervantès[34]. Les nombreuses et grossières erreurs en latin comme Milites Pretoriti ([35]), alors qu’il aurait fallu dire Miles Praetorianii (erreurs corrigées dans les éditions ultérieures), ainsi que les références à l’anatomie, ne permettent guère de soutenir cette thèse. Il est par ailleurs difficilement crédible que de Sosa, portugais, pu s’exprimer avec autant de brio dans l’espagnol classique du siècle d’Or (de surcroît, à ma connaissance, il n’existe pas d’autre texte qui lui soit attribué avec certitude). Je ne comprends guère comment les spécialistes contemporains n’ont pas été sensibles à la beauté, à la modernité et à l’humour noir de ce texte. Un des points d’honneur de Cervantès consistait en sa revendication d’être le premier écrivain en castillan –introduction des “Romans exemplaires”-. Un autre grand mystère me tourmente : pourquoi tant d’enquêteurs et universitaires contemporains (mis à part Daniel Eisenberg et Jean Canavaggio) se compromettent au point d’affirmer que Cervantès N’A PAS écrit la “Topographie…”, mais sans arguments concluants, comme si c’avait été une convention établie et irrévocable. Le propre texte dévoile que son auteur s’est sans doute converti à l’Islam, puisque son auteur signale avoir argumenté avec des marabouts à propos de l’islam (p.222, note 8). Dans l’Alger du 16ème siècle, un esclave chrétien ne pouvait prétendre à une telle familiarité et seul un musulman pouvait oser s’adresser ainsi à un lettré musulman. Toutefois, il faut reconnaître que la version sur laquelle travaillent ces universitaires est un ex-libris et date de 1929 durant la dictature de Primo de Rivera. Dans cette version, par exemple, on a “corrigé” les erreurs de latin, les privant de ce fait d’un important détail.

 

Enfin, ce sont les indications contenues dans la « Topographie et histoire générale d’Alger… » (« … Miguel de Cervantès, de Alcalá de Henares ») qui ont permis aux spécialistes du dix-huitième siècle de retrouver l’acte de naissance de l’écrivain manchego.

 

De nombreux détails romanesques donnent aussi à penser que Cervantès est l’auteur de cet ouvrage surprenant, tant la dédicace, sournoise et pleine d’absurde, que l’apparition du propre Cervantès dans les pages de celui-ci (le traité comportant ces indications n’est pas inclus dans ce premier ouvrage et fera l’objet d’une prochaine édition). Il s’agit là d’un trait typique de cet auteur, qui parle dans « Le traité d’Alger », dans « Don Quichotte » et dans « Le gaillard espagnol » des exploits d’un certain de Saavedra, qui n’est autre que lui-même. D’un autre côté, un humour noir, mordant, celui-là même qui caractérise Cervantès, imprègne la “Topographie d’Alger”. Il fallait avoir uncaractère bien trempépour rire de ses maîtres, comme par exemple, page 62, quand il se rit de la panique des algériens à la vue de l’Armada Espagnole (laquelle en réalité allait se battre ailleurs, sortant de Cádiz cap sur l’Atlantique et sur le Portugal, le roi Don Sebastian étant mort sans descendance). Au lieu du désespoir que l’auteur a dû sentir voyant s’éloigner ses éventuels sauveurs, celui-ci nous offre une blague sur les angoisses stupides de ses impitoyables maîtres. Une autre preuve troublante de la duplicité littéraire de Cervantès se trouve dans Don Quichotte.

 

Dans le livre deuxième, il fait affirmer à ce personnage que l’auteur de ses aventures n’est autre que… Sidi Ahmed Ben Djeli (ou Cid Hamete Ben Jeli). Certains universitaires du Maghreb affirment qu’il pourrait s’agir d’un auteur Turc en vogue à Alger à l’époque, mais dont les écrits auraient disparu depuis.

 

Pour ma part, j’en suis venue à me demander s’il ne s’agissait pas là d’un nom de renégat, et peut-être d’un aveu absolument crucial. Car l’auteur de la « Topographie… » a visité sépultures et mosquées, d’où il décrit le salat ou oraison, il a discuté âprement avec des marabouts ou docteurs en loi musulmane. Ce qui signifie que l’auteur a du se convertir à la foi musulmane, certainement pour sauver sa vie car il est inconcevable, au regard de l’islam du 16ème, qu’un esclave chrétien puisse adresser la parole à un marabout. Néanmoins, à côté d’une grande précision, on trouve des descriptions plutôt fantaisistes, que l’on peut supposer mues par un désir de vengeance.

 

On a aussi l’impression qu’il nous parle d’un Coran assez différent de celui que nous connaissons de nos jours, d’un Islam intégrant tant les pratiques magiques comme les prédictions basées sur les songes (formellement réprouvées par la tradition chiite actuelle). Il est aussi possible que l’Islam pratiqué par les pirates renégats soit tout aussi métissé que leurs propres existences, toujours entre deux univers, entre Europe et Afrique, entre la nébuleuse ottomane et l’espagnole, entre la chrétienté et l’islam. On comprend ainsi que dans le royaume d’Alger, les renégats se cherchent des excuses pour pouvoir continuer à consommer des produits porcins (selon eux, le porc n’aurait taché l’habit du Prophète que d’un seul côté, on pouvait donc consommer l’autre côté du cochon ; bien que cette idée ait été soulevée trois siècles plus tôt par Averroès, l’Auteur la voit comme une excuse et critique les mauvais musulmans, les tricheurs). Il semblerait que l’Auteur a aussi vécu de très près des situations familiales, au point de se plaindre amèrement du comportement des femmes d’Alger. D’autre part, il est de notoriété publique que Cervantès fut un prisonnier remuant, qui réalisa au moins quatre tentatives d’évasion. Une seule de celles-ci aurait normalement dû se payer d’une mort atroce, ou de tourments sans fin, la seule échappatoire possible étant la conversion à l’islam. Or Cervantès revint sain et sauf, et entier en Espagne, en septembre 1580, une fois la rançon miraculeusement payée, au moment où ses maîtres algériens avaient décidé de l’envoyer à Constantinople comme « cadeau » pour le Grand Vizir.

 

Mais le héros ne fut pas reçu avec tous les honneurs dans sa terre natale, au point que Daniel Eisenberg s’interroge dans une autre thèse « Pourquoi Cervantès est-il rentré en Espagne ? ». Dans le climat de guerre larvée mentionné précédemment, une si longue et si anodine détention ne pouvait que paraître suspecte. Un certain Blanco de Paz, dans « Vers une véritable histoire du captif Miguel de Cervantès » publié à Valladolid, dénonce que celui-ci aurait fait en Alger des « choses vicieuses, laides et malhonnêtes », ce à quoi le grand écrivain répondit que l’auteur avait dû être payé, non pas en monnaies d’or, mais d’un pot de saindoux, suggérant par là avec beaucoup de malice certaines pratiques non alimentaires liées à la graisse. Car nos deux hommes se connaissaient, et de très près. Juan Blanco de Paz, moine dominicain d’Extremadura, prisonnier volontaire en Alger (les religieux espagnols se proposaient en versement de la rançon des otages en Alger, où ils jouaient alors un rôle d’agent double) en même temps que Miguel de Cervantès, dénonça celui-ci au roi d’Alger, Hassan Pacha le Vénitien. Il avait agi par dépit, ayant été exclu d’une tentative d’évasion promue par l’écrivain, au titre de mouchard attitré (le moine dominicain dénonçait auprès du roi d’Espagne tout comme auprès du bey d’Alger). Cependant Cervantès, une fois de plus, parvint à sauver sa peau de façon inexpliquée, et finit par être rapatrié en Espagne.

 

Blanco de Paz, inexorable, l’y attendait de pied ferme, s’étant arrangé pour intégrer la Commission Inquisitoriale chargée d’étudier la détention en Alger de Miguel de Cervantès. Le religieux poursuivit celui-ci de ses accusations, dont le fondement ne put être prouvé, ce qui en soi est assez curieux. Cervantès avait-il joué un rôle en Alger ou rendu un service suffisamment considérable pour bénéficier de soutiens en Espagne et échapper ainsi aux griffes de l’Inquisition ? L’étude des services secrets espagnols sous les règnes de Philippe II et Philippe III devrait nous éclaircir à ce sujet (voir Emilio Sola).

 

Cependant, l’obsession et la rancœur de Blanco de Paz à l’encontre de Cervantès semblent avoir été telles que certains universitaires n’hésitent pas y à voir Avellaneda, l’auteur du Don Quichotte apocryphe (une œuvre médiocre qui fut publiée entre les deux livres, sous un faux nom et qui forcera Cervantès à écrire le livre deuxième), ou encore comme le mage, cet ennemi inconnu et acharné qui, tout au long de l’œuvre, poursuit le chevalier à la triste figure. Quoiqu’il en soit, il est juste de considérer que Cervantès avait durant ces cinq années accumulé une gigantesque somme d’informations sur la ville et fort probablement tenait des contacts au plus haut niveau du gouvernement d’Alger, mais qu’il ne pouvait dévoiler publiquement, étant surveillé de près par son pire ennemi, allié de l’Inquisition. Dans ses conditions, il est donc parfaitement concevable qu’il ait eu recours à un prête-nom, prêtre de surcroît (dont l’appartenance à l’ordre bénédictin ne peut relever d’un hasard), afin de faire publier cette information, qui, par ailleurs, lui fournissait un excellent alibi face à l’Inquisition, le texte signalant la conduite héroïque et parfaitement chrétienne de Miguel de Cervantès. Mais ceci amène aussi à se questionner sur la véracité des faits rapportés dans la « Topographie… », comme le propose l’italienne Pina Rosa Piras dans son article :   « Cervantès : l’information d’Alger, entre fiction et documentaire ».

 

Je veux proposer au lecteur du troisième millénaire de se laisser emporter par ce fabuleux et impitoyable portrait du monde vieux de quatre siècles, tant musulman que chrétien, et d’y discerner les causes de notre actuelle mésentente, afin de récupérer notre mémoire commune.

 

Enfin, je dois ajouter que je me suis retrouvée en présence d’un autre mystère, non catalogué cette fois-ci, mais peut-être plus émouvant encore : l’exemplaire que j’ai utilisé a été annoté par une main non catholique, fort probablement musulmane, un Lecteur Anonyme employant un espagnol classique, métissé de « langue franche », et vantant les mérites de cet ouvrage, tout en s’indignant parfois « et vous ne faites pas et ne dites pas la même chose, et pire encore, vous autres catholiques ? ! ». Plus loin, à une liste de martyrs chrétiens, il rajoute à la main trois noms musulmans, dont deux sont des renégats et un dernier, Maure, le trio ayant été sévèrement puni pour avoir aidé des chrétiens dont ils ne supportaient pas les souffrances. Voici ce que M. Claude Bourgeois, graphologue, dit de son écriture : « … c’est une personne, peut-être d’un certain âge, au caractère entier, individualiste, autonome, personne cultivée à la pensée fine et critique, vraisemblablement consciente de sa valeur ( orgueil ? ), plutôt rigoriste, intransigeante, impliquée, sachant défendre ses idées à laquelle elle tient, volontiers pointilleuse et combative, peut-être plus ou moins tourmentée, scrupuleuse, voire obsessionnelle, au jugement personnel et péremptoire.. ».

 

La personne qui a annoté cet ouvrage faisait donc sans doute partie de la classe dirigeante en Alger (ce qui signifie aussi que ce livre, à sa publication, a réalisé au cours des siècles un étonnant et périlleux périple, depuis l’Espagne ou il a été publié, jusqu’en Alger, où le Lecteur Anonyme l’a annoté, avant de revenir en Espagne, peut-être grâce à un autre voyageur, jusque dans la Bibliothèque Nationale de Catalogne).

Formentera, Baléares, Espagne, 11 juillet 2011

(Je tiens à remercier tout le personnel de la Bibliothèque Nationale de Catalogne www.bnc.cat pour sa précieuse aide et collaboration)

 

 

 

 

[1] Professeur de philologie hispanique à l’université de Floride, USA

[2] Le signal que la Police Municipale est là.

[3] Croyant cathare parvenu au stade ultime de sa quête spirituelle.

[4] Seigneur occitan dépossédé de ses terres et possessions pour catharisme.

[5] L’île de Majorque était alors un royaume musulman, où l’on estime que s’était réfugiée la cour et la culture de Cordoue, lorsque la ville était passée sous la domination des royaumes de taïfa. Cette civilisation cultivée et peu guerrière aurait pacté la reddition de l’île avec Jaume 1º (par ailleurs suspecté d’amitié avec le catharisme) par l’intermédiaire des juifs de Béziers (fuyant eux aussi l’Inquisition contre les cathares) qui l’accompagnaient, ce qui explique qu’ensuite dans son nouveau royaume ils aient obtenu les importantes responsabilités économiques qui furent les leurs.

[6] Jaume 1º roi d’Aragon, né à Montpellier (France), a été suspecté de “amitiés hérétiques” avant de se lancer à la “conquête” de Mayûrca. Le prix de sa participation à la reconquête a été l’officialisation par le pape de la langue catalane, alors que dans le même temps et dans la même bulle papale, l’occitan et le provençal furent déclarées langues hérétiques (CAD on pouvait vous brûler si vous osiez les parler).

[7]Cette édition a donné lieu à des corrections du texte original, comme les corrections des erreurs de latin, ce qui a mené à des conclusions erronées les universitaires du monde entier, lesquels, a l’exception de Daniel Eisenberg, ont soutenu que cet ouvrage était l’œuvre d’un prêtre catholique.

[8] Employés tant dans l’industrie navale que dans l’agriculture ou encore mis aux galères. Par exemple, l’analyse des chants traditionnels paysans majorquins a permis de démontrer l’origine berbère de ceux-ci, signalant donc la présence d’esclaves maures dans le monde paysan Baléare et espagnol.

[9] En contraste avec l’existence marquée de tabous et d’interdits du monde catholique, en particulier en Espagne, du au nombre élevé de convertis.

[10] Toute l’Italie du sud appartenait alors à la couronne espagnole

[11] La Savoie et la Corse n’appartenaient pas alors à la France.

[12] Ce détail est en soi très curieux, la politique de l’Espagne au niveau de ses nouvelles colonies étant de ne jamais ramener d’indigènes à la maison, car on les suspectait d’être les descendants des tribus juives perdues et qu’ils étaient déjà suffisamment préoccupation sur la pureté de leur sang avec leurs convertis.   Comment est donc arrivé cet indigène mexicain en Alger ?

[13] Accords de Loja

[14] Bâtard de Charles Quint, avec une bourgeoise allemande, il devint l’amiral de l’Armada espagnole pour le compte du roi Philippe II, son demi-frère, qui l’écarta ainsi du pouvoir royal auquel il aurait pu prétendre. Il remporta de nombreuses victoires, dont celle de Lépante

[15] Et à la suite de laquelle il fut fait prisonnier et réduit en esclavage en Alger

[16] L’entreprise de chantage à l’hérétique de l’Eglise catholique romaine atteignait aussi la royauté, sans parler des prêts économiques consentis par celle-ci pour la conquête des Amériques.

[17] Les livres hérétiques cités-Jean de Léon, Description d’Afrique, a mené bien des innocents au bûcher, jusqu’au 18ème siècle, notamment à Majorque-, les descriptions de rituels d’autres religions, les descriptions des pratiques sexuelles, notamment des homosexuelles, etc.

[18] Il est curieux que cette notoriété soit aujourd’hui si oubliée mais il est aussi possible que le succès décrit ne fut qu’une mode de cour, comme en témoigne le plagiait de Vélez de Guevara, un écrivain mineur de la Cour de Philippe III d’Espagne (voir note 2, page 33).

[19] Le maravédi est et signifie “monnaie almoravide”. Il présente une forme morisque et une signification chrétienne. Les maravédis furent frappés dans le but de faciliter le commerce avec les musulmans espagnols. Aux temps de Felipe III, ces monnaies étaient encore en usage, spécialement au sein des classes populaires.

[20] Galice, Espagne

[21] Retrouvé grâce aux indications contenues dans la dédicace de la Topographie… il ne fait aucune mention de ce premier de Haëdo, supposément contemporain de l’archevêque de Palerme.

[22] Région de Bilbao, Euskadi, Espagne

[23] Garde prétorienne ; l’auteur établit ainsi un intéressant parallèle entre l’administration romaine et turque. Mais cette expression n’est pas latine, au mieux elle signifie “soldats de l’usurier”.  Pour signifier “milices prétoriennes” en latin, il faudrait dire Miles Praetorianii.

[24] Cervantès ne connaissait pas le latin et l’auteur de la Topographie…, comme il le reconnaît dans le propre texte, non plus, alors qu’autant l’auteur déclaré comme le suspecté étaient tous deux des lettrés catholiques, en conséquent très familiers du latin.

[25] Membre de la famille Borgia, il fut condamné pour sodomie par l’Inquisition et est soupçonné d’avoir détourné beaucoup de biens, ruinant ainsi l’ordre de Montesa, un très vieil ordre militaire de la région d’Alicante, créé au moment de la dissolution des Templiers, et qui jouissait encore d’une relative indépendance vis-à-vis du pouvoir à Madrid.

[26] « Une bataille navale à Capri, narrée par le capitaine Galgo » texte attribué à Cervantès, qui dénonce la contrebande de sucre ordonnée par le Vice-Roi, dont l’appât du gain le mena au naufrage, à l’attaque des pirates, à la mort ou détention de ses hommes et à la prise d’images saintes catholiques qui furent pendues pour opprobre publique dans les rues d’Alger.

[27] Quatre au total, alors qu’une seule était normalement châtiée d’une mort atroce, pendaison aux crocs de la muraille, empalement sur la plage, etc.

[28] O Muley Maluch, ainsi nommé dans différentes œuvres de Cervantès (Les Bains d’Alger, Don Quijote, etc.). Notons que le Lecteur Anonyme a souligné ce nom d’un dièse en marge.

[29] Durant des semaines, réfugiés dans la caverne de ce jardin, Cervantès ainsi qu’une vingtaine de fugitifs, furent approvisionnés par les jardiniers maures (qui par la suite de ce fait furent condamnés au bûcher), dans l’espoir d’une galère chrétienne qui ne viendrait jamais. Dans le second tome (prochaine publication), l’Auteur de la Topographie… nous dit : “…de ce qui s’est raconté là, on pourrait en faire un roman…”

[30] La préoccupation militaire principale de Philippe III d’Espagne

[31] Cervantès a perdu l’usage de sa main gauche durant la bataille de Lépante. Alors qu’on le rapatriait en Espagne, la galère Sol qui l’emmenait fut abordée par les pirates d’Alger et il fut fait prisonnier et réduit en esclavage.

[32] Conseil

[33] Conseillers personnels du sultan de l’empire ottoman.

[34] Les deux seuls esclaves chrétiens nommés expressément dans cet ouvrage

[35] Garde prétorienne ; l’auteur établit ainsi un intéressant parallèle entre l’administration romaine et la turque. Mais cette expression n’est pas latine, au mieux elle signifie “soldats de l’usurier”.   

 

 

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