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Imagerie néocoloniale dans le roman français et francophone contemporain ou expression de la révolte

Le terme néo-colonialisme est apparu dans les années 1960 à la mise en œuvre de la décolonisation, pour désigner une forme d’ingérence économique, politique et culturelle imposée à une ancienne colonie. Ses premières acceptions connaissaient pour seul contexte la relation coloniale. Mais de plus en plus son champ d’application s’étend hors de tout contexte colonial et nous invite à l’appréhender comme un réseau d’enjeux qui affectent les relations Occident-Tiers-Monde. Pendant longtemps, le néocolonialisme s’est inscrit dans le contexte à la fois de la décolonisation et de la guerre froide. Deux évènements qui l’expliquent, le fondent et le justifient. Depuis les années 1944, en l’absence de toute référence à l’affrontement Est-Ouest, le terme n’a rien perdu de sa fortune et continue plus que jamais à manifester un réseau d’enjeux. Ce réseau d’enjeux apparaît dès les articles sartriens recueillis dans Situations V, colonialisme et néocolonialisme. En effet, le philosophe tend à le dénoncer comme une mystification. Il en veut pour preuve la « mystification réformiste » qui affecte les relations algéro-françaises et « l’exploitation double » qui trouve en « l’Armée nationale » congolaise un instrument efficace pour mettre en œuvre cette ingérence.

Dans son essai L’image du Tiers-monde dans le roman français contemporain, Jean Marc Moura explore les représentations du « Tiers-Monde » dans la production littéraire romanesque du dernier quart du vingtième siècle. Sa démarche se justifie de la socio-sémiotique. Il tente d’établir comment ces représentations reflètent le clivage idéologique libéral-radical. La bipolarisation qui préside à sa réflexion, appliquée au néo-colonialisme se démarque des appréhensions qui tendent à l’envisager comme un réseau d’enjeux.

À la fin de son essai Le Sanglot de l’Homme Blanc, Tiers-Monde, culpabilité, haine de soi, Pascal Bruckner attire l’attention sur la responsabilité occidentale à l’égard de ses anciennes colonies et sur l’instrumentalisation du passé colonial :

Puisque l’Europe n’a quitté ses possessions (ironise-t-il) que pour mieux y rester, c’est à elle d’assumer les fautes et les erreurs qui s’y commettent. Merveilleux court-circuit : à nouveau le présent n’est qu’un duplicata du passé et l’antique imprécation peut se donner libre-cour : torture-t-on dans les prisons d’Iran, de Syrie, d’Algérie ? C’est que leurs policiers sont les élèves de nos flics (Claude Bourdet)

Force est de constater que plusieurs entreprises, plusieurs gestes entre les États – Occident-Tiers-Monde – sont suspectés de néocolonialisme à l’Ouest et à l’Est, au sein même des États qui en sont les destinataires.

Après un essai de définition du concept, nous nous intéresserons aux multiples visages empruntés par le néocolonialisme qui incite à la révolte. C’est au travers des aspects de cette dernière que nous observerons le vaste espace polyculturel qu’est l’Afrique Noire qui a en permanence inspiré les auteurs français et francophones et chez qui pèse le soupçon de représentations néocolonialistes.

 

I – LE NEO-COLONIALISME : ESSAI DE DEFINITION

Le concept néo-colonialisme est d’utilisation courante puisqu’il s’est profondément ancré dans le vocabulaire politique international. Il est fondé sur une volonté de puissance, sur la nostalgie d’un passé impérial et sur l’inconstance morale des civilisations des pays en voie de développement à l’Occidentale pour sa camelote rutilante, ses oripeaux vestimentaires chatoyants, sa technique et ses objets de consommation variés. Depuis la période post-coloniale, le néocolonialisme vise la sphère dirigeante de la société et recourt à la dissimulation et à la ruse. Il ne cherche pas à impressionner, il avance masqué, contrairement à l’impérialisme botté, casqué, tapageur telle la photo prise sur Roger-Viollet et présentée en première de couverture de De la Françafrique à la mafiafrique de François-Xavier Verschave, pour traduire la répression d’une révolte en Côte d’Ivoire au début du XXe siècle.

Sans avoir la prétention de décrire de manière exhaustive un phénomène aussi complexe que le néocolonialisme tel qu’il se manifeste depuis son éclosion, nous faisons ici une modeste recension des définitions tirées de nos lectures.

La littérature politique soviétique s’est beaucoup intéressée au phénomène, le savant V. Vakhroutchev écrit :

Le néocolonialisme est la politique coloniale d’une époque (…)

Cette politique est menée par les puissances impérialistes à l’égard des anciennes colonies et celles qui le sont encore (…) afin de renforcer les positions du capitalisme de lutter contre le socialisme et le mouvement national de la libération, de retirer le plus de bénéfice possible, d’assurer de nouvelles positions économique, politique, idéologique et stratégique pour l’impérialisme. (Vakhroutchev, 1974 : 52)

Le New York Times du 1er août 1960 qui s’étonnait de la stupéfiante transformation de la communauté française en Afrique parlait d’un

système dans lequel les anciens colonisés pouvaient être à la fois totalement indépendants et associés à la France au sein de la communauté. Cette association comportera les puissants liens économiques, militaires et culturels mais caractérisés de subordination politique. Les attributs de la souveraineté spécialement l’adhésion aux Nations-Unies sont d’une immense importance pratique et psychologique pour ces États et leurs peuples.

Pour F. Luchaire dans Droit d’Outre-mer et la coopération,

il y a néocolonialisme lorsque, dans un état juridiquement indépendant, l’économie, est organisée non dans l’intérêt des nations de cet État, mais dans celui d’un État étranger (de ses nationaux) qui exerce une pression sur (lui). (Luchaire, 1966 : 43)

Ossendé Afana, un « upéciste » camerounais, écrit dans L’économie de l’Ouest africain :

Le néocolonialisme est un système de domination coloniale avec des méthodes plus subtiles et sous formes indirectes, par lesquelles les impérialistes cherchent à garantir des privilèges économiques (si possible accrus) en y intéressant certaines couches de la population autochtone, notamment dans les rangs de la féodalité et de la bourgeoisie naissante (Afana, 1970 : 11)

Ces multiples définitions ne rendent pas à la fois comptent de l’ensemble des différents aspects de domination impérialiste. En effet, si certaines sont économiques et financières d’autres sont politiques, militaires voire culturelles. C’est ainsi que certains participants à la conférence de Casablanca en janvier 1961 ont développé l’idée que l’accession de la Mauritanie à l’indépendance était un moyen pour la France d’encercler les pays africains, de s’assurer des bases de repli dans tous les domaines et de multiplier le nombre de ses satellites.

Pour sa part, le parti socialiste français cible les agents du néocolonialisme. Dans son projet pour les années 1980, il évoquait sans ambiguïté « des oligarchies locales elles-mêmes au service des intérêts métropolitains » (parti socialiste, 1980 : 359).

Nkrumah dont le néo-colonialisme fut l’obsession de toute sa vie politique et qui fut le plus grand contemplateur de ce système a commis un ouvrage intitulé le néo-colonialisme : stade suprême de l’impérialisme. Le néocolonialisme était au centre de la pensée et des préoccupations de ce Chef de l’État du Ghana. Kwame Nkrumah considérait que le néo-colonialisme était le principal obstacle à l’édification d’une Afrique « unie et puissante » dans laquelle les frontières des anciens territoires coloniaux seraient démodées et superflues. De même que la menace de la renaissance industrielle et militaire de l’Allemagne obligeait l’EUROPE à trouver un modus operandi pour conjurer cette menace de même la peur du néo-colonialisme qui planait sur l’Afrique indépendante devrait être le catalyseur de son unité politique.

Il analyse ce système de plusieurs manières. L’impérialisme, écrit-il, « quand il se trouve en face des peuples militants des anciens territoires coloniaux d’Asie, d’Afrique, des Caraïbes et d’Amérique Latine change de tactique (…) C’est l’ensemble de ses tentatives pour perpétuer le colonialisme sous couvert de liberté qu’on appelle néo-colonialisme. » (p. 245) Il le définit aussi, tantôt comme une habile manœuvre de prestidigitation consistant à donner l’indépendance d’une main pour la retirer de l’autre [the process of handing indépendance over the African people with one hand only to take it away with the other hand], tantôt comme une indépendance fictive qui transforme le nouvel Etat en un Etat client fantoche contrôlé par des moyens autres que ceux de la politique.

Dans le système néocolonial, les agents du système ne sont que des hommes de paille, revêtus des oripeaux du pouvoir. Mais la complexité de relations est telle que la réalité du pouvoir incombe toujours à l’ancien colonisateur qui se comporte comme un chef d’orchestre invisible. Kwame Nkrumah note à ce sujet, avec une rare perspicacité que

là où le néocolonialisme sévit, le pouvoir effectif est détenu par l’ancienne puissance coloniale (…) (mais ce n’est pas nécessairement le cas). Un État entre les mains du néo-colonialiste n’est pas maître de son propre destin.

Cette opinion est partagée par le barbouze français, Roger Trinquier, un spécialiste des opérations clandestines d’installation de régimes néo-coloniaux. Dans un État pris dans la nasse du néo-colonialisme, dit-il d’expérience,

les personnages du pouvoir si puissants soient-ils, ne sont que des hommes de paille d’une puissance étrangère à laquelle ils devront tout et qui gardera la possibilité de les liquider à son gré. Pour jouir longtemps de leurs privilèges, ils devront se soumettre inconditionnellement à la volonté de leurs maîtres et faire de leur pays un satellite destiné à évoluer sur une orbite savamment calculée autour d’un État étranger (Trinquier, 1968 : 129).

Toute une partie, la plus considérable, la plus noble des lettres françaises, ne fait au cours de la période d’après la Deuxième Guerre Mondiale qu’exprimer la résistance de la conscience des colonisés devant ce qui est contraire à la liberté et à la dignité de l’homme. C’est au nom de la vérité que certains écrivains français et francophones se sont insurgés contre la doctrine coloniale. Au nom de la même vérité, les peuples d’Afrique noire ont lutté contre les puissances impériales. Mais ce qui nous intéresse dans cet aspect presque général de la littérature française sur l’imagerie anticoloniale et néocoloniale, c’est la dynamique des contraires, génératrices des valeurs et qui nous permet d’affirmer que la caractéristique essentielle de ces lettres, c’est sa permanente remise en question, voire l’évolution de son discours, phénomène proche de la révolte qui se nourrit d’elle-même, et phénix, renaît sans cesse de ses cendres.

Si ces lettres françaises dans leur aspect général nous donnent les éléments moteurs de la révolte-dualité, dynamique, valeurs perçues comme principes, moyens et finalités, elles ne nous permettent pas de la saisir dans sa complexité humaine. Aussi avons-nous recouru pour ce faire à des définitions et à des analyses d’auteurs et d’écrivains reconnus d’autorité.

Pour Henri Benac, la révolte c’est

le refus de religion ou de la morale imposées, de l’esclavage historique, de l’absurdité, etc., au nom des valeurs que l’homme postule et auxquelles il s’identifie ne fut-ce qu’un temps, ce qui lui permet de se dépasser, dans un idéal commun… (Benac, 1981 : 171)

La révolte ainsi définie s’apparente par ses caractéristiques aux éléments vitalisants dont se nourrit la littérature anticoloniale dans son évolution après 1945. Cependant, Henri Benac a beau jeu de nous montrer le cheminement de la révolte : d’individuelle comme chez Morel dans les Racines du ciel de Romain Gary, ou chez Réflons, l’enseignant gauchiste avant l’heure, dont la principale tare est d’avoir signé un manifeste contre la guerre d’Indochine dans Ouregano de Paule Constant, elle devient collective comme au Cameroun (dans le parti politique Union des Populations du Cameroun) dans Kel’lam, fils d’Afrique de Kindengve N’Djok : cette tendance créatrice des valeurs se transforme en une valeur transcendantale. Le Noir révolté dit non à son maître français et relève par là les limites d’une oppression, d’une injustice, tout en affirmant un droit commun à tous les opprimés, voire les colonisés.

La révolte est protestation, défi, obstination, refus, affrontement avec Dieu et avec le monde. La révolte donc, pour être effective, doit se manifester. Il lui faut un principe d’action et des moyens. Elle se prononce en faveur de la vie, non contre elle. Par tous les moyens, l’homme africain doit conquérir par la révolte la liberté, « source de toutes les valeur » pour Sartre. L’homme engagé pose des actes meurtriers et violents qu’il assume pour conquérir sa liberté vis-à-vis de l’impérialisme occidental. Que ce soit chez Beti, chez Cesbron ou chez Constant, la révolte d’abord action ou sentiment individuels apparaît dans sa finalité, valeur ou action collective.

En effet, l’objet de notre analyse ne consiste pas en une étude classique de la révolte, mais en une analyse littéraire d’un comportement socio-politique complexe, thème structurateur des écrits français et francophones de l’après-guerre.

Pour Jean Marc Moura, « l’histoire [de la décolonisation] dans la littérature française reste à écrire. » Mais il ajoute « l’anti-colonialisme littéraire n’a jamais été dominant » (Moura, 1992 : 148). C’est ainsi qu’il ne reconnaît que sa représentation entre les deux guerres par André Gide au Congo, Céline dans Voyage au bout de la nuit et Malraux dans son aventure indochinoise. Pour lui, même la guerre d’Algérie n’a pas suscité d’œuvre majeure. Donc dans les œuvres d’histoire littéraire, on n’y voit guère les écrivains français d’Afrique noire tels Romain Gary, Kindengve N’Djok, Jean Chatenet, Gilbert Cesbron, Paule Constant, Patrick Grainville, etc. Peu de crédit leur est fait. Ils sont considérés comme des écrivains mineurs dans la matière. Mais ils apparaissent grands à nos yeux dans ce qui les caractérise : La révolte. Ce sont des hommes de refus, récusant tout impérialisme, tout académisme, toute société à chapelle, à rites, à « réceptions » (Jacques Prévert) et à médailles. Ce sont des réfractaires, des militants plus encore que d’écrivains. Ceux qui précocement prirent conscience de l’injustice sociale dans le tiers monde. Dans l’analyse, notre méthode consiste en un raisonnement logique à partir duquel nous étudions les aspects de la révolte, ses manifestations et enfin ses valeurs dans les créations romanesques anticoloniales et néocoloniales.

 

II- LES ASPECTS DE LA REVOLTE

Toute narration se réalise dans un cadre spécifique, généralement désigné sous le terme d’univers romanesque. Il s’agit d’une restructuration du réel dans la conscience des écrivains, sans règles rigoureuses, parfois indépendamment d’une quelconque appartenance à quelque tendance littéraire. C’est ainsi que la plupart d’écrivains français d’Afrique noire tels Kindengve N’Djok, Gilbert Cesbron, Paule Constant dont la production romanesque se situe à cheval entre le réalisme et le naturalisme, s’en démarquent assez nettement. Les réalistes, partisans de la peinture objective de la société contemporaine, voire africaine, déclarent : « Le vrai peint par l’auteur doit reposer sur des documents exacts et sur une observation précise. » Plus rigoureux encore, les naturalistes réclament « une description scientifique … globale. » (Bornecque et Cogny, 1958 : 26) Kindengve N’Djok, pour sa part, tire la substance et la spécificité de sa production littéraire et en l’occurrence de Kel’lam, fils d’Afrique des expériences extra littéraires puisées au Cameroun, dans la forêt équatoriale. Il le confirme lui-même à travers son personnage principal :

Depuis plus de dix ans qu’il parcourait ces pistes, il s’était adapté merveilleusement à cette vie pourtant nouvelle pour lui. Déjà il parlait et pensait en bassa, en ce bassa riche de monosyllabes, très à l’aise au jeu des préfixes changeants, à leur répétition mécanique qui lui rappelait le ” Javanais ” de ses années de collège. Il goûtait cette langue imagée, aux rudes expressions, l’astuce et la poésie de ses proverbes, les pièges de ses conjugaisons : C’était là don précieux, enrichi de travail, lui donnant un prestige assuré ! Kindengve N’Djok, 1958 : 91-92)

C’est donc d’un des mondes subjectifs, dynamisés par la temporalité et l’espace littéraire parfois oral que nous nous proposons de sonder, en y associant la genèse de la révolte comme aide-mémoire tout autant dynamisant..

Mais peut-être convient-il d’abord de définir ce que nous appelons « temporalité et espace littéraire. » Ils constituent les deux composantes de l’univers romanesque dans la plupart des œuvres de notre corpus. La temporalité est la restructuration et la fonctionnarisation par le récit des données temporelles en relation avec le thème structurateur et les personnages grâce à la chronologie de l’action, aux souvenirs et aux rêves qui en constituent les fils conducteurs.

Quant à l’espace littéraire il est, comme la temporalité, une restructuration et une fonctionnalisation par le récit des données, cette fois spatiales, en relation aussi avec le thème structurateur et les personnages. L’utilisation de l’espace, sans avoir la rigueur rationnelle d’une tragédie classique, reste néanmoins dynamique. La dynamique des lieux et celle de la société déterminent la révolte et lui donnent une certaine forme.

Ainsi, le récit se réalisant dans le temps et dans l’espace explique et nous fait connaître la révolte dans son évolution, jusqu’au paroxysme. La spatio-temporalité se charge de nouvelles données fécondes qui ne s’écartent pas du registre de la révolte et qui permettent de mieux la comprendre.

Dans notre étude, la temporalité a comme composantes la chronologie des récits, les souvenirs et les rêves. La chronologie permet de suivre l’imagerie anticoloniale et néocoloniale dans les différentes phases de son évolution : de l’apogée coloniale, fin de l’œuvre civilisatrice, quand les colonies libéraient la métropole en passant par l’après deuxième guerre mondiale jusqu’aux indépendances où il s’agissait bien de passer par la violence les blocages imposés par le colonialisme, puis par le néocolonialisme, à l’ère des échanges, afin de faire progresser l’homme africain.

La première phase montre les tribulations des personnages travaillant pour leur survie, en attendant des lendemains meilleurs. Leur passage comme tirailleur en France ou comme employé subalterne dans l’administration coloniale ou faisant les premiers pas dans les ruelles de la politique ou du syndicalisme sont révélateurs d’une période de crise socio-politique où la société coloniale exerce son pouvoir dominateur à travers les administrateurs, les colons ou les missionnaires. Kindengve N’Djok prépare à l’école missionnaire le jeune Kel’lam pour l’avenir du Cameroun. Il peut parfois le mettre en garde. « Malheur au fonctionnaire inexpérimenté ! Et quelle préparation encore au futur jeu politique du lendemain » (Kindengve N’Djok, 1958 : 86) dans Petits Blancs, vous serez tous mangés, Gobelin, journaliste devenu formateur de journalistes Africains, entraîne Christian Marion auprès de Justin, un ancien ministre du « Vieux. » Les deux sont par la suite des conjurés contre le pouvoir central. Emmanuel de Je suis mal dans ta peau s’est préparé à la rancœur contre le chef d’État protégé par l’occident après être passé par plusieurs étapes : « chargé de missions culturelles, avocat, conseiller de syndicats, orateur politique. » (Cesbron, 1969 : 276)

Lâchetés et compromissions pour survivre, absence de liberté d’expression, censure et démagogie alimentent la révolte, la conduisent peu à peu vers son paroxysme.

La deuxième phase est la plus décisive car elle prépare aux mouvements. Dans Kel’lam, les mécontents attendent les festivités officielles du 14 juillet pour manifester leur haine :

devant la tribune officielle où préside, entouré de ses adjoints et des officiers de la compagnie, le chef de région lui-même, au rythme des trombones que scande la grosse caisse, se chanta cette litanie, reprise par tout un chœur :

Combien l’Africain est digne de pitié !
Combien l’Africain est dans la misère !
Combien l’Africain est dans la peine !
Le travail, c’est pour l’Africain !
L’impôt, c’est pour l’Africain !
La prestation c’est pour l’Africain !
La mobilisation, c’est pour l’Africain !
La prison, c’est pour l’Africain ! (Kindengve N’Djok, 1958 : 163)

Des gaillards chantent leur air goguenard au nez des Blancs, bien incapables de les comprendre et qui croient sans doute qu’on célèbre leurs louanges.

Dans les Racines du ciel de Romain Gary, les Mau-Mau dont la révolte a commencé au Kenya cherchent à constituer une légion pour l’indépendance africaine. Sur cette indépendance, Gary donne le point de vue d’un jésuite :

Je suis un trop vieil Africain pour ne pas rêver parfois, moi aussi, d’indépendance africaine, d’États-Unis d’Afrique, mais ce que je voudrais éviter à une race que j’aime, ce sont les nouvelles Allemagnes africaines et les nouveaux. Napoléon noir, les nouveaux Mussolini de l’Islam, les nouveaux Hitler d’un racisme à rebours. (Gary, 1956 : 119)

Son souhait, c’est que « l’indépendance de l’Afrique se fasse un jour au profit des Africains, mais je sais qu’entre l’Islam et l’URSS, entre l’Est et l’Ouest les enchères sont ouvertes pour se discuter l’âme africaine. » (Ibid. : 120) Pour la crainte de Romain Gary, en 1958 après le référendum organisé par la métropole sur les indépendances dans les pays de la communauté franco-africaine, seule la Guinée de Sékou Touré refuse la tutelle française.

La troisième phase est chronologiquement la plus longue. En 1956, la loi-cadre de Gaston Deferre, ministre de la France d’outre-mer, qui reconnaît l’autonomie interne aux territoires d’outre-mer entraînera la disparition des fédérations de l’AOF et de l’AEF. Mais la proclamation des indépendances dans les anciennes colonies françaises n’aura lieu qu’en 1960.

Kindengve N’Djok, pour sa part, n’a pas manqué de résumer cette troisième phase à l’attention de son lecteur :

Une politique coloniale s’instaurait : considération plus humaine donnée ; enfin à la personnalité du Noir, participation grandissante de l’Africain à son destin. On le veut librement associé dans la construction de la France d’après-guerre, et l’on commence à lui donner ce qu’il n’aurait certes pas tardé à demander lui-même, mais peut-on dire avant qu’il en prenne conscience. Ce fut là, en pleine guerre, le mérite généreux de la conférence de Brazzaville [1944], que de promouvoir les réalisations nécessaires du lendemain. Mais les doctrinaires et les politiques s’en mêlèrent. On affirmait repenser le problème colonial. En réalité, on dressait un acte d’accusation. on se voilait la face, dénonçant tout le passé, condamnant le “colonialisme(Kindengve N’Djok, 1958 : 197)

Par ces mots, Kindengve N’Djok n’est-il pas le militant plus encore que l’écrivain ? Il n’est pas allé chercher loin les matériaux pour sa création romanesque. Il l’a créée à son image, en militant écrivain plutôt qu’écrivain militant.

La quatrième phase actuelle, représente le danger immédiat des nouvelles nations indépendantes au cours des cinq décennies qui ont suivi les indépendances. C’est la plus grande entreprise anti-nationaliste et antipatriotique qui guette les nouveaux États, gangrène leurs sociétés, hypothèque leur bien-être et bloque toute perspective d’évolution socio-économique durable. Les victimes du néocolonialisme se comptent par milliers en Amérique et en Afrique noire dans toutes les couches sociales, dirigeants et intellectuels révolutionnaires, militants anticolonialistes et syndicalistes.

L’idéologie sans cesse renouvelée de Mongo Beti est la quête de la liberté des peuples noirs opprimés par les régimes néo-coloniaux et la métropole. Le patron de Zam dans Trop de soleil tue l’amour révèle le sentiment révoltant sans cesse grandissant des populations d’Afrique francophone à l’encontre des français :

Nous n’aimons pas beaucoup les français ici. déclarait le patron. Ces gens-là n’ont jamais oublié qu’ils ont été nos maîtres. Ils sont prêts à tout pour maintenir leur entreprise ici. Ecoutez-moi là : Pourquoi je dois passer par un concessionnaire français d’ici, et non pas un compatriote, si je veux acheter une voiture japonaise ? Pourquoi pas un compatriote concessionnaire ? Pourquoi nous sommes indépendants alors si nous ne pouvons même pas avoir un des nôtres concessionnaire de marques japonaises ? (Beti, 1999 : 26)

Le même personnage indexe la langue qu’affectionne le néocolonialisme pour corrompre les consciences et rejette la francophonie :

Les Français, nous en voulons plus ici, mais alors plus du tout… Et voilà qu’ils viennent en plus nous casser les pieds avec leur francophonie. L’Amérique latine, ce sont vos anciennes colonies, n’est-ce pas ? Est-ce que vous faites l’hispanophonie là-bas comme les français de la francophonie ici ? (Beti, 1999 : 27)

Dans l’ensemble, le néocolonialisme a un faible pour les actions subtiles qui servent les intérêts partisans idéologiques, géopolitiques et stratégiques. Ailleurs, la révolte contre cette entreprise redoutable se lit à travers les souvenirs et les rêves.

 

III- LES SOUVENIRS ET LES REVES

Ce serait peut-être une redondance de parler de souvenirs dans des œuvres qui veulent d’abord la réhabilitation d’une révolte et dont les éléments d’appréciation sont puisés irrémédiablement dans les souvenirs des protagonistes. Petits Blancs vous serez tous mangés ou l’État Sauvage sont un ensemble de souvenirs sur l’anthropophagie et le racisme. Kel’lam ne se fait pas prier pour le signifier à un sénateur Français :

Vous le voyez, sénateur, dit Kel’lam, le racisme n’est pas mort, et malgré vos belles proclamations d’égalité humaine nous restons chez nous, les “Sales Nègres” d’autrefois ! comment voulez-vous qu’à notre tour nous n’ayons point de haine au cœur ? (Kindengve N’Djok, 1958 : 216)

Attitude dialectique, car le souvenir s’oppose au récit chronologique, mais nourrit et renforce la révolte.

Les souvenirs qui reviennent au Président Tounkara de Je suis mal dans ta peau parmi tant d’autres sont ceux de 1850 montrant l’opposition entre le servage et la libre entreprise en d’autres termes la République qui garantit les libertés et le néocolonialisme qui les confisque.

Et à Tounkara de déclarer :

Notre force, la seule peut-être, est de pouvoir dire non ! de refuser cette civilisation, d’en inventer une.… Si nous suivons la voie de l’Occident, nous en serons en l’an 2000 là où ils en étaient en 1850 (Cesbron, 1969 : 258)

Ce qui ressort de cette pseudo « histoire », c’est une conversation avec un révolté, Augustin, partisan de « l’Africanité et la Modernité. » Plus significative est la scène où Joseph Ayou, un ancien ministre, annonce à Augustin qu’il a « dû quitter le gouvernement Ndongo Daye, il y a quatre ans, parce que [il] avait osé préconiser une fédération économique des États riverains du Sénégal ! » (Ibid. : 255). Pour cela il a été considéré comme un traître à la nation sarakolaise.

Alors que non seulement l’Afrique est “balkanisée”, comme disent tous ses chefs d’État dans leurs discours […] mais elle est politisée. Chaque pays est le “client” d’une grande puissance, le petit pion sur un échiquier ou seul mènent des Rois. (Ibid. : 255).

À ce niveau, le souvenir ne retarde plus la révolte, mais il fusionne avec l’action présente, après l’avoir chargée d’éléments nouveaux pour sa réalisation. Quand la révolte s’inscrit dans une perspective futuriste, elle est rêvée comme cette ambition que le Président Tounkara formule au cours d’une conversation sur la stabilisation des prix des matières premières : « Je demande solennellement à tous les pays occidentaux de donner au tiers monde un pourcentage de leur revenu national. » (Ibid. : 254)

Les rêves ne sont pas ici des divagations de l’esprit, sans rapport avec l’action, mais des mouvements hystériques à valeur prémonitoire annonçant avant la lettre une action. Ils fonctionnent comme des cris d’alarme imprimant chaque fois à la révolte une nouvelle direction. Ainsi, au « Congrès de la dernière chance », les rêves du Président Tounkara sont étudiés :

À Port-Albert, les représentants des puissances ont éludé les vrais problèmes : ajourné la stabilisation des prix des matières premières, écarté tout système d’achats préférentiels, maintenu le principe des “clientèles” respectives et de l’assistance à court terme. Dans cette atmosphère fermée, le grand discours du président Tounkara, réclamant aux pays riches d’abandonner au tiers monde un-pour-cent de leur revenu national, a paru aux délégués de l’Occident une exigence sommaire et injustifiée, à ceux des pays pauvres une humiliante mendicité. (Ibid. : 287)

Quand dans Kel’lam, un émeutier lance un mot d’ordre « Jetons les Blancs à la mer ! » (Kindengve N’Djok, 1958 : 204), il a la conviction que ce seul « cri de ralliement » va le mettre à mi-chemin du triomphe. Ou quand dans Trop de soleil tue l’amour, Eddie conseille à Zam d’écrire ces phrases dans son journal :

Pour forcer les Français à déguerpir, allons botter les fesses à leur ambassadeur. Ou bien : Boycottons leur langue en nous abstenant tous de parler une fois par semaine, le Samedi de onze heures à dix huit heures. (Beti, 1999 : 47)

Il se dit que ce sera de l’artillerie lourde comme un sous-marin atomique pour l’ennemi qui est quand même de taille, du moins par rapport aux Africains. Pascal parlait de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.

Alors le rêve devient réalité :

Une banale revendication de salaire, puis une grève déclenchée, puis des braillards armés de bâtons, exigeant la fermeture des ateliers et des boutiques, puis l’émeute, des voitures incendiées, des passants assommés, l’attaque des maisons isolées, puis la gare prise d’assaut, le pillage commençant, le sabotage (Ibid. : 205)

Si pour ces cas, l’appel voire le rêve est devenu réalité, J. P. Sartre nous apprend ailleurs que la parole n’est pas toujours action car elle ne nourrit pas un enfant qui a faim.

Ainsi, la temporalité n’obéit ni aux lois naturelles du temps ni à celles chronologiques du récit, mais à une logique interne. Malgré la chronologie des événements, l’action n’est pas linéaire. Si le souvenir par son souci d’explication et de vitalisation ralentit l’action en la sortant de sa structure chronologique traditionnelle, le rêve par contre bouscule les barrières qui essayent d’entraver l’action vers l’étape finale. Pour tout dire, la temporalité est essentiellement positive et même dynamique, qualités que nous retrouverons dans une autre composante de l’univers des lettres anticoloniales : l’espace littéraire.

IV – L’ESPACE LITTERAIRE

Nous retiendrons pour l’étude de l’espace littéraire deux éléments principaux : la dynamique des lieux et celle de la société.

IV-1 La dynamique des lieux

Ce qui frappe le lecteur des lettres anti-coloniales ou néo-coloniales, c’est la multiplicité des lieux qui jalonnent les récits. Ils nous permettent de suivre les métamorphoses et la cristallisation de la lutte au fil des actions. Les lieux circonstanciels ont une valeur dramatique alors que les lieux permanents sont rattachés à une certaine tradition révolutionnaire.

Les lieux permanents telle l’université (Balta) montre que l’école telle qu’elle est conçue est inutile, anachronique et inadaptée, car elle n’a aucune valeur pratique. La place publique pour les festivités officielles du 14 juillet dans Kel’lam est un lieu de gaieté et de vie. Mais les révoltés y trouvent pourtant un terrain propice pour attaquer les Blancs dans leur baragouin qui crée un quiproquo.

Les congrès et les réunions syndicales (Je suis mal dans ta peau) sont des cadres où les forces de l’opposition profitent pour annoncer leurs intentions de fédérer, de faire grève, d’occuper des locaux universitaires.

Les lieux circonstanciels (la voiture, le bar, l’appartement dans Trop de Soleil tue l’amour, convient-il de le redire), sont des instruments dramatiques au service de la révolte dans ses métamorphoses. L’évocation d’un lieu sous-entend le climat socio-politique et la nature de la révolte que cristallisent les lieux permanents.

À travers les différentes variations de la révolte, des circonstances demeurent. La réalité fugace obéissant à une tradition révolutionnaire retrouve comme par enchantement son champ habituel d’expression, et se cristallise dans ce que nous avons appelé les lieux permanents, sous forme de révolte. Ces lieux sont dits permanents parce qu’ils ont toujours joué ce rôle dans les révoltes. Partout en Afrique noire, et dans les villes, c’est la rue et les barricades. (Nouveau : au cours des villes mortes)

Le lieu par excellence de toute manifestation populaire est la rue à Douala (Kel’lam), à Sarako (Je suis mal dans ta peau) ; elle s’impose par elle-même comme complice silencieux de la lutte : lieu de rencontre des manifestants, champ de bataille, lieu d’expression de la colère et de l’indignation ou de la liberté. Ainsi dans Je suis mal dans ta peau, les manifestants prirent « l’avenue de la Marne puis le boulevard Gambetta » en criant : « Libérez Modigo Manga ! » (Cesbron : 299)

La rue ici n’a pas son aspect architectural, ni matériel, elle a une valeur fonctionnelle. À elle viennent se greffer les barricades, sortes de forteresses où les insurgés se défendent contre les forces réactionnaires. Dans les « New-Town » à Douala, ces mots d’ordre se propagent :

On va secouer la tutelle des Blancs ; bientôt ils seront rejetés à la mer. Saboter le travail, refuser le ravitaillement, se faire porter malade, faire grève… et bientôt viendra la révolte ouverte, tous les envahisseurs honteusement chassés. Les évolués prendront la place des « commandants » et des autres fonctionnaires (Kindengve N’Djok : 162-163)

La rue, les barricades, ces jumeaux de la contestation politique et sociale dans Kel’lam rappellent les anciennes révolutions françaises (1848, 1850).

En effet, que ce soit à Douala, à Sarako ou ailleurs, la ville est le milieu où peuvent librement se déployer le rêve et l’activité révolutionnaires. Cela explique l’attachement des contestataires à ce milieu pourtant hostile et ingrat, mais porteur d’espoirs.

De la dynamique des lieux, il ressort que la nature autrement dit la forêt et la savane équatoriale dans Trop de Soleil tue l’amour, n’a qu’une place infime dans la lutte contre le néo-colonialisme. De plus, l’action se passe essentiellement dans les agglomérations. Seule s’impose ici la sécheresse de la ville dans laquelle grouille une société en crise et qui cherche dans l’effervescence populaire le remède approprié.

IV-2 La dynamique de la société

Disons tout de suite que c’est une société composite, dans laquelle il apparaît cependant deux constantes : les forces oppressives et le peuple noir. À chaque évolution de l’atmosphère politique, la société change de structure, mais deux forces antithétiques difficilement définissables demeurent : de la décolonisation à la néo-colonisation en passant par les guerres d’indépendances.

Pendant la colonisation : Ce sont les gouverneurs de colonies, les commandants de cercle et leur machine infernale qui persécutent ceux qui osent s’opposer à leurs préceptes, ceux qui dévoilent les ravages de la colonisation. Si les présidents français ne sont pas souvent expressément cités, les manifestations de leur politique révèlent leurs forces d’inertie qui empêchent toute affirmation de l’individu en dehors de toute allégeance à leur politique.

Pour ce qu’il convient d’appeler les « incidents de Douala » (Kel’lam), les responsables de l’ordre, les colons acculés sont les maîtres des habitants des new-town indigènes. Défenseur de la politique impérialiste en matière de la philosophie de Rapport et non d’implantation, le commandant de cercle surveille avec vigilance les comportements des indigènes.

À cette époque, la lutte contre l’oppression coloniale est celle du peuple et dans une certaine mesure celle des partis politiques à l’exemple de l’Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) au Cameroun. Parti interdit en 1955. Il rassemblait principalement les Bamiléké en guerre contre le gouvernement français.

Pendant la néo-colonisation : Ici, la politique et l’économie prennent le pas sur le social. Mais avant la chute du mur de Berlin, plusieurs protagonistes des romans de l’abjection néo-coloniale tels Petits Blancs… L’État sauvage, Je suis mal dans ta peau, Trop de Soleil tue l’amour… se sont engagés dans la bataille politique contre l’influence occidentale sous forme d’une déstructuration des sociétés des pays d’Afrique noire, par des rejets violents et désespérés. Ils dénoncent la vie quotidienne brisée, les hommes exploités puis aliénés. C’est le cas de l’opposition du roi TOKOR et du Colonel socialiste LALAKA dans les Flamboyants qui regrettent la destruction des rites autochtones parce que le pouvoir traditionnel est battu en brèche. « L’Afrique des tam-tams est morte et enterrée » (Chatenet, 1970 : 93)

La résistance de ces sociétés est primitive, voire velléitaire. La mentalité traditionnelle s’oppose comme elle peut aux entreprises de l’occident. Elle les détourne sans les annuler. Tels ces villageois dans Petits Blancs … qui refusent de concevoir une stratégie rationnelle afin de débloquer une piste bloquée par un arbre. Certains autochtones ignorent par ailleurs l’esprit de synthèse qu’on voudrait leur faire admettre (Ibid. : 72 et 80). Tel ministre enfin fait passer une querelle personnelle avant tout autre intérêt, dans l’État sauvage. (Conchon, 1964 : 119)

Ce qui constitue la société, ce sont les autochtones, les villageois, les commerçants, les fonctionnaires subalternes, les artisans travaillant pour leur propre compte. Tous formulent des accusations contre la France parce qu’ils sont dans l’impossibilité de tout dépassement d’une situation pourtant intolérable. Les femmes et les enfants ne sont pas en reste. Leur révolte va le plus souvent échouer en raison de son inadéquation à la réalité locale où le pouvoir joue la carte du néo-colonialisme. Dans Petits Blancs, Justin a une vision messianique de la révolution : « La révolution aura une religion ou bien elle ne se fera jamais » (Chatenet, 1970 : 124). La révolution demeure une attente. Mais le caractère vague de son projet de société l’empêche d’acquérir toute efficacité. On le voit, la révolte autochtone est vouée à l’échec parce qu’elle ne dispose ni de moyens, ni d’une identité assez forts pour résister à la modernité et l’intermédialité destructrices.

La dynamique de la société révèle un cercle vicieux ; quand ce n’est pas l’utopie qui la guette, c’est l’enfermement à brève échéance. Le mouvement pendulaire de son évolution fait apparaître parfois au sein de celle-ci une force d’inertie contre laquelle bute inlassablement la révolte. Comme ces dictatures qui oppriment les pays d’Afrique subsaharienne et dont la France est leur auxiliaire puisqu’elle tire largement parti des ressources (cf. Le petit train de la brousse de Philippe de Baleine (1982), Je suis mal dans ta peau, Petits Blancs vous serez tous mangés, Trop de soleil tue l’amour). De cette dialectique donc apparaîtra une seule résultante ; l’aspiration inexorable du peuple noir vers la liberté politique et économique, même s’il ne réussit toujours pas à l’assumer jusqu’à cette fin du XXe siècle. Mais ce qui compte, c’est la conscience de la liberté qui est ici le « pouvoir de refuser », selon l’expression de Maurice Blanchot ; ce pouvoir qui naît chez les écrivains français anti-coloniaux atteint son point culminant chez les auteurs des « romans du néo-colonialisme » (Moura, 1992 : 182). Au total, il ressort que les imageries anti-coloniales ou néo-coloniales sont partout présentes dans les œuvres de notre corpus ; la temporalité et l’espace littéraire en sont imbibés. De la richesse de leurs traits caractéristiques, on tire diverses manifestations

V- LES MANIFESTATIONS DE LA RÉVOLTE NEO-COLONIALISTE

Nous regroupons sous cette appellation toute action ou toute attitude spirituelle exprimant la révolte. Si celle-ci est un état d’esprit ou d’âme, elle est d’abord pour celui qui l’observe, une manifestation de cet état. Pour s’actualiser, la révolte se donne les moyens d’action. La révolte historique choisit souvent l’action violente et même destructrice. Dans une façon de penser la révolte, il y a une façon d’agir. Mais ces principes d’action s’appliquent-ils aux romans néo-coloniaux ?

Disons que si la révolte collective emploie les moyens traditionnels d’action révolutionnaire, la révolte individuelle par ses manifestations diverses et difficilement saisissables n’a pas de principes d’action préconçus. C’est ce qui fait l’originalité des écrivains français et francophones post-coloniaux. La révolte s’actualise d’elle-même.

V-1 La révolte collective

C’est un phénomène collectif de contestation contre toute oppression – pacifique ou violente, laissant apparaître une certaine attitude psychologique, manifestation spirituelle de la révolte.

En ce qui concerne l’action pacifique comme l’indique son qualificatif, elle est une contestation non violente dont le but est la recherche sans effusion de sang d’une solution politique à la crise. L’indépendance des anciennes colonies et l’abjection des liens spéciaux dans la coopération franco-africaine constituent leur ligne de mire. Dans Sang d’Afrique, elle se manifeste au sein des réunions politiques.

L’impression, dominante, qui se dégageait de ces réunions sans cesse répétées, était que dans ce district éloigné de la capitale, la proclamation de l’indépendance n’avait ébloui personne à l’exception peut-être de quelques notables ou chefs de villages qui ne comprenaient pas pourquoi on leur demandait de désigner un représentant politique alors que chacun d’eux se croyait très capable de continuer à régner sur son bout de territoire sans recevoir l’avis ou les conseils d’étrangers. Pour eux, ce Jacques Yéro, bien qu’il fût de leur race, était quand même un peu un étranger. D’abord, il avait tort de s’habiller à l’Européenne, au lieu de se peindre le corps comme eux et de porter un beau costume emplumé (Des Cars, 1963 : 188)

Ce qui compte pour les indigènes ici, c’est de rejeter toute forme d’autorité et d’opter pour l’autonomie des groupes, donc nier l’État central que les néo colons veulent instaurer. Pour eux, le village est déjà constitué de représentants influents pouvant discipliner et informer les groupes dont ils sont les chefs. La notion de « député » ou représentant élu démocratiquement par le peuple est importée. C’est l’œuvre de la colonisation.

Dans Petits Blancs, les chapelles religieuses sont les lieux des subterfuges par excellence. Le pouvoir oppresseur trouve en la religion un complice. Elle impose aussi des règles de respect, de soumission et de vénération. Elle se soucie peu de la misère du peuple colonisé ; pire, elle est une sorte d’opium, car elle endort l’activité révolutionnaire.

Jean Chatenet met dans le même panier les catholiques et les protestants :

– Nyéréré est catholique, et il a donné du fil à retordre aux Anglais.

– Nyéréré était protestant. Il s’est converti au catholicisme en même temps qu’au socialisme : c’était une façon d’entrer dans l’opposition en même temps qu’un choix religieux, les Anglais savaient à quoi s’en tenir. Eux pensent que les choses sont plus faciles avec les protestants…

– La religion catholique prend de plus en plus les gens par l’intérieur, surtout depuis les réformes de ces dernières années. C’est peut-être une bonne technique en Europe, mais ça ne marche pas très bien avec les gens d’ici. Les choses ne peuvent pas se passer seulement dans leur tête et dans leur cœur, il faut qu’ils puissent aussi faire des gestes (Chatenet, op.cit, 155)

Quels gestes ? L’Africain dirait : « Ceux qui comptent », Car la parole sainte ne nourrit pas un enfant qui a faim. Donc les mécontentements exprimés à l’Église atteignent à des degrés divers leurs buts : extérioriser la colère. Et la France a des inquiétudes face aux catholiques. Mais Justin, le révolutionnaire de Petits Blancs est toujours à la recherche d’une religion qui « ne soit ni un produit d’importation, ni un instrument de propagande et d’asservissement » (Ibid. : 155)

Ce côté de ces démarches pacifiques des révolutionnaires, l’activisme politique apporte une force nouvelle contre l’oppression. Les élections, les réunions publiques, les rencontres de proximité, les affiches constituent les éléments dynamiteurs de cette activité politique à caractère intellectuel. Les élections ne répondent pas toujours à un souci de légalité, mais se définissent comme force d’action contre la réaction des détenteurs du pouvoir. C’est ainsi que Jean Kel’lam est devenu « Délégué Territorial à l’Assemblée Camerounaise » pour servir de « la voix de l’Afrique Nouvelle et Ancienne » (Kindengve N’Djok, op.cit : 246)

Mais les élections tant souhaitées par les impérialistes ne se posent pas toujours en s’opposant à une certaine force d’inertie ; elles sont d’abord des velléités d’organisation politique du peuple, même si par la suite, elles ont un caractère révolutionnaire. Entre autres ces fonctions de « Ministre-député-maire de Galinga » (Conchon, 1964 : 27) détenues par Modimbo Antoine qui ne connaît les limites de vingt-cinq villages que grâce aux « livres, journaux, revues ».

Les rencontres de proximité sont à rapprocher dans leur esprit à cette optique révolutionnaire. Ce sont des milieux de débats politiques entre le peuple et les forces réactionnaires comme ce travail que mène Emmanuel de Je suis mal dans ta peau :

Emmanuel a fait le tour du pays ; il connaît par nom chacun des responsables de syndicats et ils l’appellent par son prénom ; dans toutes les villes, il a contribué à fonder une S.A.F, section féminine d’action. D’action pour qui, pour quoi ? – C’est de cela qu’il vient discuter avec Tonton. Jamais le président n’a disposé d’un tel réseau d’information ! Voilà ce que pense Emmanuel… Il pense être le seul à connaître les vœux des femmes, des travailleurs, des fonctionnaires, le seul capable de dissiper les malentendus et de prévenir les contestations, bref le sauveur du régime. (Cesbron, op.cit : 261-262)

La France est l’auxiliaire de cette dictature qui opprime le peuple. Le pouvoir a dilapidé des fonds des organismes d’aide au développement : O.N.G. et se prépare à dénoncer les termes des accords bilatéraux et multilatéraux au cours d’un Congrès de la dernière chance. Lequel pourra le sauver du sursaut populaire. Or chez Mongo Beti, PTC est convaincu qu’ « avec le pétrole et le bois, c’est un complot des Français pour clochardiser à jamais les Africains et les tenir éternellement en laisse. » (Beti, 1999 : 55)

Il arrive que l’activisme change de méthode d’expression. La parole est remplacée par les écrits ainsi que le montre « une inscription, maladroitement tracée sur le mur de la bibliothèque : Au secours, deux cents camarades prisonniers ! » (Constant, 1983 : 253). C’est une sorte de manifeste des étudiants de l’Université de la Mégalo en rébellion contre les cours du professeur coopérant Lucien Favre, lesquels se montrent radicaux dans la différence, la spécificité et l’autonomie vis-à-vis du contenu des programmes des universités françaises. Ailleurs chez Cesbron, les révoltés se servent des pancartes et des banderoles pour exprimer leur mécontentement aux congressistes occidentaux.

Un petit commando qui n’appartenait pas à l’Université… est parti en direction du Congrès avec des pancartes et des banderoles.

  • Du congrès ?
  • Oui, c’est aux délégués occidentaux qu’ils en ont »

(Cesbron, op.cit, 265)

Si l’action pacifique ne change pas véritablement le rapport des forces politiques, elle constitue pour les insurgés noirs une école d’apprentissage de la vie publique. Pour les forces oppressives occidentales, l’action pacifique est une preuve de la capacité du peuple dominé à pouvoir s’organiser ; ce qui constitue une menace déstabilisatrice, pour utiliser la terminologie contemporaine, contre l’hégémonie occidentale. Conscientes de cette menace, les forces oppressives néo-colonialistes réagissent entraînant ainsi la violence dans la lutte politique. La révolte passe de la potentialité à la cristallisation par l’occupation des places stratégiques. À en croire le récit de Cesbron

Les sirènes de la police approchèrent, grandirent, parurent se dépasser l’une l’autre. Les femmes se mirent à caqueter ; les enfants, ivres de bruit, couraient en tous sens … toutes les voitures de police du Sarako s’en viennent par ici au lieu de parader au palais du Congrès. Une …. Deux … trois … les bras au ciel. Nous voulons la Justice et non l’aumône ! (Ibid. 265-266)

L’occupation des places publiques montre la volonté des peuples sous-développés d’Afrique noire à prendre pour un temps, le pouvoir et à changer les termes de la coopération Nord-Sud. Mais l’absence d’une méthode rigoureuse tant dans l’étude des données que dans la conservation de l’acquis révolutionnaire les place en position défensive devant l’attaque des experts mieux outillés. La catégorie de l’Intelligentsia africaine comme le Lalaka des Flamboyants ou le Justin des Petits Blancs, docteur en droit et licencié en philosophie n’a pu rien changer et pourtant tous les deux entendent défendre la société traditionnelle africaine.

La nouvelle forme de révolte est l’œuvre des exilés. Elle est particulièrement développée dans Trop de Soleil tue l’amour :

Les exilés sont de retour. Et rien ne sera plus jamais comme avant … C’est une ère nouvelle qui s’ouvre. (p. 25) Là où le peuple a été trop longtemps tenu à l’écart des lumières du droit, le vice devient la norme, le tortueux la règle, l’arbitraire la vertu. l’arrivée massive des exilés causa un choc aux populations en les contraignant à un brusque réveil. (Beti, 1999 : 74)

Au total, la révolte collective n’est qu’émotionnelle. Elle exprime, bien sûr, un sentiment collectif d’exaspération contre la misère dans les pays pauvres et l’injustice sociale. Mais les romanciers du néo-colonialisme en Afrique noire ne glorifient pas les révolutionnaires. Ils multiplient un vocabulaire zoomorphe, des formules dépréciatives ou insultantes associées aux attitudes tyranniques à l’évidence motivées par le mépris comme dans Petits Blancs ou dans Trop de soleil tue l’amour, ce qui active chez certains protagonistes une révolte individuelle.

V-2 La révolte individuelle

Cette révolte individuelle est très complexe dans ses manifestations. Mais elle se démarque des autres formes de contestation par le comportement intellectuel, l’attitude terroriste. Les conférences, le journalisme, les livres à style engagé, les affiches rouges constituent leurs domaines d’action privilégiés.

Les discours révolutionnaires ne sont jamais prononcés dans leur intégralité. Le plus souvent dans les pays pauvres ils sont riches en vocabulaire à connotation marxiste ou simplement sociologique. Le discours de Justin dans Petits Blancs en est une bonne illustration :

l’État intervient dans toutes les grandes affaires nationales, finance en partie au moins la plupart des réalisations d’intérêt général. La paix sociale le préoccupe. Notez cependant qu’un prolétariat agricole est en train de naître dans les exploitations nationales, en attendant la naissance d’un prolétariat ouvrier lorsque les usines prévues par le plan de développement seront construites. (Chatenet, op.cit : 122-123)

Il n’est pas certain que la révolution qu’il tente aboutisse en raison de son inadéquation à la réalité locale. Le projet étant occidentalisé, il lui sera difficile de convaincre les autochtones. Il n’est pas lui-même loin du pouvoir en place qui joue la carte du néo-colonialisme.

Les révolutionnaires dans les pays d’Afrique noire ont parfois recours au journalisme d’opposition comme Zamakwé dans Trop de soleil tue l’amour pour offenser l’occident dans sa politique impérialiste. C’est dans une interview à bâtons rompus entre le Président Tounkara et Augustin que ce chef d’État africain va extérioriser son dossier qu’il doit présenter à la conférence ; il déclare

— la conférence doit durer des semaines, mais tout pourrait se dire en six phrases : trois demandes et trois réponses. Que réclamons-nous ? La stabilisation du prix des matières premières et un système d’achats préférentiels. Ce n’est tout de même pas exorbitant ! Poursuit-il sur un ton de tribune. Les matières premières sont, pour l’instant, notre seule richesse et leur cours s’effondre d’année en année. Pour en tirer le même revenu, un paysan sarakolais doit produire deux fois plus d’arachides qu’il y a dix ans. Et avec ce revenu dérisoire, il ne peut même plus se procurer autant de produits puisque ceux-ci, en provenance des pays riches, ne cessent d’augmenter. C’est un cauchemar et c’est une honte… (Cesbron, op.cit : 253)

C’est vraiment une honte. Et c’est pourquoi les idées que contient cet extrait de l’interview sont des armes ; au même titre que les chars des nations néo-colonialistes. Mais en homme d’État responsable, sa révolte se réduit à une attitude dépouillée de violence destructrice et de fanatisme exacerbé qui imprime la révolte historique.

V-3 La révolte historique

La révolte historique est celle de l’homme contre sa condition historique. L’objet de la révolte est l’ordre du monde en général, la condition faite à l’homme dans le temps par ses semblables.

En effet, Philippe de Baleine est l’un des meilleurs peintres de la société africaine des années 80. Dans son œuvre, il dénonce les travers de cette société Ouest africaine ; il énonce les différents maux qui la minent. Dans Le Petit train de la brousse, ces maux ont pour noms : la dépravation des mœurs par la prostitution, l’échec du mariage, le déclin des valeurs morales, la subordination de la politique au clientélisme et au culte de la personnalité. Dans Balta, Paule Constant, par la voix de Lucien Favre se plaint de toute son âme de la « griotticie » des intellectuels des universités victimes des échecs au changement de grades que les responsables académiques perpétuent avec la complicité des gens au pouvoir.

Dans cette perspective, Trop de Soleil tue l’amour donne l’image d’un monde africain où l’inertie le dispute à l’absurde où les policiers sont prêts à payer leur supérieur pour n’avoir jamais à enquêter et où la corruption est le seul moyen de survivre. On y décèle aussi un univers halluciné qui provoque une interrogation angoissée non seulement sur la situation politico -sociale de l’Afrique, francophone, mais sur l’homme et son degré de détérioration. C’est ainsi qu’un personnage a pu s’écrier : « J’ignore ce que je suis… sinon, c’est pas dans ce bled de merde que je m’aurais aimé naître et vivre. » (Ibid. : 41)

Dans notre étude de la république africaine francophone telle qu’elle apparaît dans l’œuvre de Mongo Beti, nous remarquons qu’il présente la postcolonie de telle manière qu’on puisse, à la lecture, en sentir l’odeur.

La postcolonie est donc un univers où « plus de trente-cinq ans de dictature en tout genre ont forcément perverti les mœurs et déglingué les mentalités » (Ibid. : 42).

C’est pourquoi Mongo Beti dans cette production littéraire fait la critique impitoyable des régimes dictatoriaux qui assomment l’Afrique et lutte contre les dictateurs déments, relais du néocolonialisme qui gouvernent sur le continent noir.

En fait, l’abjection des puissances impérialistes et néo-colonialistes se révèle à nous grâce à ces manifestations des protagonistes des romans français et francophones. Elles sont nombreuses et variées en raison de la multiplicité de ses aspects. En revanche, la représentation de l’univers néo-colonial, principalement en Afrique noire est celle d’un système social en quête d’évolution. Dans ces différentes imageries transparaît moins la haine de l’occidental, que la cécité collective. La représentation collective de l’Afrique noire est aujourd’hui brouillée par une interrogation. Le développement est-il encore un objectif crédible quand il se propose de freiner les flux migratoires en améliorant localement les conditions de vie de l’ensemble de la population ? Peut-il vraiment dans les régions les plus déshéritées, fournir du travail à ses habitants jusqu’ici voués à l’émigration ? En réponse, le personnage de l’intellectuel a une part assez importante de responsabilités dans la marche de l’Afrique noire d’aujourd’hui. Dans maints cas, il est l’œil de son pays sur la politique de coopération de beaucoup de pays d’Afrique noire.

Par delà l’aspect heuristique de cette étude, elle poursuit un triple objectif, à savoir : identifier un des maux qui rongent l’Afrique actuelle, offrir une plus grande lisibilité des signes (discours, récits, actions) d’apparence anodine mais récurrente dans les relations Nord-Sud, donner au lecteur engagé une arme solide de combat.

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Note

(1) Nous désignons par “aspects de la révolte” toute représentation à la conscience de la révolte dépouillée de ses manifestations, sous la forme d’un schème. L’univers romanesque, la morphologie de la révolte constituent les idées-forces de notre analyse.

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