Mondes africains

Ils ont mangé mon fils de Jacques Fame Ndongo ou l’expression des conflits ésotériques dans l’Afrique postmoderne

CHAPITRE III

Ils ont mangé mon fils de Jacques Fame Ndongo ou l’expression des conflits ésotériques dans l’Afrique postmoderne

Résumé : Les principales valeurs restent la famille et la tradition en Afrique. La tradition, ferment fort de la société africaine, assortie à la sorcellerie, science occulte, tient parfois une place de choix dans la vie des populations. D’abord, elle hante constamment tous les esprits, ensuite annihile tout esprit créatrice et enfin est à la source de la méfiance des africains envers la science en général et la technologie en particulier. Aussi Jacques Fame Ndongo s’interroge-t-il dans son œuvre théâtrale Ils ont mangé mon fils sur les éternels conflits ésotériques qui plombent le développement de l’Afrique dans la mesure où les questions du rationnel, de l’irrationnel, de folie, de mort et de sous-développement sont récurrentes dans les discours sociaux.

La nécessité de saisir l’œuvre en tenant compte des conditions sociohistorique, économique et politique dans lesquelles elle est produite nous semble indispensable. Pour ce faire, nous avons recours à la socio critique, méthode de lecture et d’interprétation du fait littéraire, qui puise son ancrage dans le social. Ainsi en insistant sur les rapports entre le texte et son contexte d’émergence, nous mettons en relief les fondements de l’univers du personnage principal, élément de réfraction, qui suscite le débat conflictuel. Il démystifie, sensibilise, éveille la conscience publique à sa sonnante réalité dans l’Afrique postmoderne.

Aussi allons-nous examiner les manifestations diaboliques des forces obscures pour discerner les conséquences sociale et économique dans la société africaine d’aujourd’hui et tirer les leçons de l’auteur.

 

Mots-clés : Afrique, conflit, développement, ésotérisme, sorcellerie, postmoderne, socioéconomique.

 

Esoteric Conflicts in Postmodern Africa: A Case Study of Jacques Fame Ndongo’s Ils ont mangé mon fils

Abstract: Two main values identify an African society: family and tradition. Sometimes tradition, an identifying mark of an African society that is accompanied by witchcraft and occult science, holds a dominant position in the lives of Africans. It constantly haunts every mind, ruins creative spirits, and is the source of mistrust towards science, especially technology. In his play, Ils ont mangé mon fils, Jacques Fame Ndongo questions the lasting esoteric conflicts that have hampered African development because of recurring issues about the rational and irrational, death, and underdevelopment, in social discourse.

To understand Jacques Fame Ndongo’s play, it is important to consider its historical, economical, and political origins. A socio-critical, reading, and interpretative approach of literature which depicts human society, will be used. Hence, relating the play to its emerging context lays emphasis on the universal bases of the protagonist, a refractive feature that fosters conflicting debates. The play debunks, sensitizes and awakens public awareness to the sad reality in Postmodern Africa.

Fiendish manifestations by dark forces will also be examined to recognize their social and economic impact on the African society today and draw lessons from the author.

 

Key words: Africa, conflict, development, esotericism, witchcraft, postmodern, socio-economic.

 

Introduction

 

Les interrogations sur la sorcellerie sont éternelles dans les sociétés africaines. C’est le reflet de nombreuses réalités anthropologique et sociologique auxquelles est confrontée la société africaine en général, et camerounaise en particulier, et qui pèse lourdement dans son héritage culturel. La sorcellerie, science ou superstition est un frein à l’appropriation de la science et de la technologie en Afrique. Aussi les conflits ésotériques sont-ils très présents dans les mentalités des individus dans le continent africain. Il est un des faits de société les plus redoutés dans l’environnement africain. Ainsi dans l’œuvre théâtrale de Jacques Fame Ndongo Ils ont mangé mon fils la confrérie des sorciers est une secte solidaire dont l’objectif principal est de nuire. Cette confrérie dont fait partie le père de Jean signe un pacte s’organisant autour d’une cotisation humaine, ce que Joseph Abanda appelle « le cannibalisme sorcier »[i]. Il est question de sacrifier régulièrement l’un des enfants du membre de l’association par rotation. Dans ce faisceau de croyances reçues de l’omniprésence d’une tradition rigide, l’intelligence se trouve prisonnière de l’obscurantisme ; le sens de la créativité est complètement annihilée et les efforts sociaux, collectifs, l’émulation rationnelle, sont pris au piège de l’envoûtement possible.

La question est celle de s’interroger sur la puissance de la sorcellerie africaine? Ces sorciers, sont-ils des génies ? Que serait l’Afrique si ces connaissances ésotériques étaient exploitées positivement pour le développement scientifique et technologique de l’Afrique ? Ils ont mangé mon fils de Jacques Fame Ndongo semble vouloir démystifier, sensibiliser et éveiller la conscience publique à son existant criard dans l’Afrique postmoderne.

La démarche socio critique que nous empruntons demeure, comme dit Claude Duchet, une poétique de la socialité, inséparable d’une lecture de l’idéologique dans sa spécificité textuelle, [ii] autrement dit pour reprendre encore ses propos, la sociocritique vise le texte lui-même comme lieu où se joue et s’effectue une certaine socialité[iii] . Ce logiciel de lecture nous permettra d’analyser d’abord la portée diabolique de la sorcellerie et ensuite de discerner leurs contrecoups socio-économiques en Afrique moderne. Enfin, la prise de conscience d’un sceptique nous amènera à examiner le conflit d’harmonie avec l’héritage cosmique, la force vitale des ancêtres et le progrès social et économique dans la société africaine postmoderne.

  1. Portée diabolique de la sorcellerie dans la communauté

 

L’œuvre théâtrale de Jacques Fame Ndongo est une pièce à multiples thèmes qui dénonce certaines réalités contemporaines en Afrique post coloniale. L’on relève que l’auteur fait usage de son Cameroun natal comme un microcosme d’une Afrique macrocosmique. Les énigmes fantastiques dans cette œuvre suscitent évidemment des misères qui désolent la société africaine. Les variables thématiques déconstruisent les maux dans une représentation langagière révélatrice d’une première entrée : le déclic de l’ensorcellement.

 

I.1- Déclic de l’ensorcellement

 

L’envie, le complexe et la méchanceté sont les moteurs de la construction d’un élan de haine dans une société en général, et dans la famille en particulier. Tout part du fait de la réussite d’un membre de la famille. Ce dernier devient le centre d’intérêt en termes de son omniprésence dans le rayonnement de sa famille ou de la communauté. De par cette position, d’aucuns pensent qu’il se sent pousser des ailes dans la mesure où il ne s’occupe que de sa famille nucléaire, l’engraisse plus sans oser faire un geste à l’endroit des voisins, notamment les oncles, les tantes et grands-parents. La jalousie aveugle certains lorsqu’on est dynamique, l’on se trouve malheureusement envié par des esprits malveillants, particulièrement ceux qui sont craints dans le village, à cause de leur pratique de la sorcellerie et qui convoitent par la même occasion, vos biens. Malheureusement, cette sorcellerie, purement villageoise et surannée, est pour la plupart des cas nocive, c’est-à-dire qu’elle consiste à nuire à autrui.

Par ailleurs, ces attitudes sont régulières lorsqu’on se fait remarquer par son aisance matérielle et intellectuelle par rapport au reste de la communauté. On se retrouve subitement dans le collimateur des sorciers, des jeteurs de sort. C’est ainsi que Jean, malade, se fait consulter par le psychiatre qui, après diagnostic ne trouve aucun signe de maladie, donc de folie. En revanche, il penche beaucoup plus sur la possibilité d’une attaque mystique. Il déclare que la situation de Jean « renvoie à deux situations conflictuelles fondamentales »[iv] et singulièrement à « la situation conflictuelle vécue dans l’opposition à la loi ou au groupe »[v]. Au regard des phénomènes étranges dont souffre Jean, le psychiatre, après une observation empirique se permet d’admettre que la sorcellerie et les sorciers existent dans sa tribu. Il explique ce phénomène mystique d’attaque maléfique de la manière suivante :

 

« généralement, l’autre, c’est-à-dire un membre de la famille ou du groupe, parfois très proche de la famille, attaque, pour dévorer ou pour diminuer la force vitale et ses expressions sur les plans physique, intellectuel, sexuel, social »[vi]. Ainsi, le médecin pense que ses vicissitudes sont la résultante de son arrogance, de son comportement de surplomb vis-à-vis des autres membres de la confrérie. Par conséquent, « l’esprit des ancêtres, des religions traditionnelles inquiète, sidère ou envoûte pour rappeler l’individu à la loi du groupe »[vii] souligne le médecin.

Tout compte fait, la sorcellerie est un long processus de construction mentale dont les origines sont bien évidemment la jalousie, le complexe et la malveillance. En effet, la malveillance est la mise en action de la manifestation étrange de l’envoûtement qui est monnaie courante dans les familles africaines.

 

I.2- Famille envoûtée dans la société africaine

 

La famille et la tradition demeurent les pierres angulaires de la société africaine. En ce qui concerne la tradition, l’ésotérisme, notamment la sorcellerie qui est une science occulte, occupe un rôle prépondérant dans de nombreuses familles. Ainsi, l’ensorcellement d’un individu ou d’une famille est un mode récurent et inhérent de réalités métaphysiques en Afrique. L’ennemi est censé être parmi les plus proches, dans l’entourage immédiat des personnes se sentant victimes d’un sort. Dans la pièce théâtrale intitulée Ils ont mangé mon fils la confrérie des sorciers constituée par Andréas et certains membres de sa grande famille en sont le prototype. Ils s’illustrent par des griefs, apparemment banals, qui dégénèrent plus tard en une rancune tenace.

L’ambiance du village est en principe basée sur le collectivisme, sur le communautarisme, notamment le sens du partage. Quand un membre de la grande famille manque à certaines obligations collectives, les conséquences sont lourdes. Par exemple, pour avoir posé un certain nombre d’actes malencontreux, Andréas a heurté la conscience de ses frères de lignage. Ces derniers relèvent ses nombreuses forfaitures : il déguste un chimpanzé entier sans penser à ses frères du même lignage. Son fils perçoit son premier salaire et lui remet une somme de 60000 F CFA, sans rien donner à ses frères du village. L’une de ses filles est allée en mariage, le gendre lui a offert un bœuf qu’il n’a pu partager avec le village quand donnant « deux gigots et la queue »[viii] oubliant l’essentiel « les boyaux »[ix] comme le veut la tradition. Autant d’avarice que la communauté ne supporte point. Lucas, Elias et Barnabas décident de le passer au tribunal de la nuit. Ces reproches sont un motif pour « manger » l’esprit de Jean. La leçon à tirer de cette corporation des sorciers est que les villages et les villes regorgent une grande présence mystique. La confrérie des sorciers, malgré leur semblant d’entente, se livre régulièrement à une bataille spirituelle entre eux afin d’accroitre chacun leurs prérogatives ésotériques.

Ainsi on comprend que la solidarité dans la tradition africaine est quelque chose de fondamental. Il faut éviter d’adopter de comportement de chiche, d’égoïste  et de radin. L’on privilégie l’entraide, la générosité et le collectivisme. C’est dire que dans les sociétés africaines, les valeurs de la communauté l’emportent sur l’individu. Mais malheureusement, cette philosophie du « vivre ensemble » est battue en brèche par les adeptes de la sorcellerie qui valorisent plutôt l’obscurantisme. Ce comportement impacte la vie socio-économique des communautés locales.

 

  1. Contrecoups socio-économiques de l’ésotérisme en Afrique postmoderne 

 

L’ésotérisme a toujours un impact négatif aux niveaux socioéconomiques d’une victime, d’un village, voire d’une société. Les partisans de l’obscurantisme, jaloux et envieux sont contre le progrès d’un individu, d’une société encore moins du succès des personnes qu’ils prennent pour ennemis dont le malheur leur apporte le bonheur. Cet héritage ancestral qu’est la sorcellerie, a pour objectif d’empêcher la réussite, l’épanouissement d’un membre de la famille, d’un tiers ou d’ôter la vie. Le constat apparent qu’on peut relever est que les sociétés où prospère cet art démoniaque sont caractérisées par une misère, un attardement dans développement socio-économique.

 

II.1. Charges négativistes

La sorcellerie est un sentiment négatif très répandu dans le milieu villageois où la convoitise, la méchanceté et le complexe semblent être les valeurs fondamentales des populations villageoises. Juliette qui maîtrise parfaitement la psychologie des villages, analyse les différents ressorts de leur cœur. Ils sont anti progressistes. Ils sont contre toute mutation pouvant apporter des améliorations de leur condition de vie.  Elle énonce avec beaucoup de pertinence les mobiles de leur comportement machiavélique : quand votre fils achète une voiture, ses oncles et cousins du village donnent libre cours à des propos haineux et satiriques »[x] et par hasard « si vous construisez une maison en parpaings, vos frères du même lignage se liguent contre vous. Ils affirment que vous avez des pouvoirs magiques[xi]

Lorsqu’un individu est dynamique, c’est-à-dire qu’il se déploie avec beaucoup de succès, de créativité et d’inventivité au sein de sa communauté, cette vitalité n’est point considérée comme naturelle. Les esprits négatifs lui attribuent des valeurs paranormales dans son évolution socioéconomique et personnelle. D’où des insinuations perfides qui frisent la malveillance : si vous créez une grande plantation, on dira que vous avez des ouvriers invisibles qui désherbent la plantation à l’insu des autres villageois.[xii] Bien plus, le cynisme des uns et des autres va plus loin. La mentalité villageoise est quelque fois contre le progrès, le développement et l’amélioration du cadre de vie des populations. Il arrive dans certains cas où les sorciers s’investissent à torpiller les projets de développement de certaines contrées. Ils trouvent du plaisir à retarder certains ouvrages d’arts engagés dans leurs localités. Il est relevé dans le texte une curieuse assertion selon laquelle :

 

si l’Etat veut construire un ponts pour rendre service aux populations rurales, il trouvera des sorciers pour bloquer le travail des ingénieurs pendant plusieurs mois, détruisant, la nuit, les échafaudages du jour.[xiii]

 

Le sociologue apporte une explication à l’obscurantisme et le refus du développement des villageois. Il croit que ce conflit est la résultante du choc des civilisations. Le monde des Africains traditionnel, hautement spiritualiste, s’accommode mal du matérialisme. La civilisation traditionnelle africaine est un monde d’obscurité. Elle adore tout ce qui se fait dans la nuit, alors que la civilisation « matérialiste et technique » constituée des évidences telles que « les ponts, les routes, les maisons en parpaings, les véhicules, l’électricité, l’eau courante, etc. s’opposent aux rites d’initiation […] au pouvoir mystique des esprits nocturnes »[xiv]

Tout compte fait, au lieu de mettre véritablement le cap sur le développement économique et industriel, l’autosuffisance alimentaire, les politiques efficace et fiable dans les domaines de la santé, de l’emploi ou de l’éducation, ces sociétés s’embourbent dans le déclin à travers la sorcellerie. L’œuvre de Fame Ndongo démontre clairement que la sorcellerie et la jalousie sont les grands fléaux qui maintiennent l’Afrique noire dans la pauvreté et le sous-développement. Ce comportement contre-productif a un impact ravageur sur les consciences individuelle et collective des africains.

 

II.2. Effets dévastateurs sur les consciences de la communauté locale

 

La croyance en un imaginaire dotant un individu des pouvoirs hypertrophiques semble l’emporter sur les consciences. Comme la partie immergée d’un iceberg, les pratiques de sorcellerie ne font pas autant les grands titres des journaux que les scandales de pots-de-vin, mais elle a des effets aussi corrosifs sur la société, car elles sont ancrées dans nos habitudes traditionnelles.

En effet, depuis l’aube des temps en Afrique, le seul vrai héritage qu’on lègue à la descendance est sans conteste la sorcellerie. Chaque parent ou chaque chef de famille laisse à sa progéniture la sorcellerie familiale. Par exemple, Elise explique dans le corpus que les Pygmées : tiennent leur pouvoir de leurs ancêtres, parfois même des morts qui reviennent, la nuit, leur révéler le sens caché des choses.[xv] Bien plus, Amélia s’interroge sur la difficulté atavique de rompre avec ces us et coutumes qui sont l’essence de la société traditionnelle : et les pouvoirs légués par nos ancêtres ? Devons-nous les abandonner ?[xvi] Au vu des allégations des protagonistes, nous constatons aisément que l’Afrique a toujours vécu dans cette logique machiavélique. Cette pseudoscience a essentiellement guidé, formaté complètement, mais négativement la pensée de l’Homme noir en général et de l’africain en particulier, vouée toujours vers l’égoïsme, la jalousie, la haine viscérale, l’envie et le souci permanent de voir les autres souffrir, car l’homme noir trouve son bonheur dans les malheurs des autres. Ainsi, l’Afrique vit dans cette logique démoniaque. Alors cette attitude est devenue une mentalité collective, une habitude répandue dans toute la race noire et qui est aujourd’hui la cause déterminante du retard et du sous-développement chronique, d’abord mental et par la suite politique, scientifique, social, économique, culturel de l’Homme noir. Ce constat est plus que présent dans la mémoire collective des peuples.

Ainsi, pour pallier cette carence mentale qui bloque en effet l’évolution et l’éclosion de la mentalité de l’Homme noir, il faut un nouveau « logiciel mental » pour l’Africain, un logiciel mental tourné vers le développement, vers le bien, vers l’évolution et surtout vers l’envie de voir son bonheur dans le bonheur des autres. C’est une étape mentale atteinte déjà par l’Homme blanc, c’est-à-dire mettre l’homme au centre des préoccupations. Jacques Fame Ndongo se réjouit de l’éveil de conscience progressif par certains dans son œuvre théâtrale.

 

 

 

 

 

III. Prise de conscience d’un sceptique

 

La prise de conscience du personnage principal, Jean, annonçant un dénouement heureux est symbolique et stratégique. Il est symbolique parce qu’il représente une myriade d’intellectuels noirs qui ne croient pas en l’existence réelle de la sorcellerie, et stratégique parce que l’auteur met en valeur les effets socioéconomiques, très catastrophiques des activités ensorcelantes. N’est-ce pas une façon de sensibiliser le monde intellectuel de la réalité de la sorcellerie afin de s’en départir ?

 

III.1- Démystification des pratiques diabolique et rétrograde

 

Jean est cet intellectuel sceptique qui veut se dérober de ces manifestations diabolique et rétrograde en jouant le jeu des sorciers. Il se passe pour un fou pour bien comprendre les ressorts de la société traditionnelle et ses mécanismes. Il s’efforce de bouleverser son destin. Il jette son honneur aux chiens pour s’accoutumer aux odeurs pestilentielles des poubelles, aux galimatias incongrus des psychiatres, des sociologues et de l’étonnement de ses élèves et des populations de sa ville. Ce compromis idéologique est une manière de s’apprêter à une bagarre spirituelle avec sa famille biologique et sa lignée parentale. Jean proclame sa prise de conscience : j’ai simulé la folie pour mieux connaître le fond de votre pensée »[xvii] et « tourner en dérision plusieurs idées reçues et plusieurs habitudes[xviii]. Il se révolte contre une société qui s’accroche à l’absurdité. Ce simulacre a l’honneur de susciter plusieurs leçons. D’abord, toute société humaine devrait éviter de vivre dans la défiance et l’hostilité. Ensuite, elle devrait s’écarter de tous les comportements négatifs, notamment manger les âmes des enfants, refuser le développement, le progrès par des pratiques occultes. Enfin, elle devrait œuvrer pour le bien-être des populations, la prospérité du pays et son développement intégral. La contribution de Jean à la démystification des pratiques de sorcellerie dans sa communauté s’apparente à une sorte d’opération de délivrance des siens enchaînés dans les mailles des personnes sans foi ni loi, rompues à la manipulation des forces invisibles pour vider l’énergie vitale de leurs congénères.

Par conséquent, il découvre le stratagème des sorciers qui jouent sur le psychique des individus pour assoir leur pseudo pouvoir mystique. Ils font croire aux gens que tout malheur qui leur arrive a tendance à être considéré comme la volonté d’une tierce personne qui cherche à leur nuire. L’échec, la maladie, l’infortune, le divorce, la stérilité… des problèmes de société qui peuvent sembler tout à fait normaux et logiques pour certains, sont considérés par d’autres comme infligés intentionnellement. De son simulacre, il pense qu’on attribue à la sorcellerie un pouvoir mystérieux, surnaturel; elle est considérée comme une puissance destructrice que détiennent certains êtres humains en vue de nuire à autrui ou tout au contraire, un pouvoir magique pour régler les problèmes de la vie, et améliorer le quotidien. Or il n’en est rien puisqu’il arrive à la conclusion selon laquelle les gens sont parfois tellement désespérés de la vie qu’ils éprouvent le besoin de croire qu’il y a bien quelque chose ou quelqu’un derrière leur malchance. Ainsi, croire en la sorcellerie est une façon de justifier leurs échecs. Il est plus facile de croire que l’on a jeté un sort sur un individu que de se dire que l’on a raté sa vie. Certaines personnes ne trouvent aucun mal à jeter la responsabilité de leur échec sur les autres, sans jamais assumer leurs erreurs ni leurs mauvais choix… c’est là où la sorcellerie intervient. Nous le voyons dans la pièce théâtrale de Jacques Fame Ndongo, le personnage d’Andréas est symptomatique de cette mentalité. Il accuse les notables de la communauté, notamment Yacob, Lukas, Elias, Antonias, Barnabas et Amélia, les « hommes et femmes aux quatre yeux »[xix] d’avoir « mangé » son fils.

Cette contribution active de Jean et Juliette dans la guerre contre l’obscurantisme est une composante majeure de l’œuvre de Jacques Fame Ndongo, car elle apporte du succès à la croisade lancée contre l’irrationnel qui a cours dans nos villages et villes. Comme clame Yacob les hommes ne doivent pas vivre dans la suspicion et la haine.[xx]

 

III.2- Postures de Jean et d’Andréas

 

Jean se veut d’être le porte flambeau de la famille, bref du village. La communauté mise sur lui pour contrarier les partisans de l’obscurantisme. Son père Andréas ne dit-il pas qu’il (Jean) sera la lumière de leur village[xxi]. Son subterfuge est une stratégie de mise en doute, de démystification de ce phénomène tant décrié, tant redouté par les esprits faibles. Il est de ceux qui soupçonnent, négligent, méprisent, défient, subissent ou nient simplement l’existence de la sorcellerie. Cependant, aucune de ces attitudes n’ose s’intéresser en profondeur à ce sujet de curiosité. Au nom de la science, il déclare même que la sorcellerie n’est qu’une chimère, fruit de la superstition et d’une mentalité animiste.

Dans un autre sens, Andréas a un rôle d’éveilleur de conscience. Non seulement, il a fait partie de la confrérie des sorciers de la communauté, il est celui qui a roulé dans la farine ses camarades d’armes. Il s’est refusé de participer aux orgies nocturnes, notamment aux rituels des sacrifices de parents devant se faire à tour de rôle et de ceux qui  ferment mystiquement la contrée pour empêcher qu’il y soit introduit toute volonté visant le développement. Par ailleurs, dans le cadre de Ils ont mangé mon fils, même si le choix est difficile, la nécessité de livrer la chair de sa meilleure progéniture est une tradition démoniaque à laquelle Andréas s’est abstenu d’être actif. Certes, c’est un prix à payer très élevé pour assouvir et garder ses pouvoirs mystiques. Mais, il s’en est écarté au motif de sa non productivité. Qu’est-ce alors la spécialité de l’association de « mangeurs d’âme » dans cette optique ? C’est de tuer, de rendre misérable, de rendre stérile, de provoquer des accidents, d’initier, de bloquer sur le plan scolaire, spirituel ou financier des personnes telle est la mission de la confrérie des personnes qui se réunissent toutes les nuits dans le spirituel et décident du sort de leur prochain bien évidemment en jetant :

les sortilèges pour tuer nos enfants, nos sœurs, nos frères, nos petits-fils, les pratiques destinées à retarder le progrès du village, à rendre nos épouses stériles, nos champs improductifs ou nos rivières peu poissonneuses. Ne nous opposons plus à la construction des ponts, des routes, des dispensaires, des écoles… par des moyens occultes.[xxii]

Dans ce discours d’expiation avec ses frères de lignage, Yacob soulève tout un chapelet des fléaux qui freinent le développement de l’Afrique. Il le fait sans complaisance, car ces maux sont une calamité qui plombe l’émergence de l’homme africain, particulièrement au-delà de la sorcellerie le manque de conscience professionnelle, la corruption semble le pendant de la sorcellerie dans Ils ont mangé mon fils.

Le constat est clair, l’Afrique affronte des maux profonds qu’elle a du mal à surmonter. La corruption est en effet, pour le continent, l’un des facteurs les plus alarmants expliquant son retard économique. Et le phénomène handicape les Etats, et leur coûte significativement cher, il pénalise surtout les plus démunis. La pertinence des paroles d’Andréas définit ce type de corruption comme le manquement des agents de l’Etat au devoir de fournir les biens et services financés par les administrations publiques :

 

le salarié corrompu qui amasse des biens matériels et oublie les biens de l’esprit, en mangeant ainsi son pays puisqu’il porte atteinte à la fortune publique qui permet de construire des ponts, des routes, des dispensaires, des écoles, etc. [xxiii]

 

Bien plus, il dénonce encore une autre corruption bien plus insidieuse. Celle de la corruption subtile qui sévit dans tous les milieux socioprofessionnels. Elle est difficilement cernable, observable et quantifiable. Elle englobe plusieurs archétypes de fautes professionnelles notées parmi les enseignants, les médecins, les inspecteurs et autres représentants de l’État. Elle se manifeste par des agissements comme l’absentéisme et le contournement délibéré de règlements à des fins personnelles. Ce type de corruption a de sérieuses répercussions négatives sur les populations africaines. La « corruption discrète » est profonde et très répandue en Afrique et a des effets disproportionnés sur les populations, donc des conséquences à long terme sur le développement. René dénonce le charlatanisme et l’amateurisme de certains corps en ses propos sévères et sentencieux :

 le psychiatre qui s’évertue à soigner une maladie réelle ou imaginaire, le sociologue qui essaie d’expliquer le phénomène de la folie ou le fou lui-même qui croit qu’il n’est pas fou tout en l’étant un peu ou pas du tout ? [xxiv]

D’où l’urgence d’une nouvelle approche, il faut formater l’esprit des Africains voué vers le développement, vers le bien-être, vers le progrès, et surtout la volonté d’œuvrer pour l’évolution de tous et de chacun. Raison pour laquelle Andréas proclame haut et fort :  éliminons tout ce qui est négatif […] Mais, retenons ce que nous faisons de positif pour rendre la terre fertile, les femmes fécondes, les enfants intelligents, faire prospérer nos fils et filles qui font des efforts en ville ou au village que ce soit dans le commerce, le spot, l’agriculture, l’artisanat [xxv] et entrer dans le modernisme pour une émergence de fait qui contribue à l’amélioration de la qualité de vie des population africaine d’où ce slogan fort de Juliette et Jean : voici venu le temps de la Lumière, de la Connaissance et de la Renaissance.[xxvi]

La prise de conscience de Jean, de Juliette et d’Andréas démontre à juste titre que cette pièce de théâtre n’ambitionne pas de glorifier la sorcellerie ou encore moins les sorciers mais à démystifier, sensibiliser, et éveiller la conscience publique à sa matérialité retentissante dans l’Afrique moderne.

Conclusion

Le dramaturge Jacques Fame Ndongo a du mérite. Parler de sorcellerie dans une œuvre avec une dextérité déconcertante est une gageure, car la sorcellerie requiert une grande discrétion dans la société. S’afficher et se revendiquer en public comme connaissant le milieu de manifestation de la sorcellerie en Afrique équivaut à un suicide. Mais il l’a fait, dit et exposé dans son œuvre dans la mesure où la recrudescence de la sorcellerie en Afrique postcoloniale trouve son terreau dans la crise économique, sociale et politique que traverse de nombreux pays africains. Ces périodes de crise sont favorables à l’explosion de fortes mobilisations des imaginaires symboliques et rituels. De valables faits analysés hors de cette pièce nous montrent que la sorcellerie ou l’ensorcèlement se manifeste comme un phénomène contemporain en Afrique malgré le post modernisme[xxvii] ou le scepticisme des africains. L’ignorance d’un fait n’influe pas sur la possibilité véridique de ce fait. Car l’incroyance de Jean en la sorcellerie n’empêche pas les horribles manifestations de son sortilège qui hante sa vie.

Au total, les enjeux ouverts par Jacques Fame Ndongo à travers les liens entre l’ésotérisme et le modernisme dépassent largement le simple cadre du contexte de la littérature. Ce lien offre d’une part, une amorce stratégique pour concevoir la complexité de la modernité en milieu africain. D’autre part, il aide à se déconnecter de l’emprise des forces du mal sur l’humain, et de comprendre la nécessité du développement des sociétés africaines de nos jours, de remettre le mystère humain sur une voie pleinement positive, par une défense plus résolue contre les méfaits de la sorcellerie. L’auteur s’emploie ainsi à développer dans son œuvre des mécanismes de luttes contre cette perversion néfaste basée, non pas sur les séances d’exorcisme, de maraboutisme, mais sur un renforcement de capacité des forces psychologique, morale, intellectuelle et spirituelle des victimes.

[i] Joseph Abanda Metsamengock : « Notre société connait une forme d’anthropophagie sui generis, qui se situe dans le monde du symbolisme. Elle est d’ordre mystique, spirituel et n’est pas matérielle. On mange spirituellement, invisiblement », in Repenser l’anthropologie socio-spirituelle de la sorcellerie ou des sorcelleries chez les Beti, Paris, Connaissances et savoirs, 2016, p. 126.

[ii] Duchet, (C.), « Introduction : socio-criticism », Sub-Stance, n° 15, Madison, 1976, p. 4.

[iii] cité par Bergez et al, 1999, p. 123.

[iv][iv] Ils ont mangé mon fils, op. cit., p. 32.

[v] Ibidem, p. 33

[vi] Idem.

[vii]   Idem.

[viii] Idem.

[ix] Idem.

[x] Ibid., p. 59.

[xi] Ibid., p. 59.

[xii]   Ibid., p. 59.

[xiii] Ibid., p. 59.

[xiv] Ibid., p. 60.

[xv] Ibid., p. 79.

[xvi] Ibid., p. 91.

[xvii] Ibid., p. 88.

[xviii] Ibid., p. 90.

[xix] Ibid., p. 44.

[xx] Ibid. p. 91.

[xxi] Ibid. p. 94.

[xxii] Ibid., p. 92.

[xxiii] Ibid., p. 91.

[xxiv] Idem.

[xxv] Ibid., p. 92.

[xxvi] Ibid., p. 95.

[xxvii] Nkolo Foe décrit le postmodernisme dans son ouvrage intitulé «Le Post-modernisme et le nouvel esprit du capitalisme sur une philosophie globale d’Empire » comme une idéologie de la mondialisation ou du libre jeu des marchés et que l’ère postmoderne continue et accomplit l’époque structurale, et qu’à ce titre, il constitue une philosophie des contraintes.

 

Bibliographie

 

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[1] Joseph Abanda Metsamengock : « Notre société connait une forme d’anthropophagie sui generis, qui se situe dans le monde du symbolisme. Elle est d’ordre mystique, spirituel et n’est pas matérielle. On mange spirituellement, invisiblement », in Repenser l’anthropologie socio-spirituelle de la sorcellerie ou des sorcelleries chez les Beti, Paris, Connaissances et savoirs, 2016, p. 126.

[1] Duchet, (C.), « Introduction : socio-criticism », Sub-Stance, n° 15, Madison, 1976, p. 4.

[1] cité par Bergez et al, 1999, p. 123.

[1][1] Ils ont mangé mon fils, op. cit., p. 32.

[1] Ibidem, p. 33

[1] Idem.

[1]   Idem.

[1] Idem.

[1] Idem.

[1] Ibid., p. 59.

[1] Ibid., p. 59.

[1]   Ibid., p. 59.

[1] Ibid., p. 59.

[1] Ibid., p. 60.

[1] Ibid., p. 79.

[1] Ibid., p. 91.

[1] Ibid., p. 88.

[1] Ibid., p. 90.

[1] Ibid., p. 44.

[1] Ibid. p. 91.

[1] Ibid. p. 94.

[1] Ibid., p. 92.

[1] Ibid., p. 91.

[1] Idem.

[1] Ibid., p. 92.

[1] Ibid., p. 95.

[1] Nkolo Foe décrit le postmodernisme dans son ouvrage intitulé «Le Post-modernisme et le nouvel esprit du capitalisme sur une philosophie globale d’Empire » comme une idéologie de la mondialisation ou du libre jeu des marchés et que l’ère postmoderne continue et accomplit l’époque structurale, et qu’à ce titre, il constitue une philosophie des contraintes.

 

Bibliographie

 

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