Un corps détaché
Du milieu, en apesanteur
Libre de l’œil qui arpente
Il pèse sur lui-même
Et, sans le vouloir
Prend sur lui
Un corps cru, sans autre politesse
Que celle d’une interrogation
Où serpente l’infini
Collant à la peau
Une suspension sur qui
Un trait n’est pas tiré
Comme on tire le portrait
Un corps hanté, par le souvenir
Une cicatrice, au beau milieu
Un corps qui se fait trace
Le plein qui remue
Dans le plein et se fait signe
Un corps qui a de la veine
Rongé par la douceur
Qui voudrait s’en sortir
Un corps nu, obsédé
Qui se retourne
Encore et encore
« Ici » nul endroit, nul envers
Et pourtant, l’épaisseur à jamais
Comme ce qui doit se dire
S’écrit dans un volume
Un recueil inquiet
Les formes qui dérivent
Échouant sur leur bord
La pause en son sein, déphasée
Un corps qui se dé-peint
À la manière d’un corps, toujours
Un écart de langage
Un corps exposé, en corps reposé
D’une infatigable pensée
Ses plis et replis
En soi, rien qu’en soi, l’impossible néant
Une parole sans objet, une parole incarnée
L’exégèse de la chair
Touchée
Par le geste du pinceau…