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Le miracle ne vient pas

Le miracle ne vient pas.
D’ailleurs, nous ne l’attendons pas, pas vraiment.
Nous n’attendons rien précisément.
Et même si nous en avons l’air, à vrai dire, nous n’attendons pas.
Nous sommes devant notre maison.
Entre le dehors et notre maison.
Et nous regardons.
Rien de précis.
Nous regardons et nous pesons le temps.
Nous pesons le temps à l’aide du temps qu’il fait.
De la lumière, de l’air, du vent, des nuages, etc.
A l’aide de quelqu’un qui passe au loin, ou de quelqu’un qui passe dans notre rue.
A l’aide des oiseaux, de leurs cris, à l’aide des saisons.
Nous faisons attention aux lézards, aux fourmis, aux insectes volants.
Nous leur portons une attention discrète.
Ou quelquefois nous nous en amusons. Les martyrisons un peu.
Nous faisons attention aux chats, de la même façon qu’ils font attention à nous.
Nous faisons attention aux fleurs, et aux différentes teintes de vert dans les arbres.
Nous aimons comment les multiples feuillages donnent une sensible profondeur à l’espace.
Les heures ne nous semblent pas des heures.
Nous sommes dans l’épaisseur du moment.
Avec son humidité, sa sécheresse, son parfum de terre, ses senteurs de pluie, de cuisine, de moisissure de feuilles, de pollens, d’animal mort.
Nous pesons le temps parfois aussi léger que les feuilles vertes d’une petite plante dansant à chaque brin d’air, parfois aussi lourd que l’orage.
Remplis du dehors, rythmés par lui, animés, habités.