Chroniques Créations

Le Bar de la plage – épisodes 163, 164 et 165

Episode 163

Humeurs d’après-midi

On aurait pu croire que le temps était à l’arrêt.

Comme lorsqu’en bordure du désert après des mois de sécheresse on espère une pluie qui ne vient toujours pas.

Ici, pas besoin de ce genre de calamité climatique. Dans une douce et tiède torpeur échappée au mouvement des astres, les âmes vagabondaient, loin de toute réalité immédiate. Leslie s’imaginait chanter en duo avec David Bowie sur le scène de l’Albert Hall (Londres), Louise de V. se voyait franchir les portes de la cathédrale Saint Louis de Versailles (ou celles de l’hôtel Trianon) au bras de son troisième élu. Le Colonel naviguait sur les eaux glauques d’un grand fleuve d’Asie…

Chacun, en son for intérieur, appréhendait le moment d’un retour à la conscience ordinaire. Pour ça, on avait bien le temps.

– Georges, le moment ne serait-il pas venu de recourir aux bienfaits du dry-martini…

PS. La planète saine et sauve continue de tourner. Fausse alerte.

Episode 164

Contretemps

C’était comme un été qui n’avait pas encore envie d’être un été.

Retard à l’allumage ? Caprice local de la planète ? Au lieu de parader en bikini, les filles déambulaient en pulls marins. Il faudrait patienter.

Les dispositions de l’âme à l’unisson d’une météo molle : on se rêvait davantage en poète mélancolique (modèle Alfred de Musset de retour de Venise d’où il s’était fait renvoyer par son amoureuse, certes rien à voir avec le temps sur le Grand-Canal) qu’en chanteur de charme irrésistible (archétype Julio Iglesias).

Je parle un peu pour moi mais les autres n’affichaient pas une mine plus emballante. Retour à notre humble condition de mortel errant.

Jean-Do proposa de se repasser le DVD de Paroles et Musique avec Christophe Lambert et Richard Anconina en musiciens débutants, Catherine Deneuve en pétillante productrice, bon, on l’avait déjà vu tant de fois qu’on pouvait presque le réciter par cœur, tant pis on avait bien besoin d’une comédie romantique dans les parages. On évinça Lost in translation de la programmation, même si Sofia Coppola est beaucoup plus élégante que ses consœurs réalisatrices plongées dans le sociétal-environnemental désespéré (rasoir répétitif), même si Scarlett Johnson en paumée de luxe est sexy à consoler, la visite de Tokyo ce sera pour une prochaine fois.

Caro suggéra d’aller marcher le long de la plage en bordure de l’eau, “le contact charnel avec l’infini de l’océan n’est-ce pas … la compagnie apaisante des oiseaux de mer…”.

Leslie dit :

– Là, ma belle, tu charries carrément… pourquoi pas marcher sur les eaux pendant que tu y es… ça me rappelle quelqu’un… non pas Einstein… d’accord il savait faire plein de choses mais pas ça…

Ma chère tante (comme vous le savez éminente cartomancienne en Cornouailles), on est dans le flou ; peut-on compter sur toi pour éclaircir l’avenir, en principe c’est ta spécialité…

En attendant

– Georges, s’il vous plaît, dry-martini de saison…

D’ailleurs, y a-t-il une saison pour le dry-martini …

Episode 165

Fiesta

Sangria –Empaladas – Accras – Pata Negra – Salsa – Esméralda ( plusieurs) –Costa Brava – Aretha

Vous me suivez…

Le bar de la plage est en ébullition, Lumières, chaleur et beautés.

Leslie est érotique, Caro féerique, Line envoûtante, Louise de V royale au moins. Ray Charles intercale un

I Can’t Stop Loving You, Catherine Lara joue Nuit magique…

Je tombe dans les bras d’une brune Espagnole, tendance Andalouse. Alain Bashung lui chante Osez, Osez Joséphine. Elle ne s’appelle pas Joséphine. Dommage.

Georges est aux commandes d’un navire qui tangue. Les mouettes se plaignent qu’il y a trop de bruit (ça leur va bien). Les lèvres des filles sont rouge-baiser. Les garçons se prennent pour Travolta, la scène où il danse avec Uma Thurman dans le film de Tarantino Pulp Fiction.

Manque plus que Coppola (Sofia) pour filmer tout ça. Le Colonel flotte dans des brumes qui ne sont qu’à lui, Lan Sue ondule et fascine…

Si j’ai le courage, je vous raconterai la suite demain…