A :
Vais voir A Touch of Sin au cinéma.
B :
Quel film ! Mon préféré ces derniers temps.
A :
Je te dis ça dans 2h.
B :
C’est une journée appropriée pour le voir (situation en Ukraine).
A :
Yes ils ont gagné.
A :
Une apologie de la désespérance.
Qui nous dit combien nous sommes chanceux.
Très bien filmé.
B :
C’est vraiment le contraire d’une apologie (de la désespérance).
A :
J’étais certain que tu n’apprécierais pas !
Il y a un certain parti pris de l’auteur pour la violence… excusée.
B :
C’est un diagnostic.
C’est drôle comme souvent tu vois des critiques de… comme des valorisations de….
Le monde est très violent.
A :
Oui le monde est violent, c’est pour ça que j’ai dit immédiatement derrière que nous sommes chanceux.
C’est un très beau film, j’aurais préféré plus de… moins de complaisance vis-à-vis de cette violence.
La désespérance ne fait pas automatiquement basculer dans la violence. Il y a une certaine mode tarantinesque de l’hémoglobine qui me dérange un peu.
B :
Je trouve qu’il y a de la complaisance, voire – pour utiliser un terme adoré par les critiques – de la jubilation dans la représentation de violences dans beaucoup de films, y compris d’assez bons (comme ceux de Tarantino), mais justement pas dans celui-là.
C’est facile de s’en rendre compte : les actes violents dans ce film ne suscitent aucun plaisir (à moins d’être un spectateur pervers), ils font même très mal au spectateur, et cela de la première scène à la dernière.
Alors je parlerais plutôt de compassion que de complaisance.
En fait il faudrait même faire une typologie de la violence dans ce film (ce que le film fait peut-être) : violence du plus fort (normalisée, légalisée, systémique), violence réactive des plus faibles (brusque, incontrôlable, ano(r)male)… Le Mal régularisé et le Mal explosif (explosant à travers des « gens bien » qui explosent avec).
A :
Oui c’est ça exactement.
Et d’ailleurs je crois que c’est ce qui m’a dérangé.
Un peu !
Sinon c’est magnifique.
B :
Forcément on a un peu de plaisir à voir les plus faibles se venger, mais on a plus l’impression d’un chaos désespéré que d’une vengeance savoureuse. Et le désespoir qui est représenté a la force d’un manifeste virulent contre l’état des choses. Je n’y vois pas de complaisance. En revanche le problème du plaisir pris à commettre des actes violents est posé dans le film, notamment à travers le personnage du père avec le bonnet noir NBA qu’on voit dès la première séquence. Mais encore ici, c’est bien plus une critique psychologique et sociale qu’une apologie.
A :
Oui. Le revolver lui donne un pouvoir qu’il n’a jamais eu – l’argent dérobé n’ayant aucune importance puisqu’il le donne à sa femme et à sa mère. Pour les autres le syndicaliste et l’hôtesse, c’est autre chose : ils veulent simplement être respectés tout comme le gamin qui, ne supportant pas d’être de plus en plus déchu, [… : nous effaçons cette partie du dialogue pour ne pas donner trop d’informations sur l’histoire aux lecteurs désireux de voir le film.]
B :
Lui, il manque surtout d’amour et de choses (d’activités) qui lui permettent de donner du sens à son existence.