Le froid
Un hiver étrange
veut ronger
le fleurissement de mars,
il blanchit notre vue
renverse les sens,
descend le froid en nous,
un germe perfide
hante le monde,
et nous ravage,
perturbe
la routine des jours
et nous enrage,
bouleverse
la floraison
de son cri noir de corbeau.
Echelle fleurie
Aucun tremblement
ne peut arrêter le bourgeonnement,
mystérieux et fragile,
il glisse dans notre regard,
creuse le froid
des os de l’hiver,
un arbre vert
pousse en nous,
tend ses rameaux telle une échelle
fleurie sur laquelle on grimpe.
Une autre vue
Le silence de l’herbe
fait trembler la tristesse de mars,
s’écroule dans des rues désertes,
que se cache-t-il dans nos regards,
dans l’herbe fragile, caressée par le soleil,
des bourgeons
éclosent dans nos artères,
des rameaux frissonnants
transpercent notre écorce,
une feuille verte
sur la rétine,
un oiseau vert-bleu fugitif
s’accroche à notre pupille,
et nous flânons
sur d’autres chemins,
sur des rives bruissantes
l’oiseau-lyre dans le sang.
L’arbre enchanté
Dans une chute libre,
laissant des miettes de vie,
des lambeaux de rêve,
peut-être songes-tu,
tout en fuyant
les horizons rongés,
tu franchis des seuils,
rentre sous terre,
mais elle ne veut pas de toi,
ses racines te repoussent
tandis qu’à l’ombre
de l’arbre enchanté
l’oiseau de paradis
danse.
Sur le sable de mon île
Je veux que cesse le cauchemar
la culbute de la boule malade
qui nous a séparés,
te parler de mon île
où j’ai rencontré
la solitude de dedans le ciel,
pourquoi n’es-tu pas venu
nager dans ma mer
tandis que les arbres bleus,
alignés le long du sentier,
ondoient le sable coloré
de leur ombre lumineuse,
le souffle de l’onde pure,
le contour nacré du quartz,
le ciel saupoudré
d’étoiles,
le silence, tout autour,
que trouble mon murmure,
et le sable sur lequel j’écris
l’amour, la solitude,
le silence du rivage
qui t’attend.