Le théâtre des Doms, dédié aux productions venues de Belgique, en dehors d’être situé dans un cadre agréable, à l’ombre du rocher des Doms, présente régulièrement une programmation intéressante. On est sauvage comme on peut est probablement la pièce la plus courue cette année, celle pour laquelle il est recommandé de réserver à l’avance. De fait, toute la première partie est très drôle. Nous sommes conviés à une sorte de banquet entre amis ou collaborateurs de la même entreprise. Les cinq sur la scène ne sont qu’une partie des convives. Deux hommes monopolisent la parole, l’un – secondé ou contredit par sa femme – s’efforce de raconter un reportage sur l’Antarctique qui l’a ému ; l’autre, très – trop – à l’aise, s’emploie au début à dégeler les convives puis se lance dans une explication de texte désopilante du roman Belle du seigneur.
Malheureusement, la pièce ne demeure pas sur ce registre, classique mais fort plaisant. Les comédiens auteurs-interprètes ont décidé en effet d’introduire une dose massive de surréalisme. Et là, force est de constater que le public suit moins. La demande loufoque de l’ami des manchots (de l’Antarctique) est si « grosse » qu’on ne croit pas que ce fil sera tiré jusqu’à la fin. Et pourtant si ! Nous aurons droit à la représentation de la manducation annoncée. L’apparition de l’homme aux manchots en tenue d’Adam soulèvera quelques rires, vite calmés tant la nudité (surtout masculine) est devenue de nos jours banale sur les scènes de théâtre.
On ne peut pas dire qu’on s’ennuie pendant la deuxième partie. Le sketch de la femme qui entreprend de confectionner un gâteau et se met à engloutir la pâte sans l’avoir fait cuire est incontestablement drôle. On demeure néanmoins devant une sensation d’inachèvement qui vient de ce que les comédiens-auteurs ont voulu trop en faire ou, dit autrement, mélanger des genres trop éloignés. On regrette qu’ils ne s’en soient pas tenus à celui du début, si brillamment servi.
L’un des cinq comédiens, réduit à un rôle muet, est en fait un musicien qui intervient à plusieurs reprises au clavecin, à l’accordéon et en tant que directeur du chœur à plusieurs voix formé par la petite troupe.