Créations

Les ailes frôlées

À Heberto Helder                                                                                                                                                

Les ailes frôlées, tout comme la puanteur des charognes, ne sont jamais bien loin d’une beauté immobile…

Dans sa brume, la poète se dessine une barbe,
des sourcils épais couleur d’œil noir.

On devine une bouche,
des dents croqueuses
de phrases chargées d’haleines.

Sa chemise flotte, blanche,
sur l’eau bleue des marais.

Au loin, les joncs ont l’œil d’un appel ;
les nuages,
miroirs d’âme de joncs,
descendent du jour
le long de colonnes de pluie.

Son front d’une pâleur
exhumée,
n’offre ni humeur, ni ride.

Son regard se perd
dans l’exacte direction des horizons de valeurs.

S’il ne dit rien, s’il suppose sa vie,
c’est qu’il repose sur ses lettres,
c’est que le tas de feuilles monumental,
jonché d’encre en débat,
offre le confort nécessaire
à l’attente.

Il lâche son heure.

Il ne répond de rien.

Il jure sur la vie grouillante des silences consentis.