Contes d’une grand-mère louisianaise : Présentation de Clint Bruce.
Lisez un extrait du roman Contes d’une grand-mère louisianaise, par Sidonie de La Houssaye, Introduction et notes de Jonathan Vidrine. Shreveport : Éditions Tintamarre, 2007.
Lien vers le site du roman aux Éditions Tintamarre.
« Vous connaissez ma situation, mon cher monsieur, ma plume est mon soutien et celui de mes enfants », confiait Sidonie de La Houssaye à George Washington Cable en 1884. Si ce simple aveu ne renfermait que les chagrins et la détermination d’une veuve nécessiteuse, son pathétique serait déjà touchant. Qu’il agisse en fait d’une volonté littéraire, maintenue contre vents et marées dans la petite ville de Franklin, voilà un exemple tout à fait exceptionnel dans le champ de la production littéraire franco-louisianaise. Car, au cours d’une existence ballottée par les revers du hasard, Sidonie de La Houssaye ne dérogea jamais à ses deux devoirs les plus sacrés : celui d’élever ses enfants et petits-enfants et celui d’écrire. L’anthologie Contes d’une grand-mère louisianaise, recueillie, transcrite et présentée par Jonathan Vidrine, représente la convergence de ces deux projets. Sous ses dehors austères de matriarche et de maîtresse d’école, Sidonie de La Houssaye couvait une imagination des plus audacieuses. En témoignent ses romans Les Quarteronnes de la Nouvelle-Orléans, qu’elle signa « Louise Raymond ». Or, si les contes réalisés pour enseigner la lecture à ses élèves laissent de côté les thèmes osés de ses romans pour adultes, sa vision sociale et pédagogique reste la même. Anti-raciste et proto-féministe, de La Houssaye voulut transmettre à ses jeunes lecteurs des valeurs menacées par le conservatisme sudiste, le capitalisme américain et la brutalité de l’indigence. Des « Petits Soldats » aux « Petits Vagabonds », l’empathie, le partage et l’égalité sont valorisés et l’avarice, la méchanceté et la déloyauté dûment réprouvées. Tout compte fait, le grand mérite des Contes d’une grand-mère louisianaise aura été de ramener à des topoï simples et émouvants une généreuse justice sociale, trame morale qui nous fournit la clé de l’ensemble de l’œuvre de cette prolifique écrivaine créole.