Mondes indianocéaniques

Théorie littéraire et approche psycho-philosophique dans l’analyse du corpus poétique seychellois

Résumé :

L’archipel des Seychelles, au sein de l’océan Indien, se compose de 115 îles. La république seychelloise est un état constitutionnellement trilingue (anglais-français-créole) qui fait partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie et du Commonwealth également. L’héritage colonial, les facteurs psycho-philosophiques et topo-psychologiques orientent et définissent les manifestations textuelles de la complexité identitaire, les diverses interprétations de l’insularité, de l’archipélité.

Les dynamismes transférentiels entre langues, strates identitaires et éléments d’imaginaires doivent être abordés dans une perspective qui prend en compte les polymorphismes inhérents. Je propose de recourir à des concepts philosophiques (ontologie, interprétation du sujet, modèles spatio-temporels) et psychologiques (techniques de narrativisation du sujet, topo-psychologie de l’insularité, interprétation psycho- et socio-linguistique du statut des trois langues officielles) pour désigner les principales pistes de réflexion, les axes des problématiques centrales de l’analyse du corpus poétique contemporain trilingue du champ littéraire seychellois.

 

 

THEORIE LITTERAIRE ET APPROCHE PSYCHO-PHILOSOPHIQUE DANS L’ANALYSE DU CORPUS POETIQUE SEYCHELLOIS[1]

 

« Espace clos, sans échappatoire, l’île renvoie au plus profond de soi, à sa vérité comme à la vérité élémentaire des choses. L‘île se meut dans une autre dimension de l’espace-temps : c’est un lieu nu, qui se tient seul et dont les liens naturels avec le reste du monde ont été coupés. Les îles font penser aux monades de Leibnitz, à des atomes d’espace éclatés et hors du temps, qui n’existent que liés par l’harmonie qui les réunissait « au commencement du monde »[2].

 

1. Éléments historiques

Les Seychelles forment un micro-État au cœur de l’océan Indien dont le territoire archipélagique est dispersé à 115 îles. Les îles et archipels les plus proches sont l’archipel des Comores, Madagascar, les Mascareignes (Maurice, Réunion, Rodrigues), l’archipel des Chagos et les Maldives. La république des Seychelles est un pays constitutionnellement trilingue : le français, l’anglais et le créole seychellois sont les langues officielles dont la représentativité dans les différents univers de la vie quotidienne et au sein de la littérature évolue selon des dynamiques sociolangagières contemporaines. Pour esquisser la diversité, les particularités et la relationnalité plurielles qui constituent la multiplicité au niveau identitaire et micro-textuel derrière l’unité géo-historique, je propose de commencer par une ouverture vers le schéma temporel, vers l’étude historique.

Visité par les navigateurs arabes dès le IXe siècle, découvert par les Portugais entre 1500-1502, l’archipel des Seychelles fut abordé par des marins britanniques, hollandais, français[3]. En 1742, une expédition d’exploration française débarque sur une île que le commandant Lazare Picault baptise « l’île d’Abondance »[4] (Il l’appellera plus tard Mahé en l’honneur du gouverneur général des îles de France et de Bourbon, Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais. Mahé est la principale île de l’archipel.). En 1756, les Français prennent possession de l’archipel et donnent aux îles le nom du contrôleur général des finances de Louis XV, Jean Moreau de Séchelles[5]. En 1814, l’archipel est formellement cédé au Royaume-Uni[6]. 1817 est le début de la colonisation britannique, l’esclavage est aboli en 1835[7]. Entre 1861-63 l’arrivée d’environ 3000 eslaves libérés d’Afrique (Tanzanie, Mozambique, Malawi) achève de donner « une tonalité africaine dominante » à la population[8]. À cela s’ajoutaient des esclaves d’origine indienne (Bengal, Pondichéry). Durant la période de modernisation (entre 1862-1950) s’établit la première banque, un cable sous-marin relie l’archipel au monde, des phares, un hôpital et la Cour suprême sont érigés[9]. La période entre 1866-1900 est l’époque du progrès économique dominé par l’industrie et des cultures d’exportation : pêche industrielle (thon), coprah (amande coco), cannelle, vanille[10]. En 1903, les Seychelles sont libérés de la tutelle de Maurice et deviennent une colonie britannique[11]. L’indépendance est déclarée dans la première constitution qui se date de 1976[12]. La présence d’esclaves africains, malgaches et indiens est signalé dès l’époque du peuplement des Seychelles. Du point de vue ethnique, il faut donc souligner l’influence européenne, africaine, indienne[13], chinoise sur la culture seychelloise et la présence des religions catholique, musulmane, hindou et bouddhiste[14].

Les lectures du champ historique contribuent à nuancer la compréhension de l’interface société-littérature. À part une visée historique, une ouverture pluridisciplinaire s’avère essentielle pour pouvoir jeter les bases d’une approche herméneutique et définir les cadres d’une méthode analytique d’un champ littéraire et épistémique très complexe. Le fonctionnement textuel, la polydimensionnalité des messages véhiculés, la richesse et la diversité des matrices de lecture et d’interprétation du corpus de la poésie seychelloise contemporaine ne peuvent être saisis qu’à la croisée des approches et des disciplines, dans une relation de dialecticité ouverte et flexible[15].

Rodolphine Young, Antoine Abel, Leu Mancienne, Elva Pool, Guy Lionnet et June Vell sont les auteurs les plus importants du XXe siècle[16] qui se sont interrogés, parmi les premiers, sur les possibilités et les paradigmes centraux de la littérature seychelloise et qui, comme acteurs de cette genèse littéraire, ont influé sur la génération contemporaine de poètes et d’écrivains (Magie Faure-Vidot, Marie Flora BenDavid-Nourrice, Venida Marcel, Marie-Neige Philoë, Aline Jean, Reuban Lespoir). Le corpus d’analyse de la présente étude se constitue des textes poétiques seychellois des dernières décennies.

 

2. Décentrement de la perspective

Pour prendre en compte l’hétérogénéité des formes et des contenus de la stratification identitaire et de la sédimentation de l’imaginaire[17], pour examiner plus en détail les manifestations des croisements anthropologiques, épistémiques et idéiques dans les œuvres littéraires, on doit diversifier et élargir le champ d’investigation et avoir recours à d’autres aires de connaissance (philosophie, psychologie, théorie postcoloniale, théorie systémique)[18]. L’exploration des possibilités d’une « mise en dialogue réfléchi »[19] des outils méthodologiques et des apports de la théorie littéraire, de la littérature comparée et de la critique psycho-philosophique nous convainc de la caducité de l’opposition stricte des champs disciplinaires[20]. De cette façon, les diverses options de la critique littéraire peuvent se féconder en se ressourçant dans les mouvements transfrontaliers entre différents champs de savoir, différentes formes d’intelligibilité.

Le recours à des registres différents du savoir, à différents outillages théoriques permet de mieux saisir et expliciter la complexité des aspects impliqués et juxtaposés dans les textes : réfléchir la problématique de l’intersubjectivité en termes de réarticulation constante de pratiques significatives, appréhender les diverses articulations de la temporalité comme horizon onto-phénoménologique, étudier les contraintes et possibles géo-psychiques qui caractérisent l’espace particularisé des îles, l’état polyphasique de l’archipélité[21], le tissu terrestre émietté[22]  des Seychelles. Les divergences paradigmatiques des théories et champs scientifiques peuvent entrer dans un rapport d’interfécondation apte à prendre en considération l’univers polyphonique de la poésie seychelloise.

 

2.1. L’insulaire : géographies polarisées

Le microcosme archipélique se constitue de la sémantique et de la syntaxe de l’hybridité des îles : terres parsemées contournées et déterminées par l’eau, symboliques du « mouvement de déroulement dans lequel s’inscrit un mouvement d’enroulement »[23], du rapprochement de l’ancrage et du flottement, de « l’esthétique de la lisière[24] », de la circonscription, de l’entre-deux de la constance et de la fluctuation tramé par une topographie psychique centripète et centrifuge. L’île est le terrain de réécritures de l’identité, de reconfigurations de l’Autre, de mutations permanentes. Le rapport à Soi, au Même, à l’ipséité et à l’Autre, à l’altérité se conçoivent dans la phénoménalité mixte de l’île : dans un éloignement rapproché, dans l’indétermination déterminée, dans l’absence présente, dans la perméabilité étanche : « Impeccable orfèvrerie verbale / Et du souffle poétique / Qui est de portée universelle et classique / Indifférent au monde et aux vogues éphémères[25] ».

L’œuvre de Magie Faure-Vidot se caractérise par la fusion des horizons du texte et du sujet de la réception, par la mise en relief des discrépances entre l’intérieur et l’extérieur, par la perspective dynamique de l’auto-configuration,  par les transgressions entre le synchronique et le diachronique qui, dans la continuité transformatrice de la poétique vidotienne, retravaillent constamment le noyau du Moi, la multiplicité des appartenances[26], l’architectonique des vécus.

L’ouverture pluridisciplinaire, la pluralité des perspectives et la visée comparative (français-anglais-créole) permettent de mieux saisir les difficultés liées à « l’application à l’île de problématiques et concepts généraux, universaux »[27], à l’approche reconfigurationnelle et transformationnelle des cadres définitionnels, terminologiques préalables dans l’univers mental, idéique de l’îléité et de l’insularité[28], du multilinguisme, de matrices épistémiques et identitaires hybrides : « Konbyen fwa / Kot sa landrwa / Nou’n riye… nou’n reve / Nou’n sere… nou’n vibre […] / Nou’n mazinen… nou’n senmen / Nou’n plennyen… nou’n dir “zanmen” […] / nou pou pase / nou pou regrete / nou pou plere / me nou pa pou zanmen oubliye…[29] ». Dans « Sa Landrwa » de Reuban Lespoir, les déictiques spatio-temporels permettent l’entendement inchoatif[30] mais préservent l’indéterminité, la temporalité flottante. La spatialité non configurée esquisse les contours d’une possibilité ouverte de positions différentes.

 

2.2. Structure spatiale, discursivité archipélique

À part sa phénoménalité physique, l’île est aussi générateur métaphysique, opérateur anthropo-psychologique, réservoir d’interprétations, matrice herméneutique et épistémique[31]. La reterritorialisation notionnelle, la transgression des frontières théoriques de champs disciplinaires clos contribuent à la valeur interprétative et explicative[32] dans l’optique d’une conceptualisation comparative. L’implication de divers fondements théoriques et de différents procédés méthodologiques nuance les hypothèses de travail, l’articulation des problématiques centrales. Les approches théoriques entrent dans un rapport d’interaction avec les objets de recherche : l’interinfluence du texte littéraire et des paradigmes méthodologiques retranscrit et transforme continuellement le prisme de l’étude psycho-philosophique[33]. Les échanges pluridisciplinaires au sein de l’espace de la théorie littéraire fonctionnent comme des outils de « défamiliarisation »[34] : l’ouverture disciplinaire, la pluralisation des approches servent la déstabilisation des lectures réductrices, la distanciation de toute terminologie préalable pour ouvrir de nouveaux espaces de savoir, de nouveaux univers hybridés d’appréhension, de réception[35]. La défamiliarisation théorique permet la réactualisation de l’optique de l’étude nourrie d’un questionnement constant, d’une médiation entre outils critiques, imaginaires, herméneutiques et épistémologies. Les transferts, la dialogicité de contenus disciplinaires pluriels, l’élargissement et la diversification des axes de réflexion théorique instaurent les dynamiques d’une réélaboration perpétuelle des cadres conceptuels[36] : « Dans le sable de ma baie / Une genèse rêvée / Des myriades d’abeilles […] / Enfin voilà arrivée la brise / Qui a libéré en longue frise / Le cours de mon inspiration / Les plus exquises des évocations […] / Pour mieux aborder / Ce monde quasiment démantelé[37] ».

Magie Faure-Vidot laisse voir le caractère lié, émietté des Seychelles, formaté par les flux et reflux océaniques, le démantèlement archipélique, la connexion de la phénoménalité conceptuelle des inspirations et évocations et la genèse mentale, rêvée de la baie où la présence se matérialise à travers l’ancrage d’un devenir-présent invoquée par « des myriades d’abeilles ». Dans ces lignes se réactive toute la géohistoire et le passé épistémique des Seychelles qui servaient de ponton et d’appui insulaire[38], de plateforme de densification et de redistribution au cœur de l’océan Indien. La géographie disséminée peut se recomposer en territoire mental uni grâce à la résilience du système archipélique, à la réactivation de chemins de contact géographique, commercial, poétique, culturel, ontologique : l’essence géo-épistémique de l’archipel est conceptualisable comme une herméneutique dynamique marquée par la mise en réseau, l’intercommunication réticulée des représentations et paradigmes de l’insularité[39]. Le réseau des îles est la condensation d’une pluralité en une singularité archipélique, la possibilité d’une coexistance unitaire d’un multiple discontinu. En termes d’expérience, de projection, de lecture et de sens des lieux, l’espace vécu de l’île se conçoit comme une échappée à la condition maritime, mais également comme partie intégrante et organique du territoire océanique, comme interface de l’entre-deux : « Africaine à demi / aux yeux de mille secrets […] / Te voilà pareille à une sirène / toute neuve et mystérieuse / l’haleine à l’odeur des goémons ».

Dans « L’île (Mahé) »[40] d’Eugène Élizabeth, l’espace se transforme en territoire vécu, lu et appréhendé au lieu transcendental dénoté par l’immatérialité et l’atemporalité du mystérieux, de « mille secrets », « sirène », « haleine » et « odeur » comme concrétude spatiale à la rencontre de la continentalité africaine et de l’océanité des algues marines. Les couleurs des terres de l’Afrique, le bleu de l’océan et le vert des goémons s’entrecroisent, se donnent rendez-vous au point d’intersection que représente cette poésie cheminatoire au prolongement de l’ici et de l’ailleurs, sur la trajectoire hors espace et hors temps, au clignotement entre le disparaître et l’apparaître du physique.

Seychelles

L’archipel relève d’un concept polymorphe : il est un opérateur de condensation temporel et géographique, un agrégat de schémas d’intelligibilité, de contenus notionnels (et idéiques en général) et de perspectives théoriques qui sont réindexés[41] et transmués dans le nouveau contexte de l’insularité.

L’aventure de découverte se solde par le retour à la substantialité première de l’île dans « Sen e sof »[42] de Colbert Nourrice. L’île s’incarne comme matrice et noyau dans un mouvement vivant différentiel de retour où les micro-réalités divergentes constatées et éprouvées lors du voyage sont filtrées à travers la profondeur constitutive de l’archipel des Seychelles  (appartenance originaire, accomplissement existentiel)[43]. Le voyage corporel et psychique, le cheminement extra-archipélique atteint son déploiement dans une retraversée physique et intra-individuelle vers les îles seychelloises : dans cette intentionnalité de réintégration rétroactive, dans ce retour rétrospectif (qui lie présence insulaire et souvenirs) se réalise « la déhiscence de l’existence »[44], l’ouverture herméneutique et épistémique de l’île en tant que base ontologique, vecteur originaire de l’épanouissement de l’être, de la réappropriation des fondaments du soi. L’espace devient un lieu d’ouverture et se transforme en « spatialité existentiale »[45] : l’ipséité du sujet, comme propriété substantielle, dérive de la présence physique, idéique de l’île, de sa proximité et influence pulsionnelles. L’auto-perception s’achève toujours dans la métaphoricité visuelle et notionnelle de l’île, dans les modalités multiples de l’appartenance et de la relation, des possibilités fondatrices de l’archipel.

L’inventaire des définitions, circonscriptions et évaluations possibles de l’insularité et des différents aspects psycho-philosophiques de l’identité  n’est pas envisageable sans recours aux éventails notionnels, structures conceptuelles et outils méthodologiques hétérogènes dans l’optique d’une pratique transfrontalière, d’un échange et d’une inter-fécondation entre différentes aires de connaissance et différents univers disciplinaires. Les apports d’une lecture plurielle, d’une reconfiguration théorique permanente peuvent contribuer à une disposition d’analyse plus nuancée, à des résultats plus diversifiés, formulés à l’encontre des lectures et interprétations monolithiques : « SEYCHELLES – In this microcosm, my islands, the Greater World crystallizes as would the seasons into an eternal summer, and the fog and mist of the big cities into a clear, blue and transparent sea[46] ».

 

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[1] Je tiens à remercier ma directrice de thèse, Dr. Réka Tóth pour avoir encadré mon travail depuis le début de mes études universitaires et pendant ces années de thèse, pour ses nombreux conseils, pour sa disponibilité permanente, pour la confiance et la liberté qu’elle m’accorde. Je remercie la poétesse seychelloise Magie Faure-Vidot pour son soutien constant et pour son engagement dans nos projets communs, pour son amitié, pour les manuscrits mis à ma disposition. Mes remerciements vont également aux poètes seychellois pour leur encouragement et intérêt : Marie Flora BenDavid-Nourrice, Marie-Neige Philoë, Venida Marcel, Linda Hoareau, Georgette Larue, Penda Choppy, Reuban Lespoir, Philippe Boullé. Mes travaux de recherche sont effectués dans le cadre de la bourse doctorale TÁMOP-4.2.2/B-10/1-2010-0030/1.4 (Tendances des changements d’identités langagières et culturelles) qui me permet de consacrer le plus clair de mon temps à la recherche.

[2] BONNEMAISON, Joël, « Vivre dans l’île : une approche de l’îléité océanienne », L’Espace géographique, 2/1991, p. 120.

[3] JOUBERT, Jean-Louis, Littératures de l’océan Indien, Vanves, EDICEF, 1991, p. 265.

[4] PERCHOC, Michel et LAMBERT, André, Marins français explorateurs, Aix-en-Provence, du Gerfaut, 2007, pp. 30-31.

[5] HARING, Lee, Indian Ocean Folktales, Chennai, National Folklore Support Centre, 2002, p. 7.

[6] MURISON, Katharine (éd.), Africa South of the Sahara, Surrey, The Gresham Press, 2004, p. 956.

[7] FILLIOT, Jean-Michel, Les Seychelles et la Révolution Française, Paris, ORSTOM, 1989, p. 74.

[8] DUPON, Jean-François, « Les Seychelles : du rêve à la réalité », Hérodote : revue de géographie et de géopolitique, avril-septembre 1985, p. 240.

[9] GUÉBOURG, Jean-Louis, Petites îles et archipels de l’océan Indien, Paris, Karthala, 2006, pp. 381-387.

[10] REYMOND, Jean-Pierre, Océan Indien, Paris, Marcus, 2003, pp. 18-28.

[11] Ibid., p. 92.

[12] SERMET, Laurent, Une anthropologie juridique des droits de l’homme : Les chemins de l’océan Indien, Paris, Éditions des archives contemporaines, pp. 207-209.

[13] CALLANDRE, Florence, « La dynamique interculturelle au cœur du kovil d’Arulmighu Navasakthi Vinayaga, de Port Victoria aux Seychelles », in : RADIMILAHY, Chantal et RAJAONARIMANANA, Narivelo (dir.), Civilisations des mondes insulaires, Paris, Karthala, 2011, pp. 741-767.

[14] LEVINSON, David (éd.), Ethnic Groups Worldwide, Phoenix, Oryx Press, 1998, p. 163.

[15] BRUNSCHWIG, Jacques, « Dialectique et philosophie chez Aristote à nouveau », in : CORDERO, Nestor Luis (éd.), Ontologie et dialogue. Mélanges en hommage à Pierre Aubenque avec sa collaboration, Paris, J. Vrin, 2000, pp. 109-116.

[16] JOUBERT, Jean-Louis, op. cit., pp. 269-272.

[17] CAUMIÈRES, Philippe et al. (dir.), Imaginaire et création historique, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 2006, pp. 121-125.

[18] KOLEVA, Svetla, « Une ouverture de la sociologie aux pratiques transfrontalières : les défis de la littérature », in : PARDIÑAS, Blanca Navarro et VIGNEAULT, Luc (dir.), Après tout, la littérature, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011,  pp. 55-66.

[19] Ibid., p. 56.

[20] VIART, Dominique, « Littérature et sociologie, les champs du dialogue », in : BAUDORRE, Philippe et al. (dir.), Littérature et sociologie, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2007, pp. 11-24.

[21] L’île et l’archipel en tant que lieux de savoir, espaces d’inscription, sites producteurs de sens et thèmes de la mémoire individuelle et intersubjective sont d’une déterminité, d’une finitude spatiales qui influent sur les dispositions affectives, sur les imaginaires, sur l’invention littéraire et les contenus métaphysiques (ouvertures de l’Autre, narrativisation de Soi) et onto-phénoménologiques (être, existence, présence, absence). Concernant la topologie de la mémoire culturelle cf. BREYER, Thiemo, On the Topology of Cultural Memory : Different Modalities of Inscription and Transmission, Wurtzbourg, Königshausen & Neumann, 2007, pp. 21-24.

[22] IMBROSCIO, Carmelina et al. (éds.), Des îles en archipel… Flottements autour du thème insulaire en hommage à Carminella Biondi, Berlin, Peter Lang, 2008, p. 215.

[23] RICHIR, Marc, « Le rien enroulé : Esquisse d’une pensée de la phénoménalisation », Textures 70/7.8, 1970, pp. 3-24.

[24] TRABELSI, Mustapha (dir.), L’insularité, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2005, p. 7.

[25] FAURE-VIDOT, Magie, Rêves créoles, Victoria, Edisyon Losean Endyen, 2012, p. 48.

[26] MARTIN, Denis-Constant (dir.), L’identité en jeux : Pouvoirs, identifications, mobilisations, Paris, Karthala, 2010, pp. 109-120.

[27] PELLETIER, Philippe, « L’île, un bon objet géographique », in : BERNARDIE, Nathalie et TAGLIONI, François (dir.), Les dynamiques contemporaines des petites espaces insulaires : De l’île-relais aux réseaux insulaires, Paris, Karthala, 2005, pp. 7-16.

[28] Abraham Moles propose le terme « nissonologie » pour désigner l’étude des îles qui réunit l’analyse phénoménologique (comportement, aspects géographiques) et la psychanalyse de l’espace (valorisation de structures topologiques). L’insularité se caractérise par des indicateurs et attributs physiques, elle renvoie à l’aspect géographique tandis que l’îléité relève de l’archétype, de la représentation. Cf. BONNEMAISON, Joël, op. cit., p. 120. et MCCALL, Grant, « Nissology : A Proposal for Consideration », Journal of The Pacific Society, 63-64/1994, pp. 93-106.

[29] Combien de fois / À cet endroit / Nous avons ri… nous avons rêvé / Nous avons serré… nous avons vibré […] / Nous nous sommes souvenus… nous avons semé / Nous nous sommes plaints… nous avons dit “jamais” […] / nous passerons / nous regretterons / nous pleurerons / mais nous n’oublierons jamais… LESPOIR, Reuban, Mon Desten, Victoria, Lenstiti Kreol, 2003, pp. 32-33.

[30] Il s’agit de l’articulation d’une progression temporelle. Les référents relèvent d’une sédimentation temporelle : « in / ‘n » – marque de l’aspect accompli, de la perfectivité ; « pou » – marque du futur.

[31] WIDMER, Isabelle, La Réunion et Maurice : Parcours de deux îles australes des origines au XXe siècle, Paris, INED, 2005, pp. 1-10.

[32] L’étude de la complexité littéraire et psycho-philosophique de l’aire indianocéanienne (et dans le cas présent de l’archipel des Seychelles) n’est concevable que par une retraversée constante et une mise en dialogue des discours scientifiques, par la juxtaposition de perspectives, par la multiplication des modèles conceptuels, par un pluralisme interprétatif conforme au contenus multivalents traités lors de l’analyse pour atteindre à une valeur heuristique et une puissance explicative plus importantes, plus accomplies. Sans prétendre à l’exhaustivité, lors de mes analyses et micro-lectures, j’ai recours à des champs notionnels et théoriques suivants : théorie littéraire, comparatisme (théorie poétique, générique, mise en rapport de productions littéraires plurilingues), phénoménologie (phénoménologie de la textualité, des contenus de la conscience, de l’esprit – Maurice Merleau-Ponty, Emmanuel Lévinas, Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Françoise Dastur, Marc Richir), psychologie (psychologie de la personnalité, de l’identité et de l’espace), théorie postcoloniale (Gayatri Chakravorty Spivak, Homi Bhabha, Edward Said), sociolinguistique (triplicité linguistique, multilinguisme), théorie systémique.

[33] BROSSEAU, Marc, « L’espace littéraire entre géographie et critique », in : PARDIÑAS, Blanca Navarro et VIGNEAULT, Luc (dir.), op. cit.,  pp. 31-37.

[34] La « défamiliarisation », en tant que visée métathéorique, relève du décentrement des perspectives d’analyse, de la distanciation et de l’étrangéisation en faveur des approches complexes, d’un survol multidisciplinaire qui sont plus aptes au caractère hétérogène de l’objet de l’étude. Cf. LAVOCAT, Françoise, « Le comparatisme comme herméneutique de la défamiliarisation », Vox Poetica, [En ligne].

[35] La réflexion théorique doit tenir compte par exemple de la problématique des relations entre identité, plurilinguisme, représentations sociales et dynamiques sociolangagières qui contournent un champ théorique à caractère multidimensionnel. Concernant les processus identitaires et l’aménagement linguistique voir LAROUSSI, Foued (dir.), Langues, identités et insularité : Regards sur Mayotte, Rouen, Presses Universitaires de Rouen, 2009, pp. 9-15.

[36] MEDVEDEV, Pavel, La méthode formelle en littérature, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2008, pp. 103-111.

[37] FAURE-VIDOT, Magie, op. cit., pp. 66.

[38] La notion de « contre-insularité » met en question les définitions, conjugaisons inhérentes à l’insularité : il s’agit d’une « posture contestataire permettant de remettre à plat et de repenser de façon peut-être plus objective les évidences de l’argumentaire classique de la géographie insulaire ». Voir BERNARDIE-TAHIR, Nathalie (dir.), L’autre Zanzibar : Géographie d’une contre-insularité, Paris, Karthala, 2008, pp. 5-19.

[39] Notamment on pourrait citer entre autres des concepts et lecures de la temporalité, de (l’absence de) l’altérité, de l’imaginaire insulaire, de la définitude géographique (repli, isolement, immobilité, contournement, circonscription), de l’identité et de l’altération. Cf. FOSSIER, Arnaud, « L’île : espace ou territoire », Revue Tracés, n°3, 2003, pp. 115-118.

[40] ÉLIZABETH, Eugène, « L’île (Mahé) », Sipay, n°5, 2010, p. 18.

[41] Dans le cas de l’insularité et de l’archipélité, la réinterprétation d’une notion, d’un schéma interprétatif conceptuel, sa réappropriation et réindexation dans de nouveaux terrains théoriques résultent en partie de la dimension de l’écart que représente l’île en tant que point singulier qui représente toujours une pluralité interprétative et contextuelle, un clivage fécond, un dépassement des alternatives bipolaires, dyadiques (identité-altérité, ici-ailleurs, inclusion-exclusion, temporalité-atemporalité). Cf. GARDELLA, Édouard et FOSSIER, Arnaud, « Insularités théoriques », Revue Tracés, n°3, 2003, pp. 105-114.

[42] NOURRICE, Colbert, « Sen e sof », Sipay, n°9, 2012, pp. 26-27.

[43] BARBARAS, Renaud, op. cit., pp. 18-20.

[44] Ibid., p. 21.

[45] ALTIERI, Lorenzo, op. cit., p. 88.

[46] SEYCHELLES – Dans ce microcosme, mes îles, le Grand Monde se cristallise comme feraient les saisons d’un éternel été, le brouillard et la brume de grandes villes dans une mer claire, bleue et transparente. BOULLÉ, Philippe, The Raison d’Etre, Singapour, Craft Print International Ltd., 2010, p. 7.