Mondes indianocéaniques

La Condition de la femme aux Comores

“La condition de la femme aux Comores dans  Mon mari est plus qu’un fou: c’est un  homme” de Nansur Attoumani.

 

La problématique que nous présentons dans cette analyse se fonde sur l’inégalité et le complexe des sexes. Ceci nous nous permet de nous paraphraser nous-même en disant :

‘’La supériorité d’un sexe sur l’autre est un vieux mythe. La force et l’harmonie de l’humanité reposent sur l’acceptation de l’un  l’autre et vice versa, dans  leurs différences naturelles’’ (Mes pensées, inédit).

Dans les îles Comores, la condition de la femme n’est pas enviable. Elle  est sous l’autorité deux familles : celle de ses parents et celle de sa belle-famille. Ici et ailleurs, l’homme fait la loi. Homme comme père ou frère et homme comme mari, époux. L’un et l’autre, agissant sous les us et coutumes dont personne ne saurait se passer. Dans son roman en étude ici, cet écrivain comorien de grande facture, vient nous présenter un personnage féminin hors du commun. Bien qu’ayant accepté de se marier selon la volonté de la famille, elle ne se laisse pas faire par les caprices du mari. Elle transgresse les lois. Elle est une rebelle. Par ses écrits, l’auteur est à l’image de son personnage, un casseur de mythes. Homme de sa nature, son livre est anti-tabou. L’ensemble des écrits de  Nansur  Attoumani s’oppose aux logons de la région. Ces derniers seraient un grand frein au développement local. Ils dénient à la femme ses droits à l’autodétermination.

Né à Maroni, de parents natifs de Mayotte  dans la Grande-Comores,  Nansur est détenteur d’un diplôme de  Maîtrise. Son Å“uvre, plurielle, lui confère beaucoup de prix : En 1999, il obtient   la ‘’Mention spéciale du Grand Prix Littéraire de l’Océan Indien, pour Interview d’un macchabée’’ ; en 2004, il gagne le ‘’Grand Prix Littéraire de l’Océan Indien (ex æquo), pour Mon mari est plus qu’un fou: c’est un homme (alors inédit)’’ :

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/attoumani.html. Grand artiste, Nansur Attoumani aborde plusieurs genres : roman, théâtre, film, nouvelles, bandes dessinées, essais, etc. Bien plus, musicien et chanteur, il joue à la guitare. Bref, c’est un artiste complet.

La présente analyse porte sur la chronique d’une vie conjugale. Nous nous basons essentiellement sur l’image  du foyer où la femme croupit sous le joug marital. La situation semble avoir été favorisée par ses propres parents. Tout au long du texte, le nom de cette épouse n’est pas cité ; elle est supprimée de la vie. Le nom individuel a un rôle anthropologique ; celui de nommer un être humain, de le distinguer des autres. Bref, de le faire vivre. C’est ici que revient l’importance du nom comme parole, expression de la vie de l’être humain en rapport avec sa société d’origine. Benveniste (1976) dit à ce sujet :

“Ce qu’on entend par nom propre est une marque conventionnelle d’indentification sociale telle qu’elle puisse désigner constamment et de manière unique un individu unique (200)’’.

Dans le roman sous analyse ici, publié à Paris en 2006 aux éditions Naïve, la femme est appelée sous le nom de sa fille. Elle n’a pas de nom propre individuel. La société d’origine de la femme sans ne semble –t-elle pas appartenir à l’espace culturel où la valeur sociale de la femme est liée à sa capacité de procréation. Qu’à cela ne tienne, et étant appelée par le nom de son enfant, la mère de Waladati échappe-t-elle aux de logons des coutumes et de religion? Selon ceux-ci, l’homme est le maître de la femme, selon les logons et coutumes. C’est ce que nous allons essayer de démontrer dans les lignes qui suivent. On peut écouter l’auteur sous le lien qui suit : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/attoumani_mon-mari.html

Nos propos  s’articulent sur le décor comme préambule sémantique, le mariage entre Mwin Sodoro et la fille sans nom, la fuite de cette dernière, son bain purificateur et les mesures punitives à l’égard du mari. Mais avant tout, un aperçu général du récit. Au clair donc, le texte en étude ici parle d’un couple dont Mwin Sodoro, un fontionnaire de sa nature est le mari. L’épouse est sans nom et s’identifie par le seul pronom Je. Mwin Sodoro, ce fonctionnaire, inconnu du village de Sohora, débarque par bateau d’un milieu inconnu. S’étant présenté comme le représentant du Blanc, il se fait amasser des impôts des villageois. Cette autorité fallacieuse lui confère du poids social auprès de tous les habitants et des notables de Sohora. Une adolescente sans nom tombe dans les fillets de ce faux fonctionnair, un aventurier de mauvaise facture. La fille est  victime de ses apparences et attitudes trompeuses. Les parents et tous les habitants du village de Sohowa, en tant que continuateurs de la religion et des coutumes locales, assoiffés de moyens matériels suffisants, acceptent joyeusement de marier la fille  à cet inconnu. Le mariage est célébré le Mardi, pourtant jour néfaste dans la culture mahoraise. Le voyage  du couple prévu par le mari  pour la ville de Ngazidja n’aura lieu que dans l’imagination de son initiateur. Les espoirs et les attentes mielleux de la fille se volatlisent dans Labatwara. Ici, l’homme se dévoile devant son épouse en lui montrant toutes les couleurs de son identité masculine et de grand fonctionnaire. Retours très tardifs, absentéismes très réguliers, grande violence au  quotidien, intimidations, insultes et abandon des responsabilités véhiculés par une ivrognerie invetérée sont autant des faces que Mwin Sodoro affichent devant la femme. Bref, l’épouse, leur enfant Waladati et les voisins  vivent dans une insécurité manifeste causée par cet irrésponsable de mari et de père.

En conséquence, dépassée par des événements inhumains, déçue dans son expectation, désilluionnée sans réserve, incapable de stopper la violence du mari, la naïve adolescente qui se croyait sauvée de la vie dure de la campagne, prend fuite sous des conditions indescriptibles et inacceptables. A sa fuite, elle  abandonne son bébé Waladati entre les mains de son amie, la très grâcieuse et la très charitable Halima M’sa, la Grande Comorienne.  Celle-ci se charge sagement de l’acheminer auprès de ses parents. Sa mère incrédule à ses yeux, l’y retrouve comme par un miracle. Dépassé dans ses colères, Mwin Sodoro l’y retrouve et continue sa violence. La correction s’engage et s’impose contre le très violent  Mwin Sodoro. L’initiative venant de la grand-mère rencontre la collaboration positive de Baban’Mwaraf, le jeteur des sorts et celle de l’imbattable sorcier, Mzee Radjabu. Après le rite de purification par la grand-mère grâce aux mélanges de Mzee Radjabu, la mère de Waladati prend le dessus sur le très dangereux mari.  L’objet de son orgueil n’en est plus un. Il ne comprend rien de la perte de sa virilité en toute tentative d’acte sexuel avec sa victime quotidienne. En dépit de ses quelques derniers soubressauts, Mwin Sodoro étant devenu un bon à rien, incapable de tout acte, et même de parole, la mère de sa fille Waladati recouvre ainsi sa liberté en tant que femme, contre l’oppression masculine quotidienne.

 

1.  Du décor comme prélude sémantique

La présentation d’un décor est en soi compréhensible dans la mesure où ce dernier fait partie du sémantème d’un texte. Elément para-textuelle par excellence, le décor pré-conduit l’auditeur ou le lecteur selon le cas. Il lui trace une piste en relation partielle ou totale avec le texte audio-visuel ou écrit. Pour commencer cette chronique, la narratrice nous présente d’abord l’image d’ensemble de l’auditoire. Mais leur apparence commune suggère la principale préoccupation d’ensemble.  Ainsi, celui qui introduit le livre sous analyse ici dit : “Devant moi des visages abimés par la peur, des visages meurtris par la honte, des visages calcinés par l’angoise.”(9).

Avec un tel tableau descriptif au registre aussi clairement négatif, on se fait vite une idée globale du mal qui pèse sur la femme. Les éléments lexicaux qui décrivent les visages des membres de cet auditoire sont tous sémantiquement chargés des signes négatifs que l’on ne semblerait pas leur accorder une minute de bonheur sur cette terre. Leur classement en une gradation ascendante est très significatif. Du fait d’être abimé pour finir par la calcination en passant par la meurtrissure, que reste-il encore  de l’être humain ? Rien de positif ne serait approprié ici. On se retrouverait donc devant un monde aux difficultés permanentes et aigues et dont la cure se trouverait sous une autre planète. L’idéal ne serait-il pas d’en trouver une fin et un exutoire salutaire ? C’est ce qui justifierait la présence d’un sujet féminin comme conférencière. Et ce n’est donc pas n’importe quelle femme. Combattante de droits de la femme,  de sa nature, elle est une femme divorcée plus d’une fois. Victime des violences  quotidiennes de ses multiples époux, son expérience cojugale personnelle pourrait s’ériger en une école de formation de droits de la femme en général. La conférencière est donc une routinière de la vie dure de foyer. Le nombre de fois qu’elle a divorcé de différents maris ne lui conférerait-elle pas une toge ?

“Si j’ai accepté de vous ouvrir l’intérieur de ma poitrine, c’est pour deux raisons : la première c’est la colère qui a longtemps brulé mon coeur et qui est devenue cendres aujourd’hui ; la deuxième, c’est que j’ai eu la promesse que l’ensemblée ne me posera aucune question sur mes autres époux.”(9-10).

Clairement la deuxième raison évoquée par la conférencière exprime sa profonde volonté d’occulter la source de son martyre. Ses propos sont donc celles d’un sujet habitué aux violences domestiques. C’est ainsi que le choix de l’exposé est fondé sur les données de son expérience personnelle. Evidemment on ne peut mieux raconter qu’à partir de son expérience personnelle réellement vécue. Ceci éviterait des ajustements complaisant et généralisant moins convaincants.

Par ailleurs, à par la présentation du couple émetteur et récepteur, il faut noter la présence des images des sujets féminins aux murs de la salle de conférence. Ceci n’est pas un simple hasard ; et moins encore un simple jeu de décoration murale. Déjà de part leur description morphologique, ces sujets présentent des allures des chagrinés, des aigris de la vie.

“La honte se lit sur le visage de chacune d’elles. J’ignore leurs histoires respectives, mais de toute évidence, cette femme à qui il manque une dent, cette femme au front tuméfié, cette femme dont la pommette est barrée d’une énorme cicatrice, cete femme aux cheveux arrachés, cette femme à la tête rasée et recouverte de scarification… toutes les femmes semblent avoir payé un lourd tribut. Le destin ne les a guère courtisées. D’emblée je m’aperçois que leurs lèvres n’ont pas été courtisées par le plus minable des sourires depuis une éternité” (8-9).

Au total, en considérant des éléments précités, nous pouvons leur accorder une profondeur sémantique relative. Le point est commun et de très grande ampleur: la condition de la femme sous le toit conjugal dans toutes ses facettes les plus déshumanisantes.  Et c’est effectivement sur la problématique de cette condition féminine dans son aspect négatif que se fonde le présent travail. Il s’agit donc pour nous ici de présenter une sorte de chronique péjorative d’une vie conjugale comme l’expression de la misère féminine au foyer  dans sa totalité. Ceci bien sûr en rapport avec le contenu sémantique du récit. Une particularité qui tranche avec tout est qu’il s’agit ici d’un point de vue masculin. On s’attendrait aux plaintes et lamentations d’une femme en faveur d’autres femmes. C’est ce qui vient accorder plus d’attention au roman sous analyse ici.

 

2. Du mariage de la fille sans nom ou un destin rompu

Les faits d’un événement peuvent appartenir au registre positif ou négatif selon le concours des circonstances contextuelles. A ce sujet, l’homme y a difficilement contrôle. Seuls le destin et la fatalité en auraient une commande. Le destin ne serait-il pas de l’ordre de la fatalité ? Jean Giraudoux (1929) semble désapprouver quand il dit :”Qu’on ne me parle pas de la fatalité, elle n’existe que par la veulerie des êtres. Ruses des hommes.”(38)

Au fait, un peu comme par un hereux hasard, l’arrivée de Mwin Sodoro dans le village Sohora donne à la fille sans nom une occasion de voir se réaliser ses  rêves. Ce mariage ouvre la porte à la concrétisation d’anciennes et permanentes aspirations : celle de mener une vie meilleure d’une femme mariée et celle de vivre en ville avec tous les moyens alloués à son propre foyer. Mwin Sodoro lui est donc une personne providentielle sans laquelle ses rêves ne seraient pas réalisés. Bien plus, il est pour sa famille une source de bonheur matériel.

” Imaginez alors cette aubaine pour des parents aussi démunis que les miens de compter sur une personnalité capable de les aider fincièrement. Avec 20 frères et sÅ“urs, […].”(26-27).

Cette rencontre maritale est donc réellement une bénédiction de cette famille. On peut facilement remarquer le vrai fondement de ce mariage. Aucun sentiment d’amour n’est mis au premier plan ni du côté de la mariable ni de celui de ses parents. Il s’agit totalement de la poursuite des intérêts économiques. Cette vision de mariage est presque semblable de parents de la petite Nabou dans Une si  longue lettre de Mariam Bâ (1979).

Mon frère Farma t’a donné la petite Nabou comme femme pour me remercier de la façon dont je l’avais élevée. Si tu ne la prends pas comme épouse,  je ne m’en relèverai jamais. La honte  tue vite que la maladie (48).

Le récit ressemble au mariage de la petite Binetou avec Modou, époux de Ramatoulaye tel qu’il lui a été annoncée par Tamsir, le frère aîné de son mari accompagné de Mawdo et de l’Iman :

Modou te remercie. Il dit que la fatalité décide des êtres et des choses : Dieu lui a donné une deuxième femme, il n’y peut rien. Il te félicite pour votre quart de siècle de mariage où tu lui as donné tous les bonheurs qu’une femme doit à son mari. Sa famille, en particulier moi, son frère aîné, te remercions (57).

Par ailleurs, comme on le sait très bien, chaque  société est régie par des lois, piliers de ses propres mythes fondateurs. Religieuses ou  coutumières,  leur valeur fondamentale qui véhicule sa propre vision du monde punirait relativement tout contrevenant. Le cas du mariage de la fille sans nom et de Mwin Sodoro en fait pourtant exception. Ceci juste pour y accorder une occasion de réaliser le plan et des parents et de celui de la famille entière.

“Aucun mariage n’est établi le Mardi, car il n’existe pas pas un jour aussi néfaste que le mardi. Certes, le mardi est le jour de la cirnconcision, mais la circoncision est la cérémonie du couteau aiguisé du sang de l’enfant versé par les adultes aguéris par la douleur physique” (28).

L’adolescente a connu cet étranger en moins d’un mois et la voilà déjà devenue son épouse. N’est-elle simplement pas vendue au plus offrant ? Le sang de la  fille n’est-il donc pas sacrifié au même titre que le sang des jeunes circoncis ? Du sang sacrificiel. Tout cela n’augurerait-il pas la vie de son foyer ? Mika Ga, militant en défaveur du mariage-marchandage de filles, nous livre ses impressions négatives dans  En votre nom et au mien (1989).  Ici comme là, la fille devient un objet à vendre, une source d’enrichissement de la famille et du clan. Aucun choix donc ne lui est donné, aucune occasion ne lui est laissée de présenter son propre jugement. Et pire encore, elle n’a pas droit à la parole, son destin est entre les mains des parents, accomplissant le devoir de la coutume et de la religion. Pour la fille sans nom, cette date de Mardi ne symboliserait-elle pas la vie future de son foyer ? Mais pour d’autres, ce mariage serait plutôt l’expression de la bonne chance de la fille. Sans savoir où la mène son destin, elle trouve le sien glorieux pour ses propres raisons,  qu’elle avance :

“La fiérté, l’orgueil, la perspective de devenir riche, de ne plus devoir gratter la terre pour nourrir mon ventre, de posséder des habits de rechange, des bijoux, d’avoir un domestique préposé aux travaux ménagers, au ramassage des fagots, au puisage de l’eau, à la lessive me donnent des picotements au de joie au cerveau.”(31-32).

Grâce à ce mariage, la fille sans nom fera la différence dans la vie auprès des autres filles de Sohowa. Quel bonheur pour sa famille, ses frères et soeurs ? Armes circonstancielles du faux mari : éloquence, loquacité, caresses, tact de corps, expression lyrique, générosité, élégance et tendresse sont autant des facteurs enivrants dont est ici victime la fille sans nom. Dûpe de son âge, la soif matérielle de ses parents l’achéminent pourtant vers sa tombe. Ainsi, pensant avoir plongé sa main dans la fortune, elle l’a plutôt plongée dans un trou vide et sans fin. C’est plutôt Mwin Sodoro qui a une aubaine avec un mariage tissé en moins de deux semaines. Le rêve de la future marée de sa maison brûlée et l’incapacité de s’en sortir l’aurait aidée à comprendre, de manière prémonitoire, la voie qui deviendrait sienne. Mais endormie par des apparences, trompée par la soif du matériel, soumise aux coutumes et à religion, vérouillée en tout cela par le respect sine qua none de  parents, que pouvait-elle trouver de sombre sur son chemin conjugal ?

Le déplacement de Sohowa  à Labatrwa en attente de faire Ngzidja, la ville rêve et rêvée de la fille sans nom, n’a pas donné totutes les promesses de miel faits par le mari à son épouse. En peu de mois, comme pour démontrer la vraie face, Mwin Sodoro aura bien révélé sa personnalité maritale. Il y a changement dans les attentes de la femme

Un ange, j’ai cru épouser, je me retrouve dans les bras d’un démon. Et quel démon !
Avare, égoïste, violent, ce démon-là est une brute de la dernière espèce. Quoi que je fasse ou quoi que je ne fasse pas, quoi que je dise ou quoi que je ne dise pas, contre moi, sa femme, il a toujours une dent.
Une dent ? Que dis-je ? Non ! Un croc ! Je veux dire : une défense ! Oui, c’est ça ! À tout bout de champ, il exhibe une défense de cochon sauvage à mon encontre.

La femme constate des changements très significatifs, papa bonheur n’est-il pas devenu danger de mort ?

“Plus tard, le comportement de mon compagnon est, à mon encontre un attentat permanent. Oui permanent. Un attentant terrible. C’est à dire un attentat d’origine criminelle “(35).

 Il n’existe pas de rapport entre les apparences de Mwin Sodoro et ses propos. Ceci se rapproche des souvenirs de  Ramatoulaye dont la mère doutait de la personnalité de son fiancé, Modou (Mariam Bâ, 1979) : “Les paroles de ma mère me revenaient : Trop beau, trop parfait. Je complétais enfin la parole de ma mère par la fin du dicton : pour être honnête” (57).

Dans la vie, il nous arrive d’être emporté par des apparences au détriment de la vérité. La plus part de fois on la découvre très tard après d’innombrables dégâts causés par notre illusion ou notre naïveté. Il en est de même ici pour la fille sans nom. Le premier coup dont la femme est victime devrait lui paraître comme prélude à l’oppression. Elle va se régulariser comme une vie habituelle tel le sort de Perpétue dans Perpétue et l’habitude du malheur de Mongo Beti (1974). Ici, l’homme est omnipotent devant sa femme. Perpétue le déclare en des termes aussi émotionnels qui suivent :

Tu es le maître, tu es l’homme, tu fais ce que tu veux. La vie donne tous les droits aux hommes. Si j’avais été un homme, j’en aurais sans doute fait autant, moi aussi. Non, ce n’est pas à toi que j’en veux, mais à la fatalité (190).

Une telle situation se lit déjà dans le comportement de Mwin Sadoro par rapport à son épouse, dont la surprise aura été inattendument désagréable. Ce premier coup de malheur ne ressemble-t-il  pas inaugurer au mauvais la vie de ce foyer ? N’en préfigurerait-il pas une fin imminemment triste ? : “Je pressens, chaque jour, que notre mariage déjà maintes fois éclaboussé par la violence va, d’un moment à l’autre, voler en éclats “(35). La vie conjugale de la mère de Waldati a donc évolué sous un climat de répressions, des insultes et des brutalités des violences ou atrocités sans pareil. Aucune  promesse, même celle des fameux bijoux qu’elle devrait porter le jour de mariage, n’a pas eu lieu. Faute de mieux, elle porte ceux de sa mère pour parer au retard du bijoutier du mari. Gros mensonge pourtant. Bien plus, l’éternel voyage de Ngazidja aussi n’aura pas lieu. Aux mensonges invéntérés d’un mari sans froid aux yeux, à de très graves violences quotidiennes, à la brutalité du rang de l’animalité se sont par contre ajoutés de très longues absences répétées, des retards très réguliers à la maison, le manque total de tout le nécessaire pour une allaitante et pour l’enfant elle-même. Bref, une sorte d’abandon total caractérisant ainsi le degré sans pareil d’irresponsabilité et même d’incapacité outré d’un mari. Voilà autant des situations moroses, inhumaines et invivables  qui motivent le changement de cap et  la fuite de l’épouse allaitante.

 

3. La fuite de la femme et les retombées de la purification

Nous tentons ici d’expliquer les résultats conséquents des atrocités multiformes dont a été victime la mère de Waladati sous les coups de son mari Mwin Sodoro. Au fait, devant toute atrocité n’importe qui est appellé à pendre une position salavatrice relative. Mais tout dépend de plusieurs facteurs individuels : moyen, vision du monde et objectifs personnels. Mais en tout cela l’idéal est de se protéger et de garder sa vie sauve comme le dit Leclezio (1973) :

” L’idéal se ramène à rétrograder jusqu’au ventre de sa mère où bras et jambes en posture de l’œuf  l’on s’endort tête contre les membranes de caoutchouc (311).”

Comme pour expliquer en quoi consiste un tel comportement fugitif, sur quoi se fonde-t-il ? Gascogne (1997) renchérit :”Apothéose ou fuite : ces deux attitudes constituent en fait deux stratégies pour désarmer l’espace catastrophique du monde hostile (54)”.

En prenant cette attitude pour une arme, elle sert de bouclier à l’opprimée contre une situation aux conditions défavorables qui empêcheraient son épanouissement ou sa liberté La conception de Gascogne  au sujet de la fuite vient ajouter à la dimension factuelle, l’élément spatial. En effet, à part le fait à la base de la fuite, l’ici et ses composants y contribuent d’une manière ou d’une autre. L’ici loge le mauvais stimulus, et la meilleure façon de s’en débarrasser serait  de partir, de retrouver un ailleurs  pour essayer l’oublier. Respectueuse de l’appareil coutumier, à son ami Halima M’sa qui lui propose de fuir, elle réserve une réponse négative :

“- Ma sÅ“ur ! Tu dois fuir, rejoindre ton village et partager tes instants de bonheur avec tes parents. Ne sois pas suicidaire ! Cet homme finira par te briser un membre. Il te rendra peut-être handicapée à vie. S’il te plaît, profites-en pendant que tes jambes peuvent encore transporter ton corps

–        Je ne peux pas, nos coutumes.”(177).

L’attitude négative de la mère de Waladati se fonde sur le respect des coutumes et de la religion.  Comme toute jeune fille mahoraise qui se respecte, elle préfère y sacrifier sa vie. Ce comportement  coutumesphobe, si l’on nous permet ce néolgisme- se lit aussi tristement dans Les Bouts de bois de Dieu (1960).  La femme est tenue à démontrer son plus grand respect incoditionnel aux coutumes de sa société :

“Assitan était une épouse parfaite selon les anciennes tradtions africaines : docile, soummise, travailleuse, elle ne disait un mot plus haut que l’autre… Son lot de femme était d’accepter et de se taire, ainsi qu’on lui avait enseigné.” (170-171).

On n’a presque rien à reprocher à ces femmes. Formées sous une telle école et vivant sous son respect et la pratique les plus profonds de ces principes fondamentaux, elles ne peuvent en rien aller à leur encontre. La société le veut ainsi et seulement ainsi. Le contraire est un tabou, un interdit, un faddi devant la société des hommes. L’homme en tant que maître des coutumes, de la religion et d’autres logons inibateurs des droits de la femme, cette dernière ne peut rien. Elle ne peut dire ni faire qui aille dans le sens contraire de la loi. Ce serait une transgression avec tout ce qui peut en découler comme conséquence sur l’auteur de l’acte anti-loi.  Bourguache (2003) dira :

“Donc tout acte non autorisé par l’homme est considéré comme atteinte au nif, à l’honneur de l’homme en général, à l’honneur du père, du frère, du mari, du cousin ou de l’homme en général, il est aussi considéré comme un dépassement du seuil ou du huddud” (19).

La déclaration du critique et écrivain marocain ne serait-elle partie de la conception locale qui stipule ce qui suit :

Mais tout ça, c’est voulu par notre Créateur : Allah. Le Tout-Clément. Le Tout-Miséricordieux. Notre destin est écrit là-haut, nous content les religieux ici-bas. Femmes ! Que comptez-vous donc faire, dans ce cas-là, pour ne pas démériter du paradis des hommes ? “

De tels propos justifieraient une ressemblance d’attitudes de la femme devant les coutumes et religions. Cependant, ce culte s’avérant incapable de protéger la victime devant une si grande récurence d’atrocités et de leur intensité, comme il en est le cas avec la femme de Mwin Sodoro, toute personne victime finit par céder  en faveur d’une quelconque occasion salvatrice. Qu’y aurait d’extraordinaire en sauvant sa vie ? C’est ce qui expliquerait le repositionnement de la mère de Waladati.  Déçue par sa façon de voir le monde, de ses attentes en ce foyer, de cet homme et des projets d’avenir délogés par les actes barbares de son mari, elle  opte à prendre le large.  Le foyer est tellement en ébullition quotidienne, que la mort est le seuil le plus proche. Il ne s’y passe pas un seul jour sans incident majeur contre sa sécurité et sa paix individuelles. Ce qui implique celles de sa fille. Son coeur est tout le temps en alerte à la présence de Mwin Sodoro et même de son sac en cuir, personnalisé.

En principe on ne se marie pas pour vivre en insécurité, pour se voir priver d’amour, de protection et d’assistance de la part de son mari. La réponse de Dieu au prophète au sujet des devoirs de l’homme envers sa femme (p. 217) est tellement éloquente qu’aucune question ne devrait plus se poser là dessus. Ces éléments sont les plus rudimentaires comme devoirs de tout époux envers son épouse. Ils sont obervables en temps de paix comme en temps d’adversité. Il n’en est pas pourtant pas le cas ici de la part de ce fonctionnaire. Ceci motive le projet de la mère de Waladati.

Par ailleurs, si la meilleure option s’avère ici la fuite, c’est juste pour sauver sa peau de la bouche de ce lion d’homme. D’un coté, l’acte est louable mais de l’autre il ne l’est pas. Le fait d’avoir abandonné sa fille est une autre manche de problème. Ceci pourrait s’expliquer sur le plan psychanalytique. Un tel comportement tiendrait au degré de déstabilisation de l’individu. Elle s’en reproche et le regrette sans fin.

“Comment ai-je réussi à quitter la chair de ma chair. Comment ai-je pu tourner le dos au sang de mon sang ? S’aura-t-elle vraiment pardonner ma lâcheté ? “(68).

 En vérité, arriver à abandonner sa fille-et de quel âge ?- pendant la fuite, songer à soi seulement pendant une guerre fut-ce-t-il dénote du degré très élevé de perturbation psychologique de l’individu. Qu’à cela ne tienne elle a fini  par se retrouver entre les mains des siens après autant de conditions combien difficles dans sa fuite nocturne par la voie maritime.  Pour toute la famille, en dépit de la peur qui habite encore leur fille, le moment est pourtant favorable pour mettre fin à ses calvaires. Ceci apprendra au mari d’aimer et de protéger sa femme. Sous l’instigation de la grand-mère, les combines du jeteur de sort Baban’Mwarafu et du sorcier Mzee Radjabu, jouent ici un rôle important dans la correction de Mwin Sodoro à travers le rituel de purification. Au fait, tout rituel est une étape de transition, elle permet au néophyte ou au mauvais sang / sort d’acquérir une certaine force nouvelle, protectrice et vitale. Mais ce rituel exige un espace spécial ou sacré, l’intervention d’une personne sacrée. Si la rivière a été choisie comme lieu propice pour ce rituel, ceci se comprend très bien par, d’un côté, l’intensité du mauvais sort sur la mère de Waldati et de l’autre côté par la valeur accordée à l’eau dans les religions et les coutumes. Ici et là, dans des religions anciennes, la religion noire égyptienne par exembple et des contemporaines comme le  christianisme et l’islam, à part multiples fonctions gastronomiques de l’eau, l’idéal des unes et des autres est le même: la purification ; le fait de laver d’impuretés, de redonner la vie, de revigorer les sens de la victime. Dans le cas de la mère de Waladati, à part la purification, la rivière emporte avec elle des débris, des saletés de la purification tout en faisant sacrifice aux animaux marrains. L’acte est donc de double nature : la purification et le sacrifice aux animaux nécessiteux afin de se débarasser de mauvais sort et d’acquérir une vie nouvelle en appelant à la pitié des esprits libérateurs.

D’autres parts, le choix de la grand-mère dans l’activité purificatrice se jsutifie par le fait qu’elle est la gardienne de la tradition. C’est  par elle que se passe l’éducation de la jeune fille en terre mahoraise. Tout lui vient par elle et d’elle. La mère de Waladati s’est nourrie quotidiennement de la sagesse de la tradition que lui inspirait sa grand-mère en toute circonstance de la vie. Incapable de déloger seule la force de Mwin Sodoro, c’est après ce bain purificateur que sa révigoration est capable de faire agenouiller son mari. Ici, le liquide destructeur anéantit toute sorte de force dans l’invicible Mwin Sodoro comme nous pouvons le lire :

“Guidé par son instinct animal, il écarte les pans de la moustiquaire. Ses doigts recourbés en serre m’arrachent le nambwani de chasteté. Je suis sa proie pense-t-il une fois de plus […]. Il me troune et me retourne comme une crêpe dans une poêle. MAIS…Rien n’y fait. Il se tâte. Il se palpe. Il se soupèse. MAIS….Aucun résultat. […], amais il n’a essuyé pareil désenchantement. Inertie totale […] Comme un claquement de doigt, sa virilité s’est évaporée.”(210).

En dépit de ses vociférations contre la femme, rien n’a plus changé de ce monsieur. La lutte de libération de la femme est totale, déterminée et irréversible. L’homme est totalement éffacé en tous les sens de sa vie. La femme victime quotidienne de ses violences, de ses atrocités, récouvre ici totalement sa liberté. La mère de Waldati dit à ce sujet :

“Pour retrouver ma dignité féminine, je dois bannir, rompre, brûler les chaînes sociales, les moeurs, les entraves de toutes sortes qui poussent sans cesse la femme de ce pays vers la résignation, le désespoir, le mutisme” (198-199).

Cette lutte pour la liberté féminine en rappelle ici celle de Bisabey. Pour ce libérer des grossesses suivies et pemanente, et éviter d’en porter une autre pour des raisons politiques du mari,  c’est à son mari Mulube que la multipare Bisabey fait porter cette 13 ème grosssesse qui dure 9 mois sans aucun résultat attendu.

La vérité est que j’en avais aasez de n’être qu’une pondeuse. Après t’avoir pondu 12 enfants ne voulais-tu pas aussi que je te ponde des médailles en attendant d’être éventrée comme la poule de la fable ? J’ai dit assez et des milliers des femmes du monde crient avec moi (149).

La recherche de la dignité féminine envisagée par la mère de Waldati ne vient-elle pas démontrer le renversement de l’atmosphère conjugal initial qu’elle vantait?

Entre nous, tout n’est que miel, sucre et lait caillé. Aucun grain de sel n’entrave nos relations. Sa langue est mon calame et ma poitrine sa table. Tout ce que mon mari dit est aussitôt calligraphié dans mon for intérieur. Ma bouche est son messager et ses oreilles les sentinelles qui interprètent les battements de mon cÅ“ur. Tout ce que je dis est enregistré dans son for intérieur.

 

 

Conclusion :

 

Le fond sémantique ce texte est si clair que rien n’est à rechercher ailleurs pour le comprendre. Il s’agit au clair de la lutte de libération de la femme contre le carcan masculin dans toutes ses facettes existantes : les coutumes et les religions. Si le narrateur est du monde féminin, c’est juste puisqu’il s’agit d’un problème relatif à la vie féminine de fille, d’épouse et de mère. La sensibilité aux accents d’un lyrisme universel touchant les fibres du coeur de tout lecteur se fonde par là. Car connaissant bien ces trois étapes de la vie féminine où d’ailleurs l’homme se fait maître absolu d’institutions majeures qui gèrent nos sociétés, la femme connaît très bien l’homme dans toutes les facettes de son orgeuille incomensurable: celle de père, celle de maître de la tradition et de la religion et celle de mari, maître sans pareil de la famille. Comme fille de père, Waldati a connu le sien comme son vendeur ; son père l’a offerte à un inconnu sans rien à dire.

La voix de la mère ne fait même pas échos dans le récit. Puisque sa place n’en est pas une dans un foyer en tant que  personne. Comme produit social de sa famille,  même le nom de la mariée n’est pas connu. Elle se présente par le pronom personnel Je. C’est une enfant et ne doit répondre que par la parole et la volonté de parents. Ici, c’est la voix du père qui prend le dessus. Même si des références à l’éducation de la mère l’emportent, mais cette dernière est juste l’écho de l’homme et de ses institutions, ses lagons intouchables-contre lesquels lutte Nansur Attoumani, ce violeur des tabous- selon les termes de Mohamed Toihiri.  Elle fait la continuité de la tradtion dont l’homme est non seulement le dépositaire des préceptes maîtres mais aussi l’ultime et unique bénéficiaire.

En tant que religieuse, Waladati  incline son échine d’adolescente à la volonté des règles musulmanes comme toute femme mahoraise. Et finalement en tant qu’épouse, elle ajoute à toutes les règles précédentes, celles de son mari dont elle doit absolument suivre la volonté. La femme-mère de Waldati ici- n’a rien à dire. Objet de la sa société, de sa famille, de sa religion et de son mari, elle subit et exécute ce qu’on veut d’elle seulement car elle est une femme et que toutes ces règles viennent de l’homme. Le silence est donc la seule façon de parler, son seul droit, en dépit de ses envies et des peines y aférentes.

Par ailleurs, si d’un coté, la mère de Waldati est restée en observance absolue des règles qui l’ont formée, compte tenu de sa situation et enviée de la libérté, elle les a par la suite foulées aux pieds. Ainsi, au silence de la femme, -comme aime à le dire Assia Djebar-s’est substituée la lutte pour la parole, un des droits inaliénables de tout être humain et arme nécéssaire contre l’assujetissement masculin sans raison. Cette plainte n’est-elle pas suffisante ?

Une gifle sur la joue d’une épouse, c’est terrible. Lorsque la joue qui essuie la gifle est la tienne c’est horrible. Et quand la gifle qui meurtrit ta joue est celle de ton mari, ce n’est ni terrible, ni horrible : c’est monstrueux (xx)

Cette dénonciation ou brisure de chaînes de la mère de Waldati s’inscrit dans le cadre de la lutte pour la liberté de la femme ; son droit à l’autodétermination. Elle démontre que la liberté n’est pas un cadeau. Il faut lutter de tous ses efforts pour l’arracher. L’auto libération de la femme de carcans d’institutions masculines avec une vision unilatérale font de la femme un être à part entière au même titre que l’homme. Ainsi, la réduction de Mwin Sodoro en sa plus simple expression masculine s’inscrit dans cette même lutte féminine. Dehon déclare dans Le Réalisme africain (202) :

Regina You a créé un personnage féminin actif, qui prend la situation en main, qui non seulement défend ses biens mais surtout qui change les rapports de domination. En effet, alors qu’Affiba s’était vue contrainte d’accepter l’infidélité de son mari, elle profite de ses funérailles pour affirmer publiquement son propre pouvoir. Ayant forcé sa volonté sur sa famille comme celle de Koffi, d’épouse, elle devient patronne (292).

On peut lire le même comportement chez Bissabey contre son mari Mulube dans Trop c’est trop (1981). Si Bissabey ne faisait pas porter la 13ème grossesse à son mari Mulube pour son titre de papa national. Elle serait encore victime de l’orgueil masculine et croupirait d’avantage sous les poids et privations d’une grossesse pour bercer des raisons  politiques du mari. Une telle réaction a pour objectif, la libération de la femme des logons masculins comme le dit par exemple Ben Jelloun Tahar (1995) dans L’enfant de sable,  où  Hahmed, cet enfant né fille, est obligé de se comporter en garçon. Contre l’emprise du père, il proclame sa liberté en disant: ‘’La liberté c’est aussi simple que de marcher au matin et de se débarrasser des bandages sans se poser de questions.’’(44).

C’est aussi ce que le récit en étude ici démontre sous l’instigation du trio Mzee Radjabu, la Grand-mère et le jeteur de sort Baban’ Mwarafu contre Mwin Sodoro. Par le biais de l’action concrète de la mère de Waladati, l’acte voudrait inviter l’homme à s’inscrire dans la lutte en faveur de respect des droits de la femme en tant qu’être humain comme Mulube s’y engage après avoir porté pendant 9 mois une grossesse artificielle sous l’instigation punitive de son épouse Bisabey. De là, faire appel à toute femme de se libérer de l’emprise masculine représentée par ses lagons de coutume et  religion. En tout cela, l’appel à la libération féminine comme être humain au même niveau que l’homme est un processus pour la paix au monde, pour la libération de l’Homme, pour  l’équilibre et l’harmonie du monde. En effet, la quatrième de couverture du roman en étude ici le qualifie ainsi:

‘’Mon mari est plus qu’un fou : c’est un homme est à la fois une charge contre le pouvoir des hommes dans la société musulmane des Comores et un appel à la prise de conscience des femmes.’’

Mais nous devrions généraliser le cas sur toute la planète terre pour la libération de la femme du carcan masculin. Ceci dépasse les limites religieuses pour embrasser et embraser toutes les sociétés aux lois qui réduisent la femme a un objet de l’homme.

 

 

 

Ouvrages cités:

Asseng, Protais. Trop c’est trop. Dakar : NEA, 1981.

Attoumani, Nansur. Mon mari est plus qu’un fou : c’est un homme. Paris : Naïve, 2006.

Bâ, Mariama. Une si longue lettre. Dakar : NEA, 1980.

Ben Jelloun, Tahar. L’enfant de sable. Paris : Seuil, 1995.

Beti, Mongo. Perpétue ou l’habitude des malheurs. Paris : Buchet-Chastel, 2003.

Bougouarche, Ahmed. Du Je narratif à la prise en charge de problèmes socio-

politiques par les auteurs femmes dans la littérature algérienne de langue française. Etudes Francophones . 1.18(2003) : 17-27.

David, Gascogne. Le Moi et ses espaces. Caen : PUC, 1997.

Dehon, Claire. Le Réalisme africain. Le roman francophone en Afrique subsaharienne. Paris : L’Harmattan, 2002.

Ga, Mika.  En votre nom et au mien. Abidjan : ENA, 1979.

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/attoumani.html

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/attoumani_mon-mari.html

Leclezio, Gustave J.M. Le Procès verbal. Paris : Gallimard, 1963.

Tchomba, Ikanga Ngozi za Balega. Mes pensées. Inédit.