Angoisse
en manque de tact
derrière un masque
j’erre tel un chirurgien
sourd aux applaudissements
dans les rues grises
que des couronnes obscures ceignent
où est l’Autre
je rôde
aux franges de la ville ceinte
par des guirlandes d’insomnie
j’entends l’aboi inextinguible
de la nuit chienne
sa morsure a tuméfié
les chairs de l’aube
où est l’autre
il a perdu sa majuscule
et de sa superbe
le voilà qui creuse l’écart
égaré aux croisées de l’angoisse
il déparle
ses paroles enduites de gel hydroalcoolique
tombent dans l’oreille d’un sourd
le chirurgien s’est jeté dans la gueule du loup
sa bouche saigne
hier il a choisi qui devait mourir
je frôle la fleur de frayeur
dont la fragrance m’enivre
l’autre hurle
je ne peux pas respirer
ne me touche pas
en manque de tact
j’erre aux croisées de l’angoisse

Ce masque qui te désidentifie et qui rend sourde ta parole, qui proscrit le baiser et ne permet de sourire que celui des yeux, t’éloigne encore de moi, encore un peu.
Jusqu’où iront cette aliénation et cette déshumanisation causées par la peur ?
Un poème pertinent qui dépeint avec une précision chirurgicale la situation actuelle.
L’autre sous son masque nous apparaît de moins en moins connu et de plus en plus étrange…étranger même.
Jusqu’où ira cette aliénation et cette déshumanisation causée par la peur ?
et oui, respect con-sensuel pour l’Autre à qui on attribue une majuscule alors qu’anonyme et sans doute parce qu’anonyme. Dès qu’il est identifié, il devient victime du bâton, du genou, de la vindicte, …
Le stress causé par cette pénible situation est bien exprimé !
Bon dimanche Jean-Louis