Créations Pratiques Poétiques

Pensées Vagabondes (extraits)

Extraits de Pensées Vagabondes, III, Saint-Cloud, Editions de l’Onde, 2022

Amour, impair et passe

Nous nous aimions.
On le croyait.
Nous voulions le croire.
On continuait à s’aimer.

Inconstants et séducteurs.
Imparfaits et charmeurs.
Pleins de notre jeunesse,
rêvant à maintes caresses.

Nous rêvions de liberté
et d’une insolente beauté.
Pieds nus sur des dalles,
je vous trouvais fatale.

Nous nous aimions.
On le croyait.
Nous voulions le croire.
On continuait à s’aimer.

Des flirts dans la nuit
pour un bain de minuit ?
Des fêtes à s’en étourdir.
Une quête vers le plaisir.

Vêtus de bleu délavé,
de chemises safranées,
nous étions des cigales,
effeuillant des pétales.

Nous nous aimions…

 

Vision idéalisée ?

Rêveries galantes sur des tableaux
et mises en scène chères à Watteau.

Paysages de fausses ruines romaines
et le charmant Hameau de la Reine.

S’attarder dans un jardin anglais
parmi des cèdres et des cerisiers.

Des concerts, les notes de Rameau.
Des lectures, les idées de Rousseau.

Belles marquises derrière vos loups,
vous receviez tant de billets doux.

Jolies, mutines et pleines de grâce,
jeunes nymphes devant une glace.

Baisers volés, ombre d’une persienne,
lors de la folie d’une fête vénitienne.

Belles dames du siècle des Lumières,
sensibles aux galants, à leurs prières.

Charmantes comtesses, vous posiez
avec de délicates fleurs à vos côtés .

Des couleurs pastel sur soie brodée,
des nuances de rose ou de gris bleuté.

Un monde d’une infinie élégance
où tout n’est que douce apparence

 

Des choses simples.

Regarder la transparence de l’eau
et laisser la mer venir sur la peau.
De petits poissons au dos argenté
et des oursins d’un profond violet.

L’ombre douce des grands pins
filtre les rayons du soleil câlin.
Les cigales entament leur chant.
Air immobile et un son entêtant.

L’odeur du thym dans la garrigue
puis cueillir les premières figues.
Le long de murs à la couleur miel,
marcher sous le bleu-gris du ciel.

Les iris sauvages se terrent
entre les cistes et les pierres.
Si une bergerie abandonnée
nous servait de refuge isolé ?

Sur les pas de cette enfance,
dans la nature, douce errance.

 

Comment vous dire ?

Etions-nous quatre ou deux
dans ce dialogue audacieux ?
On inventait des mots codés
grâce à un as ou à un valet.

Le jeu n’était qu’un prétexte.
Il fallait lire le sous-texte .

Vous jouiez le roi de pique,
et ce drôle de regard oblique.
La carte était-elle essentielle ?
Ou votre intention bien réelle ?

Le rouge et le noir, Stendhal.
Quelque chose d’un peu fatal.

Le dix ou la dame de cœur,
n’étaient-ils pas trompeurs ?
Les cartes sont des questions
et de bien habiles confusions.