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L’œil du monstre

 

PAROLE HUILE (fragment)

parole-huile-fragment

 

Wilfredo Lam, « Sans titre »

 

 

 

 

La brume termine de se ramasser… tendrement… par lambeaux…

 

L’ORDONNATEUR

Si je ne sais ce que tous savent de l’eau claire, peut être que penché sur elle, je me surprendrai à trouver particulièrement intéressant un quelqu’un qui jouerait à ne pas
être moi. Peut être qu’alors je trouverai celui là tellement inventif que, sujet à cet unique saisissement, je m’abandonnerai au point d’aller entier à l’eau,… mon âme
hélée.

Attention, dans l’eau claire, dit-on, sommeille la foudre. L’eau est le corps de l’œil.
L’eau est la chair du miroir.

 

*

Un soleil mal allumé
Une ambiance mauvaise à dire l’avachissement lâche d’une sale aura rôdeuse Quasi imperceptible un charroi d’odeurs nues ruées silencieuses se mue tour à tour en relent goût bouillie pas bon sous la langue entrelacs de sons d’outre-tombe (Certainement les voix d’ombre se rejouant le naufrage) Au verso des astres Un esprit échoué sur le pan le plus grabat Seul Face au mitan du monde Réunis sous le même soi deux voix L’Autre organise tant bien que mal la parole qu’il veut vive A graver pour eux dans le vent de sa langue-silex De temps en temps le Fou lance son verbe une verve vieille qui fait une vilaine taie veille à la parole A vous de démêler la pensée écheveau… dans le réseau dédaléen de douteuses certitudes La combinatoire de cette peine passagère L’alphabet de ce sang hors paix Nous ne sommes que le jour trente-septième du périple qui doit nous ramener chez nous Le vent n’est pas là C’est aussi le jour premier du péril à la fin duquel on aura gagné sur le maléfice geôlier d’âme du mythe de la connaissance par l’œil
Colonne de lumière sur notre homme
Un silence

*

 

L’AUTRE, à peine fou alors.

Calme:

Le monstre

LE FOU

Agooo

L’AUTRE

… se regarde se regardant.

Son œil ouvert sur lui-même est le miroir de lui

Vous avez dit absurde ?

Pause.

L’AUTRE

Le monstre

LE FOU

Agooo

L’AUTRE

… est sa propre référence

toute de lancinance

car il aime

à se mettre en scène

a besoin de se mettre en scène

Son spectacle

quand il ne lui suffit plus seulement de l’imposer aux autres

voici qu’il le fait supporter à ses enfants même

(Et l’Œil est cadre fermé sur le spectacle)

LE FOU

<Soudain tel soudain tel autre

Celui là a son séjour à l’envers des apparences>

L’AUTRE

On peut se regarder regardé

mais pas se regarder regardant

Du moins le pensais-je

Aussi devais-je ramasser

les ruines

de mon se voir dans un regard…

Pause.

Oui on ne peut que se voir vu

Je l’eus juré

Un trait d’intuition dont l’assurance m’habita si fort

Qu’il put m’arriver de me trouver désemparé face à la montée des eaux

LE FOU, psalmodiant :

<Quelque part au carrefour des jetées

Une vague déité

Il dit détenir des clés

Vaste imposture…

Met- on la laisse au lion ?>

L’AUTRE

S’il est humainement possible de se voir

tel qu’on est réellement dans le regard de l’autre

il est humainement impossible de se voir

tel qu’on est réellement dans son propre regard

Ceci

Même penché sur l’eau claire qui prétend nous dire

Car l’eau ne fait que prétendre

Et nous nous rendons complices de grande illuserie

 LE FOU

<l’Assotor

Hors les limites

Il frappe

Il frappe>

L’AUTRE, fébrile :

C’est parce que l’autre est extérieur à soi

qu’il est capable de donner forme à moi en oubliant le chercher à voir

En ignorant le réflexe traître l’enclin réflexe

à garder le regard permissif l’œil ouvert sur le chercher à voir

Où l’insu se déroule une ombre épaisse

Parce qu’il nous oublie

il peut l’autre nous saisir

Je dis se voir

tel qu’on est réellement dans son propre regard

et je devrais dire se voir se voyant

Et se voir se voyant n’est ce pas se voir libre ?

Assurément cela est bel et bien impossible

S’arracher l’œil et le tourner vers soi serait moins compliqué…

 

*

Vision d’un être cornu Il se fabrique une lumière où se prennent une sorte
de procession étudiée d’autres choses à cornes Multitudes Démons Chimères à ailes d’où venus en totale soumission semblant s’y abreuver s’y agglutinent et se mangent !
A cet étrange concile où consigne est que nul ne s’ébroue tous sont dans le suspens Et les papillons ont garde à ne point disperser la poudre de leurs ailes mais à la lier à la fiente vêture des dynastes Ainsi figés mélangés les messagers mimétisme de la psycholeptie générale réalisent une seule chose sombre jetant l’éclat noir de la rouille Tout à l’heure ils danseront et la foule jouera la panique et rira un rire de ferraille de jouer à ce jeu Puis je peux déjà vous dire que d’abord les poux partiront… en éclaireurs ! Car congé aura été donné aux lucioles C’est pour très bientôt et pour longtemps la grande phtiriase ciliaire Les gongonneurs se tiennent prêts
Les images se diluent dans une feinte d’arrogance saluant haut l’inopérance des sorts 
(Qu’était-ce donc ?… Un couronnement ?)

Fiètè !… Fiètè !… Gbo !…  Et je crache

*

 

L’AUTRE

Pourtant et ici pointe lancinance

Le monstre

 LE FOU

Agooo

L’AUTRE

… y arrive !

Ce pouvoir son œil seul lui donne

Hors norme il se regarde regardant sans le paraître

Pause.

Et donc le monstre

LE FOU

Agoo

L’AUTRE

… lors qu’il croit encore voir les autres

Ne voit que lui mis en jeu

Au grand spectacle du JE

tour à tour autre étrange autre étranger lui étrangement autre

Donc

Quand

il se Donne à voir lui-même

encore revêt-il le masque du même lui

 

Ceci pour dire

Et je le dis

Que par une unique abstraction

Un drame inouï

Il aura réussi à s’ériger en son autre lui-même

Si tour à tour cet autre lui apparaît humaniste ou ignoble

c’est lui même qui l’est

LE FOU

<Assotor pour sûr

Sans nul autre pour pareil

L’ouvreur des réseaux très forts

Soudain tel soudain tel autre…

 

Mais les choses se tiennent

au dessus de celui qui a son séjour à l’envers des apparences>

L’AUTRE

(Laissons le fou

A la narcose je semble concéder ces quelques dits

Et il crie Eshu)

LE FOU

C’est tout un

Et bienvenu chez toi

Ricanements.

<Tout en tout également réparti

Voici venir l’ère des mystères déchus

Et bientôt le Styx >

 L’AUTRE,

Après un silence, bas comme à lui même :

(Les pensées qui racinent maintenant en moi leur embueront l’esprit je le sens je le sais)

Si à fleur de l’eau je ne joue pas à être moi

je ne comprendrai jamais l’eau

LE FOU

L’émanation de ma paresse qui embue la face de l’eau

fait des lieux d’eau à la surface de l’œil

L’AUTRE, surpris.

C’est cela

Ceux qui d’un lieu fixe assis s’en vont au monde le monde les fuit

LE FOU

Ceux qui tout acceptent le monde rien ne donne !

L’AUTRE, encore plus surpris.

A la célébration du spectacle à la messe du rire

le jeu du sérieux les cœurs qui tous dans le même sens communient

l’industrie de larmes enfin

LE FOU, d’une voix cinglante :

<Allez ho !

Libérez les chiens !

Point de maître aux croisées>

L’AUTRE, murmurant :

(Assotor !

Cela ne se peut !)

LE FOU

Et ils rient et ils chantent et ils pleurent les êtres fixés en un lieu fixe

Parallèlement les cœurs

 L’AUTRE,

Ostentement sérieux. Cherchant à se concentrer.

(…)

Quand on cherche à se voir

Il faut fermer les yeux

L’œil à nous n’est donc qu’un médiateur

Rocade sur le monde en dehors de nous

La liberté convoque des médiations plus complexes

Pour la vision de notre liberté mue

LE FOU

… parallèlement les cœurs

L’AUTRE

(…)

Quand on ferme les yeux

Oui on se voit.

Cependant se passe t-il la même chose quand on éteint la télévision ?

N’est ce pas l’imagination cette fleur

Qui prend l’air sans racine volatile de poussière en empreinte d’ailes nubiles…

C’est ainsi que de l’imagerie tournée sur soi fermer les yeux paraît la voie privilégiée

 

*

Fulgurance : le signal a été donné Quelque chose comme une guerre dansée ou une danse meurtrière. Et qui est- ce que cela étonnera encore puisque j’avais prévenu ? S’arrachant de la mystification l’arachné ronde d’abord et une chose algue que pourtant point de vert n’accroche. Elle déploie irrégulièrement ses trente sept anneaux dans un bruissement de fer morts Puis en joie tous les êtres fantastiques s’y jettent s’en mêlent maintenant dans une kinésie monstre à la célébration de cette furieuse agape! Et c’est à qui singera le mieux le droséra- rossolis l’irruption isiaque de l’agama iris! Que dire sinon que la chose est phraséologue impénitent Elle répartit équitablement son onde sur cette piètre portion d’œkoumène où la panique communique Et la reine domine dans l’arène en folie drainant en un enculement de quiscales sa horde d’êtres crudivores Devant l’aréopage de coléoptères je vous prie de le croire la chose coprophage sans gêne se met à nu son jeu préféré Aussitôt la clique hétéroclite de fourmis lance en un applaudissement de cliquetis son petit rire métallique Un roi pédipalpes en pinces s’invite alors en musique Il bande son poison un arc de poudre noire vers un ciel sans constellations Drelin ! Dans un haut choc de machettes mandibulaires de l’acier de leurs maxilles les sans-crocs rythment…
(Es-ce ode à Ogun ?)

*

 

L’AUTRE,

Comme définitivement gagné par une sorte de peur panique.

Mais lui le monstre

LE FOU

Agoo

L’AUTRE

… a son œil éternellement ouvert sur lui

Il ignore le repos

Et les étoiles mûres qui poussent à l’ombre de l’oubli de soi

ne font plus bourgeon que hors le sillage de son regard

L’Œil ouvert sur lui il ne peut que se voir

mais encore ne peut-il s’autoriser à le savoir

Et quand bien même il y dérogerait encore manquera t-il de voir vraiment.

LE FOU, absent :

L’Œil est monstrueux

Et toute innocence lui fait sourcil

L’AUTRE

Le monstre

LE FOU

Agoo

L’AUTRE

… ne connaît pas la paix

Son regard l’aveugle l’installe dans l’attente

De là est qu’il nourrit l’illusion

que les choses viennent à lui

Mais les choses sont des repères

LE FOU

Les choses ne bougent pas !

Ricanements.

Oh ne cille point bête dévoreuse

Que la poussière de cette démission n’entache notre parole

Nous n’avons pas fini à toi de venir

L’AUTRE, paniqué.

De ce qu’elle n’est point inquiète

dangereuse est l’attente n’est-ce pas ?

Non inquiète de l’acte

Attendre

Mais seulement des choses qui viennent qui jouent au grand JE de venir

 LE FOU, psalmodiant :

<Le Temps est las

Le Temps est un lion las

sans laisse

Hagard l’antilope

Les jours

un train de minutes fades

Un fleuve de cuscutes

Voici venu l’ère du hasard…>

L’AUTRE, halluciné :

Des portes closes

On dit qu’un enfant seul en détient la clef!

 

La terre refuse de boire le vin…

 

Des portes closes

L’enfant en a enterré la clef

LE FOU

<Tout en tout équitable

Le monde est sans complexité

Point de complexité au monde 

Que la combinatoire désuète des vents>

L’AUTRE, se reprenant.

L’Œil Multiple

En tout lieu en chaque segment de creuse panne

professe son amnésie

entache âme

Oppose dans les esprits

le seau du regard de la bête

Tous vont un œil ouvert dans la tête

Fermé sur hier qui joue la charmeuse des êtres ondulants

Pause.

Et puis j’ai vu

Le regard qui se change…

 LE FOU

<Aar ! Arrière Odonates issants !

Silence syrinx !>

L’AUTRE

… Désormais ou plat ou creux ou rond ou chaud ou froid l’Œil

Grand en panorama ou se glisser dans la poche

Il se gratte fiévreusement la tignasse.

L’Œil dans la poche qui dit où on est

 

Le parler traître des cœurs parallèles

LE FOU

Que faire ?

JAILLIR pardieu !

L’AUTRE, de plus en plus tourmenté.

Puis encore l’Œil se fait tableau.

Il devient impossible de le contourner

(Ils auront à saisir qu’ainsi je pointe l’impossibilité de tourner autour)

Car voici l’Œil est devenu limite son propre horizon…

 

*

Le gong !
Troisième
vision : L’azé comme déminé D’éclampsie en éclampsie la chose
a fini par s’abîmer L’orycte se lisse élytre L’armée d’ensifères
la garde personnelle d’Ogugu fait une dernière jetée de flèches Les grillons se font grigris noirs grigris rudes d’un noir de rouille Et leur cri- cri de grillon contaminé de gris s’en va décrescendo! Mines couleur azérole ! Il ne reste que le règne entre syrphe blasé et untel hoquet de tænia de l’écholalie Les dytiques émergent…
(Ainsi donc c’était une éclosion !)

*

 

L’AUTRE

S’y noyer c’est quiéter

C’est se prendre pour repère

Hors nous ne sommes que des hommes

Mais de cela on n’en a perdu mémoire

 

L’Œil trompe

L’Œil ment

L’Œil est vide

On n’y voit rien

On n’y prend rien

On n’y apprend rien

 

L’Œil est

en ce lieu

troisième arnaque

après raison et sourire

 

Et voilà venu

ce moment déjà perdu

Ah pauvres dieux

à se demander si nous cessons d’être vus

quand nous fermons les yeux

Et je réponds que

Pour sûr

nous cessons d’être vus voyant

Le FOU, dur :

Nous sommes vus vus

L’AUTRE

C’est-à-dire libres et jouant de notre liberté

Le FOU

<Eh dénoueur de routes

Eh détourneur de vents

Eh démonteur Eh déroutour Eh menteur

M’entends-tu ?

Je me ris de toi…>

L’AUTRE, bas :

O mon tourment

Me comprendra t- on ?

Haut :

S’il voit son œil ouvert sur lui

Si l’œil le regarde s’y noyer

Si tout ceci

conscience anémie

brûle mon petit lieu fourni

de sylve chagrin

C’est d’une unique abstraction

Un drame inouï

Un monde qui se crée un autre lui

Et des vies qui sont devenues Monde

Le sens morne

LE FOU

Un sale festin d’esprits!

 

<Et mon rire fait rara rara

Ecoute mon rire frapper

rara rara rara ra…

Que rentre le peuple le péristyle vaste

Le Premier d’abord bien sûr

Pan en maitre

 

D’abord tu la repousse puis tu la pourchasses

Soudain tel soudain tel autre

Tout en tout…

S’interrompt puis lance sur le ton du défi :

Eh Janus

Ceci sera ton dernier tour>

L’AUTRE, comme prenant de l’assurance.

D’être maîtres à venir

Le mot vous convient-il ?

Paître n’est pas une fin

Qu’il n’en eut jamais

Qui vers quoi courraient

Qui ne se soient

Figés net

Foudroyés blessés par le regard

N’est pas horreur à porter à la seule dérive des eaux fugaces

Et dormir n’est victoire à porter à mon crédit

Mon sang seul refuse le rétrécissement

L’écho, mais à l’envers.

Silence.

*

L’AUTRE

Je dis tout ceci

Et ceci dit

ne saurait cacher cela

Que l’Œil n’est pas dangereux pour l’Autre

L’autre vraiment autre

Que l’autre vraiment autre en émerge

pour ainsi dire toujours

Et moi n’est-ce donc pas toujours que j’ai fait attention à rester autre?

LE FOU, calme :

C’est que mon Père m’a dit :

Tu vas au bruit,

Mais ne cède pas un seul centimètre au bruit

 

<Je vois

Les mains toujours dans le dos

Les épaules droites

Le dieu noir

Sa robe est d’huile rouge

Son armure fine maille de sang perlée de plumes et blanches et brunes

Un casque de tripaille

 

Ah quel messager tu fais

toi qui précède les guerriers à l’armure de soleil à la voix de palmier

d’ilé olòdin l’éléis le seigneur

Et l’arçonneuse du vent ne vient t’elle pas seulement après toi ?>

L’AUTRE

<Je vois

Le dieu noir

Un costume noir

Un ruban noir lui fait une cravate noire

Sa chemise noire

Le velours noir de son feutre noir

Seules ses éternelles tresses de mica noir

tolèrent la visitation d’étoiles

Voici que maintenant

Il lui pousse un masque blanc dans le dos

Une face blanche

Sans yeux>

 

A la jonction du mitan et de l’interface

Je vois Kalfou

Il fait la voix large à l’inculture

Qui aussitôt s’empresse d’emprunter un des chemins d’âme

 

Et je comprends enfin

que l’Œil apparaît un carrefour

où finissent les chemins d’âme

Au delà il y a le gouffre

où meurent des mondes

où chute la foi

Et les chemins d’âme y tombent

 

Derrière les orbites vides sans yeux

il y a la béance des êtres

et mon chemin d’âme s’y déploie

jusqu’à la barrière cristal

qui fait portail à l’âme

L’autre miroir à sonder

Par la porte des yeux

 

Et le monstre

Agooo

… un œil sur chaque dent fait paisible bombance

LE FOU

J’étais parti chercher la connaissance

C’est elle la soif qui m’amena à cette source

Mais j’y trouvai la mort le vide rien

 

Qu’il se connaît nystagmus là est la fin

Combien d’îles de l’autre côté du miroir?

Grave :

L’esprit tangue quelque part

dans le muet de l’innocence

se parant d’un violet de sang contrit

en phase avec l’œnophilie du cynocéphale

l’allégeance des anophèles

préparé à l’avènement de la grêlée d’œstres

Il égrène le haut dégradé d’un trop haut hoquet

le rythme primordial de l’isthme

Alors l’être de ferraille

la chose cornue la chose biscornue

ramasse son cent d’antennes son troupeau de pattes

et commence de se dévorer par les yeux

 

Combien

Oh Combien d’îles pour tous ceux qui se sont soustraits au servage ?

Longue pause puis comme soulagé :

L’oubli est une femme qui toujours se refuse…

Je rêve d’une éclipse

Un grand jour sec

Beau comme deux amants nus

passablement divins

Ils passeraient faisant jour de faim apaisée au monde

Un jour d’yeux moins rouges qu’aujourd’hui

Puis ils s’en iraient…

Et le fou se tait. On ne l’entendra plus.

*

L’AUTRE,

 Soudain, comme émergeant d’un long sommeil.

(Car si dans le ventre du monstre

étrangers ils seront condamnés à être éternellement

autant devront-ils travailler à ce que

étranger le monstre le demeure en eux)

Se retire le Fou.

A fuir son regard

A livrer son envers à l’Œil

Qui est un sexe

qui est la voix forte de l’ère du tout donné

où les hommes croient savoir

A émerger toujours

du viol de leur imaginaire

du grand spectacle des vies qui deviennent Monde

d’un monde qui se donne en spectacle

Les êtres à part

qui refuseront de paraître au regard

Encore l’écho.

L’AUTRE,

Maintenant complètement fou.

L’esprit est une cage à frelons

Je vois

Deux amants nus

passablement divins qui passent et font une taie sale au soleil

 

Maintenant

Les voix viennent mourir en moi

Et il y naît des chemins d’âme

qui font réseau fort au mitan

Et je vois au travers de l’œil au delà des sortilèges

Je vois l’Olu régisseuse de sources qui une femme abîmée sa femme

Je vois tombeau de l’aveuglement sourd

Liriopé la mère qui est aussi une source pure infectée

j’entrevois

en dessous du miroir amer qui est ligne de brisure

où tu trône premier des dieux à la verticale

Guinée qui est pays puîné

Pause.

(L’oubli est la plus belle des femmes…)

Le vent s’est levé.

Ah te voici vélin

Pile à l’heure vile où j’ai fini

Vélin !

d’accoucher de moi

Prêt à l’épanchement veule

d’une permanence d’empreintes de pas de vélie

Un seul tracé race de permanganate par trop suri

 

Et je dis

Agoo

     Encore une vérité à inventer

Agoo

     La conscience pansée

Agoo

Agoo

Une avancée

rocade

sur le sommeil

Agoo na mi daa Pères

   C’est d’un ménage patient

   Un esprit jonché

   De ma cotisation d’éveil

   L’insomnie niée

   L’omniscient saut hors sommeil

   De ce ménage patient

   Vous faire antre de paix.

Le jour démâte…

Ceci tiendra-t-il ?

1 On ne peut se voir

si on cherche à se voir

2 on ne peut se voir

sans chercher à se voir

3 Peut-être se verra t- on

si on oublie de se voir

 

Ou est-ce de tout ceci l’inverse

Mon délire qui pièce… 

 

 

*

Scolopendre
Un vide vaste, de part en part traversé par la souvenance Les images ont maintenant le calme visage de l’effroi Un chevaucheur d’âme s‘en et allé et
l’esprit qu’a visité l‘immanence est tombé dru Je lui murmure le mot repos à l’oreille  C’est ainsi que j’entends prendre congé de moi Deux amants nus
passent Passablement divins… Comme mus par une maladroite deus es
machina Ils s’en vont mourir contre l’horizon votre dernier effort de l’imagination
La voix joue le vent Doucement.