Chroniques Créations

Le Bar de la plage – épisodes 169, 170 et 171

Episode 169

Vacances d’été. Extraits

C’est la grande affaire du moment, le sujet de toutes les conversations : qui arrive ou va arriver, qui part ou va partir. Jean-François devait apparaître mercredi, mais entre temps publication des résultats du bac, il est collé, direction boite à bac jusqu’en septembre. Sans compter la dépression de sa mère vis-à-vis de ses semblables dont la progéniture est passée haut la main, parfois même avec mention. Tiens Corinne, elle ne cesse de retarder son arrivée, toujours un nouveau plan plus excitant – une maison plus grande avec piscine sur un cap hyper côté, un autre auquel elle ne peut pas se soustraire, raison secrète, question de parole donnée ou n’importe quoi. Côté faux départ, Louise de V annonce chaque soir qu’elle nous quitte le lendemain matin. Une communion ou un mariage, elle a oublié le motif complet, la famille dispose d’un importante résidence dans les alentours de Versailles, genre ruine – encore un mauvais coup de la Révolution, enfin rénovée. On compte sur sa présence… Jean-Do dont la dernière amoureuse qui avait succédé aux mathématiciennes ultimes s’est volatilisée, parle de partir vers des rivages plus favorables à son avenir sentimental. Par exemple Ibiza, bourrée d’Anglaises qui ressemblent à Leslie, en pire.

Leslie a (apparemment) renoncé à son départ pour l’Ile Moustique depuis que, quelques extravagances perpétrées localement par l’aristocratie en exil, modèle “sex, drug and rock’n’roll” révélées à la une des tabloïds, a déclassé la destination. Rien n’est encore fait. C’est quand même tentant…

A suivre…

*

Fumisterie des devoirs de vacances :

Caro donne des leçons de latin au rejeton d’une famille récemment aisée et très contente d’être aisée. Ça s’entend. Ça se voit. Le latin fait bien dans le décor. Le gamin s’en fiche complètement et avec la complicité de Caro, ils composent un mélange de 1ère, 2ème et 3ème déclinaison qui à la rentrée devrait un peu étonner le cercle familial (et les profs). Savant méli-mélo auquel Jules de passage ajoute par-ci par-là quelques bribes de javanais ancien dont il est le seul à en connaître l’existence.

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Ainsi s’écoule parfois l’été. Ici, la nuit, les lumières du Phare colore les verres de gin-tonic, le Sweet Little Sixteen de Chuck Berry fait voler les filles. Pourquoi aller ailleurs…

Episode 170

Carte postale

A ma tante, cartomancienne, South Cornouailles, England

Ma chère tante,

Comme je m’en doute, tu suis de près l’agitation du monde et ce qui risque de nous arriver, après tout l’avenir c’est ton métier. Mais comme tu le sais aussi, on ne peut pas négliger les interventions du hasard toujours assez facétieux en dépit des dénégations des vantards de toutes sortes qui prétendent ne rien lui laisser. La preuve : tes pronostics les mieux étudiés pour les tiercés du dimanche à l’hippodrome proche de chez toi dont, hélas, la concrétisation persiste à s’échapper. Courage, ça viendra.

Je n’ajouterais rien à ce que tu vois à la télévision ou que tu lis dans la presse où, à part l’horoscope et les résultats sportifs, tout est approximatif, voir carrément trafiqué.

Heureusement, le bar de la plage est sous bonne garde et échappe à la tentation de faire le malin, ici on se contente de parler beaucoup pour ne rien dire (sauf s’il s’agit de Paul McCartney, Lady Gaga ou Romain Gary) ce qui ne fait de mal à personne sauf aux oreilles des moralistes grincheux qui trouvent là motifs à condamnation, punition, etc… Tu penses comme nous et le dit dans ton anglais de première division : ” Qu’ils aillent se faire foutre”. Merci de ta contribution.

En ce moment, nous somme en pleine préparation de la finale (pour laquelle nous nous sommes miraculeusement qualifiés) du tournoi interplage de volley-ball mixte avec l’application et l’espoir de victoire en raison de la nouvelle stratégie du Colonel, certes qui reste à ce jour encore assez floue. Mais, keep the secret secret, les équipes concurrentes ne le savent pas.

Sur l’issue du match, reste prudente côté bookmakers.

Le Phare a licencié son DJ qui, figure-toi, s’était mis à passer du rap ; mais où va-t-on, je veux dire jusqu’où descend-on… le nouveau termine la nuit avec Stevie Wonder & Friends et son We Are The World, encore un bon coup de Quincy Jones, on remonte…

Les jours tranquilles sont tranquilles

It’s Dry Martini Hour

Georges te salue bien et t’attend.

Moi aussi

Ton neveu très respectueux

Alexander

Episode 171

Le premier moment du jour

Là, on ne sait pas, on ne sait rien, on ne sait même pas quel temps il peut faire, à peine qui on est… Dans cette nouvelle vie brusquement arrachée aux ténèbres du sommeil, le passé n’existe pas, le futur pas encore… dans l’instant, juste des sentiments rivaux qui se disputent la place. Instantanés d’émerveillement ou accès de terreur. Des espérances burlesques se superposent à des vides frigorifiants. Au secours, un café …

Il faut bien le dire l’ambiance de ce premier moment est quand même un peu tributaires des événements de la nuit précédente. Nature des boissons absorbées et quantité (symptôme de gueule de bois) choix de la play-liste du DJ du Phare entre le pire et le meilleur, sourires ou vestes récoltées auprès des filles lors de la session slow (inauguration d’amour ou fin de non-recevoir, au suivant)… Et puis parfois aussi ces lectures nocturnes qui n’abandonnent pas la partie une fois le livre refermé : leurs traces surnagent, s’incrustent, elles sont encore là au matin…

Et puis les chose reprennent leur cours, le cours des choses drôle de truc… Est-ce que quelqu’un s’y connaît en cours des choses…