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Chroniques virales – 19, 20, 21

Chapitre 19

5 avril 2020

Assise au bout du comptoir de la cuisine, qui leur sert de table, les jours sans faim, Solange termine sa soupe tiède. Sans envie. Ils ne mangent plus ensemble. Ce grand appartement lyonnais de 313 m2 dans le quartier Foch avec vue sur le Rhône, est aujourd’hui sans âme, depuis que les enfants sont partis. Les trois filles sont disséminées sur le territoire, dont une à La Réunion.  Trente ans que Solange partage ce superbe appartement avec Bernard. Elle s’y sent chez elle, même si celui-ci est le fruit de l’héritage de son mari.

Juchée sur son tabouret, elle peut voir son mari dans le canapé. Juste son crâne dégarni dépassant du dossier de l’immense canapé Ligne Roset. Juste son crâne et sa main prolongée par la télécommande qui s’agite nerveusement changeant de chaîne à une vitesse hallucinante. Dans la pénombre le changement rapide de luminosité lui fait penser à la fameuse Fête des Lumières.

Elle pose délicatement sa cuillère dans l’assiette. Sa main gauche, depuis le début du potage, caresse sensuellement un gros cendrier carré aux angles vifs, en cristal de Baccarat. Un cendrier offert par son oncle, lorrain comme elle, le jour de ses trente ans. Cet oncle que l’on disait riche, n’avait pas fait la bêtise de rester, planté là, à regarder les aciéries fermer les unes après les autres. Solange se rappelait du déclassement de ces ouvriers, se croyant à l’abri de la précarité grâce aux fleurons de l’industrie sidérurgique française.

Ils avaient fini pauvres. Elle et ses 9 frères et sœurs. Dans une maison ouvrière humide en bord de Moselle. A la mort des parents la maison ne rapporta rien. Le conseil général reprit sur l’héritage les sommes avancées pour la maison de retraite des parents.

Elle pensa que ce cendrier écrasé sur la tête de son mari pourrait empêcher son retour à la case départ. A 58 ans, elle n’avait jamais travaillé, juste élevé trois filles, parfaitement. Elle supportait les remarques de son mari, l’a rabaissant sans cesse, lui rappelant d’où elle venait. Sur le ton de la plaisanterie, lors de repas arrosés, il lui disait à l’envi qu’il lui avait donné un nom. Fille d’immigrés polonais, ce sarcasme, seul, aurait pu être un mobile.

Repoussant le lourd cendrier, l’idée meurtrière s’échappa. Non par humanité mais par raison.  A force de regarder des émissions d’affaires criminelles, elle savait que la scène de crime subirait une méthodique aspersion de Luminol. Des traces de sang, même après un lavage méthodique, apparaîtraient. Il fallait trouver autre chose. La police scientifique ne lâchait jamais rien. Même un indice microscopique pouvait vous faire prendre trente ans de réclusion.

Elle avait réfléchi de longs mois. Solange était calme et méthodique. Elle cherchait comment se débarrasser de son mari, mais n’aboutissait jamais. Il y avait toujours un obstacle. Elle voulait qu’il meure mais elle savait que les meurtres impulsifs étaient toujours découverts. Il fallait qu’elle prémédite son acte, méthodiquement. La peine n’en serait pas la même. C’était la règle. Elle voulait par-dessus tout garder cet appartement et continuer à vivre avec les mêmes moyens.

Bernard, un soir de janvier dernier, lui déclara qu’il voulait divorcer. Elle savait bien que cela arriverait. Elle connaissait ses infidélités notoires, ses jeunes maîtresses. Mais elle se taisait, se disant qu’elle n’avait pas les moyens d’exiger quoi que ce soit. Tout lui appartenait. L’argent était sur des assurances- vie aux noms des filles. Seule l’entreprise lui reviendrait en cas de mort.

L’appartement, hérité par Bernard avant leur mariage, ne lui reviendrait pas en cas de divorce. Pour vivre dans cet appartement il fallait réunir deux conditions.  Qu’il meure vite, avant le divorce et qu’elle ne soit pas la meurtrière. Ces deux conditions réunies, elle aurait l’usufruit de l’appartement.

L’audience de conciliation avait été fixée au 19 mars. Elle était à présent reportée à une date inconnue.

Le confinement avait changé la donne. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait qu’à présent elle avait de bonnes cartes en main.

Il s’extirpa du canapé, verre de whisky à la main, tira sur son cigare. Toussa. Elle se surprit à le trouver toujours séduisant. Une sorte d’Al Pacino dans Heat. A première vue il avait ce look de bad boy bien qu’il soit on ne peut plus rangé, et fils de la bonne société lyonnaise. Diplômé de Polytechnique, chef d’entreprise dans les nanotechnologies, élu de la mairie et de la communauté de Lyon, représentant du MEDEF local, il n’avait pas vraiment le parcours d’un héros de Coppola.

Le soir de son annonce, elle s’était effondrée. Elle avait pleuré seule, toute la nuit dans son lit.

Le matin une autre femme s’était levée. Elle ne pleurerait plus jamais sur elle. Elle n’en avait plus le temps. Elle mettrait toute son énergie pour trouver La solution.

Depuis, confinés tous les deux, dans cet immense appartement, ils passaient leurs journées sans se parler. Faisant chambre à part. Lui, malade du cœur et diabétique, ne pouvait se permettre de sortir et le télé-travail était sa seule solution. Même les sorties autorisées l’effrayaient. Il n’en profitait pas.

Solange descendit chercher le pain dans l’excellente pâtisserie qui tenait tout le rez-de-chaussée de l’immeuble. Elle apprit que la jeune serveuse était partie en urgence à l’hôpital Edouard-Herriot. Vers 11 heures. Elle avait été prise de quinte de toux et commençait à étouffer.

La patronne pensait à son employée, qui pourtant disait-elle, changeait de masque toutes les quatre heures. Elle en était certaine : les autres employés la charriaient, pensant même que son petit copain, élève infirmier, avait dû bien se servir en masques.

La patronne de la pâtisserie lui indiqua que, à cause de cette contamination, elle fermait boutique aussitôt.

Le cerveau de Solange s’illumina. Elle n’avait pas de pain. Elle avait La solution.

Le soir même elle se couvrit d’un masque un peu spécial. C’était un prototype que les ingénieurs au service de son mari étaient en train de mettre au point. Les premiers essais donnaient un taux de filtration de 99,99% avec une durée d’utilisation de 48 heures non-stop.

C’était un risque mais elle n’avait pas d’autre solution. Elle le prit.

Elle descendit les six étages de l’immeuble par les escaliers, munie de son masque et de gants en plastique. L’ascenseur avait été condamné les premiers jours du confinement pour éviter la prolifération du virus. Elle ouvrit le local à poubelles et entreprit d’ouvrir un-à-un les sacs-poubelles de l’immeuble. Elle faillit exploser de joie quand elle découvrit les masques FFP2 par dizaines au milieu des religieuses et des éclairs à la vanille.

Quand elle remonta, son mari était couché dans sa chambre. Elle sortit les masques de la poubelle et en frotta énergiquement tout le canapé ainsi que les coussins sur lesquels Bernard faisait des siestes interminables tout au long de ces journées confinées. La vaisselle y passa ainsi que les cigares et la télécommande.

Elle se déshabilla, mit tous ses vêtements dans un sac-poubelle, se doucha entièrement à la Bétadine, s’habilla et prépara un sac où elle enfourna des affaires.

Elle laissa un message à sa meilleure amie qui habitait tout près :

– J’arrive. Le confinement avec Bernard est impossible. Peux-tu m’accueillir quelques temps ?

Le « oui, bien sûr » ne se fît pas attendre. Solange s’en alla, marchant dans les rues humides de Lyon. Elle n’oublia pas de jeter son sac-poubelle dans un conteneur. Bien loin de chez elle. Elle se mettait ainsi à l’abri chez son amie, vieille fille qui depuis longtemps vivait confinée, seule.

Trois jours plus tard alors qu’elle était sur le balcon minuscule de l’appartement de son amie le téléphone vibra. Elle reçut un message de son mari. Elle pensa qu’il devait être au plus mal et que son plan marchait à merveille.

– Mon amour. Ce confinement et cette introspection m’ouvrent l’esprit. Je suis désolé pour ces années de merde. Je suis conscient du mal que je t’ai fait. Je veux rattraper le temps perdu et revenir comme ce soir d’été ou je t’avais croisée dans un bal à Colmar, lors de ma fin de stage chez Timken. Tu seras toujours ce parfum envoûtant dont tu ne m’as jamais donné le nom. Tu me manques et je suis prêt à tout. Tu pourras me demander ce que tu veux. Tu es mon amour et je ne veux plus divorcer. Reviens, je t’aime.

Solange faillit s’évanouir. Elle se reprit. Pendant un instant elle s’était retrouvée dans ses bras et elle avait ressenti ce même frisson, cette même vibration. Trente-trois années n’avaient rien effacé. Cette première fois était en elle. Gravée.

Elle se donna un peu de temps. Attendit encore trois jours. Et elle partit de chez son amie sans remplir son attestation. Elle courut vers celui qu’elle aimait. Tout pouvait recommencer. Elle arriva dans la rue de leur appartement. Une ambulance du SAMU clignotait, portes ouvertes, au pied de l’immeuble.

Elle voulut s’approcher du brancard qui venait de surgir de l’entrée. On l’en empêcha. Bernard était déjà intubé, et il lui tendait la main. Elle n’emporta que son sourire de bad boy.

Tout ce qui était autour du cendrier lui appartenait. Les remords aussi.

Six mois plus tard un étudiant en biologie qui travaillait sur des prélèvements de gens décédés du virus se demanda pourquoi un seul prélèvement était couvert de vanille bourbon. Cette vanille que seuls les excellents pâtissiers utilisent. Était-il possible qu’un autre virus mutant arrivât des iles Bourbon?

Sa direction s’alarma et comme il n’y avait qu’un seul cas, fit appel à la police scientifique……

 

Chapitre 20

14 juillet 2033

En ce jeudi de fête nationale, Dylan était une fois de plus émerveillé par le spectacle offert par la Mairie de Paris. Chaque année, c’était son plaisir. Il en avait vu l’évolution. Aujourd’hui il y avait toujours des centaines de milliers de spectateurs. Les cris, les oh, les ah devaient retentir à chaque explosion de lumière. La musique associée se répandait dans ses oreilles avec une clarté et une puissance mêlées qu’il n’avait jamais entendue les années précédentes. Madame la Maire, bien que vieillissante, se tenait informée des nouveautés technologiques. Elle veillait à ce que, tous les ans, il y ait une amélioration technique. Dylan était subjugué par cette musique électronique. Les détonations et les tempos étaient d’une qualité incroyable. A cet instant, comme un clin d’œil, aux liesses du siècle dernier, un « sample » de I will survive parfaitement mixé  avec l’image de l’icône du football français, enthousiasma certainement les plus âgés.

L’odeur âcre de la poudre n’était plus présente. Les pics de pollution dus aux résidus de plomb, de perchlorate, d’hydrocarbures polychlorés et de polluants en tous genres avaient eu raison des feux pyrotechniques.

Depuis 2025, nous regardions ces feux, réunis sous la Tour Eiffel, un masque 3D sur les yeux et un casque Bose capable de nous isoler de la foule. Tout était factice. Un technicien, qui avait gardé le nom d’artificier, avait enclenché une procédure sur un ordinateur quantique et le spectacle se répandait dans les masques et les casques. Aucune sonorisation n’émettait de vibration. Aucune lumière dans le ciel. Rien. Massés, nous suivions ce spectacle individuellement. Isolés en masse. Nous étions immergés. Des gerbes de lumière se dispersaient sous nos pieds, des faisceaux laser à haute intensité nous faisaient presque perdre l’équilibre, l’animation 3D nous propulsait jusqu’au sommet de la tour et nous nous sentions uniques, invincibles, dominant cette foule reconstituée par des millions de pixels. Les plus fortunés louaient des combinaisons qui, pour les grands spectacles, donnaient la sensation physique des accélérations. Les plus fous prenaient en plus des champignons hallucinogènes et ne redescendaient sur terre que quelques jours plus tard.

Bien sûr, il y eut des réfractaires, des contestataires. Les psychiatres pensaient que ce n’était pas raisonnable de mettre toujours plus de distanciation dans la société. Les épidémies successives commençaient à avoir des effets sur le genre humain. Le contact physique se raréfiait. Même les mamans prenaient une distance avec les nouveaux nés, dans la crainte, toujours plus prégnante, de transmettre un virus. Les symptômes observés chez les orphelins roumains après la chute de Ceausescu  en 1989, se retrouvaient, certes amoindris, chez des enfants nés après 2020.

Certains se privèrent de cet ersatz de spectacle. S’opposant à l’augmentation des réseaux 6G et des ondes induites sur l’humain, des feux d’artifices alternatifs, hors de prix et ne répondant pas aux normes environnementales virent le jour en l’espace de quelques mois. Sans grand succès.

La protection des masses à partir de l’individu, et vice versa, était devenue la norme. Tout était mis en œuvre dans tous les domaines pour répondre à cette exigence. Depuis des décennies les normes avaient conditionné nos vies. La perte de liberté ne nous sauta pas aux yeux. Et comme on nous disait que la perte de libertés individuelles nous donnait plus de libertés collectives, nous acceptâmes.

La technologie favorisa grandement ce changement de comportement. Elle assistait l’humain. Tout devenait plus simple. Depuis 300.000 ans le cerveau humain évoluait individuellement. La souplesse d’adaptation collective donnait une supériorité à l’homme sur les abeilles et les fourmis. Elles travaillent avec une grande sophistication, mais sont incapables de réinventer leur système social du jour au lendemain. Si les humains n’avaient pas appris à coopérer avec souplesse et en grand nombre, nos astucieux cerveaux et nos mains habiles en seraient encore à fendre des silex plutôt que des atomes d’uranium. En 2020 nous avions pratiquement arrêté la production de la planète en un mois. Pendant des semaines l’homme avait fait ce qu’il savait faire de mieux : s’adapter collectivement. Cette façon de faire était sa seule chance de survie, son intelligence.

Changer de paradigme était possible ; maintenant les peuples le savaient. Ils pouvaient peut-être s’attaquer au changement climatique.

La technologie étant trop lente à résoudre cette pandémie, nous avions accepté le confinement. Les Etats mirent en place cette méthode archaïque et efficace en quelques jours. Les homos sapiens de langue anglaise, peu habitués à jouer collectifs, prirent un retard mortifère.

Dans les années 20 Dylan approuva ce bracelet déjà en fonction pour les prisonniers de droit commun.

Quelques temps plus tard il approuva sans émoi d’autres bracelets, d’un nouveau genre. Les fichés S en furent les premiers munis, les blacks blocs, les zadistes suivirent. Ce bracelet électronique, relié à un réseau satellites GPS et programmé pour un espace de liberté, enserrait la cheville. Si vous sortiez de cet espace, si vous tentiez d’échapper aux satellites, si vous ne respectiez pas l’algorithme gérant votre peine, alors un courant électrique, au début faible, vous signalait que vous étiez en train de sortir de votre espace de liberté. Si vous insistiez, la décharge devenait terrible, si vous persistiez une explosion se déclenchait pour vous mettre hors d’état de nuire. Une grande partie de la population accepta ce procédé. La peine de mort sans jugement venait de refaire son apparition. Du moins une peine de mort auto-consentie. Retour à la caverne.

Dylan se rappelait son père, manifestant contre l’installation de compteur Linky. Il pensait que le fournisseur d’électricité, dont l’actionnaire principal était l’Etat, pourrait avoir accès à toutes ses informations privées. Il n’entrevoyait pas que l’ensemble des sociétés privées et publiques détenaient déjà toutes ses informations les plus intimes. Sa carte Vitale, sa carte bancaire, son téléphone GPS, son compte Strava récoltaient ses données physiologiques lors de sorties sportives. Il tentait de faire signer des pétitions contre ce fameux Linky avec son compte Facebook. Ils avaient déjà tout compilé. Ils savaient déjà que sa prostate fonctionnait mal, bien avant qu’il ne se décide à passer un examen. Examen qui serait consigné dans le serveur d’un laboratoire privé qui le céderait à un databroker pour 3 dollars le nom, 8 pour le numéro de sécurité sociale et 54 pour un profil complet. Ce n’était même pas un complot, la chose s’était opérée le plus naturellement du monde… libéral.

Son père reçut des publicités pour soigner sa prostate avec toutes sortes de pharmacopées délirantes. Les jours sombres, les conventions obsèques envahissaient son écran.

Aujourd’hui, en 2030, le prix des datas s’est effondré : on ne les donne plus, on les vend. C’est une ressource cotée en bourse.

Le spectacle venait de se terminer. Dylan rangea ses casques dans un boîtier rigide. Il ne fallait pas l’abîmer. Le premier était fourni gratuitement. En cas de casse, il coûtait plus de 2000 euros Il était utile pour toutes les actions de la vie et surtout pour tout ce qui était relation avec les administrations. La solution alternative était de s’en procurer un par Amazon ou autre, mais votre cerveau était alors envahi de stimulus publicitaires ciblés à partir de votre façon de vivre, de vos sentiments, de vos amours, de votre sexualité. Vous finissiez par dépenser dix fois le prix du casque.

Son téléphone vibra. Tania l’appelait. Elle voulait le retrouver. Physiquement, c’était le moment. Après des mois à échanger sur des réseaux, elle était prête à le voir. Une application avait analysé le psycho-type de Dylan. Il était en apparence compatible avec le sien.

Il arriva sur le lieu du rendez-vous. Elle était derrière la vitre d’une sorte de bar-restaurant où des robots en livrée Desigual servaient 24h/24 des plats de tous les pays, en circuits courts. C’était très… tendance.

Elle était aussi belle que sur les vidéos.

Il poussa la porte. Arrivant à un mètre d’elle, une décharge légère mais constante lui paralysa l’articulation de sa cheville gauche.

Il recula, la douleur disparut. Lui aussi.

Un geste déplacé sur son ex-compagne l’avait affligé de ce foutu bracelet.

Tania avait coché un critère de trop sur l’application :

«Pas de garçon impulsif.»

Elle ne saurait jamais pourquoi Dylan s’était enfui.

L’intimité était préservée.

Le virus éloigné.

Le risque éliminé.

Le jeu de l’amour et du hasard aussi.

 

Chapitre 21

7 avril 2020

 

Sur la chaîne.

 

Sous le casque

Faux basque

Si fantasque

Pas de trac

100 masques

 

Rêve de frasques

Hier en Irak

Une bourrasque

Vite du crack

200 masques

 

Pas de fric-frac

Être ric-rac

Pas d’arak

ils te traquent

800 masques

 

Clac, clac

Quel micmac

Clac, clac

Coller la marque

2000 masques

 

Soir chabraque

En anorak

Revoir sa baraque

Corps en vrac

10.000 masques

 

Je craque