Se pourrait surface noyée de corbeaux
pétales- ailes noires déchiquetées
volaille éventrée,
la tripaille rouge éclatée qui fait fenêtre sur un sang inapaisé
Il se pourrait
l’ordre chancelle
Il se pourrait adinkra ou sankofa
Sousface bourgeonnant à revers de fleurs létales déflatées
le froid potage soufflant un efflué de soufre blanc
Mais je vois
Les testaments- portes tournant tranquilles sur les gonds de l‘esprit
Les signes- fenêtre ouvrant sur l’âme nègre dilatante
La nuit duitant une cruelle et douce anurie…
Il se pourrait la danse mais je vois la parole
Il se pourrait le dire mais je vois l’exprimé
Jusqu’au bout final de l’oppression langagière, les mots rois ou le geste sans équivoque
Si l’aplat ronge en rond
C’est qu’il se pourrait la naissance
Et pas un seul pas de transe….
En fleurs, les mains indécemment blanches des dryades.
Mais là n’est pas le propos de ce dit
Qu’est-ce la mécanique de la création
Un orage dans la tête des fourmis plein le cœur
Comment les idées crashent et explosent sur la barrière de la pensée font le cœur gros d’une pulsion semblable à un chaos de naissance de l’univers
D’ailleurs tout dans l’acte est accouchement
Donc la mystique poétique
l’intimité l’unité,
La langue primale
tel un envol de criquets noirs qui retombent en grêle
Le cri qui nègre en grand
Et
Owusu fait tableau de la mécanique même du créer et du crier
Puisque l’œuvre n’est pas juste aboutissement
que c’est le processus même qui nous est donné à voir
Les souffrances en masques de corps où la lave interne communique où les fourmis noires et rouges successives explosent
Où la lave gicle
Où la tête lève
Où il lune d’une lèche de lumière noire
Où l’âme à petit coup de feu, à petit coup de mots morts gicle
Où le mot morve en lave
Où les vers se tordent
Où…
La langue nue.
qui larve malement
La complexité marque la difficulté à dire une parole libre
Les papillons qui crashent ou le crachat qui communique encore…
Qu’on se réfugie dans la mythologique
Qu’on sature sa salive ou sa palette du mythe
c’est l’aveu qu’on convoque le haut parler
Le cœur battant à sembler se cambrer
L’aller libre au sommeil regimbant
Les lois secrètes de l’être
L’autorité reine du sable
Qu’on voit Owusu avec cette unique foi, faire table du maître
Il canalise le flux sauvage et en restitue la modernité avec une terrible dextérité
En un cadré droit et roi
Owusu d’une geste de crucifix
C’est ainsi qu’on peut dire avec un calme déconcertant des mondes qui chavirent, les doutent qui poussent, des faces de chimères bourgeonnant, les gueules d’hippocampes et les cris hors mœurs de l’enfant mutilé,
La neigeuse de sentiments impies enfin.
La poésie est tout, dit tout et donne tout à voir
Le tapis de nœuds noirs…
(La vérité y ourlant une bien étrange piste de sable blanc)
C’est donc la vérité giclée par les pores de son esprit qu’il vous met sous les yeux à vous autres coincés de l’anus
À lécher à lécher
Les papillons qui prennent feu
À lécher à lécher
En somme, le retour d’échéances brusque et la part ignoble du geste pieux
Et puisque la question est aussi posée à son peuple de savoir : à qui il doit ressembler pour être lui- même, son lui libre répond : « Les hommes signes qui surgissent des signes ». Alors il donne à voir les guides à saturation de leurs troupeaux de signes qu’ils conduisent au rendez-vous du cœur, les interminables prairies de verdure noire. Mais ce n’est pas impunément qu’on se fait pasteur de signes…
Qu’on se demande que sont les ombres dont sont saturées les surfaces d’Owusu. Les fantômes de Majdanek, ceux de Léopold… Que chacun voit ce qu’il veut… mais se poser la question en ces termes, c’est voir à rebours…
Il ne se peut fantômes.
Regardez bien enfin ! Il y a des heurts
Les hères aèdes
dont le ricochet est une éthique
Le peintre, et je ne peux guère plus longtemps me résoudre à le différencier du poète, est ainsi l’œil primordial. Le grand O.
Et c’est d’ailleurs ainsi que dorénavant je l’appellerai, pour que le lecteur ne le confonde pas avec Owusu qui lui n’est rien. Rien d’autre qu’un homme, c’est-à-dire un animal qui respire et qui chie comme tous les animaux.
O donc, le grave-cercle-en-ciel l’éteint tout entier
Or, c’est le réveiller aux choses rondes.
Je dis mais ferez- vous assez silence en vous pour l’entendre
Qu’Owusu n’est que trampoline
Et que l’idée se tient au début et à la fin au départ et à l’arrivée
Nu bouillant masqué, symbole griffu
Et qu’il ne passe pas en lui mais sur lui
Qu’owusu nous mette la fabrique de mythes sous les yeux,
Nous devrions nous en sentir ébranlés
A tout à coup de branches
Des caveaux de l’âme même
la chair si bien retournée
Qu’eau n’en paraîtra plus jamais aussi bonne aux hommes…
Mais quelle odeur dégage ces tableaux, dites-moi ? Quel goût vous fait tout ceci sous la langue ?
L’odeur et le goût de demain !
La branle décomplexée du cerveau miné.
et j’éviterai cette fois-ci de dire le mot « semence »
C’est que je pense,
on se demandera pourquoi
à ces cérémonies où on arrache des cœurs
à une cataracte d’arachides, l’œil si morne en la sauce-graine
ô O
Ne tekrema d’Ese
Owusu autrement caravage
le coup de projecteur franc
Peut le fantôme du premier noir
Oui je choisis de voir O qui feint « Mars »
« Mars » multiplié en motif, « Mars » qui geint
Le signe qui fait peigne
Jette toutes ses dents dans ses chaînes épaisses
Cheveux ou hérisse du tapis de souvenance
C’est au choix
Mais l’homme est souvent seul
Et nu toujours…
Nu
L’Homme nu
Et si chaque signe était l’œil fulgurant de la nuit
pas tout à fait araignée cependant
mais tour à tour cassée balisée
la nuit nolisée
L’imaginez-vous ?
les arborescences cabalistiques vrillées
grêlées triées au peigne épais du peintre noir
anansé, le presque signe qui fait singe sage
Fin du fin de fines feuilles
Et la tremblance des âmes
Ou la foudre noire déclamant ses ordres
La carressance des éclairs
Qu’il fasse virgule
ou que la vérité libre s’égrène en fleurs
à fleur de cœur même de l’âme noire de l’homme qui transmet.
Les symboles en bracelet
Toutes branches agressantes font de la cymbale
Et les narines cratères du néant qui ne rime la vérité qu’aux mots dits
Ou encore que tout soit cauris
Du grand rire de la chose supérieure
Il se peut
Mais bouillir n’est pas au rendez vous
Seul
Et les mouvements calmes.
Un etc. de cauris
Un chapelet d’idées nues qui se bousculent nerveusement
La main noire qui racine profond
Et large…
C’est la nuit déchirée
Qui pièce morceau par morceau
Ou les effroyables étoiles noires de la partie non révélée du ciel
L’avant-garde
Et son banc de singes gris ricanant de toutes leurs dents blanches
Tout choit à terre
Et les morceaux de nuit sont codes à décrypter
Et les tessons de lumière noire sont miroir du vide
Les trous de respiration
Les brèches dans l’asphyxie mythologique
Sont des hommes mystères libres
Et dont la méthodologie dans l‘acte même de dire
Est cabalistie
C’est la nuit nue décharnée
Qui s’arrache la peau
Dessous les ongles
Des morceaux frais de peau racleuse
Saturée d’une idée
Une idée nue.
Peut être l’homme nouveau
Le nègre primordial
Le juif à matricule
Chaque signe est caillot de sang noir
Ponctuant le spasme de la vérité agonisante
Et les bribes de vérités ainsi injectée sournoisement
Dans la feinte de ne rien dire
(Mais ils y sourdent têtuement)
sont le retour-bride
Qu’on y soude des signes
Mais
Ici point d’éclat d’or
Qu’opposerais je à la feinte de ne rien pendre ?
Oserais-je parler de pureté ?
J’ai dit gosier d’oiseaux mais Owusu n’est pas boucher
Il est laboureur d’entrailles blanches
Le stupre
Par certains côtés, une histoire vraie
Et le lacis de boyaux n’est pas labyrinthe où se perdre
Il descend dans la parole
Il descend plus bas
En dessous l’arole Il descend encore…
On a réétudié les mythes
On les a relevés
Calmes et sereins
Les nymphes conviées sont musculeux mais
Vous n’avez pas à y voir mâles
Ici on ne se dévore pas
Le nerf coincé entre deux ongles
Les signes portés par les cadavres nous font l’histoire plus vivante
Les cadavres qui chevauchent les signes sont l’armée d’aveugles
Que penser conduit en allée
Utilisant notre esprit comme glissoir, c’est le point où
Vouloir emprunte un cheval ailé
Puisque l’être entier du poète se fait commutateur
Sournoisement marmite
Lui qui choisit de porter l’ébullition
Je parle d’une douce apocalypse
et tous les diseurs, j’entends les grands peintres- marmites tel que peut se révéler Van Gogh sous la plume d’Artaud ou Lam sous celle de Breton, ont hébergé sous l’échine ce frisson.
Akoko Nan
(Je choisis de parler d’Owusu avec des mots libres…)
Ou que les mots se fassent barreaux
L’indicible
L’indivisible invisible
Il en est ainsi de l’œuvre du peintre
Et les étoiles sont les pores de la nuit
Par lesquels elle chie son trop-plein de blanc
Un culte de machettes sur la millième colline
Il s’agit d’un rapt d’étoiles
L’anuit en ramasse une poignée
qu’elle nous jette à la gueule
Qui veut y lire géomancie
Le ciel en plateau d’un rite de divination
Si l’homme affronte les taureaux
S’il conduit les mystères au point d’eau
C’est qu’il entend assumer son statut de passeur
Et il voudrait démissionner
Mais l’idée est comme l’enfant terrible du conte.
Elle te murmure : « Enfante-moi !», « Enfante-moi !» Constamment. Du ventre même elle te murmure : « Enfante-moi ! Enfante-moi mère ! »
Et le poète est celui qui a le moins de patience… Il lui répond : « Une idée qui parle si haut du dedans même s’enfante tout seul… » Le poète laisse à l’idée son parler propre, son parler libre, son parler brut, son parler haut. Il libère l’idée crue. Le poète laisse l’idée s’accoucher toute seule et en cela on peu dire qu’il n’a pour lui que d’être un grand paresseux.
Mais Owusu est celui là en qui l’idée ne murmure pas, mais crie.
J’ai dit plus haut qu’Owusu n’était rien.
Owusu est akan !
Owusu est un akan qui charrie tout le hanté
du train d’un antan qui n’est pas d’encens, du siège l’or, de la femme le renoncement, de l’oiseau le regard
Owusu est un akan et à sa naissance ses parents ont du répandre le sang de quelque volatile…
et Owusu c’est dire que : lui aussi peut.
J’ai dit un nœud
Mais un nœud de quoi ?
Un nœud de veines rouges
au milieu de nœuds d’âmes noires
Et les étincelles les voyez-vous ?
Elles portent dans leurs plis les soupirs dansés
Les voyez-vous dans le tour à tour rouge et noir ?
Les âmes qui branchent…
Les armes qui banchent
Dans un plat d’œufs résolument blancs
Oui tout cela est intérieur et je vous interdis d’en seulement douter
Et que les yeux d’Owusu ne se teintent de sang
Que tous ses mouvements ne soient traversés de foudres saintes
Qu’il ne se roule au sol
Qu’il n’entame l’abodan
Et qu’il ne se retrouve pas à baver quelques immondices sur sa toile,
Tout ceci prouve qu’il est quelque être supérieur
La marmite de lave qui à l’extérieur reste froide
(Mais il bave, bien sûr qu’il bave… Owusu….)
“Nothing…
Belongs to me
Not …
Even my Body…
I Am…”