Le 18 avril 2007, à l’Alfred C. Glassell Jr. Exhibition Gallery (au bord du Mississippi à Baton Rouge) a eu lieu la remise des prix « Mondes Francophones », lors d’une réception où il y avait foule. Les lauréats du prix de l’essai (500$), Rafael Lucas, et du prix de création ex-aequo (500$), Fred Romano, n’ont malheureusement pas pu se joindre à nous.
Le poète Kirby Jambon, récipiendaire ex-aequo du prix de création, nous a fait le plaisir de lire des extraits de son œuvre « L’école Gombo ».
Son récital a été précédé de l’allocution qui suit :
« Je tiens à remercier Alexandre Leupin, le jury et tout le monde de Mondes Francophones pour ce bel honneur.
C’était quelque chose bien inattendu mais beaucoup apprécié et pour sûr toujours mémorable.
J’aimerais aussi remercier Dana Kress et tout le monde aux Éditions du Tintamarre.
Votre ouvrage de meilleure qualité, votre soutient et votre décision de publier mes poésies m’inspirent de ne pas lâcher la parole, de continuer à écrire et d’encourager mes élèves et mes amis de continuer à s’exprimer en français.
Je tiens aussi à remercier tous les autres Cadiens et Créoles de la Louisiane qui ont eu le courage d’écrire et de s’exprimer en français.
Je sais souvent le monde nous demande pourquoi on fait telle chose, pourquoi on fait ce qu’on fait.
Pour moi, je fais ça que je fais pour ma famille, pour mes ancêtres, mes grands-grands-grands-parents.
Pour mes défunts grands-parents, pour mon pepère, Kirby Jambon le premier, et ma mamman, Héléna Kiffe Gisclair, qui, avant leur mort, avaient perdu la capacité pour parler.
Je parle pour eux.
Pour ma Grammy, Anna Punch Jambon, qui, avant sa mort, a commencé à perdre la mémoire.
Je me rappelle pour elle.
Pour mon Papâ, Morrison Gisclair dit Morro, qui a jamais eu l’occasion d’apprendre à lire et écrire.
Je lis et j’écris pour lui.
Pour ma mère qui était punit et battue pour parler français à l’école et pour mon père qui, après se faire opérer sur le cœur, parlait français comme c’est la seule langue qui existait.
Pour tous les deux qui cachaient jamais leur fierté d’être cadiens, leur fierté de parler français et leur fierté et amour pour moi.
Pour eux, je cache pas ma fierté et mon amour pour parler français.
Pour tous d’eux-autres qui a jamais eu l’occasion d’apprendre à lire et écrire en leur langue maternelle.
Je lis et j’écris en français pour eux.
Mais pas juste pour eux.
Mais pour les élèves, si précieux, qui m’ont accordé le privilège de travailler et de jouer avec eux en français.
Comme chaque bébé, chaque nouveau-né, est signe que le bon Dieu veut que la vie continue sur la terre, chaque élève en immersion, chaque enfant qui parle français est signe que les Cadiens et les Créoles et leur belle langue devraient continuer dans la Louisiane et tout partout.
Le fait d’être cadien et francophone m’a présenté plusieurs beaux cadeaux dans ma vie.
Le fait d’être cadien et francophone m’a présenté ma carrière comme maitre d’école en immersion.
Le fait d’être maitre d’école en immersion m’a présenté une belle élève qui s’appelle Morgan.
Morgan m’a présenté sa jolie mère, Jennifer, qui est devenue ma belle femme et Morgan, ma belle fille, une belle famille qui inspire tous les jours mes écrits et ma vie.
Donc, c’est pour la famille que j’écris et je vis.
Pour la famille jambon, pour la famille cadienne, pour la famille francophone, pour la famille humaine, pour la famille de la vie.
Je vous en remercie ».
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La soirée fut animée, comme en témoignent les instantanés ci-dessous :
Kirby Jambon
Sylvie Dubois, Chair du Département d’Etudes Françaises, LSU
Alexandre Leupin et Bernard Cerquiglini, Directeur du Centre d’Etudes Françaises et Francophones, LSU
Alexandre Leupin
Alexandre Leupin et Anne Ulentin
Alexandre Leupin et Kirby Jambon
Bernard Cerquiglini et Alexandre Leupin
Kirby Jambon et David Marcantel
Kirby Jambon ; Dana Kress à l’arrière-plan
Les Editions Tintamarre