Si Georg Friedrich Haendel (1685-1759), bien que d’origine allemande, a effectué l’essentiel de sa carrière en Angleterre, c’est en Italie, où il séjourna de 1706 à 1710, qu’il commença à atteindre à la célébrité comme organiste et compositeur. À Rome, cité papale, où l’opéra était alors interdit, Haendel fut amené à écrire beaucoup de musique religieuse. La soprano Magali Léger, accompagnée par le quatuor Rosasolis, en a donné un aperçu au Jeu de Paume, le vieil opéra-théâtre d’Aix-en-Provence. Construit au milieu du XVIIIe siècle et récemment rénové, cet édifice historique (1) est doté d’une acoustique particulièrement propice à la musique baroque (2).
Haendel compose de la musique dès qu’il a onze ou douze ans. Ce n’est pas tout à fait la précocité de Mozart mais Haendel est lui aussi un enfant surdoué et son génie est à l’âge de s’épanouir quand il arrive en Italie. La musique d’église qu’il compose alors est marquée avant tout par la virtuosité. Visiblement, il entend pousser ses interprètes aux limites de leurs possibilités. Cela était particulièrement frappant dans la seconde partie du répertoire joué à Aix, au début du Gloria où la chanteuse doit enchaîner des vocalises très rapides. Magali Léger s’est tirée avec honneur de cet exercice difficile, sa voix ayant pris progressivement de l’ampleur tout au long du concert. Elle s’est d’ailleurs montrée excellente en donnant comme bis, le « Laschia ch’io pianga », air fameux de l’opéra Rinaldo du même Haendel.
Le quatuor a paru pour sa part inégal, en particulier dans les deux sonates qu’il a interprétées seul. Pour les morceaux chantés, c’est la configuration orgue portatif + violoncelle + voix qui s’est montrée la plus proche de la perfection. Le violoncelliste, Nicolas Crnanjski, a d’ailleurs une spécificité intéressante. Non seulement il n’utilise pas de « pique » posée sur le plancher et préfère coincer son instrument entre ses mollets, ce qui est une pratique redevenue assez courante, mais encore il adopte une tenue de l’archet, elle aussi ancienne mais complètement tombée en désuétude, qui consiste à le prendre à son point d’équilibre, donc non par son « talon » mais proche du milieu.
Haendel en Italie, concert de l’ensemble Rosasolis avec Magali Léger, le 2 octobre 2013 à Aix-en-Provence.
(1) Cf. notre article : « Histoire de théâtre : le Jeu de paume à Aix-en-Provence » : “http://mondesfr.wpengine.com/blog/histoires-de-theatre-%E2%80%93-le-jeu-de-paume-a-aix-en-provence/
(2) Voir le compte-rendu de l’Elena de Francesco Cavalli qui fut donné en ce même lieu lors du dernier festival d’Aix : http://mondesfr.wpengine.com/espaces/periples-des-arts/festivals-passage-a-aix/