Adelaide M. Russo, Louisiana State University
Kumari Issur, Université de Maurice, Fulbright Scholar UCLA
Kumari R. ISSUR
Enseignant-chercheur au département de français de l’Université de Maurice, elle a soutenu une thèse sur les littératures francophones des îles créoles de l’Océan Indien et de la Caraïbe à l’Université Paris 13. Auteur de plusieurs articles sur ces littératures, elle a également co-édité L’Océan Indien dans les littératures francophones (Karthala, 2001) et Baudin-Flinders dans l’Océan Indien (L’Harmattan, 2006) et coordonné le no 48 de la revue Francofonia sur « La littérature mauricienne de langue française » (Olschki, Bologne, sept 2005). Ses recherches actuelles portent d’une part sur la mondialisation dans les littératures francophones et d’autre part sur les contes, mythes et traditions populaires de l’Océan Indien. Boursière de la Fulbright, elle a séjourné au UCLA en 2010-2011.
L’année 2011 marque le trentième anniversaire de la disparition de Malcolm de Chazal. Le Malcolm de Chazal Trust Fund, l’institution fondée en 2002 par le gouvernement de la République de Maurice pour préserver et mieux faire connaître l’œuvre de cet écrivain, artiste, et penseur central au patrimoine mauricien, nous a sollicitées pour participer aux activités de commémoration. Nous avons présenté l’œuvre de ce diplômé de Louisiana State University aux enseignants et aux étudiants en littérature comparée et en études françaises le 6 avril 2011 à Bâton Rouge afin d’aider une nouvelle génération à découvrir la richesse de la production littéraire, la pensée et la peinture de Chazal.
À Louisiana State University, les étudiants avant de recevoir leur diplôme publient un annuaire dans lequel on trouve leurs photographies accompagnées d’une citation choisie par chaque étudiant et qui lui sert de devise. Chazal a choisi une formule prophétique : « Bid me discourse and I will enchant thine ear. » [Invite-moi à parler et je séduirai votre ouïe.]. Chazal est venu à Bâton Rouge pour étudier la culture de la canne à sucre dans le célèbre Audubon Sugar School de LSU. En 1924, il reçut le B.S. (Bachelier de Sciences) spécialisé en technologie sucrière. Comme il nous raconte dans son Autobiographie spirituelle, sa seule activité en dehors de ses études était sa participation à la chorale. Il était deuxième ténor. Le récit de ses expériences à Bâton Rouge se trouve dans le chapitre intitulé « La Vie en Amérique ». Il commence par une description de l’université :
L’université de Bâton-Rouge est située parmi des bocages de chênes à longues barbes. Ça et là des magnolias. Le bâtiment était de brique rouge. (Je parle de l’ancienne université. La nouvelle université que je n’ai pas connue est à quelque distance de la ville de Bâton-Rouge).
Des lawns où s’exercent les Cadets. Une librairie [sic bibliothèque] (en face une fontaine, où sont inscrites les paroles : « If you drink the water of truth, drink deep » [Si vous buvez l’eau de la vérité, buvez à satiété]). Le chef de l’institution : M. Boyd. Un champ de foot-ball, une cafete[a]ria, un assembly hall. De jolies filles au relent du sud, ‘Carefree-lovely’ [Insouciantes-ravissantes]. Flotte sur le tout le paysage courant au bord des levées du Mississippi. L’Université touche à la ville de Bâton-Rouge, débouche sur le Main Street. Le reste est comme toutes les villes américaines de cette dimension.
Les études me laissèrent indifférents. Danse le samedi soir. Le dimanche on vaque à rien. Je n’appartenais à aucune fraternité.
Là se sont passés dix ans de ma vie, mornes, inutiles. [1]Mais il y avait les vacances.[2]
Chazal passe ses vacances en Pennsylvanie avec des coreligionnaires swedenborgiens. Il fréquente la famille Pitcairn, des industriels multimilliardaires dont la fabrique de verre – Plate Glass de Pittsburg – est célèbre dans le monde entier. Cette famille a fait construire une cathédrale où Chazal assistait régulièrement au culte. Le souvenir qui lui est resté de ces séjours était celui d’ « une grande fraternité parmi ces adeptes ». Comme il nous l’explique, il trouvait que : « [c]’était peut-être un peu stéréotypé, inondé d’un orgueil de vérité – d’une vérité qui n’existait pas »[3]. À l’époque il croyait en la religion swedenborgienne, mais par la suite il s’ouvre à beaucoup d’autres croyances. Les vestiges du swedenborgisme marquent sa façon de voir le monde de manière analogique et d’être très attentif au rapport entre les perceptions et sensations. Rappelons que Swedenborg influença d’autres auteurs comme Baudelaire, Poe et Blake qui s’inspiraient de ses idées à propos de la synesthésie.
Il retient également un beau souvenir de ses séjours au bord du golfe du Mexique, à Biloxi et dans les bayous du delta du Mississippi. Il décrit la Nouvelle-Orléans « avec ses palmiers et ses Quartier français et CANAL STREET ». Il parle ensuite d’un voyage au Canada où il visite les chutes du Niagara, Montréal et Québec, et remonte le fleuve Saguenay vers le Grand Nord. De son séjour en Amérique du Nord, il avoue que :
Mon esprit se meublait. Mais ce n’était que décor. La vie intérieure attendait. Pour cela il faudra l’île Maurice, le lieu de ma naissance.[4]
Écrite en 1976, Autobiographie spirituelle représente une vue rétrospective de ses expériences de jeunesse ; ce volume devait attendre 2008 pour être publié. Après avoir très vite abandonné son travail dans l’industrie sucrière, Chazal trouve un emploi dans le domaine des télécommunications. Il investit son énergie dans son écriture. Il publie des traités d’économie politique dont les titres démontrent sa préoccupation avec l’état actuel et la prospérité future de son île : Une synthèse objective de la crise actuelle (1935) ; Nouvel essai d’économie politique (1935) ; Historique de notre change et notre délégation (1932) à Londres et Une étude des différents aspects de notre industrie textile (1936) ; et Laboratoire central de contrôle (1941)[5]
La réputation de Chazal en France se construit à partir de 1947, année où il avait envoyé un nombre d’exemplaires de son ouvrage Sens-Plastique, publié à Port-Louis par l’imprimeur Esclapon, aux écrivains et artistes français qui jouissaient d’une bonne renommée à l’époque : Francis Ponge, Jean Dubuffet, André Breton, Georges Duhamel, Jean-Paul Sartre et l’ancien rédacteur en chef de la Nouvelle revue française Jean Paulhan. Tous étaient éblouis par leur découverte de cette nouvelle voix qui venait d’une île au milieu de l’Océan Indien. Jean Paulhan publia des extraits de l’œuvre dans sa nouvelle revue Les Cahiers de la Pléiade. Il convainquit Gaston Gallimard de rééditer le volume Sens-Plastique dans sa prestigieuse collection. Les aphorismes relèvent en partie de l’influence swedenborgienne et de la tradition des sirandanes, devinettes en créole partagées quotidiennement par les Mauriciens. La publication de Sens-Plastique en 1948 était un événement littéraire majeur. En 1971, Irving Weiss fait paraître la traduction d’une sélection d’extraits sous le titre Plastic Sense ; mais ce fut la réimpression et le remaniement de ce volume en 1979 qui marqua le monde littéraire new yorkais. Publié par la maison d’édition « Sun Press », fondée et dirigée par le poète Bill Zavatsky, la nouvelle version garda le titre original de Sens-Plastique et influença toute la génération des poètes de l’école de New York, par exemple Ron Padgett, David Shapiro et Zavatsky lui-même[6]. La diversité de sujets que traitent les aphorismes nous oblige de les organiser afin d’en donner un échantillon cohérent. Notre choix est basé sur son emploi de l’ironie, de la profondeur philosophique des sentences et de sa pensée analogique. Par exemple, en parlant de l’homme, il dévoile la sagesse commune et les traits paradoxaux :
L’idéaliste a la marche des orteils ; et le matérialiste a la marche des talons[7].
[…]
Les talons hauts font remonter la démarche des jambes vers les hanches et haussent les hanches vers le buste, donnant au bas du corps des femmes une démarche d’oiseau, mais imprimant en même temps au haut de leur corps la démarche roulante et cahotante des pachydermes. On n’améliore rien dans le corps humain par artifice, sans qu’une autre partie ne paie son écot.
[…]
En matière de séduction, l’homme est un meilleur stratège, mais la femme est un bien meilleur tacticien[8].
[…]
Les hommes sont plus habiles à raisonner, et les femmes à conclure. Les parlements où les femmes seraient en surnombre hâteraient la législation[9].
[…]
La femme nous rend poète ; l’enfant nous rend philosophe[10].
[…]
L’égoïsme met les sens en aparté, comme un orchestre où chaque musicien jouerait pour soi[11].
Par leur forme et par leur concision, Chazal rejoint la tradition des aphoristes tels que La Rochefoucauld, qu’il citait souvent, et Chamfort pour le degré de dérision[12]. Les aphorismes de Chazal peuvent s’appréhender à plusieurs niveaux et élicitent de la part du lecteur un déchiffrement actif.
En tant qu’artiste, sa préoccupation avec la lumière et les couleurs et sa prédilection pour la synesthésie l’inspire à analyser leurs qualités et leurs correspondances. L’emploi des couleurs vives et leur juxtaposition sera un des attributs frappants de sa peinture comme nous le constaterons par la suite.
Ponctuations colorées. Virgules bleues ; tirets gris ; deux points mauves. Le tableau court le long des barres des teintes… Blanc. Arrêt brusque. Le tableau « change d’idées », comme sur le point la phrase pivote et vire de bords.
[…]
La couleur est le balancier de l’horloge-lumière. Le temps coule moins vite dans le vert que dans du jaune, et dans le jaune que dans du rouge. La journée passe plus rapidement dans une chambre rouge que dans un salon jaune, et dans un salon jaune que dans un boudoir vert[13].
[…]
Sans l’ombre, la lumière ne pourrait chevaucher les objets, et le soleil partout irait à pied[14].
[…]
La couleur, c’est le soleil en décalcomanie, – que les doigts de l’air impriment et réimpriment sur le papier soyeux de l’œil[15].
[…]
Le rouge est éternellement enceinte du soleil – avortant dans le rose ; accouchant du jaune dans l’orangé ; et de jumelles bleue et mauve dans le grenat.
Les fleurs bleues ont des regards poids plume, et les fleurs rouges ont des regards poids lourd. Quand les fleurs, entre elles, boxent dans la lumière, c’est toujours les rouges qui l’emportent. Mais dans le fleuret, nul ne vaut le jaune ; et pour sabrer, le blanc[16].
[…]
Toute fleur est comme la Joconde, dont le regard d’où que nous le fixons, partout nous suit[17].
D’ailleurs, Chazal n’aperçoit pas la synesthésie que de manière visuelle ; il la trouve dans d’autres sens : l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat.
Le haut-bois est un beuglement en plus petit. Le saxophone est un gloussement d’oie. Dans le trombone, le cerf brame. Caquettements des castagnettes. Tout le règne animal « crie » dans l’orchestre, sauf la voix de l’homme dont l’orchestre ne sait imiter que les braillements[18].
[…]
Tous les instruments à cordes « passent » dans le vol de la mouche, selon sa vitesse de course, ses tournants brusques sur l’aile, ses vols planés ou en piqués. Tel est le vol de la mouche à l’état naturel. Qu’il nous vienne cependant de bousculer un essaim, et telle mouche « fuira » dans le haut-bois, telle autre dans la flûte, celle-ci klaxonera [sic], et cette autre versera dans les cuivres, allant même jusqu’au tambour – la masse des mouches donnant, dans l’ensemble, par leurs cris disparates et leurs bruits à contretemps, bruit d’accordéon[19].
[…]
La voix humaine est le midi des sons[20].
[…]
Toutes les épices « entrent » dans l’odeur du corps humain, mais à doses variées, selon ses régions. Ainsi les cheveux ont du girofle en pléthore ; aux aisselles, le gingembre abonde ; l’haleine a de la menthe en abondance ; le cou sent la cannelle à plein nez ; et le poivre « grouille » aux régions intimes. Toutes les épices « entrent » dans les odeurs du corps humain, mais à prédominances variées selon les régions[21].
[…]
Le sexe chez l’animal est un télescope olfactif et un microscope tactile. Les bêtes en rut serrent au plus près la terre en marchant et sont devins du nez, comme pour écouter de plus près les piétinements au loin de la femelle dans les bois, et l’haleine en fleur de leur compagne qui appelle[22].
[…]
Du collier des sens, le toucher est le fermoir et le filin[23].
[…]
L’odorat est à sens unique et en ligne droite. L’ouïe part et revient vers le bruit, en suivant des routes en lacets. La vue est un éventail, comme l’eau se déployant dans un ruisseau. Le goûter fox-trotte dans tous les sens comme une armée en manœuvre. Le toucher, lui, est comme l’air : il n’a pas de lois : sur les routes intracées du caprice, il va là où le pousse son plaisir[24].
[…]
L’entre-doigts est le « sixième sens » des mains[25].
Chazal traite du corps humain, de ses sensations et perceptions de manière récurrente. Pour conclure notre introduction aux aphorismes, examinons ce que Chazal dit à propos des émotions humaines, par exemple l’amour. Ni misogyne[26], ni misandre, sa pénétration psychologique témoigne de sa perspicacité et de sa compréhension de la nature humaine. Il cible les traits critiquables des hommes aussi bien que ceux des femmes ; pourtant à d’autres moments, il n’hésite pas à faire l’éloge de leurs qualités[27]. Les rapports entre les êtres humains sont toujours problématiques et nuancés. Il décrit, par exemple, l’acte d’amour en termes d’égoïsme, utilisant la métaphore de la chasse :
Rarement la volupté fait-elle « mouche ». Nous sommes de mauvais viseurs et de pires tireurs. Car nous y allons toujours, un œil tourné en nous-même. Nous nous y analysons trop ce que nous y sentons. Nous nous y donnons d’une main, pour nous y reprendre de l’autre. Chacun y est trop « soi » pour être tout l’ « autre »[28].
Il est possible d’établir maintes catégories pour comprendre la complexité de la réflexion que fait Chazal dans les aphorismes de Sens-Plastique. Étant donné la signification qu’il attribue aux perceptions, sensations et émotions, il est évident que, face aux concepts déjà signifiants, tels que les mythes, Chazal prit goût au décryptage des systèmes symboliques. D’ailleurs, il exploite la pensée aphoristique dans des ouvrages beaucoup plus complexes. Dans Petrusmok, son roman mythique, une étude géo-anthropo-sociologique de Maurice, il énonce par provocation dans la préface intitulée « Climat » : « Ce pays cultive la canne à sucre et les préjugés »[29]. Publié en 1951, ce volume hybride qui mélange essai, fiction, et forme dramatique, développe le mythe de la Lémurie dont il a pris connaissance dans le livre de Jules Hermann, Révélations du Grand Océan, paru en 1927 à La Réunion. Le mythe de la Lémurie recoupe simultanément un mythe occidental, celui de l’Atlantide, un mythe hindou, celui du Gondwana, ainsi qu’un mythe extrême-oriental celui de Mû. Selon ces mythes du continent englouti dans l’Océan Indien, les îles du sud-ouest ne sont que des pics émergés. Le continent protohistorique, avant qu’il ne soit submergé, fut peuplé par des géants sculpteurs de montagnes, qui constituaient la première civilisation. Chazal exploite les mythes du continent englouti en y ajoutant des éléments personnels très signifiants qui correspondent à son système de valeurs éthiques. Afin d’éviter toute prétention raciste par exemple, il fait des géants lémuriens une race rouge. Les formes anthropo- et zoomorphiques des montagnes sembleraient confirmer la légende que les géants les ont sculptées. À cause de leurs formes figuratives, les montagnes mauriciennes se prêtent bien à cette interprétation. Malcolm de Chazal dessine lui-même une carte de Maurice en signalant l’emplacement des montagnes qu’il commente en détail dans le corps du texte.
En examinant les photos des montagnes que Chazal signale, l’observateur peut constater la nature mimétique des configurations. Chazal appréhende ces lieux géographiques en tant que personnages ; il n’est pas le seul écrivain mauricien à exploiter l’aspect figuratif du paysage, mais son rapport symbolique à la géographie de son pays lui permet de transformer cette perception en expérience mystique et animiste. En fait, il se présente comme visionnaire dans ce roman et se décrit dans une sorte d’état second :
Le jour était limpide. L’espace était lent. Les insectes tissaient le temps. Et l’ombre était picassienne.
Après un thé rapide et une causerie à trois – le troisième personnage était le Mystère – au sein des gestes bruissants de la servante qui nous encombrait de sa présence, au haut du talus d’herbe à pic où ce campement se juche, et que balancent les flots, et dont la lumière fait sa charpente, – soudain, je me vis échapper au temps. Tout avait disparu, et je n’étais plus à l’île Maurice. Je passai en transe.
Et, est-ce effet de divination de mon état d’esprit, ou nécessité du déjeuner qui requerrait ses soins, mon amie s’éclipsa. La transe dura, et j’eus cette vision.
* * *
L’île Maurice n’était plus. Les montagnes étaient devenues de grands parapets ; mauve était sa verdure – sous l’effet de plusieurs billions d’années de la planète retardataire[30].
Dans son volume de 1973, Île Maurice proto-historique, folklorique et légendaire, cette transformation des lieux en êtres mythiques est exagérée à un tel degré qu’il semble mettre en scène des emblèmes caricaturaux qui, pourtant, incarnent certaines valeurs chères à Chazal, comme par exemple ici la notion qu’il existe des lieux sacrés liés un peu partout dans le monde. Les montagnes de l’Île Maurice seraient un de ces lieux désignés. Chazal considère les pierres, a fortiori les montagnes, comme des traces des rites oubliés qui cachent des mystères à dévoiler.
La montagne taillée aurait été ainsi l’Autel Premier associé aux dieux. Et le Culte des Montagnes serait relié à un culte solaire, dont les dolmens et les menhirs trouvés partout dans le monde seraient les vestiges abâtardis. stonehenge aux Cornouailles en est le plus fameux exemple.
L’île Maurice ainsi tel un écrin, renfermerait tout le mystère du monde relié à un culte cosmique aujourd’hui disparu[31].
Le mythe de la Lémurie donne également l’occasion à Chazal de positionner Maurice comme le vestige du lieu où se trouvait la civilisation la plus ancienne ayant existé sur terre. Cette civilisation des temps antiques, partie du grand continent englouti, rayonna ensuite sur le reste du monde. Les implications pour la critique postcoloniale sont ici d’une grande évidence. Dès 1951, Chazal renversait le concept centre-périphérie avant la lettre pour placer Maurice au centre du monde. Sa vision de l’autonomie de Maurice efface la dépendance que l’île connut pendant l’époque coloniale. Cette affirmation de l’importance de son pays de naissance à cette date pourrait expliquer pourquoi, au moment de sa plus grande gloire en France, il n’est pas allé se faire reconnaître à Paris préférant jouir de sa célébrité de loin. Se doutait-il de l’effet de sa présence et de sa personne sur la fascination de l’image littéraire qu’il s’était créée en tant qu’ « émetteur mauricien »[32]? Chazal se voyait comme une source d’informations pour les autres ; ces derniers étaient-ils capables de recevoir son message ? Les êtres dans Petrusmok n’étant pas soumis à l’utilisation des langues dans un monde quasi-utopique où n’existaient pas de barrières de communication, ils se comprenaient grâce à un répertoire limité de sons, de gestes ainsi que directement par le partage de la pensée.
Je remarque que les lèvres de tous ces êtres n’articulent pas : elles semblent penser uniquement et nous communiquer leur pensée. Ces lèvres ne remuent pas, et les pensées sur leurs surfaces, comme des papillons, seules s’agitent sur ces chrysalides de chair[33].
À force de penser à un meilleur monde et à un paradis sur terre, Malcolm de Chazal décida de s’engager politiquement pour transformer sa vision en réalité. La prochaine étape de son trajet le poussa à devenir membre du Parti Travailliste[34], Dans un article paru dans Le Mauricien du 16 mars 1959, il raconte son expérience comme candidat aux élections. Le titre de l’article – « Le poète et le peuple » – décrit les rapports entre l’artiste et l’homme moyen :
Le peuple et l’artiste sont faits pour se comprendre. Car le peuple est artiste et l’artiste est peuple. Qu’importe une défaite dont on sort vainqueur en amour ! J’ignorais que le peuple de l’île Maurice était tel. Je causais depuis des années au coin des rues, un peu parlant au Bazar Central à Port-Louis, etc. Et je me sentais peuple parmi le peuple. Mais je n’avais pas eu encore un contact de foule. Ah ! Sentir sa parole qui passe ! Communier ! Ressentir cette sensation énorme qu’on est aimé en masse !
Quel changement de conscience pour un artiste et un poète.
L’auteur de Petrusmok, cette fois, a pris contact avec le peuple de Petrusmok.
[…]
J’étais écrivain. Je suis devenu orateur ; je me sens capable de parler à toute l’île Maurice étalée dans la plaine de Moka et où, juché sur le faîte de Pieter Both, je parlerai aux hommes avec le haut-parleur de l’âme de l’inconcevable beauté de notre île.
La seule parole qui vaille est celle qui vient du cœur[35].
Cet aveu de vouloir communiquer avec un plus grand public pourrait expliquer les motivations qui l’ont amené à entreprendre une carrière de chroniqueur. Malcolm de Chazal se met à contribuer régulièrement à différents journaux mauriciens depuis la sortie de Sens-Plastique en France en 1948 jusqu’à sa mort en 1981. Il contribue aux trois journaux majeurs de l’île, Advance, Le Mauricien, et L’Express et rédige presqu’un millier d’articles. Sa participation à Advance était prévisible parce que ce journal était l’organe du Parti Travailliste. En 2004, tous ses articles ont été repris sous forme numérique dans un CD-Rom publié par les Editions Vizavi. Un moteur de recherche perfectionné permet au lecteur de chercher par thème, personne, et une liste de vingt mots-clés. En 2006, un ouvrage broché contenant une sélection de 200 chroniques, un volume d’environ 500 pages, sortit à Maurice aux Éditions Vizavi et à Paris aux Éditions Philippe Rey.
Il traite d’une diversité de sujets – de la politique à la culture populaire, d’hippisme à la musique classique, de la langue créole à l’identification de nouveaux talents littéraires – d’un futur lauréat Nobel, Jean-Marie Gustave Le Clézio, à Eric Segal, auteur d’un des plus grands succès commerciaux des années 1970, Love Story – sans oublier les exégèses de ses propres œuvres. Malgré la difficulté de choisir, nous proposons un échantillon de thèmes vers lesquels Chazal se retourne à maintes reprises. De la même manière qu’il critiquait les traits humains et les membres de sa propre classe d’origine, les planteurs franco-mauriciens, il louait sans partage la langue créole et le métissage des groupes ethniques présents à Maurice. Chazal considère sa propre façon de manier la langue française comme influencée par le créole, une langue qu’il trouve admirable :
[…] J’écris donc mon français qui est « créolisé » et personnel. Donc, j’enrichis la langue française, qui ne peut rester à Descartes, ni se reléguer à Ronsard. Il faut le sauvageon. Je l’y mets. Et le sauvageon est riche : le créole est riche.
Mais voilà, le génie qui obtient un génie de la langue rénove tout, transfigure tout. Or, tout le monde n’est pas un génie et doit suivre les règles de la grammaire. Cependant, ce qui me fait éclater de rire, ce sont les puristes dans notre douce colonie, Je veux parler des écrivains qui se veulent plus français que les Français. Tout cela fait mal à la langue et dessert l’idiome français à Maurice[36].
Ses remarques concernant la créolisation de la langue française sont antérieures, de deux ou de trois décennies, aux propos d’Edouard Glissant, de Jean Bernabé, de Patrick Chamoiseau et de Raphaël Confiant sur la même question. Chazal prophétise également à l’avenir un métissage plus répandu et qui va de pair avec sa dénonciation du racisme, qu’il qualifie comme « lèpre morale »[37].
[…] Dans mille ans, le racisme, le préjugé de couleur sera décoloré dans les esprits. Et l’on regardera vers le passé, émerveillé de tant de stupidité.
[…]
Le préjugé de couleur est partout dans les Tropiques, sous le pavillon anglais et d’autres pavillons. L’Europe l’ignore. L’Anglais, ici, méprise le Noir. L’Anglais européen, pourtant, est plus libéral sur ce thème. Apparemment, il y a ici détérioration du jugement spirituel de l’Anglais aussitôt qu’il touche aux Tropiques. La big superiority des Anglais importés est l’effet d’un ragoût bien dosé de complexe de supériorité et de complexe d’infériorité – signe que l’Anglais qui quitte l’Angleterre perd peu à peu sa vertu cardinale : la tolérance. Pour connaître le véritable Anglais, il faut gagner les bords de la Tamise. Que de tristes sires n’ai-je point rencontrés ici même, êtres abâtardis et piteux, sclérosés par leurs préconceptions, et que le sceptre tropical avait mis en délire ![38]
Chazal propose une amélioration du système éducatif. Il pense que le développement du pays nécessite des gens ayant fait des études supérieures. Le fait qu’il était lui-même obligé de s’expatrier pour poursuivre ses études universitaires, l’a rendu sensible au manque de possibilités sur l’île. Il prévoyait l’établissement d’une université propre à Maurice.
Mais ce qui manque à Maurice, c’est un nombre suffisant d’hommes ayant fait de hautes études.
Et tout le monde n’a pas un père millionnaire ; tout le monde ne peut pas être lauréat de la Bourse d’Angleterre afin d’aller à Londres poursuivre ses études.
J’ai un plan géant, mirifique pour souder les élites et créer la compréhension mutuelle par le haut. Pour obtenir une ENTITÉ MAURICIENNE hautement valable. Et faire mûrir ainsi des fruits de sagesse.
Une expérience neuve. Créer chez nous une Université mixte, non pas de races, puisque tous les Mauriciens sont égaux, mais une Université qui serait semi-occidentale et semi-orientale dans sa structure éducative, philosophique et humaniste[39].
La volonté d’éduquer la population ne se limite pas à doter le pays d’un établissement de prestige tel qu’une université qui vise la transmission d’un savoir, mais s’étend au désir de cultiver un comportement civique et courtois[40]. Cette envie d’amélioration se manifeste très souvent quand il évoque un monde à venir plus tolérant et plus égalitaire. Il apprécie l’apport spirituel de la population venue de l’Inde leur attribuant une influence positive à cause de la nature du contact entre humains[41]. En fait, il constate que tous les continents d’où vient la population hétérogène de Maurice contribuent à forger une meilleure société. La culture européenne joue le rôle de « sédiment »[42] puisqu’il est impossible d’effacer le passé ni chez l’individu, ni pour tout un peuple. Il anticipe la mondialisation et embrasse cette possibilité comme une manière d’intégrer tous les peuples malgré leurs origines raciales diverses : « L’avenir est planétaire. Le citoyen du monde vient à grands pas, liant l’arc-en-ciel humain. Et c’est cela qui compte »[43]. Pour Chazal, l’architecte de ce nouveau monde sera sans conteste la femme :
[…] Car l’avenir sera ce que les femmes de cette planète le voudront. Les femmes de cette planète tiennent tout entre leurs mains.
Pourquoi ? Parce qu’elles sont médiums et inspiratrices. Ce que femme veut, Dieu veut ! C’est pour ajouter ceci : plus que nous, hommes, la femme est proche de l’enfant et de la terre. Le terme mater couvrait ces deux acceptions[44] .
Les changements politiques, sociaux et culturels du monde entier l’intéressaient. Il suivait de près, non seulement l’actualité politique locale, mais aussi, par exemple, le sort de Richard Nixon ou l’idée d’une unification éventuelle de l’Europe[45]. Il s’interroge à propos de la place de l’Afrique dans le monde et sur son devenir. Il souligne l’immense influence de l’Afrique sur Picasso quand celui-ci a peint Les Demoiselles d’Avignon[46]. Son enthousiasme pour la musique et l’art ne se manifestait pas uniquement dans ses chroniques. Chanteur pendant ses années universitaires, il devint peintre à la fin de sa vie.
Chazal se met à la peinture le jour où en promenade sur la plage, il voit une petite fille, Martine Hatswell, en train de peindre[47]. Ce moment de révélation est comparable à celui où il communique avec une fleur dans le jardin botanique de Curepipe[48]. Il est transi par l’innocence qui se dégage de cette peinture. Il se rend compte que cet état d’innocence est une qualité essentielle et préalable pour que l’œuvre se réalise. Il faut donc se dépouiller des oripeaux de l’adulte. D’ailleurs, cette innocence de l’enfance mène à la spiritualisation : « pour que l’art ait une valeur, il faut la spiritualisation. Il faut que la couleur soit au-delà de la couleur. Il faut que la lumière soit au-delà de la lumière. Il faut que les formes soient au-delà des formes. Et que tout cela se rapporte à la poésie »[49]. Chazal utilisant toujours l’analogie comme un point de départ pour sa pensée, constate que la poésie est inhérente à la peinture. Pour lui, la peinture représente la liberté pure, « permettant au spectateur un voyage de l’esprit, une éternité de voir et de renouvellement »[50]. La réception de la peinture de Chazal ne lui apportera pas la reconnaissance visée. Comme il nous le raconte dans Le Mauricien du 27 avril 1962, la méprise de son œuvre picturale l’a perturbé tellement qu’il a brûlé publiquement 148 grandes gouaches sur le plage du Chaland[51]. Dans la chronique qui décrit ce « crime contre l’art », Chazal démontre sa compréhension des enjeux du marché de l’art, préjugés qui défavorisent un peintre comme lui qui veut partager une vision inattendue du monde.
Le Malcolm de Chazal Trust Fund possède environ quarante œuvres qui sont exposées dans les locaux de la fondation à Port Louis. [photos] Son guide, L’Île Maurice proto-historique folklorique et légendaire, contient des reproductions de seize gouaches[52]. Les œuvres picturales de Chazal sont caractérisées par son emploi des couleurs primaires, souvent sur fond noir, et l’aplatissement de la perspective. À première vue, la composition de ses toiles semble maladroite, mais l’illusion produite souligne le dialogue entre la terre, la mer, et le ciel. Son emploi particulier de la perspective met en question le positionnement de l’artiste face à la scène et, par-delà, le spectateur ressent l’instabilité de son propre point de vue. Sa peinture incarne sa vision de l’artiste comme un sculpteur de la forme, semblable à celle des géants de Petrusmok, sculpteurs de montagnes. Comme il l’explique dans Sens-Plastique : « Tout artiste est un daltonien de la forme. Car, outre qu’il a un œil qui voit, l’artiste a un œil qui sculpte, faisant de toutes choses une cire malléable, là où se posera son regard »[53]. Chazal a un répertoire récurrent de sujets : les fleurs, surtout les azalées, le dodo, les poissons, les fées, les paysages. Il est un excellent critique de ses propres œuvres, une qualité prévisible de la part de l’auteur de La Vie Filtrée, son étude de 390 pages, autocritique et exégèse personnelle de Sens-Plastique[54]. Chazal décrit avec perspicacité les éléments stylistiques de ses toiles dans son échange avec Bernard Violet :
Par ma peinture, je retrouve le sens créateur des enfants. […] Mes tableaux ne sont pas arrêtés dans le temps. C’est cela la métapeinture, le métadessin que j’obtiens. Je le fais naturellement. Entre mon inconscient et ma main qui peint, il n’y a pas de frein. Comme les enfants, je n’ai aucun sens de la perspective. Je ne fais pas de mélange. Je juxtapose des couleurs pures. De près, cela ne donne rien, mais de loin, ça se marie.
Je ne réalise pas de perspective académique, mais une perspective qualitative. Par le fait, une peinture ouverte. Si bien que si nous accrochons une peinture au mur, celle-ci n’est pas sur le mur, comme une toile courante, mais se trouve dans la pièce. J’entre dans la quatrième dimension. On retrouve le même processus que pour les mots. C’est pour cela que si l’on comprend Sens-Plastique, on comprend ma peinture. Un Français venu à Maurice, regardant un dodo peint par moi dit : « Chazal ne peint pas le dodo, mais le dodo du dodo. Il crée l’archétype ! » [55]
Dans une des gouaches de L’Île Maurice proto-historique folklorique et légendaire, –« Le Dodo revient de ces noces »
–, on voit le corps blanc, la tête multicolore de l’oiseau de profil, sur un fond noir[56]. Les plumes qui représentent les ailes sont de couleur jaune. Dans « Dodo Solaire », le corps de l’oiseau est la couleur du soleil, les plumes, rouges et le fond représente un paysage mauricien avec un pic de montagne mauve, ciel bleu foncé et mer noir[57].
La gouache sur la couverture de L’Île Maurice proto-historique folklorique et légendaire démontre un nombre de traits caractéristiques de son style : renversement de la perspective, utilisation du fond noir, distorsion des proportions, juxtaposition des couleurs franches sans nuance ni gradation, représentation schématique des formes[image]. Au fond de la toile, on aperçoit une des montagnes de Maurice (Le Pouce) peint en mauve. Plusieurs voiliers sont représentés de manière schématique, leurs voiles courbées remplies de vent créent l’impression du mouvement. Les troncs des arbres dans l’avant-plan du tableau sont d’une taille énorme produisant une vue vertigineuse des montagnes au loin.
Les toiles de Chazal s’imposent, comme toute personne qui a eu l’occasion de les voir peut attester. Chazal partage avec Paul Gauguin le pouvoir de transmettre un lieu exotique par ses formes et ses couleurs. Malcolm de Chazal est le porte-parole de l’Île Maurice à travers sa peinture et surtout grâce à ses écrits. L’avant-propos des Contes de Morne Plage témoigne de sa capacité de transmettre la joie que ce lieu lui inspire :
À l’autre bout du monde, il existe une île enchantée, toute verte avec des montagnes mauves, au sein d’une mer bleue, tapissée de lagunes d’émeraude.
Cette île est comme un grand joyau donné aux hommes. Ne vivent ici que les fées. Les hommes, en ce lieu, ne sont que les invités des Dieux. Cette île bénie est couverte de champs de canne à sucre, grands roseaux empanachés de vert pâle, sur la terre ocrée, soufrée, rougeoyante.
Cette île est le paradis perdu. Tout autour nagent de grands poissons faisant scintiller les eaux de leurs ailerons d’or, Au clair de lune viennent sur la plage des sirènes et de grands oiseaux blancs volent autour des pics dentelées des montagnes, venant on ne sait d’où.
Cette île est l’île Maurice. […][58]
Bâton Rouge, Louisiane 2011
Port-Louis, Maurice 2012
[1] Selon Robert Furlong, Malcolm de Chazal quitte Maurice à l’âge de 15 ans. Il fête ses 16 ans au Canada. Il arrive à Bâton-Rouge où il termine ses études secondaires avant d’entrer à l’université. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur agronome en technologie sucrière, il travaille à Cuba pendant quelques mois, voyage en Europe, quitte Marseille pour Maurice en avril 1925. [Voir « Ecrire et peindre « au-delà de soi-même » : la vie et l’œuvre de Malcolm de Chazal » in Autobiographie spirituelle, Paris, L’Harmattan, 2008, pp. 75-76].
[2] Malcolm de Chazal , Autobiographie spirituelle , Paris, L’Harmattan, 2008, pp. 45-47.
[3] Ibid., p. 49.
[4] Ibid., p. 51.
[5] Les quatre essais sont imprimés à compte d’auteur par la Nouvelle Imprimerie Coopérative à un nombre limité d’exemplaires, approximativement 100 de chaque volume.
[6] Malcolm de Chazal, Sens-Plastique, édité et traduit par Irving Weiss avec une préface, New York, Sun Press, 1979.
[7] Malcolm de Chazal, Sens-Plastique, avec une préface de Jean Paulhan, Paris, Gallimard, 1948, p. 2.
[8] Ibid., p. 26.
[9] Ibid., p. 35.
[10] Ibid., p. 42.
[11] Ibid., p. 38.
[12] Dans ses entretiens avec Bernard Violet, Chazal explique qu’il a commencé à écrire en partie en réaction à la lecture de La Rochefoucauld: « Un jour m’arriva quelque chose d’extraordinaire. Je venais d’acheter des bouquins de La Rochefoucauld. Je lus les pensées, mais je ne les trouvai pas très fortes. J’ai finalement trouvé une pensée forte qui m’a déséquilibré. Pas une crise nerveuse ; j’étais simplement ennuyé. » (Bernard Violet, À la rencontre de Malcolm de Chazal, Paris, Éditions Philippe Rey, 2011, p. 34.)
[13] Ibid., p. 36.
[14] Ibid., p. 37.
[15] Ibid., p. 43.
[16] Ibid., p. 3.
[17] Ibid., p. 4.
[18] Ibid., p. 66.
[19] Ibid., pp. 75-76.
[20] Ibid., p. 126.
[21] Ibid., p. 76.
[22] Ibid., p. 178.
[23] Ibid., p. 70.
[24] Ibid., p. 37.
[25] Ibid., p. 66.
[26] De nombreux critiques (Jean-Louis Joubert, Bernard Violet, Eric Meunié, etc.) qualifient Chazal de misogyne à partir d’une lecture partielle et sélective des aphorismes.
[27] Voir par exemple, les propos de Chazal à la fin de l’article « Formons-nous partie de l’Afrique ? », Advance, 5 mars 1976 in Malcolm de Chazal, Comment devenir un génie ? Chroniques, (introduction et notes par Jean-Louis Joubert ; mise au point et sélection des textes par Kumari Issur), Port-Louis, Maurice, Editions Vizavi, 2006, pp. 431-432.
[28] Ibid., p. 270.
[29] Malcolm de Chazal, Petrusmok, Port-Louis, Maurice, Editions de la Table Ovale, 1979, p.vi. [première édition Port-Louis, The Standard Printing Establishment, 1951].
[30] Ibid., pp. 1-2.
[31] Malcolm de Chazal, L’Île Maurice proto-historique, folklorique et légendaire, éd. Guillemette de Spéville, Port Louis, The Mauritius Printing Company, 1973, p. 38.
[32] Voir Malcolm de Chazal et Jean Paulhan, « Une lettre de Malcolm de Chazal annotée par Jean Paulhan », Critique, tome IV :20, pp. 3-20.
[33] Ibid., p. 7.
[34] Le Parti Travailliste se compose de partisans pour l’indépendance future de l’île, qui sera obtenue de la Grande Bretagne en 1968.
[35] Malcolm de Chazal, Comment devenir un génie ? Chroniques, (introduction et notes par Jean-Louis Joubert ; mise au point et sélection des textes par Kumari Issur), Port-Louis, Maurice, Editions Vizavi, 2006, p. 147. [« Le Poète et le peuple », Le Mauricien, 16 mars 1959].
[36] Ibid., p. 214 [« Adorable langue créole !… », Le Mauricien, 29 avril 1961].
[37] Ibid., p. 19 [« Racisme ou progrès ? », Le Mauricien, 11 novembre 1949].
[38] Ibid., pp. 18-19.
[39] Ibid., p. 154 [« Une Université à Maurice », Le Mauricien, 11 août 1959].
[40] Ibid. pp. 266-268 [« Une ‘Semaine de la Courtoisie’ », Advance, 16 mai 1963].
[41] Ibid., p. 432 [« Formons-nous partie de l’Afrique ? », Advance, 5 mars 1976].
[42] Ibid.
[43] Ibid.
[44] Ibid.
[45] Voir « Un homme appelé Nixon », Advance, 16 novembre 1974, in Malcolm de Chazal, Comment devenir un génie ? Chroniques, (introduction et notes par Jean-Louis Joubert ; mise au point et sélection des textes par Kumari Issur), Port-Louis, Maurice, Editions Vizavi, 2006, pp. 422-424 ; et dans ce même volume, « La Nouvelle Europe », Advance. 30 mai 1972, pp. 404-405.
[46] Ibid., [« L’Afrique », Advance, 20 janvier 1972], pp. 394-396. « […] c’est l’influence d’Afrique qui fait Picasso », p. 396.
[47] Dans « Notes introductives » de Robert Furlong aux Contes de Morne Plage (Port Louis, Maurice, Éditions Vizavi, 2012), on apprend que « Martine est justement celle qui fit de Malcolm de Chazal un peintre car c’est en la voyant peindre qu’il opta en 1958 pour ce médium d’expression qu’il allait utiliser abondamment des années durant » (p. 6).
[48] Chazal raconte dans ses entretiens avec Bernard Violet que sa manière de penser et de voir était complètement renversée par une expérience dans le Jardin botanique de Curepipe : « J’avançais dans la lumière de l’après-midi vers une touffe de fleurs d’azalée et je vis une des fleurs qui me regardait. La fleur devenait subitement un être. La fleur devenait une fleur-fée. […] Cet événement correspond à la pomme de Newton. C’est-à-dire au moment où toute la vie d’un homme, toute sa pensée est retournée par une expérience. » (Chazal dans Violet, op.cit., p. 67.)
[49] Voir « La joie des couleurs (I) », Advance, 14 juin 1976, in Malcolm de Chazal, Comment devenir un génie ? Chroniques. op. cit., p. 438.
[50] Chazal, « Confession d’un écrivain qui est devenu peintre », dans Violet, op.cit., p. 152.
[51] Chazal, , Comment devenir un génie ? Chroniques. op. cit., pp. 254-255.
[52] Le volume est très difficile à trouver. La Bibliothèque Nationale de France en possède un exemplaire. Robert Furlong reproduit quatre gouaches dans son article de 2010, « Malcolm de Chazal, poète et artiste intégral » International Journal of Francophone Studies, 13 :3&4, pp. 531-549.
[53] Chazal, Sens-Plastique,op.cit., p. 30.
[54] Malcolm de Chazal, La Vie Filtrée, Paris, Éditions Gallimard, 1949, coll. « L’Imaginaire »,2003.
[55] Malcolm de Chazal dans Violet, op.cit., p. 82.
[56] Malcolm de Chazal, L’Île Maurice proto-historique, folklorique et légendaire, p.16.
[57] Ibid.,p. 2.
[58] Malcolm de Chazal, « Avant-propos » dans Les Contes de Morne Plage, op.cit. p.9.